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lundi, 08 octobre 2007

Envers du sac mat (ivres 1279/1547)

    Sneaky. J’ai beau regarder les ballets de Gallotta et relire inlassablement toujours le même article sur Fatos Kongoli alors que je n’ai jamais lu ni même ouvert le moindre livre de Fatos Kongoli mais parce que le journal est ouvert à cette page dans les toilettes, je sais que je m’effile, complote dans les coulisses. Dude. Mon pote t’es trop taré, dit-on à Lebowski (mais ça sonne faux). Oatmeal. Elle s’étouffa à ouïr cette nouvelle effarante, le menton collé contre l’avoine et les mèches pleines de lait éclaboussé. Three Day Sucker. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on m’enverra bon pour le service, à faire crisser la gratte dans ces sous-sols fusionnels où s’étire l’âme charnelle, prise entre les bas-fonds de Tirana – que je ne connais pas même de Fatos Kongoli –, les chorégraphies tentaculaires de Gallotta – que je matai quelque temps dans la lucarne – et mon pote le gitan qui me tenait la jambe avec sa clarinette déglinguée. Greasy spoon. Ce n’est qu’après avoir déplacé le cadavre de la mère que l’inspecteur remarqua la cuillère grasse de beurre. Whose bag is it. La question allait de soi, pensa l’inspecteur. First kiss. Je me faufile en rasant les murs, je guette et jette de tous côtés le regard, jusqu’à voir ces deux enfants de dix ans, pas plus, qui se roulent, très plaisamment, une pelle. Pick up. À l’arrière, je reprends pile là où je m’étais arrêté : je me faufile en rasant les murs, je manigance dans les coulisses où deux vieillards, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés, se roulent une pelle.

Musc, navet sarde (lèvres 54/65)

    Faux-filet. Pas de bol. Fée enlevée. À Bali. Deux ans. Cou lisse.

14:04 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, écriture

Crevassa dûment (divers 294/352)

    Je me faufile en rasant les murs, combine dans les coulisses. Elle s’étouffa dans ce bol. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère grasse. J’ai oublié ce que j’ai aboli. Je regarde ces deux enfants qui font l’amour. À l’arrière, je reprends où je m’étais arrêté : on complote dans les coulisses expertement.

CV de (l’)amant russe (diversion 369/446)

    Dire que tout est parti de mille mauvais caractères… Complote dans les coulisses. J’ai oublié ce que j’ai aboli. Elle s’étouffa dans ce jeu de dupes. Si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère grasse. À qui ? Je regarde ces deux enfants qui font l’amour. À l’arrière, je reprends où je m’étais arrêté : on complote dans les coulisses expertement.

Versant muscade (versus 407/494)

    Dire que tout est parti de mille mauvais caractères… Compote dans les coulisses. J’ai oublié ce que j’ai aboli. Elle s’étouffa. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère grasse. À qui ? Je regarde ces deux enfants qui se roulent des gamelles, avant de sortir un gros paquet de farine. À l’arrière, je reprends où je m’étais arrêté : on glisse dans la compote expertement.

03:00 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture

Vent sucré, Damas (versant 577/697)

    Dire que tout est parti de mille mauvais caractères… Complote dans les coulisses. J’ai oublié ce que j’ai aboli. Elle s’étouffa en entendant cette nouvelle effarante. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre ; il eut la conviction qu’il allait perdre son poste. À qui est ce sac ? Je regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants qui se roulent des billes, avant de sortir d’un gros paquet de farine Francine. À l’arrière, je reprends pile où je m’étais arrêté : on complote dans les coulisses, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés.

01:40 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, écriture

dimanche, 07 octobre 2007

Murs de ce savant (vers 1044/1265)

    J’ai beau regarder les ballets de Gallotta et relire inlassablement toujours le même article sur Fatos Kongoli alors que je n’ai jamais lu ni même ouvert le moindre livre de Fatos Kongoli mais parce que le journal est ouvert à cette page dans les toilettes, je sais que je m’effile, complote dans les coulisses. J’ai oublié. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire oublier les coups de crosse et les démangeaisons du pollen. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre, comme s’il avait soudain eu la conviction qu’il allait perdre son poste. À qui est ce sac ? la question allait de soi. Je m’effile en me rasant le fémur, je guette, et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent un joint, avant de sortir d’un gros paquet de farine Francine, facilement de quoi s’envoyer des lettres longues de cent lignes. À l’arrière, arborant le 15 en lettres blanches dans le dos, je reprends pile où je m’étais arrêté (je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés) me roulant une pelle.

23:00 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture

Vacarmes tendus (verso 1070/1295)

    Je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses. J’ai oublié mon trombone dans ma loge, dixit J.J.J. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé d’avoine et les mèches pleines de lait rance. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire oublier les coups de crosse et les démangeaisons du pollen. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre, comme si d’avoir mouillé le maillot, comme on dit vulgairement, lui avait donné le sentiment qu’il se passait quelque chose d’étrange et la conviction qu’il allait perdre son poste, se faire virer. À qui est ce sac ? la question allait de soi, mais pas la réponse. Je m’effile en me rasant le fémur, je guette, et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent, très professionnellement, un joint, avant de sortir d’un gros paquet de farine Francine de quoi s’envoyer en l’air cent fois sur les lignes long courrier. À l’arrière, arborant le 15 en lettres blanches dans le dos, je reprends pile où je m’étais arrêté (je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés), me roulant une pelle.

21:40 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, écriture

Vent du sarcasme (version 721/869)

    Je me faufile en rasant les murs, je combine dans les coulisses. Mec t’es trop taré, dixit L. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé contre l’avoine et les mèches pleines d’éclaboussures de lait. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire crisser la gratte. Ce n’est qu’après avoir déplacé le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de ghee. La question allait de soi, pensa l’inspecteur. Je me faufile en rasant les murs, je guette et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent, très professionnellement, un joint. À l’arrière, je reprends pile où je m’étais arrêté : je me faufile en rasant les murs, je combine dans les coulisses où deux vieillards, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés, se roulent une pelle.

19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, Rock, Cinéma, écriture

Massacre du vent

    Sneaky. Je me faufile en rasant les murs, je manigance dans les coulisses. Dude. Mon pote t’es trop taré, dixit Lebowski. Oatmeal. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé contre l’avoine et les mèches pleines de lait éclaboussé. Three Day Sucker. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on m’enverra bon pour le service, à faire crisser la gratte. Greasy spoon. Ce n’est qu’après avoir déplacé le cadavre de la mère que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre. Whose bag is it. La question allait de soi, pensa l’inspecteur. First kiss. Je me faufile en rasant les murs, je guette et jette de tous côtés le regard, jusqu’à voir ces deux enfants de dix ans, pas plus, qui se roulent, très professionnellement, une pelle. Pick up. À l’arrière, je reprends pile là où je m’étais arrêté : je me faufile en rasant les murs, je manigance dans les coulisses où deux vieillards, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés, se roulent une pelle.

17:40 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, écriture

Glas

    La voisine est partie, ce matin, pour la Vendée. Hier, nous étions allés cueillir des figues dans son jardin.  Le carillon sonnera dans le vide, pour nos seules oreilles.

Son mari est mort, au printemps dernier, la nuit même de la naissance de notre fils.

Elle a laissé tourner quelques minutes le moteur de la Mercedes avant de prendre la route de la Vendée, où elle possède une maison.

250 kilomètres.

10:47 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, Ligérienne

vendredi, 05 octobre 2007

Mime manoir

    Je m'apprête à aller écouter Linda Lê, dont je ne connaissais pas les livres (a priori ils ne m'attiraient pas) et dont j'ai lu en blitz mais attentivement, deux romans.         Voix, j'ai refermé aussitôt, agacé. Le dernier n'est pas mal, et j'ai pris de nombreuses notes en vue de nourrir ces carnets. (Pourtant, sussurre une voix au for, tu n'as pas fini de publier tes textes bretons.)         Personne, plus qu'In memoriam, m'a plu, quoiqu'on y retrouve ces figures de désaxés artistes maudits, comme s'il était si difficile de guérir de Rimbaud et Kafka.

(D'affilée, thème de la filiation.)

Entre brume et bruine

    Entre brume et bruine, que sépare seulement cette mince boucle de cheveux ourlés délicatement autour du visage pâle et frais, le souvenir commence à gravir les escarpements, et, sous le ciel gris, plafond de bitume, des fleurs d'encre s'immiscent entre l'image pure de l'amante et les mots galvaudés qui partout ont traîné leurs basques. Entre brume et bruine, que sépare seulement le point d'espoir à l'horizon, la cathédrale oppose la salinité de ses tours. Il faut vivre.

mardi, 02 octobre 2007

... et ce chien ...

    Ressorti de la librairie, près de la statue du Monstre gris, j'avais commencé de lire le livre acheté, et ce chien au pelage mâtiné de blanc et d'anthracite eut un mouvement d'humeur, cherchant à me toucher pour, pensai-je, me mordre. Peut-être était-ce un chien dressé à pister les littéraires ou les bibliophiles, les amoureux des Lettres, comme il en est qui s'attaqueront à toute personne qui malmène un enfant. Drôle de monde, où tout cesse d'être définitif.

lundi, 01 octobre 2007

Récurrence

Et puis, il y a cette autre ritournelle. La tienne, la mienne, qui ne sera jamais la nôtre. Celle qui est éternelle, qui nous accompagne toute notre vie, que nous aimerions entendre à nos obsèques. Le Muzak de notre ADN, la chanson qui nous choisit en nous faisant croire que c'est le contraire. Cette chanson est si littéralement collante que nous la portons comme un tatouage dans l'oreille interne de notre mémoire. Elle y est arrivée, elle y reste et y demeurera toujours.

 

(Rodrigo Fresan. Mantra. Traduction d'Isabelle Gugnon.

Albi : Passage du Nord-Ouest, 2006, p. 401.)

 

The hitch is that some ten or possibly twenty songs foot the bill, through different eras of my life. (Ritournelles était le titre d'un des douze romans de la série projetée en 1995.) Kumpanen, dann, dann fällt Euch ein...

... l'allure prospère

    La brume passe son chemin. Au beau milieu du sentier de notre pauvre vie, nous voilà, pavés de bonnes intentions. Jacques Roubaud n'est pas originaire de Roubaix. Un hydrolat lacrymal lave etc. Ce qui fouette les pleurs, c'est le vent qui les assèche. Tu fumes trois paquets par jour et tu triches aux examens, tu crois que tu vas y arriver comme ça ? Le directeur de la Banque centrale finit par donner sa démission. Neddy & Teddy are in a boat. Dans la hâte de baiser, elle avait gardé ses cuissardes. Un chevreuil passe en courant, l'allure prospère.

samedi, 29 septembre 2007

Dès qu'Adam...

    Dès qu'Adam attaque le scherzo de la Sonate n° 2 opus 35 de Chopin, Marius Tincu aplatit dans l'en-but des Blacks. Joie sauvage, et ferveur sous le clavier. Plus tard encore, ça se gâte. Tout de noir vêtus, quelques gentlemen portent un cercueil.

13:39 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Musique, Rugby, écriture

En vain et sans histoires

    Écoutant pour la dixième fois Buvant seul de Dick Annegarn, Araïna a décidé d’écrire enfin le chapitre de sa thèse qu’elle veut consacrer à ce texte, et principalement – d’ailleurs – à sa mise en musique, solo de guitare surtout. Sa thèse porte sur les rémanences contemporaines du poème de Li Po sur la compagnie de l’ombre de la lune, mais, comme elle s’est heurtée à quelques difficultés en traitant de la métamorphose de la lune en chien dans trois œuvres de langue espagnole, il lui semble utile de rebondir, comme on dit si vilainement. L’exilée du ciel, en un sens, c’est elle. Auprès d’elle, sous les draps, Irina se pochtronne, comme d’habitude, au whisky et au bartissol comme d’habitude.

Je repense, en évoquant ce couple d’ombres – Irina et Araïna –, à cette phrase énigmatique : « Ma coupe est vide (je suis abstème) et la lumière du chien est sombre. » (Les Larmes, trad. de Michel Lafon, éditions André Dimanche, 2000, p. 53). Le mot abstème existe-t-il ? je ne l’ai compris que par analogie avec l’anglais abstemious. S’il existe, pourquoi ne l’ai-je jamais rencontré ? Ce semble être une version savante de l’anglais “being a tea-totaller”. S’il n’existe pas, d’où vient le néologisme ? Du texte d’origine (César Aira) ? Du traducteur ? Pourquoi ? Ma voisine de lit m’a suggéré sobre, mais on peut boire de l’alcool et être sobre : abstème signifie, sans équivoque possible, que le narrateur ne boit jamais d’alcool.

Entre-temps, la nuit a envahi la pièce de vie, et, ici, au gîte de Kergaer, c’est le plein matin, même sous un timide rayon de soleil. Nous irons dans d’autres vies, d’autres eaux. (Au fait, l’artiste québécoise se nomme Marie-Josée Laframboise.)

vendredi, 28 septembre 2007

Emballements, embrasements

    Je regarde la flamme qui danse. Toi, tu en as vu passer, dans ta vie, de ces gens petits ! Il fut ballé, sauté, dansé… Dès le premier coup d’œil, il fut enthousiasmé par la beauté brûlante d’Irina, et son sourire au premier chef.  Je regarde la flamme qui, telle une belle fille lente, se plie et se dérobe aux à-coups du vent, et porte la nuit autour d’elle comme une toque. Le copiste avait lu Llano au lieu de llanto. Pierre s’était pendu – par amour.

 

[ 19.08.2007. ]

jeudi, 27 septembre 2007

César : Aira :: Les : Larmes

    La matière de ce récit, ce sont les antipodes. Ce n’en est ni le sujet ni le thème, mais la matière. Récit écrit de manière à opérer sans cesse des renversements, des allées et des venues entre des registres et des régimes de sens diamétralement opposés, il ne bouleverse pas le lecteur ; plutôt, il le fait tourner en bourrique, ou en sablier. Sans cesse, le narrateur tourne les pensées, les jugements du lecteur de ce récit censément en train de se faire (mais, en fait, au fond, absolument préfabriqué), pour les inverser, les nier, les faire basculer – tout tournebouler. Si ça vous chante, vous pouvez aller saupoudrer ça de tropismes façon Nathalie Sarraute… mais la différence essentielle, c’est qu’ici rien n’est creusement. Non, tout est chatouillis, grattements à la surface, titillations. Le narrateur remue la vase en de nombreux points distincts de la mare, et très vite on ne perçoit plus même la forme de la mer. (Quelle analogie inepte, dirait-on.)

On en passe par le texte traduit. (On en passe toujours par le traducteur ; on en vient toujours au traducteur, comme on en vient aux mains. Le texte que l’on a lu, c’est celui du traducteur, un texte un peu ventriloque, sans doute beaucoup hanté par en dessous, du tréfonds. On en vient là, à ces mots tracés par Michel Lafon, s’ils lui furent dictés, intimés peut-être, par César Aira.)

« Il y avait un Japon en train de se poser doucement sur l’Argentine, mais sur toute l’Argentine, centimètre par centimètre, dans la douleur, une douleur suave, bleue, violette. » (p. 64)

 

Convoquez Borgès et Cortazar si vous le voulez – et vous aurez raison car leur influence saute aux yeux – mais tout ici n’est que collusion/collision, coïncidence/dissension, explosante/fixe, et surtout hallucination née de la longue contemplation d’un globe coloré ou d’une mappemonde comme celle que j’avais enfant au-dessus de mon lit.

À un moment, hors des virevoltes et pirouettes auxquelles le lecteur se soumet (nommons ce phénomène de lecture la loi d’accélération antipodale, si vous le voulez bien), il peut bien rêver même à certains mots par-delà leurs connotations immédiates déjà pas simples. Ainsi l’Argentine suggère à la mémoire un vers de Baudelaire, la gueule de Maradona bouclé en 1982, un quartier de Beauvais (qui devait ce nom à la fleur d’argent), un zézaiement de Boby Lapointe.

Passé par les antipodes comme on a pu être passé par les armes, le temps d’un aveu, l’esprit projette de lancer enfin, pour de vrai, le chantier des Tropographies.

 

[ 19 août 2007, Kergaer ]

mercredi, 26 septembre 2007

1474 - Bon, pas bon, mauvais, moins pire...

    Jean II le Bon (qui, après avoir épousé Bonne de Luxembourg, eut des démêlés avec Charles le Mauvais (je n'invente rien, esprits médiocres)), fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers le 19 septembre 1336. Une semaine plus tard, le 26 (il y a 771 ans), était-il déjà embastillé à la Tour de Londres (et non fumant des londrès à la Bastille) ?

Éléments du mobilier

    Une crampe passagère (déjà passée) à la cuisse gauche, la flamme allongée de la bougie (dans un verre à pied), le vrombissement parfois ronronnant du frigo, le corps vissé ou rivé à cette table dans la vaste pièce de vie, il ne reste que deux pages sous la couverture rouge. Comme le shampooing qu’Irina a employé pour sa douche tout à l’heure – de marque Iroise (Araïna a passé sa journée à fredonner le refrain d’une chanson un peu bébête de Souchon) – sentait le fluor, elle craint qu’il lui pousse des dents sous le cuir chevelu. Elle fera brûler un cierge à l’ossuaire hollandais de Saint-Penthézec. Irina et Araïna se sont enlacées silencieusement sous la couette, et il reste toujours deux pages (à lire) sous la couverture rouge, et deux mouches près du luminaire violet, et un reflet diffracté dans la vitre du buffet de la cuisine, dans la vaste pièce de vie. Relevée, Araïna cherche à se rappeler le nom complet de l’artiste québécoise dont elle a lu, dans un prospectus quelconque, qu’elle exposait à Quimper : quelque chose Framboise ? Tourne en rond comme dans sa cage un loup à crinière. Elle est entièrement nue, dans la lumière d’hiver. Voudrait pleurer, pour tant de raisons pêle-mêle. Plie.

 

[ 19.08.2007. ]

13:36 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Bretagne, écriture

dimanche, 16 septembre 2007

Tentative d’y remédier

    Le frigo a des feulements.

Papier peint jaune et poutres, au salon murs blancs ; au plafond lambris et poutrelles formant dix longs rectangles de largeur variable.

(je ne m’explique pas comment, soudain, les larmes se sont transformées en ce travail d’écriture)

Le frigidaire frissonne, frétille, murmure. Plusieurs bouquets tous de fleurs fausses, abat-jour haut plutôt cosy ; les deux chaises d’enfant plaquées contre le mur de l’autre côté.

Tout chez lui avait fini par émaner des livres, et surtout par y ramener. Il avait installé son ordinateur – pour écrire et nous empêcher de tuer les mouches – à la table de la cuisine américaine.

Pleurer est si lent que même le mot, à son amorce, en est mouillé : el llanto. Crachats d’alpaga dans l’azur. Tout un bric-à-brac même pas solennel, bohême et foutraque, orne divers points de la vaste pièce de vie, comme autant de mouchetures.

(Douze années de félicité sans faille.)

 

Le réfrigérateur gémit, tremble, digère.

[19.08.2007]

samedi, 15 septembre 2007

Texte banal avec 17 liens

    L'été a traversé les mois pour s'extasier au ciel de septembre. Les histoires toujours les mêmes recommencées prennent de l'ampleur, comme une plainte douce d'enfant en vert-de-gris. (Tant de variétés de vert, au moins vingt sur un chemin de cinq cent mètres, c'est à vous défriser les yeux.) L'été a battu son plein, et des paupières.

11:30 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Fiction, écriture

vendredi, 14 septembre 2007

Novionates (454/20)

    Tends-toi comme un drapeau, comme une ramure ; tends tes bras, comme une rameuse, une fileuse d’algues, l’amante des roseaux. Tends-toi comme un tambour, gronde comme l’orage, envole-toi comme un silence. Il faut apprendre à aimer, aussi sur la terre labourée. Des orages monteront, qui n’auront pas d’autre souffle à briser. D’autres baisers te cueilleront, qui te trouveront tendue comme un drapeau, amarrée à un tronc, rouge et filandreuse comme la soie folle du séquoia. Des larmes perleront sur la soie, bazar dans la débâcle, à plus de trois mille signes l’heure. Tends ton cou, comme un tadorne.

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Alangui, l’oiseau blanc et vert forêt, comme de coton, refuse – triste et seigneurial – de se mêler au concert de caquetages et de commérages de ses presque congénères, sur cette mare où, douloureusement, à la ligne même de l’andante, flottent roseaux morts, algues en putréfaction, et où je vois ton visage, jonquille, se manger des yeux à ne rien fuir, sans coup férir, la peau près des paupières tendue comme un tambour alangui dans les eaux mornes de l’Orne.

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Pas tout ça, il faut encore prendre du bon temps de se pendre. Dans les champs noyés de pluie, avoir glané les épis de maïs boueux, en avoir arraché la paille, vu que la lumière du soleil jamais ne reviendrait. Il fallait en profiter pour. Rentrer chez soi, déposer les clayettes d’épis glanés sur la vieille table de ping-pong défoncée. On a rêvé d’un oiseau altier qui aurait soudain sifflé : tends-toi comme un drapeau.

lundi, 10 septembre 2007

Pointe du dard

    Peut-être le mieux, après tout, pour dire quelque chose de ce séjour en Bretagne, est-il de commencer par le mouton mort sur le tas de terre, au bord de cette petite route de campagne. C’était une route anodine, sans charme particulier, que l’on empruntait chaque jour pour rallier – du bourg avec son église, son calvaire et son bar-tabac – le gîte loué pour la semaine ; après près de trois kilomètres à voir se succéder les tournées vers autant de hameaux en Kerzunou et Kergaer, on tournait à gauche, et c’était là, après un coude, près d’une pauvre triade de bouleaux et un hangar rouillé, le gîte.

Or, le second soir, après avoir regardé pour la troisième fois le panneau de sortie de village dont la partie en langue bretonne ne différait que d’une seule lettre de la partie française, le champ et sa quarantaine de moutons laids vaguement marqués de croix rouges, les fermettes aux hangars sans charme, l’allée droite de peupliers qui elle seule pût retenir, sur ce trajet, l’attention, on avait vu, sur le côté gauche de la route, près d’une boîte à lettres, le cadavre évident d’un mouton posé sur un petit remblai terreux, ce qui n’avait pas manqué de susciter quelques questions.

Comme, dans un moment de répit, allongé sur le canapé à carreaux bleus et jaune clair du salon, j’avais lu les trente premières pages des Larmes de César Aira en écoutant la brise souffler entre les bâtisses du hameau, je m’étais demandé si le paysan qui avait ainsi posé son mouton mort – pour quoi d’ailleurs ? pour faciliter le chargement du bestiau crevé par l’équarrisseur ? – n’avait pas eu le sentiment de composer un rare bouquet, à l’instar du narrateur de ce récit cristallin.

Du gîte lui-même, il faudrait mettre hors de cause l’ameublement hétéroclite et fade (à l’exception de la commode et de l’armoire des deux chambres), ainsi que les trois reproductions artistiques du salon et de la salle à manger : un cadre minuscule avec quatre dessins de Sempé, un Gauguin méconnu (deux Bretonnes en coiffe traditionnelle devant un champ vert et une ferme) et un tableau de John Dyer apparemment intitulé Beside the Wave Gallery (encore que le mot « Gallery », placé là comme partie du titre, permette d’avoir quelques doutes). Non, si le narrateur des Larmes insistait – à juste titre – sur l’existence des poubelles comme objets réclamant d’être photographiés (et je ne pense pas seulement, pour ma part, à celles d’Urval), il fallait voir, dans ce mouton mort balancé sans ménagement sur une motte, un appel quasiment esthétique aux rares touristes demeurés, par ce froid de canard pis qu’automnal, dans la région après la mi-août.

À temps triste, offrande d’artiste ?

[ 19 août ]

samedi, 08 septembre 2007

« Le milan blanc est revenu »

    Hier je n’ai rien écrit. J’ai beaucoup lu ; rêvé ou contemplé plusieurs billets, rien écrit. Pour avoir lu le mot poussier dans la traduction française d’Il me faut aimer une pierre (et trouvé une citation de Balzac à l’appui de la définition de ce terme dans le dictionnaire), je me suis décidé ce matin à envisager d’écrire (cet après-midi).

Écrire par ces notes ou billets, quand je croyais y constituer assez solidement une œuvre, aura encore été le prétexte à bribes, fragments désunis, paragraphes au fil de la plume… bref, à la grande vérité de ma vie : velléité.

J’ai songé à me lancer enfin dans un grand livre, mais le projet finit par buter et achopper contre l’expérience passée de tant d’autres grands projets. Il faudrait commencer par la phrase « Le milan blanc est revenu », puis de l’élanion au busard, retrouver la trame de tant de petits souvenirs en marge de la grande histoire. Ah, à quoi bon, si j’en suis incapable ?

En attendant, faute de milan blanc roucoulent les tourterelles.

[03.08.07.]

vendredi, 07 septembre 2007

The Bill Wells Octet vs Future Pilot A.K.A.

    Déjà, on ne comprend pas que l’octuor ne se compose que de sept musiciens – ou alors le leader, pianiste et bassiste, compte-t-il double ? Ensuite, on ne comprend pas la structure du projet : musique improvisée et enregistrée par un ensemble de 7/8 musiciens d’une part puis remixée par deux ou trois bidouilleurs – peut-être ce Sushil K. Dade qui paraît avoir participé aux compositions ?

Oui, ce pilote du futur nous désoriente.

 

La musique elle-même ? Du jazz électronique écossais*, sur un disque très bref, avec de belles mélodies (No Funerals This Morning) et pas mal de gimmicks un peu m’as-tu-vu et superfétatoires.

Piano & basse en soubassement : on pense à Mingus, sans rapport pourtant (encore que la première minute de Pink kitty, hein…).

 

Je ne connais pas la chanson de Gainsbourg Requiem pour un con, mais c’est un temps fort de l’album : introduction progressive de la section rythmique sur 54 secondes par trois tranches, puis pénétrante poignante échappée de trompette bouchée (Robert Henderson), avant que la guitare de Stevie Jackson n’hésite joliment entre frisottis et chatouillis, d’où la mélancolie plus terrible encore qui vous saisit dans le dialogue final entre flûte / trompette.

 

* I know, it just doesn’t obtain… Did it on purpose, though.

Tout ça au décap’four

    Ce sera la dernière fois qu’on boit du rembeng.

Il s’ensuit un dialogue un peu théâtral entre l’épidémie de coqueluche et l’épidémie de roséole, qui se tirent la bourre. (La couverture à soi.) Nettoyer la margelle de la fenêtre au décap’four, mais ça va pas, la tronche ? Enfin, ce qui est fait est fait…

On parle d’appui, pas de margelle.

Le beau temps se barre, ce sont des soliloques pour les mendiants, et au fond du puits même l’eau brune gèle. Tout comme Ophélie, on se couche.

16:05 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Fiction, écriture