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jeudi, 30 janvier 2020

72–Benjámin–Piano

 

    Revenons-en à la météo, après tout la base de tout.

L’état d’âme qu’il faut décliner sans adjectifs. Décliner, c’est le verbe.

La pluie continue de tomber ; le clavier apporte la joie et l’énergie. Pas celui de l’ordinateur, où on se noie. Non, c’est faux : contre ce clavier je bute, je rebondis, balle de pala, de main nue, tissée de corde par-dessus le cuir. Rebonds sans fin.

Contre ce clavier.

Contre les signes, contre les lettres. Se construire contre ce rempart, contre ce rectangle légèrement oblique. Bâtir là où le bât blesse. C’est toujours le corps qui aura le dernier mot.

Ce dernier mot, est-ce que ce sera un verbe ou un adjectif ? sera-t-il pensé seulement ? sera-t-il seulement pensé ?

Contre le clavier.

Des considérations philosophiques. On s’est permis quelques adjectifs. C’est dur, aussi. On fera mieux demain. Pour se bâtir.

 

09:02 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

71–Ross–Clavecin

 

    Il y aura quelque chose qui dépasse de cette belle structure géométrique, une échappée.

Pourfendre les dragons, ça en jetait, mais ça n’avait aucun sens.

Le type qui veut employer l’adjectif déjeté et qui sue deux minutes sans y parvenir : mec, c’est que ta phrase n’aurait rien donné, aurait rompu le rythme.

Bousiller le rythme, pas possible. Faire éclater l’ordonnancement, oui.

Si vous ne voyez pas la différence…

On se dirait revenu à l’époque ingénue des arts poétiques.

(Et oui j’ai écrit ça en deux minutes et treize secondes.)

 

08:54 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Part oétique | Lien permanent | Commentaires (0)

70–Stehlik–Piano

 

    Écrire sans adjectifs, s’y contraindre.

Et si on se contraint à écrire sans infinitifs ni participes présents, que reste-t-il ?

Parfois le quadrilatère explose, ou plutôt : se boursoufle.

Toute gonflée de son importance, telle branche décide de se dédoubler.

Ah on va voir ce qu’on va voir.

C’est au bastingage que ça se passe. Tenté autre chose, l’herbe plus verte.

 

08:45 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

69–Strokovskyi–Accordéon

 

    Temps passe en eau qui tombe. En trombe. Combien de phrases formées autour de la paronomase. Pourtant c’est la mélancolie qui triomphe en douceur dans l’étirement mélodieux et poignant, souffle coupé. En toile de fond, ce jeudi de pluie, à égrener bêtement des considérations sur la météo.

 

08:39 Publié dans lactations : déSastre, Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)

69–Staier–Clavecin

 

     Les journées en eau qui tombe. Pourtant l’eau ne semble pas tomber. Comme on aime en français à former des phrases avec l’eau qui tombe, par analogie sonore avec le cercueil. L’eau dans l’hiver macabre tombe, au miroir de l’âme noire. Ces matinées commencées avec la pluie en lame de fond.

 

08:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 29 janvier 2020

68–Pečhočová–Piano

 

    Mercure, à la fin de ce mercredi bizarre, m’a traité de bélître. J’avais trop contemplé les néfliers, par la vitre. J’ai dû chercher le sens du mot bélître, et des citations.

Molière, bien sûr. Ou Rostand peut-être.

De vieux souvenirs de collège.

Tu te rappelais, au collège, et même en seconde, on avait classe le samedi matin, pas le mercredi.

Les filles qui (se) faisaient passer des petits mots, on ne savait jamais ce qu’elles s’écrivaient, de quoi se mêlaient-elles.

Mercure, figure de carnaval, a mis des giroflées à ses guêtres. J’entends s’écouler, languissant, un toucher de piano fêtard. Si le dieu était plus farceur, pris l’accent berrichon, il ne m’aurait pas traité de bélître mais il aurait pu me dire que j’avais l’air rinci comme eune orpèche eud’ guernouille.

Ça aurait mis un peu d’ambiance.

Que l’on s’ennuie dans cette église.

 

16:28 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

67–Sanggar Kemban Ceraki-Gamelan

 

    Imaginer le cheminement d’une huître, à quoi elle s’arracha, dut s’arracher. Tu l’imagines, cela non sans mal. Qu’il est difficile de fixer son esprit sur tel ballottement au gré des flots, d’imaginer vraiment la mer, la mer sans l’homme ou sans les navires, d’imaginer la dérive parmi les débris plastiques. Comment ne pas laisser de telles images terribles interférer, s’imposer ?

Ce que l’on entend par là. Le voyage de l’huître. Il faudrait lire des pages, des pages. Il faudrait en écouter, des pêcheurs et des océanographes.

 

16:07 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

66–Sejáková–Piano

 

     J’évoque ces ornières creusées par les roues des tracteurs au bord du chemin vicinal près de chez mes parents : ces ornières, mon père y déverse régulièrement des coquilles d’huîtres ou, parfois, des moules. On en rit, imagine les archéologues de quelque siècle lointain échafaudant une théorie sur le niveau de l’océan dans le Pays d’Orthe autour de l’an 2000.

 

16:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

65–Tipo–Piano

 

    Une coquille d’huître dans l’herbe, près du lilas défleuri et de la chaise longue qui n’a pas été rentrée à l’automne. Les heures passent, comme si l’hiver allait finir. Cette coquille, blanchie, arrivée là au cours de l’été, l’huître en a été mangée dans un hamac, ou tirée d’un havresac.

 

15:54 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

64–Staier–Clavecin

double acrostiche

    Mais quelle mouche l’a piqué. Enfin, ce n’est pas compliqué, de ne pas se laisser aller. Reconnaître un autre dans le miroir, cela arrive, même aux voleurs, oui, même aux voleurs de feu. Chercher une lueur de divinité dans son regard, au moment de raser ses joues jamais glabres. Un souffle de vie sous le marbre. Risque de se foutre en l’air, de tout foutre par terre, adieu textes et couvées. En prenant de tels risques, on ne devient pas Mercure.

Musarder, repasser les plats. Est-ce abuser de l’infinitif, oh pour une fois… Rarement je fais ça. Ce piètre écrivain, pris de fièvre face à son reflet, devrait se taire. Ubiquité de ses dégoisements. Risquant de prendre la tangente il a eu besoin de trois, même quatre passages comme dit le bandit, le brigand des grands chemins, le poirier miniature.

Enfin, se taira-t-il, Mercure redoublé ?

 

08:26 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

63–Zarafiants–Piano

 

     Mercure se lève avec les poules, va farfouiller dans les nèfles pourries, demain ce n’est plus mon jour, soupire-t-il, et il faudra sortir la poubelle verte, la benne des ordures végétales, il faut bien nettoyer ce tapis de fruits pourris et de feuilles collées par la pluie, Mercure se lasse de trouver chaque semaine dans sa boîte à lettres des prospectus d’entreprises vantant des espaces verts impeccables, taille de haies, élagage, tout le tremblement. Il faut que le ramassage des déchets végétaux ait lieu le jour du Père.

 

08:19 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

62–Balzani–Piano

 

    Mercure avec ses ailes aux chevilles se lève avec les poules, étire les gambilles, encore une journée à voir filer les trains, fondre les aigles, quoi que, se dit-il, ce sont les faucons qui piquent sur les volatiles et pas les aigles, ai-je confondu avec ce foutu Icare, oiseau qui fond ah ah, Mercure parle donc français, quel soulagement.

 

08:14 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

61–Huangci–Piano

 

    Un mercredi qui commence, jour de Mercure, et qui a commencé depuis déjà trois heures, quand je me lève avec et même avant les poules. Les poules grattent la terre je gratte le clavier. Chacun ses vers, jour de Mercure, placé sous le signe des messagers, des voleurs. Chacun ses dérobades.

 

08:08 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 janvier 2020

60–Carlevaro–Guitare

 

    Le pays devrait être, avec l’ensemble des autres pays, entièrement tourné vers l’urgence climatique. Il ne devrait y avoir aucune autre priorité, d’autant qu’en essayant de s’attaquer vraiment à cette question – c’est-à-dire en se défaisant des lobbies industriels et en demandant enfin aux grandes fortunes de contribuer au bien collectif – on règlerait la plupart des autres. Le pays devrait se concentrer sur cela, et pas sur grand-chose d’autre.

Or ce ne sont que polémiques vaines sur l’Islam, violences policières liées à la volonté du gouvernement de noyer par la violence toutes les contestations populaires ou catégorielles, histoires sans fin, querelles byzantines sur le sexe des anges.

On sait comment Byzance a fini.

Le monde entier devrait être entièrement tourné vers l’urgence climatique. La guerre et les dictatures prospèrent.

 

16:45 Publié dans lactations : déSastre, Le terne XXIe, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

59–Kahánek–Piano

 

    Je me rappelle, dans les premiers mois du mouvement des gilets jaunes, les macronistes et macronolâtres qui daignaient encore parler au pauvre débile que je suis forcément – puisque je ne comprenais pas la pensée magique de leur gourou, et puisque je refuse encore aujourd’hui, sur pièces et preuves quotidiennes, d’en admettre la valeur démocratique – usaient sans cesse de l’adjectif substantivé séditieux. On voit bien aujourd’hui que c’est la France entière qui est séditieuse, qui fait sédition, comment le dire autrement.  

 

16:38 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

58–Della Rosa–Clavecin

 

    Des coups de matraque, des tirs de flashball, des clés d’étranglement, des nasses, des lancers de grenades contre des gens ordinaires qui manifestent de manière banale mais qu’il faut réprimer à toute force pour éteindre la rébellion, pour étouffer toute forme d’opposition. Voici avec quel vocabulaire nous aurons appris à vivre et parler depuis quelques mois.

 

16:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

57–Nissman–Piano

 

    Les journées grises passent. Le pays bouge, se mobilise. Deux verbes   synonymes mais pas vraiment. Journées grises, peut-être ternes. Le pays bouge. Aujourd’hui c’est au tour des pompiers d’être tabassés par les flics. Les épreuves de contrôle continu du bac ont semé le désordre partout.

 

16:26 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

56–Guerrier–Clavecin

 

    La guerre pichrocoline des jars et des enfants. Comme pendant au texte néflier, égaré dans les tréfonds du Web, donc. Cette lutte entre la marmaille et la volaille s’exaspère dans des circonvolutions complexes, de sorte qu’il faudrait un wiki infiniment ramifié pour lui donner tout son sel et qu’on comprenne, hein, est-ce canaille, les remous et les méandres, qui a commencé quoi, un peu comme on se perd dans la forêt du cycle arthurien à peine a-t-on tenté de lire telle laisse, telle branche, telle partie du cycle même.

(Ici, le statut des textes écrits avant 2020 n’a pas été tranché. Sur le Web, ça part en vrille, forcément, au sens botanique. Mais dans un livre, puisqu’il faut bien imaginer le volume, qu’est-ce que ça donnera ?)

Sous un néflier arborant encore quelques nèfles racornies, en janvier, un jars s’en prit à un mollet.

 

13:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

55–Melemed–Piano

 

    Il y a ça quelques années, j’avais commencé à écrire, sous forme de tweets, un long texte explorant les possibilités imaginaires de la nèfle, comme fruit. F. B., alors encore on speaking terms avec moi, avait dit que ça pourrait être intéressant de mettre ces tweets bout à bout. Ce texte est donc enfoncé dans les bas-fonds du Web. C’était à l’époque des tweets en 140 signes, vous imaginez ça ? Mais il y a déjà eu, de ma part, un essai de texte suivi (mais disséminé) sur la nèfle. Ces moments où Ponge remord reprend emprise.

 

13:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

54–Sinkevych–Piano

 

    De mon bureau, par la fenêtre, je vois un des deux néfliers. Il y a quelques années même, il avait fallu élaguer l’arbre car les branches cognaient contre la vitre. De même pour l’autre néflier, et l’autre vitre, celle du coin lecture. D’une exécution trop leste on oublierait le r de vitre : vite. On l’a oublié, effectivement. Ces nèfles oubliées, des globes.

 

13:15 Publié dans Brun socle déformation, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

53–Party–Clavecin

 

    Vois-je déjà, sur le néflier vide de feuilles, poindre les bourgeons ? Illusion d’optique, wishful thinking ? Il y a encore quelques nèfles rabougries et racornies qui ne sont pas tombées de l’arbre à l’automne. Une quinzaine peut-être. De là, dériver sur une longue méditation analogique.

 

13:09 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 26 janvier 2020

52–Leonhardt–Clavecin

 

    Un politologue proche du gouvernement, au point qu’il pourrait afficher carrément son encartage, explique doctement que l’épidémie possible de coronavirus fait les affaires du gouvernement, car le gouvernement va pouvoir détourner l’attention de l’opinion publique de la mobilisation contre les réformes.

 Or, 7 Français sur 10 sont opposés à ces réformes, et la mobilisation prend de l’ampleur.

Est-ce à dire que cet expert nous prévient contre le risque que des préfets se servent du coronavirus comme d’un prétexte pour interdire les manifestations ? Ou qu’il espère que l’épidémie se propage, afin que faiblisse la lutte contre la précarité et l’appauvrissement induits par cette réforme ?

Ce politologue cynique aux propos abjects offre aux complotistes de tout crin leurs meilleurs arguments.

Ce politologue cynique se nomme Jérôme Jaffré.

 

12:24 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

51–Bova–Flûte à bec alto

 

    La porte-parole du gouvernement, réagissant au sondage selon lequel plus de 70% de Français pensent que les grèves et mobilisations vont se poursuivre, affirme que ça signifie que les Français sont lassés & aimeraient qu’on passe à autre chose, qu’on ne parle plus de la réforme des retraites. Chaque parole de la porte-parole du gouvernement est un mensonge criant, éhonté, impudent. La porte-parole du gouvernement ment à chaque déclaration, à chaque interview. La porte-parole du gouvernement discrédite le mot même de parole.

 

11:46 Publié dans lactations : déSastre, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

50–Kartishar–Piano

 

    Un député de la majorité nommé Da Silva déclare que le seul moyen d’éviter la réforme des retraites et un allongement considérable du temps de travail serait une épidémie massive de coronavirus chez les plus de 70 ans. Da Silva est un salopard cynique et obscène. Cette majorité et ce gouvernement sont un nid de menteurs et de salopards cyniques et obscènes…

 

11:27 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

49–Lester–Clavecin

 

    Le secrétaire d’Etat annonce que les « simulateurs » permettant de connaître l’évolution de chaque cas individuel dans le cadre de la réforme des retraites seront publiés après le vote de la réforme. Le secrétaire d’Etat se fiche de nous. Le secrétaire d’Etat se fout de la France entière.

 

11:12 Publié dans Afauxrismes, lactations : déSastre, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 25 janvier 2020

48–Lémery–Piano

 

vingt-neuf par vingt-neuf oui

mais en toutes lettres, qu’on

nomme signes ou caractères et

que l’on désigne ainsi, aussi

dans les logiciels de traite-

ment de texte français, de so

rte qu’un carré s’écrit en vi

ngt-neuf lignes pour clore ce

dont depuis 29 jours on avait

, pas s’égarer, on avait envi

e — alors on l’admet dit déso

lé, hein on s’excuse, un carr

é : pas un sommet, pas l’ubac

ni l’adret (texte noir corbac

et signes noirs de jais, cara

ctères en fonte autrefois noi

rs de poix, poser ce mascara,

texte passé au brou de noix !

) pour que quelqu’1 maltraite

la phrase ou la syntaxe la la

ngue ou autre chose de sirupe

ux, pas la mangue ou la drupe

les flots de cucuterie (la la

land), et tout ça sucré métal

rude métal à ne pas perdre de

vue le côté méta, mise en aby

me, ce vieux magasin fade, by

the riverside, rengaines étal

ées, en 29 par 29, ici même.—

 

16:02 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

47–Sungpil Kim–Piano

 

vous dansez vous chante

z à peine déséquilibrés

pour cela préfère l’imp

air, créature bénéfique

chaque instant humer l’

air : le soleil nous en

toure tandis que vous c

hantez et que vous dans

ez lentement, puis pres

to, et vos corps cabrés

comme tendus vers l’imp

ossible qui ne te hante

pas ? tu le sens dedans

et dans l’air qui t’ent

oure, l’air de l’impair

dilué et libérateur qui

pose un mot—ce défi que

vous chantant vous dans

ant avez pu relever par

le soleil, par l’ombre,

par la danse & le chant

& la fonte du temps s’i

l bruine, ces temps-ci.

 

15:22 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

46–Pinnock–Clavecin

 

pas facile ce n’est

pas facile ô non ce

n’est pas facile ça

& comme ça ce n’est

pas facile on n’est

quand même pas prêt

à renoncer car si ç

a n’est pas facile,

on a sa fierté, oui

on a sa fierté, pas

vrai j’ai ma fierté

pas facile ce n’est

pas facile, la fier

té, ça se place mal

pas là où il faut c

’est pas facile, oh

non ni facile à pla

cer ni oh la de pla

ire au public (ôoh)

 

11:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

45–Belder–Clavecin

 

c’est, dans la gl

otte, tel malaise

diffus, depuis de

ux ans, qui finit

pour s’accompagne

r d’1 mal de tête

plus classique, &

la nuque suit, en

quelque sorte, it

ération anglaise,

et —pourquoi angl

aise ? je fuis de

s explications me

payer sur la bête

Albion ou Espagne

n’est pas 1 rhume

ni Mompou Britten

 

11:30 Publié dans Fièvre de nombres, lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 janvier 2020

44–Kirkpatrick–Clavecin

 

    If you’re marching, you can’t be loitering much.

Nous marcherons. Donc nous marcherons, je marcherai, comme nous avons si souvent marché, en piétinant, en accélérant, stoppés net soudain par on ne sait quoi, en chantant des chants le plus souvent ineptes, mais rien de plus biscornu qu’une manifestation silencieuse par simple défaut d’organisation. On parlera surtout beaucoup, on discute beaucoup entre collègues, et avec d’autres : lors de la dernière manifestation, j’ai passé un bon moment avec les lignes de SUD-Retraites et de salariés du privé.

Avant cela, un trajet en bus. Pas tout à fait comme dans les Exercices de style, et pourtant, depuis le temps, comme t’aurais pu en écrire, des variations, non sur la forme, mais sur les récits eux-mêmes.

Après ça, on ne sait pas.

Manifester, à aucun titre, ne peut figurer comme loiterature.

 

13:57 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

43–Hadland–Piano

 

    Au moins, le peuple ne se laisse pas faire, et cela, c’est déjà tellement fortifiant, roboratif.

Malgré la propagande.

Le petit paltoquet lance, faute d’autre chose : essayez la dictature et vous verrez !

k43.PNGLa chienlit, c’est lui.

Nous, on se cajole, on s’emporte, mais on essaie de rester vivants.

Pas des pantins d’acier froid ou de carton-pâte.

Sire, nous faisons de notre mieux.

Alors nous marchons, battons, scandons — c’est la mesure 39, la mesure est à son comble — et au moins nous sommes, chacun de son côté ou en chœur, vivants.

 

13:48 Publié dans lactations : déSastre, Unissons, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

42–Zanardi–Piano

 

     J’essaierai de retenir le nom des oiseaux ou des plantes que j’apercevrai en marge de la manifestation, afin de composer un poème.

On bat le bitume.

Qu’un cormoran survole la Loire en offrant l’arc de ses ailes dans le scintillement du soleil, au-dessus du pont, on sait que la journée est réussie.

Il y aura aussi des photographies, des films.

 

13:38 Publié dans lactations : déSastre, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

41–De Figueiredo–Clavecin

 

    Tout à l’heure aller manifester, encore une fois, une énième. Mais on sent, avec le grand soleil, que l’espoir n’est pas mort. Qu’est-ce qu’on aura battu le pavé, depuis 18 mois, me disait avant-hier mon collègue F. Donc marcher, malgré la lombalgie et – je le sais désormais – l’arthrose.

 

13:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 janvier 2020

40–Ader–Piano

 

    Dans la mesure où j’ai traversé bien des bois abattus, où je peux encore aujourd’hui raconter comment je survécus dans ces abattis, je peux aussi, après une nuit agitée, vous chanter des chansons qui constituent un défi aux arts de mémoire.

C’est à telle enseigne que je chante.

Capture.PNGJe suis le porte-drapeau des chevêches à qui on a arraché leurs trous de pic épeiche.

Je suis le figurant solennel d’une pièce qu’on joue sans moi, tous les soirs.

Alors je m’abandonne en moi-même, je m’absente.

Je pèse en moi les souvenirs — chansons et arpents, vagabondages et élucubrations — et constate qu’ils sont de plus en plus lourds, plus chargés à chaque seconde qui passe, alors le corps léger je continue de les peser, avant de m’effriter, avant de m’effondrer.

Je numérote la fonte des glaces sur un cadran de bakélite. À telle enseigne que je m’effrite.

 

09:05 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 janvier 2020

39–Colombo—Clavecin

 

    Jeux de lumière dans l’eau des fontaines. De quelle fenêtre de quel château les admirer. Les filmer peut-être. La précision du trait. Hier s’être sali doigts et habits, de craie. Et maintenant ça. Je filme en imagination ces longs jaillissements. Mollets picorés dans une cour de ferme. La guerre pichrocoline des jars et des enfants. On a pu aimer voir couler l’encre noir de jais, on regarde rebondir l’eau. Comme c’est reposant. Dire qu’hier vous avez écrit le mot craie au tableau noir avec une craie. C’est trop drôle, quand on y songe.

 

16:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

38–Zahharenkova–Piano

 

    La phrase parfaite, de sept mots et 48 signes, avait ouvert le bal, avant qu’on ne s’aperçoive qu’il manquait, pour fermer le ban, précisément 48 signes. Kabbalistes ou soufis y verraient le sceau de la perfection divine. — J’y vois juste le hasard qui pour une fois fait bien les choses, ne m’obligeant pas à trimer, au sens anglais du mot.

 

16:35 Publié dans Fièvre de nombres, lactations : déSastre, Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)

37–Frith–Piano

 

    Oignons et aubergines grésillent dans la poêle. C’est le chili sin carne qui se prépare, succulent, toujours. La tournure pronominale a belle gueule : c’est C* qui cuisine, admirablement toujours. Les bourgeons réapparaissent sur le néflier. Oignons et aubergines grésillent dans la poêle.

 

16:28 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

36–Papadakis–Piano

 

    Le plateau beige est taché et griffé, ébréché. Peut-on dire du bois qu’il s’ébrèche ? Probablement que non. Le bois du plateau sur lequel repose le clavier sur lequel courent mes doigts est rayé par endroits, légèrement crevassé, faut-il dire fissuré. Les nœuds du bois forment des lignes topographiques rassurantes où mon regard pourrait se perdre si je n’avais pas à composer ce texte. Ces nœuds pourraient tout aussi figurer des baïnes, des creux autant que des sommets, des trous dans l’océan. Il n’est pas facile de rester concentré, de tenir le rythme. Quand il faut écrire le texte multiple de 4, toujours le plus long, si la sonate ne dure que deux minutes il faut évidemment la repasser, sans parler du peaufinage, du temps à consacrer au rejointage, aux ratures, toujours plus long que la composition elle-même. LÀ J'AI VISÉ JUSTE.

 

11:50 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

35–Haskil–Piano

 

    C’est le thème qui me trouve, doigts actifs longtemps après la pensée et parfois semblent se déplacer seuls, comme dans le studio à Talence je foutais un boucan pas permis avec la machine à écrire, en ai-je écrit alors, mais c’est le thème qui me trouve, et si je me troue, s’il y a des coquilles alors je les corrigerai après, quand il faudra peaufiner, passer la taloche, donc c’est le thème qui me trouve, peut-être après cinq mesures, ce n’était pas le but ce truc très méta qui s’écrit de soi-même (?) en à peine une minute.

 

11:25 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

34–Marcon–Orgue

 

    Un envol d’étourneaux : la joie. Étourneaux superbes, quoi qu’on en dise, dont les murmurations, il y a près d’un mois sous le soleil immense, avant Pau, donnaient du cœur à l’ouvrage. Montrant la voie, ces envols et ces architectures mettent en joie. Je veux désormais toujours être joyeux, que la profession de foi soit profession de joie.

 

10:51 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

33–Puyana–Clavecin

 

    Qu’il est difficile de savoir si les phrases lues dans une vie de durée moyenne se comptent par millions. Combien de phrases dans Les Misérables, L’Idiot ? Et combien de phrases dans une copie, pour combien de copies corrigées dans une année ? Regarde les livres autour de toi. Le vertige.

 

10:41 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, Un sang d'encre | Lien permanent | Commentaires (0)

32–Gilels–Piano

 

    Retenir les larmes, c’est à contempler, mais ni un fleuve ni le ciel bleu ni l’heure qui passe ni la brume bleue ni la sueur au front ni la fleur au jardin oubliée dans l’herbe et la terre ni le creux de l’oreille ou celui de l’épaule ni la vareuse jaune ni le rémouleur devant sa roue ni le fleuve revenu ni le ciel décoloré ni l’horloge ni le brouillard enfin levé et envolé ni le front sec froid ni la primevère déterrée ni la terre lourde ni la glèbe légère ne permettront de s’en prémunir, de les retenir, ces pleurs, tout juste d’écrire quelques phrases qui s’échappent, s’écoulent, que rien ne retient, qu’aucune bouche n’a dite, et à bien contempler fleur et fleuve, la terre et la buée, sueur et combes, le rémouleur et le marin, on finit par considérer cela, ne plus pleurer, l’œil sec comme le front, le cœur peut-être sec, aussi.

 

10:06 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

31–Ross–Clavecin

 

    Le soleil crame. Il crame le froid. Le soleil froid. Tout ce qui vit et tout ce qui meurt crament de froid sous le soleil dardant le froid.

Tout ce qui vit et tout ce qui meurt en ce bas monde.

Il faut observer minutieusement tout ce qui vit et tout ce qui meurt, sans oublier le moindre recoin poussiéreux. Mais que se passera-t-il si le soleil aveuglant empêche d’observer ce qui vit et de se recueillir devant le spectre passé de ce qui est mort ?

Le soleil aveuglant. Crame. Refroidit. Aveugle, jusqu’à l’oubli de ce bas monde.

 

09:42 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

30–Booth–Clavecin

 

    Elle se dresse, sur la chaudière où elle a passé la nuit, me regarde de ses beaux yeux, se pelotonne puis s’étire, et sans attendre que je la prenne dans mes bras, se jette à bas, atterrit sur le carrelage de la buanderie. Souple et déliée, le pas sûr, frôlant les portes, jamais spectrale alors, elle se dirige vers le garage. Et je pleure.

 

09:33 Publié dans lactations : déSastre, Ma langue au chat, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

29–Tharaud–Piano

 

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    Ce matin, l’ordinateur a passé une heure à me faire des misères, c’est comme si chaque objet était là pour nous faire des misères, c’est une misère, écrivis-je, d’en être à penser qu’on nous fait des misères, alors que rien d’intentionnel, qui peut penser qu’un objet lui fait des misères.

 

09:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 19 janvier 2020

28–Ross–Clavecin

 

    On a parlé de rangées, de rangées d’étagères, de ranger les étagères. Les phrases s’emboîtent mal, toujours ce problème du faux rythme. Et des lettres parasites créant des mots inexistants parfois à la limite du néologisme fertile : “ruythmes”, “j’écrivains”…

Mais là n’est pas le problème.

Problème éternellement ressassé du rythme à trouver, pas le rythme juste car tous les rythmes sont justes. Peut-être le rythme judicieux, approprié ? Même “le mot juste”, ce n’est pas justifié.

Il faut aussi allonger le pas. “Diluer la sauce” n’est pas la bonne métaphore, non plus. Se perdre en circonlocutions. En ronds-de-jambe devant le canapé cuir-de-buffle, avec la marche faussée par les œils-de-perdrix. Facile ça.

On a parlé de ranger, d’arranger. Mais il faudrait déjà avoir les caisses, et l’entrepôt. Écrire pour que ça vous démange. Cet os !

 

14:52 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

27–Åberg–Clavecin

 

     Le monstre exulte pour nous en-dehors de nous. Le monstre exulte par nous au-dedans de nous. Le monstre vous insulte en-dehors de moi. Le monstre exalte rien au-dedans de rien. Le monstre adulte est au-delà de ça. Le monstre existe par ça, mais de çà de là. Le monstre inculte exulte autant qu’il m’insulte, çà et là. Le monstre ausculte en tant qu’il se constitue, s’exalte de ce qui le fait exulter. Le monstre nous exalte au temps où il exulte en existant pour et par nous, au-dedans de nous mais pas en dehors. Dix monstres !

 

Texte généré à partir du 27.

14:41 Publié dans lactations : déSastre, Unissons, Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)

27–Daneshpour–Piano

 

    Le monde existe pour nous et en-dehors de nous. Le monde existe par nous et au-dedans de nous. Le monde insiste pour vous en-dehors de moi. Le monde consiste en rien au-dedans de rien. Le monde assiste à ça au-delà de ça. Le monde résiste à ça de çà de là. Ça et çà. Le monde subsiste. Le monde m’assiste autant qu’il me résiste. Le monde insiste en tant qu’il se constitue et se substitue à ce qui le fait subsister. Le monde nous résiste au temps où il persiste à exister pour et par nous, au-dedans de nous mais pas en dehors.

 

14:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

26–Thomas[1]–Clavecin

 

    Et l’aventure se poursuit, le meuble laqué vierge de poussière. Était-ce un autre jour, la tête-de-loup. Un autre jour, la nénette passant sur les boiseries et les cuirs-de-buffle. La course se poursuivant on vaque à présent le long des étagères remplies d’incunables. On ne se refera pas maintenant. Jamais été bibliophile, vous saviez ça ?

[1] Rosemary Thomas
https://www.youtube.com/watch?v=zhPDn5q1Y6s

14:21 Publié dans Brille de mille yeux, lactations : déSastre, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

25–Horowitz–Piano

 

    Trois mille, non, pas trois milles marins, trois nœuds, la présence ou non du pluriel, un temps j’écrivais beaucoup de textes océaniques, marins sur le ponton, mais c’était longtemps avant d’atteindre cet amer, le trois millième texte, m’accroche au bastingage (mot dont j’ignore le sens).

 

14:11 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 16 janvier 2020

24–Kipnis–Clavecin

 

    La manifestation descend, selon un itinéraire peut-être inédit, l’avenue du Danemark. Se rappeler comment le pays a failli présider aux destinées de ce royaume. L’encre de seiche ne sèche qu’à l’arrêt. Des aphorismes qui faussent tout, des blagues à peine plus relevées que la colle du carambar sur les dents de l’enfant mutin. J’ai balancé tous mes Cioran à la benne sur la plage, planqués dans un bunker les bouquins du désespéré désespérant, pourquoi penser à ça. Et pourtant elle tourne. Et pourtant elle vire en tête. On est en 2020 pour causer du chaos. Ah la splendide et débile ambivalence des verbes, pas qu’en français d’ailleurs, va faire des pompes dans le bunker et tu verras de quoi il retourne. Et pourtant elle retourne. Et pourtant elle vire au vinaigre. La manifestation, cortège d’un millier, descend l’avenue du Danemark.

 

11:10 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

23–Casadesus—Piano  

 

    Je faux, écrivait Ronsard, et moi aussi je me défausse quand je tricote de mes jambes, je compte à côté, je dénombre et distingue si mal, au débord, au risque du faux, donc au risque du bobard (est-il donc question de vérité dans ces pages ?) et du débordement (comment s’en tenir aux quadrilatères de 2020 ?), quand je tricote de mes doigts sur le clavier j’entends encore ce qui s’écoute, oreilles rivées à ce qui sort des enceintes, n’est-ce en s’affaissant qu’on comprend mieux son corps, naissance affaissée ? (Trop rococo.)

 

10:55 Publié dans Droit de cité, Fièvre de nombres, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

22–Rättyä–Accordéon

 

    Tu te gauchis, après l’ultime patte à ta fioriture, beautés et fard, avant d’aller en célérifère, et moi, ce potron-minet, je solde avec le râble en marmelade, à espérer aussi le choc de ficelle de la remise, mais je barre les barres, et tu montes bravement sur ton cycle, te biaises, néant dans les piges lugubres n’est flagrant, je t’aime.

 

Texte généré à partir du 22.

 

10:38 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

22–Falvai–Piano

 

    Tu t’éloignes, après avoir mis la dernière touche à ta parure, bijoux et maquillage, avant d’aller en vélo manifester, et moi, ce matin, je reste avec le dos en compote, à attendre aussi le coup de fil du garage, mais je biffe les lignes, et tu montes fièrement sur ton vélo, t’éloignes, rien dans les années vertes n’est évident, je t’aime.

 

10:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

21–Ross–Clavecin

 

    Une tourterelle sur le lampadaire, sur fond de ciel bleu avec à peine quelques traînées blanches quasi imperceptibles, regarde en direction du rond-point que je ne vois pas, je ne peux voir ce que regarde la tourterelle, peut-être les travaux d’isolation par l’extérieur au 4 de l’impasse.

 

10:14 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 15 janvier 2020

20–Chostakovitch–Vents

 

    Tout frémit de cette fanfare et trois souris aveugles s’éveillent d’entre les pages.

Autant l’écrire noir sur blanc : pas trouvé la référence de l’enregistrement & je l’attribue au transcripteur illustre, Chostakovitch, mais j’aurais bien aimé savoir qui étaient ici les musiciens. Se replonger à travers les siècles dans ce qui pourrait tout aussi bien passer pour une esthétique de cinéma muet, concept musicologique en soi bien compliqué voire paradoxal.

Mais ça danse, qu’importe, ça danse et j’admire le ballet des moineaux et même des étourneaux avec le rouge-gorge et la merlette sur fond de ciel imperturbablement gris et blanchâtre. Nous étions des rocs, et nous voilà poussés dans nos retranchements, requis par le langage, à cor et à cris. La nasse, la nuée s’effilochent, s’ouvrent.

Vous étiez des rocs qui soufflerez dans les cors.

 

14:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

19–Zouganelis–Piano

 

    Les billets autocollants sont entreposés en vrac avec les dépliants des marabouts, pas encore donnés à la collègue qui les collectionne, près du bol en plastique rempli de clés USB contre lequel est posé à la verticale le disque dur externe miniature tout contre le carnet à spirales – aucun des deux n’a servi depuis des lustres – avant le pot à crayons si le traveling se poursuit vers la gauche et après ça l’écran du laptop éteint empêche la description, pour l’alliance, comme pour le crâne nu au-dessus des sourcils arqués.

 

13:10 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

18–Cattani–Clavecin

 

    Elles savent pourquoi les feuilles tombent même en hiver, pourquoi des robes et des cahiers volent dans l’air à la mi-janvier, comme le terrain d’asphalte a tout envahi, emporté jusqu’aux espoirs de forêts, à telle enseigne que le plus fabuleux désormais serait de raconter une histoire qui se passe au fond des bois, au creux des campagnes.

12:20 Publié dans lactations : déSastre, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

17–Gruzman–Piano

 

    Les beaux jours reviendront. Pour le moment, c’est la nasse grise qui triomphe. Nommer n’est pas nominer, et si on prend le temps d’attraper le Gaffiot d’un auriculaire discret on verra que nos ongles n’avaient pas de raison d’écorcher le soleil. Dévaler, ahanant, la chair nue de l’arbre.

 

11:30 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 12 janvier 2020

16–De Luca–Clavecin

 

    Le soir est tombé, la nuit tomba. Vos respirations n’avaient plus d’écho, dans le furètement interminable des chiens, sous la lune immense qui éclairait le parking du garage et les mégots, les canettes cabossées qu’on ramasse tous les dix ou trente mètres.

L’obscurité n’était pas à même de vous envelopper car il y avait toujours un lampadaire, un éclair de lune, des phares de voiture, dans cette banlieue vague où ramasser des mégots pour les flanquer à la benne était une occupation comme une autre, en attendant l’effondrement.

Savez-vous que j’avais sué sang et eau, savez-vous que j’avais pleuré, mais que l’angoisse sous la lune immense avait fini par refluer, perdue dans un recoin de la mémoire ?

Vous ne le savez pas, vous ne l’avez pas su. La nuit s’est rabattue comme une poignée de terre géante puis comme un couvercle de pierre.

 

19:05 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

15–Weigel–Piano–Souter–Clavecin

 

    Trois catalogues, donc trois combinaisons différentes de nombres et d’attributions, donc trois ordres différents, donc trois possibilités différentes d’articuler et même d’écrire, de composer, trois compositions  radicalement différentes à partir des 555 pièces, soit 1665 textes virtuels, et même, avec les interprétations, les trois types de clavier et ça sans compter les transcriptions, on pourrait même aboutir à 4995 textes, un livre de deux millions et demi de signes, je ne vois même pas ce que ça donne imprimé ou relié.

 

16:44 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

14–Ross–Clavecin

 

    Bondir, puis rebondir, tressauter puis ressauter, bondir puis tressaillir, infinir, ne pas finir, reprendre, bondir rebondir bondir et sauter tressauter, infinir, ne pas savoir où finir, pas comment finir, aller gaiement doucement, légèrement, primesautièrement, primesautier, primesauter, primebondir, rebondir, tressauter puis Cléombrote con(mp)te tressaillir

 

14:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

13–Little[1]–Virginal

 

    Quand le ciel bleu pétrole s’était strié de rose, je me dirigeais à l’aveuglette vers la rue jonchée de fragments de polystyrène, signe qu’on ne pourra jamais faire changer les choses ni les gens et qu’on mourra dans pas si longtemps engloutis sous nos saloperies, et nos pyrocumulonimbus.

 

[1] David Clark Little.
https://www.youtube.com/channel/UCZE_-n_f5Fs615Vh_u2ZZ7A

11:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

12–Colombo–Clavecin

 

    Ce fantasme des journées de 72 heures, ces appels constants – en-dedans – au surnaturel, qu’est-ce que cela peut bien signifier ? L’insatisfaction n’est pourtant pas le mot qui désignerait le mieux l’état d’âme du coureur arrêté. La main court sur le clavier, mais jamais aussi vite que celle du claveciniste. Presto, ce mot choisi aussi pour traduire soon, il y a bientôt vingt ans, non, il y a plus de vingt ans, dans un poème de Kojo Laing. Le coureur arrêté pourrait se dire preste, se décrire ainsi, au moins virtuellement, il aura fallu tracer ces signes en moins de trois minutes, alors ce n’est pas d’arrêt qu’il faudrait parler, de vol façon faucon crécerelle peut-être, on en a tant vu à Toussaint au retour du Poitou. Ou le rouge-gorge écrasé coincé dans la grille. Partir dans tous les sens, si fabuleuses journées de 108 heures…

 

11:15 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

11–Michelangeli–Piano

 

    Se recueillir, de sorte que le temps passe moins vite que l’espace autour de soi, c’est ainsi qu’en levant les yeux ou en faisant trop souvent, rapidement, l’effort de pencher la nuque vers l’arrière – afin d’étendre du linge par exemple – ma vue s’obscurcit et je suis pris de ce que je nomme, faute de mieux, des vertiges. Je dois ralentir l’activité déjà poussive, mais je continue d’étendre le linge, par exemple, à moins que je ne sois obligé de m’asseoir par terre ou de me plaquer contre le mur, impression de fin de tout.

 

10:09 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

10–Jandó–Piano

 

    On dirait que je courais, on dirait que je courrais, on aurait dit que je courais et je cours, et je cours si vite que je risque de manquer de souffle, et jamais pourtant je ne manque de souffle, il faudrait toujours que je sois au-delà du but à atteindre mais ça ne se passe pas ainsi, on ne dirait jamais que je cours, je me traîne, tel.

Le bruit s'en répandit

 

09:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

9–Barenboïm–Piano

    Difficile de s’y tenir, d’y tenir, de se tenir à l’écriture et de tenir à la vie. Le chat, bientôt dix-huit ans, qui règne sur le rond-point, passe nonchalamment d’une haie à l’autre, ne se soucie pas de sortir les griffes pour rien quoique son œil s’avive soudain au vol bas d’un moineau.

 

07:46 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 03 janvier 2020

8–Hantaï–Clavecin [1]

 

    Volets ouverts enfin, pourtant neuf heures vingt, maison encore sans bruit, maisonnée endormie, même grisaille grise que les jours précédents, l’année commence sous ces auspices gris, ces déboires d’une grisaille sans partage. Décrire les troènes. Non. Décrire le prunier couvert de lierre, déplumé de ses feuilles. Non. Décrire la tourterelle qui trottine sur la terrasse grise. Non. Tout cela ennuie, n’enlève rien aux images cauchemardesques qui ne cessent de peupler les heures de veille. Humeur sombre, tonalité obscure des jours gris. Quand écrire ni décrire n’a plus de sens, de direction, et on écrit quand même impuissant à subir seul cette grisaille, jusqu’à la minute, qui ne change rien au fond, où le soleil apparaît entre les cheminées par-dessus les tuiles, offre un fond de ciel jaune pâle aux dernières feuilles du cerisier.

 

[1] Texte écrit pendant les 3’44’’ de la sonate, sauf la première phrase, qui avait été ébauchée lors d’une première écoute flottante de Hantaï. Interruption par le lever de C*, justement. La minute où le soleil apparaît, c’est 9 h 37, quelques instants après. Après la fin des 3’44’’, juste retranché un ou deux mots brefs et 2 virgules (qui facilitaient pourtant la compréhension), astuce trop habituelle pour « descendre » au nombre de signes requis, ici 29 au carré donc.

(Cette note a été aussi rédigée pendant 3’44’’, troisième écoute de cette même sonate dans cette même interprétation captée par une chaîne de télévision espagnole, trouvée sur la chaîne YouTube Felices Cantus.)

12:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

7–Guitares–Roldan

 

    Volets encore fermés, il ne faudrait pas réveiller la maisonnée, et d’où vient que ce mot de maisonnée toujours triomphe sur maison, par affèterie ou par recherche du terme juste, et d’où vient que ce mot d’affèterie si souvent s’impose, et d’où vient ce flux continuel de mots, comme de notes, volets fermés, d’où vient mon désarroi autant que l’impulsion d’écrire. C’est bien vilain, l’impulsion d’écrire. Pas d’italiques, vous ne saurez pas si c’est l’expression ou ce qu’elle désigne.

La danse en trois actes n’a rien épuisé.

[1] De temps à autre, on s’autorisera une petite sortie de piste, avec des adaptations. Aussi écouté la version de Scott Ross, deux autres pour clavecin, pas convaincantes.

11:45 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, MOTS, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

6–Larrocha–Piano  

 

   Dans les yeux du dedans les oiseaux et les insectes calcinés d’Australie. Intenable, invivable, épouvantable. Le brasier qui crame et s’élève en cendres plus nocif que jadis le volcan islandais. Une idée inimaginable, insupportable. Aligner des adjectifs ne changera rien. C’est pour tout ça qu’on avait cessé d’écrire, qu’on cessera d’écrire 2 fois sans répondre. Plantes grillées.

 

10:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

5–Ross–Clavecin

 

    Volets encore fermés, il ne faudrait pas réveiller la maisonnée, donc pas voir ni la grisaille ni le jour qui a dû se lever, pas voir la terrasse grise ou blanc sale, ni la haie ni la maison voisine, pas la mangeoire qu’il faudrait réapprovisionner, d’où vient qu’on craindrait la pénurie.

 

09:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 02 janvier 2020

4-Long-Piano

 

    Le jour se lève, et avec lui la grisaille des journées. Toujours cette douceur sure, ce goût de n’y-revenez-pas, sans que ce soit non plus la saveur du fruit défendu, à enchaîner les minutes, à égrener les pages ou les pattes-de-mouche, comme quand soudain se lève une infirme : elle voudrait marcher, s’élance et parvient de fait à passer le seuil.

Malgré ses œils-de-perdrix, comme elle y va !

Elle fait le tour du miroir d’eau, elle gambade, elle file le long des statues de style gréco-romain, et comme elle est loin déjà ! Méfiez-vous de ces mourants qui n’ont pas expiré, de cette terre brûlée, de ces essences cramoisies (quel bonheur d’employer l’adjectif dans le sens que je croyais être le sien quand j’avais huit ans), et de la fuite des ans comme du travail de couturière des nombres.

Et l’infirme a même fait se lever le soleil.

 

09:30 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 01 janvier 2020

3–Pletnev–Piano

 

    Le vent se lève, vient en aide quand il ne détruit pas.

Faire un pas de côté, deux pas encore, et la danse se poursuit dans les ombres. La danse se poursuit dans les nombres. Le vent danse des nombres au creux des ombres. Et le creux se creuse, encore, en cavatine.

Est-ce que tu auras fini l’année en mai, à ce rythme ?

Oui, à ce rythme, ce serait déjà le 19 mai qu’on entendrait – dans le vent, avec les reprises, les ombres, les nombres – la dernière sonate.

Au loin le désert, les larmes de pierre.

Le vent se lève, à point nommé.

(429/529)

18:35 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

2–Ross–Clavecin

 

    Il pleut, il pleuviote, temps grisouillard, tristounet, de quoi ne pas se débarrasser de son humeur grise, triste. Pourtant la main bondit sur le clavier, allègre. On embarque pour un voyage en nacelle, à simplement observer les tourterelles. Pourquoi faudrait-il que quiconque le sache, vous admire d’en bas ?

Le vent cessa tout à fait

Et la chaise gît renversée sur le ciment gris.

 

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1–Pogorelich–Piano

 

    Ce matin le chat des voisins est entré, à mon invitation, dans le salon. Je lui ai souhaité une bonne année. Il a dix-huit ans, soit dix de plus que Séhune, la nôtre, qui est morte il y a huit semaines.

Le chat a fait un tour, est ressorti sans mot dire.

Il restait à former quarante signes.

 

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