lundi, 13 février 2023
Baal design, 8.7.
Comme c’est souvent le cas, il suffit, pour corriger l’erreur, de déplacer l’élément antéposé (un syntagme adjectival) en apposition après le nom qu’il décrit :
True to his word, it was striking the Ave Maria as Wentworth turned the corner of Via Felice into Vicolo Zucchelli.
It was striking the Ave Maria as Wentworth, true to his word, turned the corner of Via Felice into Vicolo Zucchelli.
07:49 Publié dans Baal design, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 25 janvier 2023
Baal design, 1.3.
À la page 11 d’Agnes Tremorne, la narratrice – je vais formuler cela ainsi, car le roman débute avec une instance omnisciente dont chaque aparté ou chaque intrusion semble relever de l’intrusion d’auteur – suit toujours Wentworth, qui regarde la populace de surplomb, en se sentant à la fois détaché et proche (bestialement) de cette foule animale.
Low down in the inner depths of many of us there lurks a tiger nature, and however firmly chained up in ourselves, it somewhat exults in the freer manifestation of its kindred beast which abides in our fellows.
Cette phrase constitue l’un des nombreux plagiats par anticipation – au fil des siècles – de la théorie du Ça et du Surmoi. Qu’y trouve-t-on de singulier, à savoir qui la détache du simple cliché ?
Eh bien, l’image du tigre : est-ce vraiment traquer l’indianité éventuelle des textes de Blagden dans les moindres recoins, abusivement ?
Eh bien, l’antithèse chained up / exults, dans laquelle la particule s’oppose au préfixe.
Eh bien, le comparatif freer : la dualité de l’être humain (dont sa part animale) n’implique pas d’oppositions mais des degrés. [è The Strange Case of Dr Jekyll & Mr Hyde.]
Eh bien, la bête en nous se caractérise de deux façons : kindred [c’est notre espèce, cette animalité est de notre genre] & abides [elle réside, elle demeure, elle attend, elle rôde… quel verbe compliqué à traduire dans toutes ses nuances].
Eh bien, le genre humain, c’est nous au pluriel et nous séparé ou séparable idéalement de ce collectif : many of us → in ourselves → in our fellows.
Il n’y a rien, d’un cliché, qu’une analyse sémiotique ne puisse diffracter.
Dites qu’on s’amuse.
10:28 Publié dans Baal design, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 15 janvier 2023
De la piqûre à l'applique
Untung-untung
15 janvier 2021
Pour rétablir la communication entre elles, Victoire dut se plier à ses goûts, comme un auteur des Editions de Minuit qui se piquerait d'écrire pour la collection Harlequin.
(Maryse Condé)
Punchline totale.
15 janvier 2023
Le grand livre de cuisine, c'est 961 heures à Beyrouth de Ryoko Sekiguchi.
Mais il y en a d'autres, évidemment.
Mon problème est que je ne cuisine pas, et que je ne sais pas cuisiner. Mais au fond, je ne sais pas écrire non plus. (Mais j'écris.)
(Se piquer : ici, développer.)
12:07 Publié dans MOTS, Unissons, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 10 janvier 2023
De la friteuse à la branlette
Untung-untung
10 janvier 2022
Pour la Saint Guillaume j'ai reçu l'édition Alma de Ulysses et une friteuse électrique.
J'annonce donc une nouvelle série de vidéos pour l'année du centenaire : ULYSSE DANS LA FRITEUSE.
10 janvier 2023
Une fois la plaisanterie lancée, j'ai tout de même entamé un projet que j'ai mené à son terme : lire Ulysses entre le 2 février (date du centenaire de la publication en anglais) et le 16 juin (date du Bloomsday). J'ai effectué cela en assurant 18 lives sur Twitch, avec entre 5 et 14 participant-es selon les séances. L'intégralité de ces lives est archivée sur YouTube.
10 janvier 2017
Ce n'est pas pour dire, mais branlette vient de faire son entrée dans l'Oxford English Dictionary*.
* C'était vrai à une lettre près, donc c'était faux :
05:46 Publié dans Minimalistes, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 janvier 2023
Des menstrues aux traques
Untung-untung
8 janvier 2018
Je suis tombé par hasard, il y a trois heures, en cherchant autre chose, sur l'étymologie problématique de "catimini".
Et là. Bam.
8 janvier 2023
Bien entendu, il m'est impossible d'être certain de la source de cette photo sans faire de recherches. Ma manie de poster régulièrement des extraits en faisant exprès de ne mentionner ni l'auteurice ni le livre est aussi souvent un piège (un défi) tendu à moi-même, à ma mémoire. Je compte sur Google, mais avant même d'avoir cherché, je pense (au vu de l'éditeur et de la date) que cette page est tirée d'un livre de Jean Rolin, Le traquet kurde. Le sujet aurait pu suggérer Dominique Meens, que je relis beaucoup ces jours-ci (ou plutôt : que je lis -- je n'avais jamais lu la série des Aujourd'hui et je m'en vois les sept croix), mais pas le style.
Sous mon post Facebook, Michel Renaud , l'éminent spécialiste des 16e et 17e siècles et auteur notamment d'une monographie exceptionnelle sur le Moyen de parvenir de Béroalde de Verville, avait cité une page du Dictionnaire étymologique de Gilles Ménage (1694) :
On dit, faire quelque chose en catimini, pour dire, en cachette, en particulier. Mr Nublé dérivoit ce mot de katamênia, qui sont les purgations auxquelles les femmes sont sujettes tous les mois : dont elles se cachent fort scrupuleusement : Et, ce qui pourroit favoriser l'opinion de Mr Nublé ; catimini dans les Curiosités Françoises d'Oudin, est interprété par fleurs de la femme. Néanmoins, je ne doute point que mini dans catimini, ne soit une production, comme en grippemini, & en brouillamini. Mais je ne say pas d'où peut venir ce mot. N'auroit-il point été dit par contraction au lieu de cachettimini ? Cette conjecture ne me déplaist pas.
10:29 Publié dans Droit de cité, MOTS, Répétitions, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 mars 2020
251–Assad&Assad–Guitares
Qu’il faille écrire tidbit plutôt que titbit, affaire de choix, pas même de géographie. Sortir de ces impératifs souvent discutables liés à des simplifications géographiques. Si j’étais écrivain de langue anglaise, je prendrais la liste de tous les termes écossais de l’OED, par exemple, et j’essaierais d’écrire un texte unique en les utilisant tous. Ce genre de connerie quoi. Et qu’en anglais nichon et mésange se disent pareil, ça vous évoque quoi. Toujours ces questions qui n’en sont pas. Tidbit et titbit sont au diapason.
18:54 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 17 mars 2020
210–Ross–Clavecin
Ça ne confine pas, ne se confine pas, on ne se confine pas, donc ça confine à l’absurde.
Confiner à l’absurde n’est pas se confire dans l’absurdité.
Ou l’aberration.
Vous aberrez, ignorez-vous les mesures de confinement ?
Les mesures de confinement varient en fonction des gens : la taille de ton salon, la taille de ton jardin.
Ne pas se confier à son meilleur ami.
17:07 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
206–Perahia–Piano
Nous qui portions chemises à jabot…
De liserons, de lierre.
Sisyphe pousse un lourd rocher, pas une pierre.
Ici se situe un tournant. Mais tout le texte n’est fait que de tournants. Volte-face. À ne pas savoir quel est le pluriel de volte-face : des volte-faces ? des voltes-faces ? des volte-face ? Je penchais pour la dernière (invariable).
Le renard de s’enfuir.
06:57 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 11 mars 2020
200–Duanduan–Piano
Deux claviers, et puis tous les autres. Dans le ciel comme sous le terreau trouver une parenthèse. Ouvrir des parenthèses qui ne se referment pas, qu’on ne referme pas, des parenthèses sourcilleuses.
Lire panthères au lieu de parenthèses.
Au lieu des panthères éviter d’aller s’abreuver.
Les jonquilles étaient gorgées d’eau ; je vous en ai apporté un bouquet. Mais le bouquet laissé des heures sur le perron s’est abîmé, tiges repliées.
Et ce mot, perron, c’est quoi ?
Peut-on ouvrir une parenthèse pour explorer le mot perron ? Peut-on ouvrir une panthère, c’est périlleux.
Au péril de sa vie aller s’abreuver au lieu des panthères.
Ça ne tient pas debout. Tant mieux, sur ce perron où trônent, défraîchis défoncés détrempés de vieux chaussons, mieux vaut ne pas tenir à grand-chose, et pas tenir debout.
Oui, on fera taxi pour vous emmener voter.
19:41 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 mars 2020
192–Debargue–Piano
La renarde n’avait pas craint de froisser la coronille, qui n’avait pas encore fleuri. Près du parpaing elle est demeurée immobile, un moment. Puis elle a bondi.
Le texte aussi peut rebondir.
Une tourterelle ou une palombe pigeon ramier ne font pas le printemps. On en voit tout le temps, quoique la voisine, agacée du ramdam sur son antenne de télévision, ait fini par arrêter de les nourrir.
Pas dommage, coucouroucoucou.
Il va de soi qu’on n’a pas revu la renarde. Depuis lors la coronille a fleuri. « On nomme ainsi l’arbuste parce que ses fleurs ont la forme d’une petite couronne. » (À ne pas confondre avec certains types de virus qui doivent leur nom au fait qu’ils « se présentent sous forme de couronnes quand on les observe au microscope ».)
Une fois encore l’ennemi c’est le signe métonymique du mal qui se trouve rappeler la royauté.
10:30 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 04 mars 2020
172–Debargue–Piano
Grâce à la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie j’apprends que godillot est un aptonyme, comme poubelle : ce gros soulier militaire doit son nom à Alexis Godillot, « fabricant de brodequins militaires ». De proche en proche il faudrait aller vérifier brodequin, mais j’ai un quadrilatère à boucler.
La K172 est un peu militaire, disons militaire pour une sonate de Scarlatti.
Ne compliquons pas.
La 9e édition du Dictionnaire de l’Académie confirme aussi que, par métonymie, ce terme désigne ironiquement « une personne qui suit les consignes sans discuter ». Ainsi Philippe a dégainé le 49.3 en dépit d’une pléthorique majorité godillot (godillote ?).
Debargue démilitarise Scarlatti et je tente de dégoupiller ma propre littérature. Des années lointaines où je skiais me revient le mot de godille (ce dont j’étais incapable).
Sans discuter.
15:10 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
171–Bacchetti–Piano
Rappel aux godillots. Après il faudra en revenir à l’article 49 alinéa 3 et aux flacons de gel hydroalcoolique. Puis, d’une façon ou d’une autre, au regard renard.
Édouard Philippe dévisse.
Le gouvernement dégoupille.
Ici le texte a été dérenardé, mais c’est pour mieux ramener sa fraise le thème.
(Il y a aussi les tuyaux de l’orgue, mais vous blaguez j’espère.)
Finalement, des alinéas éclaireront la lanterne lecture. Paradoxe ironique que ce retour forcé de l’alinéa.
Les godillots voient venir l’alinéa avec leurs ses gros sabots.
14:53 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
167–Colombo–Clavecin
Il y a quelques années, on expliquait, aux imbéciles qui opposaient comme unique argument à l’écriture inclusive qu’il allait falloir republier Zola et Proust en écriture inclusive, qu’il s’agissait de recommandations administratives pour ne plus s’adresser, de facto, qu’aux seuls individus de sexe masculin. Aujourd’hui je compose, dans ce que je considère comme un texte littéraire, avec l’écriture inclusive, et ce dès qu’il s’agit des pages les plus politiques, dira-t-on pour faire vite. Ici, pas de solution de continuité.
14:11 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 25 février 2020
155–Ross–Clavecin
Chefaillon, donc, ne prend qu’un seul f, et non deux, comme je le croyais, en composant sur le clavier avec mes deux doigts, comme il a déjà été dit. Chefaillon, donc, ne prend qu’un seul f, et non 2, comme l’analogie probable avec cheffe et chefferie me le laissait penser. Si quelque bonne âme veut se dévouer pour m’expliquer cela. Le mot se trouve dans le Larousse, mais pas dans le TLFi. Chefaillon, donc, ne prend qu’un seul f médian, et non deux f : le texte se lira ƒ, pas ƒƒ. Ce n’est qu’une indication de tempo(ralité).
10:45 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
153–Belder–Clavecin
Le caporal, c’est le petit chef. Le petit chef aux ordres d’un grand chef. Ici, pourtant, qui commande ? Mes deux doigts sur le clavier ne semblent pas commander grand-chose. Alors, qui ? L’écoute attentive, pendant que j’écris, est-elle aux commandes ? De l’auteur en tant que petit chef.
10:15 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 18 février 2020
131–Martinoli–Clavecin
On entend plus d’aille que d’ille. En accompagnant les notes du clavecin, la la laï la laï. Notamment. Notablement.
La poule cocaille, le poussin piaille.
Le rossignol trille.
Le paon braille.
La grive ou le moineau babille.
La caille carcaille.
Le merle, comme le canari, babille.
Le corbeau craille ou coraille.
Ainsi ad lib., n’est-ce pas.
Notablement, agir en notable. En notable des lettres plus qu’en forçat du texte, cf supra. Il y aurait quelques retouches à apporter.
Mon tailleur tique ; il ne veut pas suivre mes instructions.
09:56 Publié dans lactations : déSastre, Minimalistes, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 17 février 2020
122–Ross–Clavecin
Quant au geai, il cageole, cajacte, cajole, cocarde, frigulote, fringole, fringote, gajole, garrule, jacasse, jase. Quant aux geais – je viens d’en entendre un lancer son cri de fuite – on dit qu’ils cageolent, cajactent, cajolent, cocardent, frigulotent, fringolent, fringotent, gajolent, garrulent, jacassent, qu’ils jasent. Jacasser ou cocarder : c’est cela.
08:06 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 février 2020
106–Sgrizzi–Clavecin
On aura beau décider, d’un coup de dés (ou à pile ou face, plutôt (ce n’est pas non-binaire)), que le renard était une renarde, on n’en saura rien. En russe le mot désignant le renard est invariable. Pas en anglais : fox / vixen. On n’emploie plus guère ce dernier mot que dans le titre anglais de l’opéra de Janacek. Reste à voir s’il y a un féminin de goupil.
09:02 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 février 2020
99–Sollazzo–Pianoforte
L’allure, à la fois d’une délicatesse extraordinaire et quasi gauche, est – avec la face, le regard ardent, le larmier, cette clarté – ce qui me demeure le mieux en mémoire, quatre jours après. Même le mot renard, depuis, me fait rêver. On sait que le nom commun de l’animal était goupil, et que renard, comme poubelle, est une antonomase. Que la graphie la plus habituelle, pour le Roman de Renart, soit justement avec un t final, qu’importe. En français moderne, c’est renard avec un d final, paronyme de regard — et de retard.
08:57 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
97–Ross–Clavecin
Ce que j’ai entendu jeudi matin vers 7 h, si tant est que c’était déjà notre compagnon du déjeuner, ne peut se nommer trompeter. Japper, pas forcément non plus : cela m’a fait davantage penser à un matou surexcité, au comble de la colère. Glapir. Quelqu’un qu’on étrangle, oui, en un sens.
08:21 Publié dans lactations : déSastre, Minimalistes, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 février 2020
86–Moya Bueno–Piano
C’est le mot cataclysme qui s’imposa.
Mais ça n’allait pas avec la musique, comme si tout était sans cesse diffracté.
Comme discordant.
Comme disserte dans le vide un conférencier : les rangs vidés.
Tout ce qui avait un sens a fui, et c’est l’idée du cataclysme qui s’impose, par-delà le mot même. Plus fortement, plus tenace.
Vous savez pourquoi l’alphabet renonce.
11:17 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 30 janvier 2020
71–Ross–Clavecin
Il y aura quelque chose qui dépasse de cette belle structure géométrique, une échappée.
Pourfendre les dragons, ça en jetait, mais ça n’avait aucun sens.
Le type qui veut employer l’adjectif déjeté et qui sue deux minutes sans y parvenir : mec, c’est que ta phrase n’aurait rien donné, aurait rompu le rythme.
Bousiller le rythme, pas possible. Faire éclater l’ordonnancement, oui.
Si vous ne voyez pas la différence…
On se dirait revenu à l’époque ingénue des arts poétiques.
(Et oui j’ai écrit ça en deux minutes et treize secondes.)
08:54 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 28 janvier 2020
59–Kahánek–Piano
Je me rappelle, dans les premiers mois du mouvement des gilets jaunes, les macronistes et macronolâtres qui daignaient encore parler au pauvre débile que je suis forcément – puisque je ne comprenais pas la pensée magique de leur gourou, et puisque je refuse encore aujourd’hui, sur pièces et preuves quotidiennes, d’en admettre la valeur démocratique – usaient sans cesse de l’adjectif substantivé séditieux. On voit bien aujourd’hui que c’est la France entière qui est séditieuse, qui fait sédition, comment le dire autrement.
16:38 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 janvier 2020
51–Bova–Flûte à bec alto
La porte-parole du gouvernement, réagissant au sondage selon lequel plus de 70% de Français pensent que les grèves et mobilisations vont se poursuivre, affirme que ça signifie que les Français sont lassés & aimeraient qu’on passe à autre chose, qu’on ne parle plus de la réforme des retraites. Chaque parole de la porte-parole du gouvernement est un mensonge criant, éhonté, impudent. La porte-parole du gouvernement ment à chaque déclaration, à chaque interview. La porte-parole du gouvernement discrédite le mot même de parole.
11:46 Publié dans lactations : déSastre, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 25 janvier 2020
45–Belder–Clavecin
c’est, dans la gl
otte, tel malaise
diffus, depuis de
ux ans, qui finit
pour s’accompagne
r d’1 mal de tête
plus classique, &
la nuque suit, en
quelque sorte, it
ération anglaise,
et —pourquoi angl
aise ? je fuis de
s explications me
payer sur la bête
Albion ou Espagne
n’est pas 1 rhume
ni Mompou Britten
11:30 Publié dans Fièvre de nombres, lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 21 janvier 2020
33–Puyana–Clavecin
Qu’il est difficile de savoir si les phrases lues dans une vie de durée moyenne se comptent par millions. Combien de phrases dans Les Misérables, L’Idiot ? Et combien de phrases dans une copie, pour combien de copies corrigées dans une année ? Regarde les livres autour de toi. Le vertige.
10:41 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Un sang d'encre | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 03 janvier 2020
7–Guitares–Roldan
Volets encore fermés, il ne faudrait pas réveiller la maisonnée, et d’où vient que ce mot de maisonnée toujours triomphe sur maison, par affèterie ou par recherche du terme juste, et d’où vient que ce mot d’affèterie si souvent s’impose, et d’où vient ce flux continuel de mots, comme de notes, volets fermés, d’où vient mon désarroi autant que l’impulsion d’écrire. C’est bien vilain, l’impulsion d’écrire. Pas d’italiques, vous ne saurez pas si c’est l’expression ou ce qu’elle désigne.
La danse en trois actes n’a rien épuisé.
[1] De temps à autre, on s’autorisera une petite sortie de piste, avec des adaptations. Aussi écouté la version de Scott Ross, deux autres pour clavecin, pas convaincantes.
11:45 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, MOTS, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 01 février 2017
L'oubli de Levet
Untung-untung
1er février 2012
En face de moi, dans le néflier : draine mâle ou merlette ? pas eu le temps de distinguer. Trop furtif oiseau.
1er février 2017
Ces jours-ci, je me suis enfin lancé dans l'Ornithologie du promeneur. Un peu déçu, après Mes langues ocelles, mieux tenu dans son foutoir — si j'ose dire. Le chapitre sur les corneilles est excellent. Celui sur les merles et les étourneaux plus pongien. On sent que la note juste point. D'ailleurs, poigne est l'anagramme de pongien. Mais il n'est pas question de jouer les pongistes.
(Jouer au ping-pong avec des nèfles vraiment ? Avec des draines qu'on observerait ?) — Coupons court.
21:30 Publié dans MOTS, Pong-ping, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 janvier 2017
uǝıɹ ǝp ǝɔɹoɟ ɐן ʇuǝɯnןosqɐ sɐ,ʇ ùo ɹıos un
ce qui est bien
un soir où t'as absolument la force de rien
vidé par ces semaines ces journées
vidé
c'est que tu peux toujours écrire n'importe quoi
ligne après ligne sans rythme
ligne après ligne sans système
ligne après ligne et vers après
vers sans dessus dessous pour ne
rien dire de rien
comme un soir de tourmente sur ta caboche
la page boira l'encre
l'écran blanc se nourrira sottement
de ces signes de rien
ligne après ligne sans mesure
ligne après ligne sans futur
21:37 Publié dans MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 19 octobre 2016
Du gourbet
Untung-untung
19 octobre 2015
Allongé dans les oyats, rêvant tête contre le milgru, mes courbatures à la brassée du gourbet.
19 octobre 2016
Pas près des dunes landaises, où fleurit l'oyat, ni à l'époque où il fleurit, je traîne sur le sable du Web :
Diverses espèces de convolvulacées rampent sur le sol et, fixant de distance en distance leurs vigoureux cordages, enveloppent parfois une dune entière dans leur réseau de feuilles et de fleurs. (Élisée Reclus)
18:01 Publié dans Droit de cité, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 18 octobre 2016
Fourchage
Untung-untung
18 octobre 2010
Brice Hortefeux gaffe (ou fourche) en parlant de « fichier des empreintes génitales ».
18 octobre 2016
Mes doigts se promènent sur le clavier, trop tôt, encore dans la nuit, le cadet s'étant — inexplicablement et pas trop silencieusement — levé à 3 h 30. Dans une semaine on ramassera les feuilles avec le grand balai à foin.
04:50 Publié dans Minimalistes, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 16 octobre 2016
Face à ce qui se dérobe
Je n'avais jamais lu Face à ce qui se dérobe.
« Une fonction n'avait plus envie de fonctionner. »
Or, hier, hors de cour, j'ai enchaîné. Enchaîné, c'est difficile. Quel texte, quels textes. Comment Michaux donne, non l'envie d'avoir le bras cassé — ni les 27 os de la main ni rien d'autre, ce n'est pas là que ça se joue —, mais la perception de ce qui se trame dans un corps, ce qu'on ourdit, ce qu'un individu seul machine pour prendre corps, pour être aux prises avec sa propre machinerie.
On ne peut pas lire ça à la dérobée.
La musique si particulièrement échafaudée des pages sur la sanza (qu'il orthographie, même au singulier, avec un -s final) n'autorise aucune dérobade.
Peu importe que les microbes s'avancent en robe ; ce qui se joue n'est pas un jeu, mais telle musique, telle savante orchestration, exploration du trop-plein de sensations. Comment la langue de Michaux — comment quelque chose qu'il cherche à s'approprier et à nous jeter à la face, à regimber pour mieux nous balancer à la figure la cadence et la force des cinq sens — peut-elle encore nous surprendre ? (J'emploie ce nous comme lui, en majesté.)
« Musique, non comme langage, mais musique pour passer l'éponge sur les aspérités et les contrariétés de la vie quotidienne. »
Le sol se dérobe, bien sûr, mais le texte, qui se force, se fortifie, s'affermit, s'aplanit, s'agglutine, s'alunit, s'accroche et s'enroule, tout ça sur la langue, le texte qui se fortifie sur la langue avec la vigueur du corps en parole, ne peut se dérober. Le texte est là pour rempart. Le texte est là pour résistance.
Et toujours avec lui cette lumineuse impossibilité à croire qu'en tâtonnant, qu'en pariant sur le non délibéré, il ait pu tomber pile sur cette orchestration éblouissante (avec lui comme avec Dubuffet).
Et finir dans l'inachevé, sur « l'autre vie, la contre-vie ». Celle aussi que lui nous tend, comme un filet ou une corde.
09:19 Publié dans Les Murmures de Morminal, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 25 septembre 2016
Pierre : Barrault ::: Tardigrade
Des tardigrades, dont une très récente étude scientifique a démontré la résistance au vide spatial et fait miroiter d'étonnantes adaptations à l'être humain en condition extrême *, septembre nous a prodigué un échantillon littéraire, en l'espèce le petit recueil d'aphorismes — de notations, de récits brefs ? — de Pierre Barrault. “Tardigrade” est un mot qui a déja reçu ses lettres de noblesse, plus comme adjectif d'ailleurs (sous la plume d'About, de Hugo, de Michelet) que comme substantif (ainsi, encore pour Hugo, Sand ou le traducteur de Nietzsche en 1888, Henri Albert), et presque toujours sans rapport avec les singuliers animaux aussi nommés oursons d'eau, ce dont Barrault fait ses choux gras. Par un retour dont il ne faut être surpris, Barrault feint d'ailleurs, dès la couverture avec son dessin d'un tardigrade à chapeau melon, de concentrer ses forces sur la bestiole pour mieux faire oublier que le recueil est un éloge de la lenteur, de la marche pesante, de l'avancée alourdie... bref, de la tardigradité (if I may).
Il revient à chacun de se procurer ce livre et d'y trouver son compte — ou pas. Tardigrade appartient sans conteste à la lignée des textes incongrus dont Pierre Jourde a esquissé une généalogie dans Empailler le toréador. Dans l'esprit, il est cousin de Chevillard ; stylistiquement, il n'est pas loin (mais toujours à bonne distance (vertu de la tardigradité, sans doute)) de Michaux comme de Kafka ; dans la recherche quasi systématique du contre-pied, d'une vision du monde qui prend à revers, il lorgne plutôt vers Gripari...
Autant donner la parole au texte lui-même :
Mes arbres sont volontairement sans feuille et sans écorce, si bien qu'ils n'ont rien à perdre ou pas grand-chose. Ainsi du moins va-t-on tout de suite à l'essentiel. Quelques fruits tout au plus qui ne font pas semblant de mûrir. Pourris d'emblée. On gagne un temps fou. Ni porte ni fenêtre à ma maison dont les murs jamais ne s'effondrent et ne s'érigent pas non plus. Pas de toit, mais je suis en sécurité chez moi : on a beau chercher, on y trouve rien à saccager. Il arrive parfois que ma compagne soit enceinte, cela pourrait être un véritable désastre sans doute. Par bonheur, elle ne met au monde que de petits vieillards séniles et rabougris. En fin de vie déjà, pour la plupart, on sait alors qu'il n'est pas question de s'y attacher. Ne nous en laissent pas le temps de toute façon, titubent en grommelant à peine arrivés, nous maudissent une bonne fois, s'étalent pour de bon.
Tardigrade, L'Arbre vengeur, 2016, p. 60
* À se plonger dans le dictionnaire de Littré, il semble que la recherche scientifique ait beaucoup avancé depuis, et c'est heureux.
09:57 Publié dans Les Murmures de Morminal, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 17 septembre 2016
Espadrilles sans arpenteur
Untung-untung
17 septembre 2014
Il faudrait ne porter d'espadrilles qu'absolument neuves, telles qu'elles enserrent parfaitement le pied. La pointure, une ou deux en-dessous, souvent, de votre pointure habituelle. Après un ou deux jours, parfois moins, l'espadrille se relâche autour du pied.
Cette mollesse, me dira-t-on, c'est la vie. Mais un pied chaussé n'est pas la vie.
L'espadrille est très à part — ce que j'ai écrit ne vaut que pour l'espadrille.
Tiens, ça me donne envie de relire Chaussure de Quintane.
17 septembre 2016
Ce matin, je découvre l'existence d'un forum Facebook aussi hétéroclite que foisonnant, semble-t-il, “Sur les traces de Robert Walser”. Quelqu'un a-t-il étudié l'importance du pas — comme du soulier — chez Robert Walser ? L'an prochain, fêtera-t-on le centenaire de Der Spaziergang ? Me mettrai-je enfin un jour à reprendre Memory of Snow and of Dust pour y débusquer la figure de Walser (et les échos des microgrammes dans Mouroir) ?
07:19 Publié dans Fall in Love, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 27 août 2016
[ sans titre ]
bientôt
ou dans longtemps
on te verra
tu te verras
de haut comme pris par un drone
en train de quoi
de lire ou de jouer
de grelotter de froid ou crever en sueur
sous les tuiles béton
ton œil là dans la brise
à ne plus rien pouvoir écrire ni maudire
tous projets avortés
ébauches toutes laissées en chantier en perdition
de haut comme surpris
par le grand œil de rien
repère sans contrainte et visage sans forme
dans longtemps
ou bientôt
08:05 Publié dans La 42e Clandestine, Le terne XXIe, Les Murmures de Morminal, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 24 mai 2016
2660 — De nos frères blessés
Les éditions Actes Sud ont publié tout récemment un bref roman d'un jeune écrivain encore inconnu, et qui publie, apparemment, sous pseudonyme. Ce roman s'intitule De nos frères blessés et il s'agit d'un portrait extrêmement minutieux, très documenté, lyrique et emporté, du seul condamné à mort français de la guerre d'Algérie, Fernand Iveton. Iveton n'est évidemment pas le seul Français à être mort au cours de la guerre d'Algérie, mais il a été guillotiné, et c'est son parcours que Joseph Andras retrace dans ce beau récit.
Sur les massacres perpétrés par l'armée française, sur le rôle plus que trouble joué par le gouvernement de la Quatrième République (dont une figure, celle de François Mitterrand, ponctue le texte dès l'épigraphe), sur les ambiguïtés du Parti communiste et de l'Humanité, le lecteur déjà au fait de ce qui s'est passé d'atrocités et de compromissions pendant la guerre d'Algérie n'apprendra pas grand-chose. Toutefois, comme avec tout bon roman, tout grand roman, il n'est pas seulement question d'apprendre mais de pénétrer, par la langue, dans certaines mentalités et dans le déroulement d'événements tels qu'ils ont pu être vécus par un témoin malheureux qui se retrouve aux premières loges.
Le roman alterne longues phrases narratives et brèves phrases nominales descriptives, notamment du ciel ou de tel moment de la journée, non sans rappeler Jean Sénac, auquel toute prose lyrique d'inspiration algérienne fait immanquablement penser. Le roman alterne aussi, dans ses brefs chapitres, le récit de l'arrestation et des différents épisodes qui conduisent à l'exécution de Fernand Iveton, et celui du bref séjour parisien de ce dernier, quelques années plus tôt, peu après la Libération, quand il rencontra son épouse.
De nos frères blessés est une grande œuvre littéraire, non seulement parce que la langue de Joseph Andras tente de redonner un sens, sinon plus pur, du moins plus habité, plus construit, plus profond aux mots de la grande généalogie littéraire de l'engagement et du bras-le-corps, mais surtout parce qu'il ne cesse d'y inscrire la parole du peuple, et de s'inscrire en faux contre la langue artificielle et factice de la politique et du révisionnisme historique. Dans un pays qui a tant de difficultés à admettre tout bonnement la réalité de ce qui s'est passé, dans un pays sans cesse tenté par la fiction nationale, c'est le roman qui se trouve, paradoxalement peut-être, investi du pouvoir de vérité.
La prose de Joseph Andras pourrait être qualifiée de classique, au sens d'un classicisme nourri de nombreux auteurs contemporains ou presque tels (Gracq, Jauffret, Ndiaye) et non d'un académisme de pacotille. Entendre classique au sens d'un refus d'expérimentations qui paraîtraient peut-être, à leur auteur, gratuites. Il est à signaler, toutefois, que la dernière phrase du livre est inachevée et que le roman se clôt sur une virgule, quoi que je laisse à ceux qui liront ce livre la découverte de ce dispositif et de son sens, au bord de l'abîme.
11:23 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 10 mai 2016
10052016 / 1222
Pas atteint au moment où, descendu chercher le courrier, j'ai fait un léger détour pour aller humer encore le lilas blanc du fond du jardin, lui dont la pluie, depuis hier soir, défleurit le parfum.
(Occasion de rappeler que, même en remettant à l'honneur le décasyllabe, Coppée — qui a partout ses noms de rue, et même à Tours un arrêt de tramway — fut vraiment un des pires poètes du dix-neuvième siècle.)
12:40 Publié dans 1177 pas, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 avril 2016
Poème des rives
Hier, vers midi moins le quart.
Ils sont rares, ceux qui marchent sur l'herbe. Ceux qui se promènent en foulant le gazon. Il y a, dans cette pelouse qui longe le tramway, des traces de vélos, peut-être de motocyclettes, va savoir même si des rodéos de voitures n'y ont pas été improvisés.
Mais moi, au mépris des trottoirs, je foule le gazon, avec les pâquerettes et les boutons d'or, les brindilles tombées à terre, les branches des conifères, le long des rails. Il fait un grand soleil, et pourquoi ne pas fouler le gazon ? Le promeneur observe nécessairement les façades, les pigeons, les vieux champignons qu'a épargnés la tondeuse. Le promeneur pense à de nombreuses choses. Sa démarche ne peut pas être vide, c'est-à-dire qu'on ne sait jamais quelles pensées il roule.
On voit bien quel gazon il foule, mais sa pensée est inaccessible.
C'est un grand soleil d'avril, le soleil des trottoirs, des gazons, le soleil des conifères, le grand soleil des longues marches au soleil. Demain, tu prendras peut-être ton appareil photo, mais tes pas ne connaîtront pas le même balancement. Demain, ton pas connaîtra peut-être un même balancement — mais les boutons d'or, les plumes échappées aux pigeons ne seront pas les mêmes. Les brindilles auront changé de place. Les branches seront moins blanches.
Il est impossible que tu croises la même camionnette de la poste, ou les mêmes scooters, ce vigile grisonnant avec son dogue au même endroit. Ta marche se fera peut-être sous un soleil égal, mais des corbeaux se seront approchés, par un jour de plus, de l'été.
Et toi, le gazon, le verras-tu comme une étoile ?
09:47 Publié dans Aujourd'hier, Élugubrations, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 22 mai 2015
Santiago : Amigorena ::: Mes : derniers : mots
Mes derniers mots — livre moins fort que les autres livres d'Amigorena. Finalement, avec inquiétude on se dit que le sommet de son œuvre, ce sera peut-être la trilogie, les trois premiers livres. On peut décroître, ou décliner. (Le Premier amour était très bien.)
Au moins, il prend le risque d'un virage, sur le sujet (roman d'anticipation, récit d'apocalypse ou du dernier survivant) comme pour la langue, la forme très sérielle.
Justement, pour le déclin, Mes derniers mots souffre, pour moi, de la comparaison avec Wittgenstein's Mistress, qui traite du même sujet — mais livre, pour le coup, génialissime. Amigorena a le mérite d'imaginer, et d'envisager des hypothèses. Il le fait en romancier, en imaginant un narrateur qui est le dépositaire de ces ultimes années, et en poussant un aspect paradoxalement utopique (reconstitution d'une utopie ultime à Athènes).
Dans un premier temps, ces générations obscures d'avant le dépeuplement ont fait succéder à la croissance une drôle d'idée qui prit plusieurs noms, parmi lesquels celui de « développement durable ». Il fallait croître encore, mais en faisant attention. (ch. XCV, p. 133)
Qu'adviendra-t-il lors de la conférence de Paris ?
Qu'adviendra-t-il ?
11:46 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 23 janvier 2015
Marge dans la voix
Sur l'œuvre d'Ananda Devi, il faudrait écrire transversalement — je veux dire, reprendre les romans que je connais, lire ceux que je ne connais pas, tracer un itinéraire. En l'espèce, son dernier, Les Jours vivants, que j'ai lu à sa sortie, il y a plus d'un an, est sur l'énorme pile des livres que je n'ose pas encore ranger des fois que au cas où. J'en avais laissé passer facilement quatre ou cinq, et j'ai retrouvé son écriture mûrie, moins baroque, moins âpre, moins cruelle, plus classique peut-être.
L'histoire est très forte, par l'empathie du narrateur pour ce personnage de vieille dame murée dans sa mémoire, aveugle et sourde au monde extérieur, et qui se prend progressivement d'une amitié subreptice, qu'elle ne comprend pas elle-même, pour un jeune paumé des quartiers sensibles. Le basculement dans une sorte de fantastique très charnel, pas du tout “mystique” au sens où cet adjectif peut ressortir d'un kitsch rebattu, est savamment, lentement préparé par les premiers chapitres ; c'est aussi un très beau livre sur Londres. Au fil de son œuvre, Ananda Devi nous propose, mieux encore que Marie Ndiaye, un modèle paradoxal, car par force sans émules possibles, de récit marginal : récits sur des personnages rejetés, ou déjetés, écartés ou à l'écart, dont la voix narrative s'empare et se dépossède, dont le caractère insaisissable reste comme lancé.
Le sens de la marge est dans la voix même.
05:25 Publié dans Aujourd'hier, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 06 décembre 2014
2200 ▬ Terminus radieux (Volodine)
Titre trompeur, ou équivoque : on se dit bien vite que l'adjectif « radieux » évoque les radiations nucléaires — avant de s'interroger de nouveau : n'est-ce pas plutôt l'extase du faux couple infernal, Soloviev et la mémé Oudgoul ? Terminus : errance ferroviaire, oui, et le kolkhoze comme point final de l'Histoire, oui. Mais peut-être autre chose ?
▬▬▬▬▬
À part Des anges mineurs (qui est très bon), j'avoue que tous les Volodine que j'avais lus m'étaient peu ou prou tombés des mains. Mon ami J*** me l'a offert, et je ne regrette pas ce périple. Texte qui réussit à mêler la réflexion sur les formes expérimentales de la poésie, le futur apocalyptique, le réalisme magique (avec l'hypothèse d'une immortalité malheureuse, dégénérescente, douloureuse et subie).
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Roman en 49 chapitres, les 22 premiers, plutôt longs, constituant les 3 premières parties, et les 27 “narrats” de la 4e partie n'occupant qu'un petit tiers du livre.
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Dans une Russie d'après l'apocalypse, après la fin de l'Histoire (des combats ont eu lieu, dont on ne peut même être sûr qu'ils opposèrent vraiment les tenants du bolchevisme rénové à des forces extérieures (il n'y a plus d'extérieur, plus de dehors — c'est un des traits de force du roman)), errent des morts-vivants. Dans un kolkhoze dominé par une figure de patriarche omnipotent, capable de pénétrer dans les rêves et les corps de ses affidés, mais surtout de ses trois filles, un de ces errants, échappé à de mystérieux combats, échoue. Kronauer semble être, un moment, le protagoniste ; de fait, le dernier narrat s'achève sur un concert interminable donné par Aldolaï Schulhoff, le barde à la mémoire arrachée et récitant, et Kronauer, qui tape contre la carcasse d'un train bousillé en guise d'accompagnement.
▬▬▬▬▬
Figures du corbeau. Soloviev a le pouvoir de se transformer en d'immenses corbeaux, superbement décrits, écrits par Volodine. Dans la 4e partie, on comprend que ces corbeaux (selon une ligne Baudelaire-Lautréamont-Rimbaud) sont partout, qu'ils vont recouvrir le monde, en s'effondrant notamment sur la forêt où, après des siècles d'errance, les trois sœurs ont fini par — aléatoirement ? — se rejoindre.
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Les radiations avaient rendu immortels autant qu'inhumains les quelques survivants ; même cette chronologie post-apocalyptique finit par se dissoudre. C'est là ce que j'ai trouvé de particulièrement beau dans ce texte, la façon dont les repères habituels en matière de personnage et de chronologie sont déconstruits dans les trois premières parties, avant que la nouvelle construction inhérente au roman lui-même vole elle-même en éclats. Les 27 “narrats” réussissent le tour de force de confirmer et nier simultanément la structuration logique, la teneur des 22 premiers chapitres.
▬▬▬▬▬
D'une noirceur absolue, terriblement déprimante, l'écriture de Volodine est aussi très belle. Le tout tient la route. Si je devais noter ici les références de quelques passages emblématiques à même de retenir un lecteur, je citerais la description du feu à la page 272, la métamorphose de Samiya Schmidt au chapitre 17, l'affranchissement de Kronauer au chapitre 29 (la page 502, singulièrement), le poème du 32e narrat.
11:04 Publié dans Brun socle déformation, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 02 décembre 2014
Divagations
Odeur de brume et de brûlé
près des troènes lourds de bruine
Le merle encore s'est nourri, tout le mardi,
des indéchiffrables fruits rouges
Sur le porte-serviettes près d'un des six lavabos,
j'ai remis, pointe vers le bas,
les vieux sabots.
Ces sabots, comme tout soulier, comme toute paire de souliers, ont une histoire. Je les ai achetés une bouchée de pain, l'été 2009, à Dax, les ai ensuite portés, même à l'Université mais jamais pour faire cours. Ils se sont très lentement, progressivement usés, abîmés... toutefois increvables.
Odeur d'oreillers parfumés,
trop plats, on les rejette, on n'en veut pas.
Le pied se rappelle
la forme du sabot, que la prose
convoque, obsolète autant qu'oblique.
Contre les lattes de lambris
de cette chambre, j'éclate
mon regard qui n'a plus âme qui vive.
22:11 Publié dans Fall in Love, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 novembre 2014
2195 - Au bord de décembre (211/1128)
Au bord de décembre
à la toute fin de novembre
le mois neuf le tout brun orangé du renouveau
au bord de décembre me
voilà pour la première fois
(pourtant
nous habitons ici depuis bientôt 6 ans)
à coucher au sous-sol
dans la “chambre d'amis”
pas terriblement accueillante
terne mais pas spartiate
je crois j'ai beau chercher
je crois bien que jamais
une ou deux pour s'isoler
une ou deux fois pour lire en paix
mais dormi ici jamais c'est
la chambre de mes parents et c'était
la chambre d'Éric
qui ne vient plus il venait
ici tous les mercredis et parfois davantage
donc quand j'étais souffrant je m'installais plutôt
(depuis 6 ans) au salon au petit salon
d'en haut près des garçons
bref jamais ici au spartiate
cabinet boisé lattes
affiches miroirs chaises cannées
placards 1 pile de feuilles & sur
les tables de chevet des boîtes avec des remèdes
1 verre d'eau
et 5 bouquins, pourquoi autant je vous demande
ça n'a pas de sens, c'est juste
comme les remèdes au cas où
pioche un poème ici finis ce roman là
lis quelques pages de l'essai
butiner peut-être au creux de l'insomnie
et donc dans cette chambre
à coucher bois pour une fois
se coucher au bord de décembre
.
20:34 Publié dans 410/500, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 28 octobre 2014
... beaucoup de pommes d'or....
• • On dorera la chapelle du portique à l'autel, avec beaucoup de pommes d'or, de grenades d'or, de raisins d'or, pour les guirlandes des entrecolonnemens. • • •
Ornette.
Sornettes inévitables sur les envols fous d'Ornette.
YES ORNETTE !
Et si on commençait à redécouper le langage ? OR...
OR NETT E (le métal poli) (gentil abus de langage▬▬▬)
ORNE t TE → tu vis dans ta bagnole, cloche de bois, oie grise dans l'église
MAIS QUAND ÇA FUT ÉCRIT ON S'EN COGNE
cognée → hache
Le mort-né, morne plaine. Un plein bol d'athanor, repassez demain.
11:39 Publié dans Droit de cité, J'Aurai Zig-Zagué, Knobs & thorns, MOTS, Un sang d'encre | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 02 juin 2014
Three Times Around The Bird Bush (11’21”)
Toxvӕrd/Jacquemyn/Jørgensen, 2013
Raffût, persiennes ouvertes.
De secrètes luxures, passe une bétaillère.
Au loin les cloches bringuebalantes d'une église fourgonnette.
Depuis tant de départs, une balle rose vous invita au bal, une balle rose posée sur un tissu à motifs africains, grège rêche le plus doux qui fût. On entend la mélopée dans la canopée, nous voici au bord de renaître, différemment, sous un soleil de plomb.
On arrête le pas, presque on en oublierait de respirer.
Devant nous, dans le lointain, la mangrove – mais ici, des millions de plumages multicolores, qui nous rendent muets. Les pneus de l'église crissent, plus près, désormais. Elle écrase un zèbre, se rapproche toujours davantage.
Suggestions de quoi — de phrases ?
L'archet invincible, invaincu, a stoppé net la course folle de la fourgonnette. Il nous présente des vierges barbues, fait apparaître dans le ciel, entre les ramures, d'étranges colifichets étincelants. Maldoror se réveille dans un éclat de rire qui suffit à glacer le sang des blaireaux occupés à fouailler, non loin. Rassemblant le peu de forces qu'il leur reste, les blaireaux s'enfuient ; leur douceur ne peut rien contre les maléfices de Maldoror. Bien heureux encore si l'église endiablée de Maldoror ne les écrase pas.
Traces, lignes, zigzags, dérapages de mine de plomb sur la feuille, mine crissante dans la mine, traces et lignes comme des soldats prêts à crever.
L'archange blond, diabolique, esseulé et heureux, travaille et fouaille le sol de son groin.
Sortent des lombrics, qui se collent à l'archet, éclaboussent la caisse en bois. Pour qui est ce cercueil ? Maldoror a souri, n'a pas répondu. Voyez comme il sourit. Oh ce sourire. Il en a fait pâlir. L'église est embourbée dans le bitume chaud, bouillant, lave de millions de lombrics.
Les lombrics desséchés tombent sur la feuille de papier, découpe au plomb fondu.
Maldoror s'interroge à haute voix, se demande quel crâne ouvrir en deux pour en faire sortir les fertiles arguments qui pourriront le monde comme un fumier. Quel terreau corrompre de son sourire infect. La contagion gagne, mais l'archet a repris le dessus.
Abandonnés sous la canopée, nous dormons.
10:31 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 28 décembre 2013
des¶mes§vos↑
d e s d é s i r s
mes mésanges
vos Vosges
ma marinière
nos nostalgies
on ondule
t o n t o n i c
24.11.2013
22:50 Publié dans MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 18 mars 2013
Mater dolorosa
La branche sciée du cognassier
tremble sous la grêle
¨ ¨ ¨ ¨ ¨ ¨
Sur les trottoirs les trémas blancs
chantent dansent à tire-d’ailes
oiseaux de ce printemps
qui ne viendra jamais
comme s’enfuit la sève à la branche coupée
16:44 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 08 mars 2013
VOUS dans la montagne : Franck Doyen
Ouvrage de poésie, ouvrage étrange, comme on parlerait de boîte à ouvrage, archaïque trésor en bois d’où s’échappent bobines dépareillées etc. On a lu ce poème comme texte triple. La traduction de Laura Vazquez n’est pas donnée en regard, mais juxtaposée, proposée avec les fragments du poème français. Le travail graphique de Karim Blanc est lui aussi un texte. — « Altitude de bleu » — Donc, même moi dont la compétence en castillan est limitée, je me surprenais à commencer parfois par la traduction (j’avais d’ailleurs cru, en l’achetant, qu’il s’agissait d’un texte bilingue de Doyen lui-même). Glossolalie, récit escarpé et repris d’un périple jamais naufrage, le poème est (peut-être) allégorie de ce qu’on endure, tragiquement et prosaïquement, de nos jours au Mexique (la dédicace aux femmes de Ciudad Juarez ?).
05:27 Publié dans 721, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 janvier 2013
Liqueur d'ON
Les Sonates de Bach par Gould et Laredo. Hésiter plus de dix secondes avant de ranger Robin Eubanks entre E.S.T. et le coffret Bill Evans. La 30ème de Beethoven par Brendel. On n'est pas original en ce début d'année. Consulter pour sénilité, il est sans doute trop tôt, même si j'ai dû me faire un pense-bête “poisson oseille et riz” hier soir, et malgré la confection complexe de mon propre emploi du temps d'écriture pour ce semestre (mercredi). Emil Orlik n'ouvrira pas la voie, name-dropping or not.
11:42 Publié dans MOTS, Onagre 87, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 janvier 2013
Résolutions d'écriture pour 2013
Outre ce qu'il faudra(it) faire sur le plan professionnel (articles, traductions ?), je dois, en 2013, reprendre et surtout achever – au moins provisoirement – un certain nombre de chantiers d'écriture, certains ouverts depuis plusieurs années. Au vu des incises, points d'interrogations et ajouts de conditionnel de la phrase précédente, c'est mal barré. (Bien barré, en fait, ha ha.)
Je fixe donc ici la nécessité absolue de poursuivre/reprendre
- Album de limericks berrichons & autres limericks & tankas [1]
- Douzains d'aise [2]
- Entre Baule et Courbouzon
- Kleptomanies überurbaines
- Répétitions [3]
- Septains amphibies
et de reprendre/achever
- 732+366
- J'allaite le nouveau Kant, II
- Le Livre des mines
- Soixante-dix sept miniatures
- Un fouillis de vieilles vieilleries
Les formes poétiques brèves (quatrains & quintils, vénérales, sextiles, juno-lunaires, déroutantes&azalées, triolets) et d'autres projets (Un sang d'encre ? Sonnets doucement internationaux ?) suivront leur cours, cahin-caha, on peut l'espérer [4]. Du nerf !
[1] Malgré la facilité de composition, ce chantier tend à prendre l'eau ou à s'enfricher sans qu'on n'y prenne garde.
[2] Ceux-là s'écrivent très rapidement, sur smartphone souvent. Peu de risque que la pile ne grossisse pas.
[3] Me souviendrai-je des règles de composition ? rechercher dans mes dossiers le fichier Projet Perroquets
[4] La version initialement rédigée de ce billet comptait 1295 signes, mais j'ai fait quelques menus ajouts qui le font disparaître de la rubrique correspondante, ce qui est préférable, en fin de compte. Je n'ai choisi de citer, dans les deux listes ci-dessus que les projets pour lesquels je me fixe une obligation de résultat, en quelque sorte. D'autres, tout aussi amusants, sont pareillement en gestation permanente/différée/interrompue. Questions d'atelier.
09:33 Publié dans Clés du sol, Fièvre de nombres, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 20 novembre 2012
Ruine de ruisseau
Tout a rattrapé la boue la bourbe
Tout a noyé le souffle coupé tout la tourbe
Tout s'emprunte et se vend le monde creuse
Pelles bêches
J'écoute sidéré le Râga Jaunpuri
Ce n'est pas le matin a-t-on le droit
Vous errez dans les collines Vous Tout Tout vous
rattrape Tout a racheté la boue la bourbe
Les collines dansent la courbe
Creusez
Belles mûries
Un squelette encore chante sous la tourbe
14:38 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 septembre 2012
Schubertauster
Tout de même. Un sentiment furtif s'immisce.
Clés du sol, clefs de voûte, devant la lourde porte ouvrant sur la grotte je ne peux mettre la main sur la clé, sur la clef. L'astre s'épanche, et m'interdit les adjectifs. Je craque pour, j'ai un faible pour, je suis emballé par, ça m'attire, j'attige ---- l'astre se rétracte, m'interdit désormais les verbes.
L'astre désormais les verbes.
Alors, on fait moins le malin ?
Me voici de nouveau (du moins une partie de me, un fragment de moi) dans la salle, à Capbreton.
Le vent des soufflets, la brise des gifles. Dilate mes narines. C'est un soudain rigodon.
Oui, on vole, s'envole, clabote, cliquète, dansote, qu'il est doux avec vous en ce soir de mourir, et la mort est belle, et la mort danse, on danse, oui, comme doux, qu'il est doux votre pas de danse.
Rigodon, puis rideau.
08:43 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, MOTS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 décembre 2011
Six Variations sur le nom d'Iris Clert
Les barbillons pèsent. Cirri lest.
Remuez les reliques. Stir relic.
Le crieur des rues la gorge tranchée. Crier slit.
Presse-purée éclairés. Ricers lit.
Monsieur, enregistrez votre littérature. Rec Lit Sir.
Erreurs autorisées. Licit errs.
16:04 Publié dans Aujourd'hier, Ex abrupto, Minimalistes, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 01 octobre 2011
Diérèse / diarrhée
(14 juillet 2011)
Hier soir, en poursuivant ma lecture de Malone Dies (que je mène simultanément aux Demeures 7, à Mes deux mondes de Sergio Chejfec commencé hier matin, et au bûcheronnage intensif dans le parc), je me suis demandé – toujours sans pouvoir vérifier – si diaeresis et diarrhoea étaient phonologiquement voisins (paronomase ?). Je pense que oui. Par ailleurs, pour vérifier l’hypothèse de mon hypothèse, il me faudrait, entre autres, le texte français, Malone meurt.
Il s’agit du passage suivant :
« And if ever I succeed in breathing my last it will not be in the street, or in a hospital, but here, in the midst of my possessions, beside this window that sometimes looks as if it were painted on the wall, like Tiepolo’s ceiling at Würzburg, what a tourist I must have been, I even remember the diaeresis, if it is one. » (Malone Dies (1958), Calder & Boyars, 1975, p. 64)
En effet, il me faudrait vérifier tout d’abord d’où vient cette allusion à Tiepolo, et si la diérèse n’est pas – par exemple – une référence à un poème de Robert Browning. Le nom de Tiepolo, en anglais, se prête à l’hésitation entre synérèse et diérèse sur Ti-e. (Par ailleurs, qu’est-ce que ça peut bien être dans le texte français ?)
Si je me suis interrogé sur la possible paronomase diaeresis / diarrhoea, ce n’est pas pure fantaisie scatologique, mais en raison d’une phrase de la page précédente sur la chute des crottes aux antipodes. Lorsque le narrateur, Malone, sent que ses membres sont très loin, et même distincts de lui, il commence par les pieds et finit par son cul : « For my arse, for example, which can hardly be accused to be the end of anything, if my arse suddenly started to shit at the present moment, which God forbid, I firmly believe the lumps would fall out in Australia. » (p. 63) De manière caractéristique, le récit, qui consiste à brouiller tous les repères topologiques en insistant de manière récurrente sur un narrateur non situé, à la position géographique aussi incertaine que son statut existentiel, précise ici, comme par hasard, au détour censément fortuit d’une image (qui n’en est pas vraiment une d’ailleurs), le contexte spatial d’énonciation : Malone, seul, allongé dans une chambre à la localisation indéterminée, a recours à l’Australie pour évoquer les antipodes. Il se trouve donc de l’autre côté du continent que les Britanniques surnomment Down Under. (Et là encore, je m’interroge : qu’est-ce que cela donne, à l’origine, dans le texte français ? Est-ce également l’Australie ? Si tel est le cas, alors l’Australie joue, en français, un rôle de signifiant géographique pur, en quelque sorte, alors que, dans un (con)texte anglophone, le signifiant se charge de connotations plus complexes. Si le narrateur de Beckett parle aussi de la chute des crottes en Australie dans le texte français, n’est-ce pas la voix anglophone de Beckett qui lui fait choisir, par en-dessous, si j’ose dire, cette image, tout autant que la logique géographique ?)
Il y a aussi, pour en revenir à l’hypothèse de la paronomase diaeresis / diarrhoea, une extension du trope rabelaisien du haut et du bas à la configuration planétaire : le haut figuratif du globe (irlandais ? français ? européen, à coup sûr) se vide par le bas (l’Australie). Plus loin, la métamorphose imaginaire/référentielle en plafond peint (ceiling) d’une fenêtre en trompe-l’œil (window) suggère un prolongement de la diarrhée planétaire en diérèse géométrique. (Tout cela, une fois encore, se colorera différemment selon que diaeresis / diarrhoea est bien une paronomase, selon la structure sémiotique du texte français, mais aussi en fonction de l’origine de cette référence à Tiepolo. L’interprétation crypto-rabelaisienne que j’ai esquissée plus haut paraît plus convaincante en anglais : en effet, si la fenêtre est dans une situation similaire à celle du cul (au milieu du corps : it can hardly be accused to be the end of anything), le signifiant window double et même triple la mise, tant avec wind (le vent, avec sa connotation scatologique) qu’avec la terminaison en –ow (objet de nombreux jeux sémiotiques, à l’époque élisabéthaine, tant par allusion au vagin qu’à l’anus).
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mardi, 20 septembre 2011
Trois grains de riz
Du café, du thé maintenant (l’ordinateur vrombit à fond), et le travail avance malgré tout, entre distractions d’ordre lexicologique et fous rires culinaires au second degré (en particulier tout ce qui touche aux falafels, désormais).
Il est temps de citer ici un passage d’une grande valeur épigraphique :
« J’écris sans savoir vraiment ce que je veux dire. Sans préméditation. Pour reprendre pied. »
C’est dans le très beau petit livre de Thomas Vinau, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (Alma, 2011, p. 81). Il est essentiel de mettre partout son grain de sel. La cuisine n’attend pas, aussi celle des mots. Laissé trop longtemps tout en plan, comme une paillasse où pourriraient des épluchures. Nettoyer, trier, classer, ordonner è mettre aux ordures (aussi).
Penser/classer : les nombreuses rubriques dans lesquelles s’accumulent ces billets, courts chapitres, sont, on a du mal à le croire, à l’admettre, un premier pas. Et je dois ajouter ici (pour reprendre pied ?) que je sais seulement depuis deux jours, après avoir regardé avec Oméga le globe lumineux (offert il y a longtemps à son frère aîné et) où se trouvent dessinés et répertoriés pas moins de 263 animaux, et lu la mini-encyclopédie qui sert de guide d’accompagnement du globe en question, que l’onagre est « une hémione qui ne vit plus qu’en Iran ». Je continue de citer : « Ces animaux se situent entre les ânes et les chevaux. L’onagre a un pelage jaune-brun ; son signe distinctif sont ses sabots aux bords noirs. Sa raie va jusqu’à l’extrémité de sa queue. »
C’est à regret que je dois noter que cet animal porte le n° 60 (ni 59, ni 77, ni 87), et que le koulan, animal voisin auquel la notice du guide renvoie également, porte le n° 38.
Amplification. Toute cette digression ouvre des horizons, notamment un nouveau départ pour la rubrique avortée Zoozéro. Le nombre 263 permet d’envisager l’écriture d’une nouvelle série d’onzains (2-6-3). Entre autres. Et sans oublier d’aller de l’avant, avancer toujours, penser/classer sans penser classer.
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vendredi, 10 juin 2011
Aérien, non
Traces.
Personne n'a contrarié mes désirs.
Il faut aérer la prose. (Oui, mais la fragmentation elle-même est étouffante.)
Aujourd'hui : autoréférentialité ; squiffy ; je ne comprends rien à ne suis pas d'accord avec ce que mon collègue a expliqué aux étudiants sur le caractère précurseur/postmoderne de Tristram Shandy.
Alpha monte se coucher.
Aérer le coucher de soleil, bleu pétrole.
Mais pourquoi ?
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lundi, 02 mai 2011
Gyubal Velleÿtar, de Stanislaw Witkiewicz
Hier soir, quelques heures avant l’opération militaire qui a permis de « libérer le monde » d’Osama bin Laden (ce que d’aucuns semblent interpréter comme la fin, ou du moins la mise à mal, du terrorisme international), je lisais l’acte I de Gyubal Velleÿtar. Ce matin, je poursuis avec l’acte II, quelques heures à peine après que le cadavre de n’ennemi public n°1 ait été « enterré en mer » (largué ? amerri ? inhumarré ?) – procédure, qui garantit, je pense, des soupçons sur sa mort pour les années à venir, et des pèlerinages soit sur le lieu où il avait trouvé refuge, se planquait, soit à un point donné de la côte d’où fidèles et forcenés jugeront qu’ils sont le plus proches de la dépouille d’Osama le martyr.
Pour en revenir à Gyubal Velleÿtar, il s’agit d’une pièce frappante – un peu comme si (je poursuis le name-dropping acharné commencé hier dans le dialogue noir) Aristophane ressuscitait et croisait la route d’Alfred Jarry. Arturo Ui a pâle figure après cela. Il s’est décidément passé quelque chose de fondamental, du point de vue du langage, et du langage poétique singulièrement, entre 1910 et 1930 (pour faire bref).
« Je voudrais forger un formidable château de porphyre, et comme matériau je n’ai qu’une bouillie de tripes bourbeuses. »
Pourquoi cette langue, outrancière et dramatique, dans cette pièce écrite en 1921, me fait-elle penser à la langue si peu romanesque de Perrudja ?
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mardi, 12 avril 2011
Cimaises
Depuis une semaine, je lis House of Leaves. Hier, toute la journée, à côté de mon bureau à l’université, un roman inconnu de moi (The Birthing House) est resté posé sur la tablette, dans le couloir d’attente. Ajoutez à cela que j’ai reçu, samedi par la Poste, le dernier roman de Tariq Goddard (je caresse le projet de relancer quelques éditeurs que ne devraient pas manquer d’intéresser les textes de ce romancier inédit en français), dont la 4ème de couverture indique qu’il y est question, peu ou prou, de maison hantée.
Il y eut aussi, dimanche, ce bref récit de Kafka, que je lus dans un moment d’intervalle, chez moi, et dans lequel le signifiant Haus joue un rôle d’inquiétant trouble-fête. Existe-t-il une langue dans lequel le mot maison s’écrit en trois ou sept lettres ? Cette question fibonaccienne me hante.
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Ajout de 11 h 50 : ev en turc, hus en danois/suédois/norvégien.
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mercredi, 19 mars 2008
Alberto : Ongaro :: La ::: Taverne ::: du :: doge : Loredan
[ 21.02.2007. ]
Difficile d’imaginer un endroit aussi dévasté.
Peut-être est-ce l’épuisement qui guida la lecture, à des moments tels qu’il ne s’en présentera plus.
Ce roman, paru en Italie en 2004 et en France en 2007, ne s’est jamais trouvé sur le présentoir du libraire, puisque je l’avais commandé à la librairie Campus à la demande de ma mère, ni sur un dessus d’armoire, oublié, empoussiéré. Si la traduction n’a pas l’air mauvaise, la finition éditoriale laisse à désirer : de nombreuses coquilles gâchent ici et là la lecture (nombres au lieu de nombreux, parole au lieu de mot, verbes conjugués erronément au singulier etc.), ce qui est assez fortement ironique, dans la mesure où les éditions Anacharsis sont ce qu’il est convenu d’appeler un « petit éditeur » et où le personnage/lecteur qui figure au centre du dispositif narratif en forme de labyrinthe, Schultz, est un petit éditeur typographe vénitien.
C’est dans l’équilibre parfait entre la complexité narrative post-moderne (jeux de miroir, emboîtements infinis de structures) et le caractère facétieux du ton qu’Alberto Ongaro réussit à merveille, de sorte que, mieux qu’à Calvino dont les mânes sont cependant évoquées vers la fin du roman, c’est à Boulgakov et Potocki que fait songer cette Taverne. Des jeux post-modernes sur la codification narrative, Ongaro n’évite pas tous les écueils, comme la fréquence du recours à la mise en abyme ou aux figures dédoublées (Schultz / Paso Doble ; père / fils ; picaresque anglais / espagnol ; Scarpa / Scarpis etc.).
Allez savoir pourquoi, à un moment donné, dans l’abattement horizontal du five o’clock, ce récit me fit penser à Biyi Bandele-Thomas. Allez savoir si Ongaro n’aurait pas dû ménager, lui-même, quelques chapitres blancs pour que chaque lecteur y ajoute ses ramifications. Allez savoir.
Eleven Echoes of Autumn. La flûte alto refuse de répondre aux appels de la clarinette. Le violon refuse de regimber devant les sermons du piano. L’autre soir, je recherchais le nom du prêcheur dont Artaud joue le rôle dans Lucrèce Borgia de Gance : Sardanapale, Héliogabale, Rivarol – tous ces noms masquaient le seul vrai, et je me croyais attrapé entre certaines pages inédites d’Ici de Sarraute. Puis je retrouvai, plusieurs heures plus tard, le nom de Savonarole. N’importe, le moment de la révélation fait partie du récit, comme Alberto Ongaro se dessine lui-même, ultime ombre du roman, à la dernière page, pirouette ou queue de poisson, de sorte qu’il est à se demander si d’autres fins sont possibles, si les romanciers amateurs de labyrinthes narratifs ne renonceront à ces pirouettes finales que le jour où plus aucun lecteur n’en sera surpris, où trop de critiques auront ironisé sur ces sentiers qui s’ouvrent à la voix d’une soprano, sur ces flocons de neige qui tombent et que l’on regarde tomber, sur ces bouquets qui vont à la dérive le long d’une rivière aux mille miroitements.
« Peut-être faudrait-il suivre cette musique qui se déroule dans le disque, en parler de temps en temps, jusqu’à ce que s’exhale la dernière note et que comme un fantôme ducal elle rentre là où elle est ensevelie. Mais La Stravaganza est trop longue, elle dure quelque deux heures et la musique n’accepte pas de devenir parole (du moins en ce lieu) sans risquer de comiques résultats. On suggère donc à qui se ressentirait du fait qu’en ce lieu on ne puisse en réalité écouter une seule note du concerto de Vivaldi, de fredonner de temps en temps le thème ou de mettre le disque sur son propre tourne-disque et de faire du concerto, jusqu’à ce qu’il se termine, la musique de fond de sa lecture. » (p. 160)
Au lieu de quoi, bien entendu, le roman fut lu, pour l’essentiel, dans le silence – bancal plus que monacal – de l’insomnie nocturne, j’écris ces lignes en écoutant à présent un album de Kartet (Delbecq et Orti : sons incendiaires incomparables), il n’y avait, de toute façon, pas de Vivaldi dans cette maison, et le seul vinyle double que j’ai emprunté à mes grands-parents pour l’écouter, c’est une version ancienne et crachotante des Pêcheurs de perle, ce qui, loin s’en faut, ne m’approche pas de la lagune de Venise, et moins encore des rivages de la Tamise.
S’il faut clore – qui pis est – ce texte par un inventaire des béances, n’est-il pas surprenant que je n’aie vu aucun des trois films qui sont mentionnés de façon répétée dans le roman : Les Lanciers du Bengale, Masquerade et F for Fake d’Orson Welles ?
10:09 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, italie, musique, jazz, vivaldi, kartet, postmodernisme
vendredi, 11 janvier 2008
Oyez
Dans les moires
Une vie de planches
perdue en d'infinis déboires
à broyer des branches
Même si la fonte des neiges
Même si les terreurs nocturnes
Même si le piège à mâchoires
Même si les bourrasques
t'entendent Entendent tes cris
Ce ne sera pas la Saint-Jean, ni le feu sacré en soi,
l'encre des ciboires.
(Broyer des branches, crie-t-il : toute ma vie broyer des branches.)
18:13 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature
mercredi, 03 octobre 2007
Bracheumeuneu, the story so far.
Abracheumeuneu (je pense que Zvezdo a été plus rapide qu'Aurélie : de toute manière, comme elle n'a pas de blog, elle pourra considérer que son mot a été adopté).
Zabracheumeuneu (VS).
Zabracheumeuneur (Guillaume "MBR").
Zabrachezumeuneur (Guillaume "TS").
Cela ne constitue qu'un fil possible, celui tiré par Zvezdo. D'autres chaînes peuvent naître, toujours à partir d'ici.
(Ah, au fait : on peut rejouer, à condition de laisser passer deux ou trois tours. (Si on a plusieurs blogs, ce qui peut arriver, ça se corse.))
09:40 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 septembre 2007
César : Aira :: Les : Larmes
La matière de ce récit, ce sont les antipodes. Ce n’en est ni le sujet ni le thème, mais la matière. Récit écrit de manière à opérer sans cesse des renversements, des allées et des venues entre des registres et des régimes de sens diamétralement opposés, il ne bouleverse pas le lecteur ; plutôt, il le fait tourner en bourrique, ou en sablier. Sans cesse, le narrateur tourne les pensées, les jugements du lecteur de ce récit censément en train de se faire (mais, en fait, au fond, absolument préfabriqué), pour les inverser, les nier, les faire basculer – tout tournebouler. Si ça vous chante, vous pouvez aller saupoudrer ça de tropismes façon Nathalie Sarraute… mais la différence essentielle, c’est qu’ici rien n’est creusement. Non, tout est chatouillis, grattements à la surface, titillations. Le narrateur remue la vase en de nombreux points distincts de la mare, et très vite on ne perçoit plus même la forme de la mer. (Quelle analogie inepte, dirait-on.)
On en passe par le texte traduit. (On en passe toujours par le traducteur ; on en vient toujours au traducteur, comme on en vient aux mains. Le texte que l’on a lu, c’est celui du traducteur, un texte un peu ventriloque, sans doute beaucoup hanté par en dessous, du tréfonds. On en vient là, à ces mots tracés par Michel Lafon, s’ils lui furent dictés, intimés peut-être, par César Aira.)
« Il y avait un Japon en train de se poser doucement sur l’Argentine, mais sur toute l’Argentine, centimètre par centimètre, dans la douleur, une douleur suave, bleue, violette. » (p. 64)
Convoquez Borgès et Cortazar si vous le voulez – et vous aurez raison car leur influence saute aux yeux – mais tout ici n’est que collusion/collision, coïncidence/dissension, explosante/fixe, et surtout hallucination née de la longue contemplation d’un globe coloré ou d’une mappemonde comme celle que j’avais enfant au-dessus de mon lit.
À un moment, hors des virevoltes et pirouettes auxquelles le lecteur se soumet (nommons ce phénomène de lecture la loi d’accélération antipodale, si vous le voulez bien), il peut bien rêver même à certains mots par-delà leurs connotations immédiates déjà pas simples. Ainsi l’Argentine suggère à la mémoire un vers de Baudelaire, la gueule de Maradona bouclé en 1982, un quartier de Beauvais (qui devait ce nom à la fleur d’argent), un zézaiement de Boby Lapointe.
Passé par les antipodes comme on a pu être passé par les armes, le temps d’un aveu, l’esprit projette de lancer enfin, pour de vrai, le chantier des Tropographies.
[ 19 août 2007, Kergaer ]
07:04 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, écriture, Bretagne
vendredi, 31 août 2007
Wanderlust a la bougeotte
Sans écriture depuis une semaine, comme un peuple perdu pour la couleur des jours, il faut voir passer ces phrases rondement menées, formes de fragments. Il pose le point quand il ne sait plus que faire. Désemparé, sans recours.
De l’eau a coulé sous les ponts, je suppose. Vous n’y êtes pas du tout…
La sauvagerie est sans valeur, ce qui ne signifie pas qu’elle n’a pas de prix. Être sauvage, il lance le bras au loin, après cet arrachement de silex, tout à fait comme un exil.
La Randonnée. Pourquoi ? à cheval donné on ne regarde pas les dents.
Trois heures de l’après-midi. On compte les pas, les mots, ce qui signifie qu’on les économise, qu’on en garde sous la semelle. Le bourdonnement du gros taon dans la cloche à cidre où il s’est laissé piéger ; le cri répété de la buse qui appelle en chassant ; la sirène d’alarme d’une maison ou d’une voiture (plus au loin) ; le bruissement d’un grillon qui n’arrive pas à faire la sieste ; d’autres bourdonnements (de mouches). Rien d’économe là-dedans.
Je crois me rappeler qu’il faisait une chaleur semblable il y a douze étés, quand je lisais Outback. N’avait-on pas installé le hamac sur la terrasse ? J’avais prêté le roman à ma mère, qui ne l’avait guère aimé. Cette année, je sais, après avoir lu Wert et la vie sans fin, que je ne lui en conseillerai pas la lecture… on apprend de ses erreurs.
« Il reste cherchant ses mots et leur destination dans la phrase, ceux d’emphase n’ont cours sur ce versant-ci, il cherche des mots simples, des mots sans ornement, mais ce sont les mêmes mots qui s’élisent, quoi qu’il fasse, il n’y échappe pas. » (p. 157)
Le nom d’exote évoque aussi le vieux substantif grec d’hoplite : c’est celui qui vainc la piqûre du scorpion. Récit par bribes, initiatique autant qu’itératif, qui rappelle ces vieilles figures squelettiques et comme jaunies qui défilaient sur l’écran de mes insomnies, Abdel Zehnicki par exemple, et dont les dents soit gâtées soit d’une blancheur scintillante publiaient des messages ténébreux.
(Interruption, obscuration.)
[ 27 juillet ]
17:07 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, écriture, Roman
samedi, 18 août 2007
Des lettres blanches
Le 12. Chaussé d’espadrilles, en ce premier jour puissamment ensoleillé d’un juillet enfin vrai, lassé tout de même – à la longue – du rocking-chair, il a fallu que je m’attable. Ce petit récit envoûtant que tu lisais dans ta chambre blanche, avec le berceau transparent à tes côtés, je le découvre à mon tour, sous la couverture brune et soignée des éditions Finitude. Il me fait songer, bien sûr, à quelques textes surréalistes qui en furent contemporains, mais aussi à ces proses des symbolistes tardifs que j’aimais tant – disons, Le Livre de Monelle de Schwob et le théâtre de Saint-Pol Roux (La Dame à la Faulx, quel livre étonnant).
D’Odilon-Jean Périer, je n’ai connu, longtemps (mais depuis l’enfance), que quelques poèmes, et notamment “Je t’offre un verre d’eau glacée”, dont le Sans ornement souvent résonne à mes oreilles. Dans Le Passage des anges, l’expression « sans ornements » revient au moins trois fois sous la plume de ce narrateur qui dit, des aventures de ses personnages, qu’elles sont « celles que j’ai le plus envie de vivre, excusez-moi ».
Dans le rythme des phrases même, dans le recours soudain à toutes sortes de coupures linguistiques, s’entend évidemment l’influence des maîtres que je citais plus haut, et peut-être aussi, d’une certaine façon, de Maeterlinck et Mallarmé. Pourtant, ce texte utopique n’a pas son pareil, et il est heureux qu’il ait été réédité. Chaussé d’espadrilles, la peau enfin au toucher de l’air chaud, je l’écris : le nom même d’Odilon-Jean Périer, avec la symétrie que lui offre la seconde partie du prénom composé (6-4-6), souffle en voyelles doubles (deux o et deux e qui encadrent chacun le i central sans lequel la pierre ne saurait respirer). Comme nom d’auteur, on ne peut faire mieux.
Gêne : un ange passe. Sous les gestes des anges s’entendent les voix des gens. Tout se meut en sonorités inversées. Un jeune garçon, tout juste né, s’approprie la force vive de son aïeul, qui rêva à la lune et aux rires fusant sans fin. La vie est une jaquette de roman, où s’inscrivent des lettres blanches.
(Le 14. Le surlendemain, ayant fini de lire le récit dans le bercement douteux des tracteurs qui, à grands bringuebalements de barrières métalliques, préparaient le champ en contre-haut pour la traversée du bourbier, j’ai goûté cette fable qui n’est pas une parabole et qui, entre autres saveurs mystérieuses, rappelle, dans sa douceur même, les chapitres les plus noirs du roman contre-utopique de Kubin, L’Autre côté. Par contraste, fades, ternes, convenues, attendues, quatre ou cinq nouvelles de Richard Ford ne pèsent pas bien lourd. On a pu improviser six nouveaux couplets de Je ne puis vivre que de toi, histoire de montrer plus la richesse quasi infinie des rimes –èche et –ois en français que l’indigence de Jean Ferrat (ou de son parolier), qui n’est pas démontrée. L’usage de la langue : la mauvaise monnaie chasse la bonne.)
14:25 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature
lundi, 02 juillet 2007
Fuir
Fuir devant les ressacs
Fuir aux meurtres en allés
Fuir comme le monde avance
Fuir fuir
Fuir comme on fuit
Fuir au marbre des fontaines
Fuir devant les poèmes
Fuir
Fuir dans l’odeur de cuir
Fuir dans l’odeur des pommes blettes
Fuir dans la barque, sur le fleuve
Fuir oh fuir
Fus-je heureux fus-je seul
De fuir dans un linceul
Fuir la fougue des ressacs
Fuir la foudre des meurtres
Fuir l’avancée du monde
Oh
04:50 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
lundi, 18 juin 2007
... cassures
Des bordées d'ondées
des parenthèses de ressacs
cassures sous le vent qui frappe
cassures sous le vent qui cogne
cassures sous le vent qui danse
Les ténèbres terribles mugissent
des gueulantes de porteur d'eau
des goualantes de vieux cabot
cassures sous le vent féroce
vacarme du vent dans les branches
La main passe, trempée, sur les sourcils du monde
cassures sous le vent qui geint
cassures sous le vent qui rampe
La toile claque de sa fougue
gouffres amers de l'ignorance
des bordées d'ondées
cassures sous le vent qui hurle
cassures dans les ressacs
paix dans les débris
04:58 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
samedi, 19 mai 2007
"Pratique du contage"
11:55 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Langue française
vendredi, 20 avril 2007
Silexpectatives / Progrès en pensée assez lents
Vendredi 13, onze heures du soir (puis par bribes de ci de là)
La nage entre deux univers, et même entre de multiples. Après lecture des trois premiers chapitres de L’expectative de Damian Tabarovsky, jeudi 12 avril, s’être retrouvé avec L’Amour l’Automne (Travers III), acheté au Livre, vers une heure et demie vendredi 13. En avoir lu quelque 70 pages dans la foulée, bien sûr. Le soir, au concert, dans le sixième chapitre de L’expectative, être tombé sur ça :
Il prend une brochure, la lit : Ushuaïa, la ville du cul du monde. (L’expectative, p. 73)
qui rappelle ça, quelques heures plus tôt :
Moi, dit Carlos, je viens d’une ville du sud du pays : quand on est là on a l’impression que c’est le cul du monde. Eh bien en effet, quand je suis arrivé à Paris, on me demandait d’où j’étais, je disais Lanus, tout le monde était plié en deux. (L’Amour l’Automne, p. 72)
J’ai noté plusieurs autres collusions entre les deux textes, mais il me semble que, dans l’extrait de Renaud Camus on pourrait aussi observer d’autres significations à l’œuvre : ainsi, la phrase citée date de 1976 mais, recomposée pour figurer dans l’églogue publiée cette année, pourrait tout aussi bien s’appliquer à Plieux, où Renaud Camus s’est installé en 1992 et qui est, d’un certain point de vue, et comme il le suggère notamment dans les premières pages du Département du Gers, une forme de « trou du cul du monde ». Or, en réduisant l’expression plié en deux à ses trois premières et ses trois dernières lettres (comme au jeu des papiers pliés), qu’obtient-on ? Plieux, justement.
Ce sont éclats de silex, exils entre les pages, propos taclés de main de maître. Un clavecin même nous amuse. (La main d’un maître anime etc. ?)
Sinon/ d’ailleurs/ entre autres choses, je ne suis pas sûr de saisir ce que l’on trouve de si fort ou de si déroutant à ce texte de Damian Tabarovsky. Le chapitre sur l’absence de morts visibles, de sang, lors des attentats du 11 septembre est franchement plat ; la manière même de plaquer l’effondrement des Tours jumelles dans le monologue intérieur de Jonathan est complaisante.
Le reste du récit exploite le filon des textes où l’on suit les méandres d’une pensée qui se cherche : Jonathan, pensant beaucoup, puis de moins en moins, ne sait finalement que penser. Tout se chamboule, du coup, non pas le chaos des souvenirs remouvants au gré d’une stream of consciousness, mais bien la pensée – ou les pensées. Jonathan doit beaucoup aux figures d’intellectuels désemparés ou revenus de beaucoup, singulièrement à la Marelle de Cortazar.
Comme je déteste ces stylos plume de gamine qui ne donnent comme choix que :
1) d’écrire en posant le bouchon sur la table → dans ce cas, le stylo est trop frêle, ne tient pas en main
2) d’écrire en fixant le bouchon au-dessus de l’abdomen du stylo, à la place prévue → dans ce cas, le bouchon tombe
3) de pousser le bouchon afin d’éviter le cas n° 2 → dans ce cas, il se coince, et on risque de tout casser en le retirant
Damian Tabarovsky dresse le portrait d’un personnage traversé par un tumulte intérieur plutôt gentillet, un trentenaire dans l’indécision. Rien de bien neuf à cela. Pas pour le style, si la traduction est fidèle. Ni pour la froideur sèche avec laquelle l’idylle à peine née, traduite en effets ménagers, s’émiette dans l’indécision perpétuelle et le penchant de Jonathan pour une existence velléitaire. Ni encore pour la façon dont Jonathan s’enfuit, part en vrille vers Berlin, sur la seule suggestion d’un article de journal sur les chambres à gaz. Le récit s’achève sur l’intervention d’une voix à l’origine énigmatique et qui prononce des avis complexes sur l’ironie absolue des conditions de pensée (dans ce que l’on imagine le monde post-m od erne).
Le trajet de Jonathan l’amène à ne plus vouloir penser – et presque à y parvenir : « simplement, il ne va pas » (p. 119). Il se retrouve à laver de petits avions en Allemagne, coupé alors des autres par le barrage de la langue, et progresse encore dans l’abandon de toute pensée : « Tout se passait comme si le seau et le chiffon occupaient à présent la dimension absolue de son être, de l’être ouvert pour le seau. » (p. 125). Nouvel épis od e convenu, plaqué ou complaisant, il y côtoie Mathias Rust avant son périple en Cessna et son atterrissage inattendu sur la Place Rouge. (À l’époque, j’avais appris le mot Cessna ; aussi ai-je tout de suite compris que le jeune Allemand dont J. fait la connaissance était cet énigmatique pilote amateur dont on n’a jamais bien compris les motivations pour avoir pris tant de risques.) C’est convenu, parce que Tabarovsky n’en fait rien, ne prend pas de parti esthétique, s’en tient à l’écume de l’événement. Si son objectif était d’écrire un roman sur l’importance grandissante de pensées superficielles, pourquoi ne pas l’avoir situé tout de go dans un salon de coiffure ?
(Je sais : on exagère.)
00:55 Publié dans Diableries manuelles, Fall in Love, MOTS, Unissons | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature
mardi, 13 mars 2007
Amalgamologie
La deuxième note de ce carnet en ligne avait été consacrée à un curieux & inutile néologisme, quinzomadaire. Eh bien, sachez que les chameaux de la publi-information remettent le couvert : j'ai reçu aujourd'hui, dans ma boîte à lettres, un magalogue.
14:30 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Langue française
mercredi, 07 février 2007
Encres traversées
Plus que jamais plongé,
plus que jamais plongé dans les mots de Michaux
plus que jamais plongé dans la fournaise froide des encres de Michaux
plus que jamais
plus que plongé
Plus que jamais mordu,
hameçonné mordu morfondu mordufondu par ces mots
ces encres ces signes ces rythmes
plus que jamais mordantes
et plus que jamais chaudes
plus que jamais brûlantes
Plus que jamais la magie
et plus que la magie d'un homme qui avance,
langage dressé sur ses poteaux
ses guindeaux
ses lourds poteaux de mine
ailes légères qui
plus que jamais virevoltent.
Plus que jamais je lis
Michaux.
11:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature
dimanche, 28 janvier 2007
Adunaton, adunata
(Encore la Turangalila, et encore le soir. J'en ai commencé l'écoute de sorte qu'elle s'achève avec les dernières lueurs nettes jetées du jour.)
Dans son article intitulé "L'adunaton. Face à l'énigme et à l'impossibilité logique dans la prose narrative de Robert Desnos" (in M.-C. Dumas et al. Moi qui suis Robert Desnos". Permanence d'une voix. José Corti, 1987, pp. 101-113), Jacqueline Chénieux-Gendron définit l'adunaton comme "schème sémantique relativement figé, par lequel est visualisée une impossibilité empirique" (p. 102). Elle précise que "l'intérêt de ce jeu limité avec les choses [...] semble bien se trouver du côté de la représentation du bouleversement des choses, du côté de la figuration du désordre et de la visualisation du chimérique" (ibid.).
Si j'avais peut-être rencontré l'adunaton comme figure de rhétorique ou fleur de Tarbes, je m'étais empressé d'en oublier l'usage, ainsi que le sens de cet adjectif, qui, en grec ancien, signifie "impossible". On le retrouve dans le proverbe connu :
Τὸ πεπρωμένον φυγεῖν ἀδύνατον.
Autrement dit : On ne peut pas échapper à sa destinée.
L'adunaton le plus fréquent en français est "quand les poules auront des dents" (pigs might fly en anglais), mais on peut classer, dans cette catégorie, des formules plaisantes, voire gauloises, telles que :
Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.
Si les cons pouvaient voler, tu serais chef d'escadrille.
Si ma tante en avait, on l'appellerait "mon oncle".
En connaissez-vous d'autres, idiomatiques ou littéraires ?
N.B. : L'adunaton est si rare qu'il n'a ni son entrée ni ses entrées dans la WP, même l'anglophone !
17:41 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature, Langue française, Musique
mardi, 23 janvier 2007
Vendrardivagations
Entre vendredi et mardi, j'ai emprunté (pour les lire, les parcourir, y rechercher telle page, et pour c'était aussi)
- les Critiques d'art d'Odilon Redon (aux éditions William Blake & Co, ouvrage décevant)
- L'autre par lui-même. Habilitation. de Jean Baudrillard
- le Redon de Jean Cassou (de 1972)
- l'Odilon Redon de Jean Vialla (de 1988)
- Corps et biens de Robert Desnos (pas lu depuis que je l'avais emprunté à Dax et dévoré, circa 1990)
- deux ouvrages sur Thomas More, dont celui de Germain Marc'hadour (je le précise pour le plaisir d'écrire ce patronyme)
- le Coltrane de Xavier Daverat (aux éditions du Limon)
- la deuxième édition, largement remaniée, de Gérard Manset, celui qui marche devant de Daniel Lesueur
- "Moi qui suis Robert Desnos". Permanence d'une voix. (sous la direction de Marie-Claire Dumas. José Corti, 1987)
- la thèse de cette même M.-C. Dumas sur Desnos (Robert Desnos ou l'exploration des limites. Klincksieck, 1980 (je le note pour le plaisir de risquer de me planter en orthographiant Klincksieck).)
- À soi-même d'Odilon Redon (lu samedimanche : génial)
11:45 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature, Art
dimanche, 14 janvier 2007
Cuivre ici (Walpurgisnacht)
Cuivre. Ce mot comme une évidence
terrasse toutes montagnes
aplanit toutes difficultés. Tout de même
le travail ce n’est pas ça. Cuivre. Cuivre.
Dire encore et encore cuivre.
Ce mot ressemble à chanvre.
Ce mot ressemble à vouivre.
Ce sont paroles de sirènes. Dire
encore et encorecuivre qui ressemble à cuir Ce mot
ressemble à tendre à luire à feu de bois.
Boire s’enivre cuivre cuivre cuivre.
Pourtant vouivren’est pas veuve ni ivre Dire encore cuivre
ou l’écriresur la page aux mille coquilles
sur l’écran aux mille cuirasses
terrasser toutes montagnes aplanir
Où irai-je La tête dans les murs Écrire cuivre encore & encore
pour que ce mot plus jamais
ne ressemble à vouivre ni à fièvre
à navire ni à chanvre
que ce mot cuivre plus jamais
ne vire au chant de la revanche.
15:10 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
vendredi, 29 décembre 2006
No Seen till Brooklyn
J’envisage – si l’affreuse mégère à voix métallique confirme sa candidature à l’élection présidentielle – d’apporter mon soutien discret à son manque total de panache en transformant mon pseudonyme abrégé de MuMM en MMaM. Après tout, MAM a raison : il y a encore de la place, avant le second tour, entre l’ennemi de la démocratie et la folle des spotlights. Et, si Le Pen ne rassemble pas ses 500 signatures, elle pourra toujours harponner les gaullistes historiques réticents à voter pour Sarkozy (on les qualifie souvent de « vieux gaullistes historiques » mais ils ne sont pas tous si vieux que ça, d’ailleurs).
Depuis hier, le mot tangon me hante, peut-être (me dis-je dans les moments d’introspection esthétique les plus aigus) parce que je m’imagine ce carnet comme le tangon le long duquel pendent toutes les lignes (rubriques), où s’attrapent les mots-poissons. Sur ce thonier, pourtant, on n’a jamais fait de mal à une mouche.
Sur un tangon, aussi, on suspend des fils pour la pêche aux voix. (Hypothèse plus politique que poétique.)
17:45 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : UMP, Langue française
dimanche, 12 novembre 2006
Dadatologue
Fatalement, j'ai raté, hier, la publication d'une note à onze heures onze (11/11 à 11:11), mais, quoique je me sois un peu rattrapé ce dimanche matin, c'est pour constater ensuite (au grand dam de mes Hystéries historiées) qu'il ne s'est rien passé, apparemment, le 12 novembre 1111. Comme je ne saurais inventer d'événements fictifs (l'ayant fait, pourtant, une ou deux fois), je me retrouve à déballer ici ma fièvre de nombres, ce qui retarde d'autant la très légère note que m'inspirent les concertos pour clarinette de Franz Krommer.
À quelque chose malheur est bon, comme aurait dit Hugo, puisque, me livrant à de très rapides recherches, j'ai découvert l'emploi, un peu hérétique, du substantif datologue. Il me plaît bien, quand même.
(Il toujours impersonnel, à présent : il, sans illoiement, faudrait reprendre sérieusement l'écriture des sonnets et des tankas, pour ne rien dire du très long texte, abandonné et ridiculement bref.)
12:20 Publié dans Fièvre de nombres, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (4)
vendredi, 10 novembre 2006
Dame Zette et Vladimir
Je griffonne ceci en vitesse de la fac, donc sans le livre à portée de main (air connu), mais le volume des Lectures on Literature de Nabokov regroupe plusieurs chapitres sur divers "grands textes" de la littérature mondiale (notamment Mansfield Park de Jane Austen, Bleak House de Dickens, je ne sais plus quel Dostoïevski, Du côté de chez Swann et Ulysses, bien entendu). Je doute qu'il s'agisse de l'intégrale de ses cours, si tant est même qu'une telle chose existe.
(Vérification faite, il semble que le seul ouvrage actuellement disponible soit un volume de Lectures on Russian Literature.)
09:25 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 08 novembre 2006
Lundistes
Voici les ouvrages que j'ai empruntés ce lundi à la Bibliothèque des Lettres et Sciences Humaines de l'Université François-Rabelais :
- Basho. Cent onze haïku. Traduction de Joan Titus-Carmel. Verdier, 1998.
- Quentin Bell. Mode et société. Essai sur la sociologie du vêtement. Traduction d'Isabelle Bour*. P.U.F., 1992.
- René Berger. La mutation des signes. Denoël, 1972.
- Martin Crimp. Plays 2. Faber & Faber, 2005.
- Jean Favier. Louis XI. Fayard, 2001.
- W.S. Merwin. The First Four Books of Poems. Atheneum, 1980.
- Vladimir Nabokov. Lectures on Literature. Picador, 1980.
- Vladimir Nabokov. Strong Opinions. Vintage, 1990.
- Shiki. Cent sept haïku. Traduction de Joan Titus-Carmel. Verdier, 2002.
* De l'aveu même de la traductrice, le texte original est introuvable. Elle n'est même pas sûre de l'avoir encore, ni qu'il se trouve à la B.N.F. Sur le Web, il est inaccessible (éditions rarissimes à 170 livres sterling, dix fois trop chères, proportionnellement à mon intérêt a priori pour ce texte). Je verrai avec le prêt entre bibliothèques, tout de même.
20:20 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Ligérienne
lundi, 06 novembre 2006
Plaqueminiers, suite
La pénultième n’est pas morte, non, et cette brève prose en cinq paragraphes, publiée ce matin entre deux images de la série des statuaires, a tout pour me hanter et longtemps me désorienter. Son titre, tout d’abord, est issu d’un jeu de mots translinguistique passablement alambiqué, puisque, lorsque j’écris, dans ces carnets, ne serait-ce que quelques phrases inspirées par le jazz, je songe bien évidemment à Simon, et puisque le fruit du plaqueminier, le kaki (dont je me gorge ces jours-ci, en ayant récupéré, de mes parents, trois cageots pleins), se dit en anglais persimmon, ce qui se prononce « peur-si-meun » * et, quoique sans rapport aucun avec l’anglais for Simon (« fort-saï-meun »*), n’est pas très éloigné de la forme française « pour Simon ».
La chair des kakis est orangée, tirant sur le rouge, proche ainsi (et aussi) des cuivres coloratures des orchestres hard-bop.
Hier matin, je me suis éreinté, échiné même à peler une citrouille : la chair de la citrouille mûre est ferme, de même couleur que celle du kaki quand il n’est pas blet et que, par conséquent, il faut encore se retenir de le consommer, de crainte de garder longtemps, au palais, la poussière râpeuse du fruit.
Poussière ? In pulverem reverteris… ? Pas exactement. En hindi, kaki signifie « couleur de poussière », et de là vient le nom du fruit. En revanche, le terme « plaquemine » aurait été emprunté à l'algonquin piakimin. Voilà ce que nous apprend la Wikipedia francophone (je n’ai pas vérifié ailleurs).
* Cette notation ne respecte pas l'A.P.I. (Alphabet Phonétique International).
14:25 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature
dimanche, 15 octobre 2006
Les chrotomis sont très gentils...
... mais ils font de grosses fautes de français !
(Va falloir songer à payer l'ardoise !)
Jardins de Chaumont, 7 octobre 2006.
09:15 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
samedi, 30 septembre 2006
Gris de lire
... lorsque tout le monde eut dégrisé...
(David Bessis. Sprats. Allia, 2005, p. 10)
Cet emploi de dégriser comme un verbe intransitif, et avec le verbe avoir, n'est attesté dans aucun des dictionnaires que j'ai consultés. Alors, écart stylistique délibéré ou menue (curieuse) erreur d'auteur et d'éditeur ?
18:08 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature