jeudi, 11 janvier 2007
« une allure raide »
Cette jeune fille est très jolie, des yeux remarquables, et de très beaux cheveux, mais il lui manque juste l’once de distinction qui la rendrait vraiment et définitivement séduisante. Aucune hirondelle, en janvier, ne vient cogner au carreau, ni se poser sur l’une des rambardes de la passerelle de béton gris, aussi je préfère observer discrètement cette jeune fille, dont la voix pleine de douceur dément l’allure moins distinguée. Trois magnolias dont les branches frissonnent ferment le regard avant l’étroite venelle qui mène au mûrier magnifique, et le flot incessant, ininterrompu, des voitures continue son crincrin assourdissant d’être aussi sourd et bourdonnant. La jeune fille s’est évanouie, bien sûr. Il reste à attendre avril, le retour des hirondelles dangereusement proches du carreau ou posées furtivement – le temps d’être dérangées par un sac à dos, une secrétaire ou un professeur chenu – sur l’une des rambardes de la passerelle de béton gris. Un fantôme furtif fait se lever le soleil, et s’éloigne d’un air emprunté, mal assuré.
08:00 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture
mercredi, 10 janvier 2007
... sur ton chemin ...
albâtre
loin de moi l'idée de graver dans le marbre de tailler dans une écorce d'arbre loin de moi l'idée de suggérer que je m'en moque que je n'en ai rien à faire que guère je ne m'en soucie loin de moi ces folies mais je m'échine depuis octobre et pourquoi donc depuis début octobre même et qui m'aime me suive depuis octobre depuis ce même dernier octobre le trois du mois je crois depuis ce temps-là depuis trois mois depuis trois mois et une semaine je m'échine ailleurs et le très long texte n'a pas avancé d'un poil pas beaucoup sans doute est-ce mon côté velléitaire qui ne cesse de me jouer des tours et les méandres du très long texte se sont figés comme une gelée le long des parois d'un bocal de verre et je vitupère contre mes essais éphémères mon tempérament affreusement velléitaire et ce teint d'albâtre qui n'est pas le mien comme je voudrais qu'il fût d'albâtre ou d'ébène ou autrement même sans métaphore mais au moins qu'il ait quelque tenue que mon visage sans retenue puisse soudain passer pour un tissu une pierre un songe soit en quelque sorte un tableau fasse tableau mais ce n'est pas le cas même ce mot albâtre jeté au visage jeté tout à trac sur la page en haut de page ce mot me défigure ne me figure pas ne me représente pas ne figure rien de ce que je suis de ce que je pense être et je suis encore et toujours circonspect dans le doute et ce mot n'apporte rien aucune réponse et donc toujours je me jette à la figure ces accusations comme des bouteilles non pas à la mer mais bien dans la gueule oui je me donne des coups de bouteille tessons épars sur le parquet et mes joues ensanglantées enfin que ce soit ou non métaphore que le mot d'albâtre me figure ou non je prends ces coups ces reproches en plein visage et je m'accuse d'être velléitaire aussi bien sûr pour trop entreprendre je lance cent feux il est normal qu'un certain nombre des foyers meure et même ne démarre qu'à peine avant de s'achever dans un bruit de feuilles mouillées de bois mort de bois trop vert encore pour prendre tout cela encore métaphore et toujours métaphore peut-être est-ce le mot albâtre qui appelle autant de métaphores ou bien les conditions d'écriture du très long texte que par facétie ou encore autodérision je pourrais être tenté de rebaptiser très long texte interrompu et l'adjectif interrompu ici au milieu de la ligne interrompt mes songes interrompt le torrent de sornettes lance d'autres tirades propose peut-être d'autres charades mais pour mieux me ramener vers le rivage bourbeux où je ne cesse de me lancer ces reproches à la figure velléitaire velléitaire et me voici encore à ne pas même essayer de me justifier moi-même de tout cela feux mal éteints et feux qui n'ont jamais pris aussi me trouvé-je vingt vaines justifications improbables même si certaines sont justes par ailleurs comme dans le cas du projet de traduire régulièrement et pensais-je au début au moins une fois par semaine un poème et qui s'est enlisé après à peine trois ou quatre tracasseries mais cela reprendra parfois aussi depuis début octobre le trois je crois suspendu à ce mot d'albâtre depuis le trois octobre le trois je crois je me disais que pour être interrompu ou inachevé le très long texte recelait de vraies possibilités et qu'il suffisait suffirait eût suffi de s'y remettre et la machine reprendrait du galon non là cette image-là ne va pas je mélange les formules croise les figures de style et donc je pensais qu'il me faudrait toutes proportions gardées envisager ces carnets comme Paul Valéry travaillant régulièrement et sans espoir d'en finir jamais chaque matin à ses Cahiers désormais regroupés en deux tomes en Pléiade et que j'ai dévorés consultés admirés lus compulsés longuement naguère mais il faudrait dire jadis ou balancer entre les deux lus disons entre 1993 et 1997 et donc toutes proportions gardées je me verrais bien ainsi à reprendre tel chantier interrompu trois mois et le faisant avancer un petit peu mais enfin ce n'est pas possible il ne va pas se comparer à Paul Valéry l'autre oiseux oisif ex-oisien de surcroît ancien oisien into the bargain non il ne va pas se comparer à Paul Valéry tout de même alors que seulement et il nous l'a dit même avec métaphores tout le tintouin oui oui noir sur blanc dit ce n'est rien d'autre qu'un affreux
velléitaire
21:00 Publié dans Très long texte | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Poésie
lundi, 08 janvier 2007
Hommage à l'épieu
Dans un tout autre contexte, oui...
C'est comme de passer devant une série de miroirs, et de constater qu'on ne s'y voit pas. (Renaud Camus, 7 janvier 1998, in Hommage au Carré, Fayard, p. 21)
Oh, la terreur qui saisit la pluie, les branches sèches mortes pour rien dans le viseur !
Tours, 7 janvier 2007.
17:37 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature
samedi, 06 janvier 2007
Havanna Interlude, Sep 3rd, 1954
Ce n’est pas le monde à voir, se maquiller de sang – ou prendre la tangente – les tirets se barrent, ou barrent d’autres mouchetures – sûr que le saxophone contrebasse de Bud Shank s’est envolé dans les nuages – après ça – comment savoir. Ce n’est pas le feu de savoir, se maquiller de sang, toujours des à-pics soudains de blancheur surannée – comprendre le feu tour à tour rouge et blanc – dashes clashing with cinders and ashes – sûr que Cendrillon n’y comprend goutte – aussi, oui – ou comment bien s’en voir… s’envoler dans les nuages – saxophone contrebasse qui danse blanc étincelant.
19:19 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Jazz, Littérature, Oulipo
vendredi, 05 janvier 2007
Sept espaces avant 777
Une incantation monte – les flèches trouvent l’âme, trouent l’âme, ce sont maintenant des flammèches ; toujours conscient, livré à mes doigts autant qu’à ces visions toujours, je fais par acquit de conscience le décompte, et découvre que ces deux brèves incantations comptent chacune 777 signes, alors surgit l’admiration du hasard – alors me saisit le dégoût de la contingence, toujours toujours toujours affreusement conscient. Mais quel masque s’est trouvé troué d’yeux sans âme ?
21:15 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Littérature, Oulipo, écriture
lundi, 01 janvier 2007
Vol d’aronde
Des oronges à seize euros le kilo, un rêve. Charles Chaplin mange un citron, tout aussi facétieusement procède au montage. Je plaçai ma caméra au haut de la colline, sans dispositif de travelling ni autre, de sorte que les acteurs fussent obligés de se plier à mes ordres quant à leurs déplacements. Cela donnait à leurs mouvements une allure raide, qui était ce que je recherchais. Le tournage dura deux heures, pour douze minutes de film ; je finis par en couper près de la moitié au montage, et la scène reste l’une des plus célèbres, par ces années-là. Après le tournage, toujours je le voyais peler une orange, la découper en six quartiers et la manger mi-goulûment et aussi avec une grande componction dans les gestes. Rêve.
(Liens ajoutés le 11.01.2007.)
06:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Littérature, écriture
Soulville / Only Yesterday
Faudra-t-il confesser (mais si oui, où ?) que j’écoutais en fait Horace Is Blue en écrivant le texte intitulé Ecaroh I et II. Il pousse le vice, la discrépance jusqu’à la malhonnêteté. Isidore réclame son onzain, puisqu’il a longtemps vécu dans ce petit village du Loiret où se trouve l’une des rares églises construites sur ordre de Charlemagne et dont certaines parties sont en effet mieux que millénaires. Isidore voudrait qu’enfin j’écrive un onzain pour lui, en son honneur, et trouve que je ne pousse pas assez loin cette histoire de discrépance. Par exemple, ai-je jamais, dans la vraie vie, raconté ma première masturbation à une jeune fille prude en jonglant avec des balles de ping-pong tandis que la jeune fille donnait des gifles à un hamster ? Non, je l’avoue. Tout à l’heure, un triporteur expliquait en long, en ligue, et même en procession, pourquoi la prononciation de gageure n’était en rien une exception aux règles de la langue française. Il a raison, mais c’est par trop évident. J’avoue aussi que j’ai quelque difficulté avec ce concept de « vraie vie », et donc j’imagine que le spectre qui me rend visite et se fait passer pour Isidore n’est pas du tout lui, incontestablement, car jamais Isidore ne se serait abaissé à d’aussi plates, aussi banales, aussi insignifiantes (surtout) formules. (Mais les gifles au hamster sont une belle trouvaille.) Faute de lamproies, dînons d’aloses. Une hirondelle traverse le ciel d’Afrique, et les haruspices se déhanchent pour trouver, en observant ses piqués farouches, un nouveau titre pour le texte fauteusement, pampousement, trompivement appelé Ecaroh I et II. Ne vous en faites pas, laissez l’hirondelle aller bon train, car j’ai trouvé un nouveau titre, grâce à la méth od e C+1 : Yvetaj I uy II. Le lettriste, fâché, me traite de faux frère rallié à la cause oulipienne. Je n’en ai cure. Et même en faisant badaboum, je vais présenter à mes lecteurs (c’est vous, peut-être) mes meilleurs vœux pour l’année qui commence. (2007, je pense, même si j’écris ces lignes en écoutant les ultimes rubati d’Only Yesterday, le 30 décembre à cinq heures et demie (du soir).) Wyommyitd baric !
00:30 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Jazz, Ligérienne, écriture
dimanche, 31 décembre 2006
Enchaudirmi
Je viens de ruiner mes rêves, à extirper de force, comme un écoulement de pus, ces quelques textes – quatre – qui, pareils à des visages spectraux, lignes de force ou de couleurs envahissant la page à l’aquarelle, ont tracé des forêts (par les champignons), des cinémas intimes (par ma triste bobine), des ruptures (par l’apparition du faux Isidore), des lits défaits (par la chair des crevettes), des mythologies (par Pandore).
19:00 Publié dans Zoozéro | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature, écriture
Knowledge Box
À délicieusement écouter vos envols, à voir les hirondelles sous les cieux africains déployer leurs mensonges, à la rame terne se tenant, le poète que de vains critiques ont estampillé romantique se remémore d’autres roucoulades, et finit, enivré, par confondre la besace grouillante de Pandore avec le tonneau des Danaïdes (tout cela qui dut s’écrire en cent quatre-vingt-neuf secondes).
16:30 Publié dans J'allaite le nouveau Kant, II | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Poésie
V
Dans une fabrique d’édredons. Vêtu de rouge, avec le ciel vêtu de bleu et, dans la boîte grise, les missives vêtues de blanc, la neige vêtue de vert, elle qui laisse voir, vêtue, revêtue, foutue et refoutue encore et encore, des tiges qui s’échappent encore et encore, vêtu de rouge je vois ces signes d’une grande âpreté, tandis que je m’interroge, et qu’encore et encore les aigrettes suivent les lignes du champ ponctué d’autant de tiges, encore et encore vêtu de rouge je suis du doigt la ligne de l’horizon vêtu de bleu, dans une fabrique d’édredons où, ligne à ligne vêtue de noir, je persiste à écorcher le clavier et à écrire frabrique, comme si l’arbre dévêtu de son vert, l’orbe de ce monde dénudé, rien ne me voyait vêtu de rouge, arbre émondé, silhouette étêtée et Gascon entêté à observer entre les silos la progression des aigrettes vêtues de blanc. Têtu toujours dans la fabrique. D’un trio sûr suivant son piano vêtu de noir, Ran danse The Saint Vitus Dance.
12:12 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, écriture
samedi, 30 décembre 2006
Qu’elle est loin, la terre
Le distique, déjà on l’entend une bonne trentaine de fois, semble-t-il, en n’écoutant la chanson qu’une fois. Il se love sous les larves. Où l’entendre, finir circonflexes.
19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Chanson française
vendredi, 29 décembre 2006
Voisinons
Encore lu, ce matin, quelques textes superbes de Michaux (dans Passages, notamment), puis, en feuilletant par curiosité le tome 10 des Œuvres de Cendrars que c’était a eu pour Noël, je suis tombé sur quelques textes. Même nervosité, même envie mi-furieuse mi-joueuse de saisir. Pourtant, avant de rapprocher par hasard Cendrars et Michaux, rien, dans mon esprit, ne les faisait voisiner (et sans doute sont-ils très différents, when all is said and done). Paquetages de nerfs désolés.
20:35 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature
Calendrier / qui tombe en poussière
Une fois écrit « Images plus en dentelle », la seule vérification a consisté à consulter le Robert culturel, pour voir si desquamer était intransitif ou pronominal. Les deux, mon commandant. Seul le décompte des mots a permis de trancher en faveur de la tournure intransitive. Entre-temps, un desman avait grimpé sur mon épaule. (Le tome 2 préconise le tiret à entre-temps, mais donne toutefois une citation de Racine, dans laquelle ce terme est un substantif d’un seul tenant.)
14:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie, Langue française, Littérature
lundi, 25 décembre 2006
Virer au violoncelle, version 1089/1295
[En reproduisant le texte manuscrit, je n’ai changé que trois mots : figure, immense, basse. J’ajoutai inaccessible, ôtai un et qui prêtait à contresens.]
Le cerisier nu figure une colonie incessamment remuante de passereaux. Un chat de gouttière, fort repu et pas sauvage, a guetté près des thuyas. Allongé, écoutant Alter ego d’Artem Vassiliev, je me vois gravir une montagne immense. M’imagine sur les pentes, les yeux rivés sur les détails des herbages, que le vent m’apporte. Dans cette rêverie douloureuse, j’essaie de me concentrer sur certains noms communs tels que marc, martingale, girolle et solstice.
[J’hésite à ajouter des points de suspension entre ces deux paragraphes. Combien ?]
Comme, pour me tirer de ma torpeur, je mangeais une clémentine, debout dans la cuisine, j’aperçus le chat qui, tout en me fixant de ses yeux jaunes, était occupé à manger sous la table basse orange. Pas de plume, ni de trace d’un quelconque combat. Après s’être purgé avec une longue tige gelée et avoir observé un merle inaccessible, il s’en alla nonchalamment vers le fond du jardin.
[Alter ego est une pièce très contemporaine pour violoncelle soliste. Elle n’a rien d’apaisant, ni qui incite à la paresse. Le chat, d’un magnifique gris uniforme, ne s’était jamais montré auparavant dans ce jardin.]
21:55 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture
Long arroi. D'aimer.
Long arroi. D'aimer.
Revient de jeu commencé et... que romance aussi tue leurs hauts peignes, Oise à se mettre à cran.
S'arrêter.
Absence d'abandon, jours roux, efforts pour s'attacher, ou pour croupir sac sur la craie, pour se détruire, dorant ces hères peu mis. Aucun respect pour la Bible en sang du Golgotha.
10:55 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Littérature, écriture
Express de 6 h 41
Un café, pour se dégager. Se déprendre, mais de quoi, je vous le demande. Cela fait bientôt une semaine que je suis grabataire, dans un sens qui n’a rien de métonymique, ni, donc, de conventionnel. (J’en mettais trois n à conventionnel. Maintenant les doigts me manquent.) Dans le vieux lit défoncé du rez-de-chaussée, à même le matelas, sous une couette repliée en deux, le reste de la couche occupé non par l’âme sœur mais par tout un fatras (livres en cours, autre paire de lunettes, les deux volumes de la thèse – tout récemment soutenue & passionnante, foisonnante – de G.C.), ainsi ai-je, encore cette nuit, (peu) dormi.
Depuis deux jours, ayant enfin trouvé le temps de me plonger dans le tome II de ses Œuvres, je découvre des textes superbes de Michaux, comme les Quatre cents hommes en croix, un texte non conservé dans l’édition finale d’ Ici Poddema (page 139 dans le Pléiade), ou encore « Arriver à se réveiller » (Passages). OUI, PENDANT CE TEMPS, PYNCHON PIÉTINE.
Longue haleine, lecture.
06:55 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture
dimanche, 24 décembre 2006
Op. 76
23 décembre. 11 h 40.
Coincé dans le gel, j’écoute les Pièces pour piano op. 76 de Brahms (dans l’intégrale enregistrée par Idil Biret entre 1990 et 1997). Peu à peu reprendre pied dans l’écriture, abandonnée presque une quinzaine, et peut-être dans les traductions de poèmes, délaissées plus de huit jours. Un soleil pâle perce à travers la brume, puis les glissandi s’apaisent. Vais-je m’endimancher d’inquiétude, en ce premier samedi où je peux, enfin, glaner quelque repos ? (Nous devions être sur la route, ou, à cette heure, dans le salon de la maison de mes grands-parents paternels, à Saintes. Si je songe aux familles, aux destinées familiales, il y aurait aussi à signaler les 51 ans de ma tante, la sœur de ma mère, que je ne vois plus qu’une fois l’an.)
23:50 Publié dans 721, Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Ligérienne
Rub(r)ik's Kubb
Ce matin, je reçus un coup de téléphone d’un éditeur, à qui j’avais envoyé un tapuscrit en septembre, et qui m’avait écrit, sans tarder, une lettre de refus pleine d’humour bienveillant et de remarques globalement justes. À l’époque, j’avais songé à reproduire dans ces carnets-ci plusieurs passages de cette lettre et à les commenter. Puis j’étais passé à d’autres fritures.
Or, ce matin, l’éditeur ne se rappelait plus s’il m’avait écrit ou non. Il venait de relire le manuscrit, fort bref, et trouvait surprenant de ne pas avoir coché mon nom, car, d’ordinaire, il indique toujours l’envoi d’une lettre de refus, à titre de pense-bête. Ce petit quiproquo fut l’occasion d’une brève conversation, très chaleureuse. Il m’a redit qu’il trouvait certains textes « vraiment très bien » et qu’il ne fallait pas que j’hésite à lui envoyer de nouveaux essais de ma main.
Les lecteurs les plus fidèles de ces carnets connaissent déjà les textes en question, puisque ce sont ceux qui composent la rubrique 59. J’avais donné, pour titre de mon tapuscrit, J’allaite le nouveau Kant.
Peu après cette conversation, relisant – afin de le publier dans la nouvelle rubrique Aujourd’hier – un petit texte écrit hier, je vérifiai, machinalement, le nombre de mots grâce à l’outil de statistiques de Word : cinquante-neuf mots. Il fallait célébrer cette coïncidence bouffonne en créant aussitôt une nouvelle catégorie, sœur de la précédente, et, de ce fait, baptisée J’allaite le nouveau Kant, II.
(Et, en trichant à peine, je pourrai publier celui-ci dans 1295 !)
15:45 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture
Surlendeveille
Ce simple mot, aujourd'hui, n'a guère de sens ici. Souvent, dans mes carnets, j'écris une note que je publie plus tard, un autre jour, dans le futur incertain. Il m'arrive même de jouer de la discrépance entre les deux dates. Aujourd'hui, comme le savent les vains érudits, est un pléonasme (hui tirant son origine du latin hodie : heute !). Pour fêter la discrépance, mais aussi la veille de Noël, avec son cortège de doutes, je fonde en ce jour une nouvelle rubrique, Aujourd'hier (histoire de fuir un peu plus mes responsabilités : que sont devenues les Vertes voltes et les Tropographies, hein ? en standby, today of all days !).
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Aujourd'hui, donc, soit cette nuit (mais depuis hier soir), j'ai eu dans la tête l'une des chansons du Soldat rose (cette resucée sans saveur d'Emilie Jolie (merci, une fois encore, à l'illustre M. pour son manque d'audace et sa mollesse conformiste)), Chien et chat. Que ce titre soit chanté (casserolesquement) par Shirley et Dino n'enlève rien à l'agacement qui naît d'en avoir la mémoire saisie.
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En ce moment, je n'écris guère, mais je vous livre quelques liens pour vous rafraîchir la mémoire.
12:00 Publié dans Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
samedi, 23 décembre 2006
Siège liant
Aux âmes mortes, l'air frais ne saurait faire du bien. Bah, peu importe... Je sais que, quand l'envie reviendra, ce sera de nouveau la boulimie des ciels céruléens, avec d'autres flèches moins rabougries ou moins farcesques. Bonnes fêtes de fin d'année, dit-on.
(Tout de même, cette quadruple espace & la lettrine en gras, ne serait-ce pas là une version typographique du métronome, ou la politesse du désespoir ? )
Il faudrait du liant.
08:05 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Littérature
mercredi, 20 décembre 2006
Thomas et Tomasz... j'ai des doutes
Tout de même, là, en écoutant Soul of Things du Tomasz Stanko Quartet (la deuxième variation, avec éclats de trompette et pépites de contrebasse), je me dis que c'est bizarre de ne pas avoir trouvé une minute pour laisser une petite trace dans ce carnet, ne serait-ce qu'un signe de vie, pour qu'au moins mes lecteurs ne s'imaginent pas que je me suis fait écraser en prenant une photo, n'est-ce pas Aurélie ? (Hier encore, sorti de l'université à huit heures passées, et toujours aussi surpris du contraste entre les locaux universitaires déserts et la ville encore bien vive.) Toute la journée du long sur la brèche, et la nuit à tousser, souffler dans le trombone à torpeur du camarade Thomas Pynchon. C'est une vie.
18:15 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature
mercredi, 13 décembre 2006
Low fields and light / Champs bas sous la lumière (W.S. Merwin)
En écoutant le premier des Concertos pour orgue de Handel (HWV 289), j'ai achevé de recopier, en la retravaillant de fond en comble, ma traduction d'un poème de W.S. Merwin. Il faut tout de même que je raconte dans quelles circonstances j'ai bricolé la première mouture de cette traduction : debout, au stylo, en surveillant un devoir lundi après-midi. La concentration que requiert une traduction ne m'a pas empêché de repérer les trois ou quatre étudiants qui cherchaient à communiquer entre eux, et que je n'ai même pas avertis ni sanctionnés, car je sais qu'ils n'auront échangé que des erreurs ou des détails si infimes que cela ne changera rien à la note.
En revanche, j'ai pu, une fois encore, appliquer mon système de traduction : livrer un premier jet sans dictionnaire, même unilingue, ni recours au Web. La version informatique s'appuie sur de nombreuses vérifications lexicales et d'usage, sans compter quelques vérifications de nature encyclopédique ; ainsi, le cowbird que, faute de mieux, j'avais traduit par garde-boeufs, s'est avéré ne pas être du tout un héron. (Mais je doute que "vacher brun" dise grand chose à un lectorat français. Que faire ?)
Ce dont je suis plus content, c'est de l'alternance (irrégulière mais plutôt satisfaisante) entre décasyllabes et alexandrins, avec même quelques vers plus longs (vers 21 et 24, surtout), qui m'a donné l'impression, à la relecture et au "gueuloir", d'avoir trouvé une langue poétique qui, entre pierre et lumière, n'est pas loin des premiers recueils de Bonnefoy. (C'était tout à fait imprévu et involontaire.)
Low fields and light (In W.S. Merwin. Green with beasts, 1955.) | Champs bas sous la lumière Traduction MuMM, DR |
I think it is in Virginia, that place That lies across the eye of my mind now Like a grey blade set to the moon’s roundness, Like a plain of glass touching all there is. The flat fields run out to the sea there. There is no sand, no line. It is autumn. The bare fields, dark between fences, run Out to the idle gleam of the flat water. And the fences go on out, sinking slowly, With a cow-bird half-way, on a stunted post, watching How the light slides through them easy as weeds Or wind, slides over them away out near the sky Because even a bird can remember The fields that were there before the slow Spread and wash of the edging light crawled There and covered them, a little more each year. My father never plowed there, nor my mother Waited, and never knowingly I stood there Hearing the seepage slow as growth, nor knew When the taste of salt took over the ground. But you would think the fields were something To me, so long I stare out, looking For their shapes or shadows through the matted gleam, seeing Neither what is nor what was, but the flat light rising. | Je pense qu’il se trouve en Virginie, ce lieu Qui maintenant se trouve en moi, devant mes yeux Comme un brin d’herbe gris sur fond de lune ronde, Comme une plaine de verre effleurant le monde. Les champs étals courent vers l’océan. Ni sable ni horizon. C’est l’automne. Les champs à nu, noirs entre les haies, courent Vers la mer étale et ses lueurs monotones. Les clôtures vont leur chemin en s’affaissant : Seul, sur un poteau courbe, un vacher brun regarde La lumière les effleurer, comme le vent Des brindilles, les frôler puis toucher le ciel, Car même un oiseau peut se rappeler Les champs qui étaient là avant que la lumière Lentement ne s’étende, et de son eau ne vienne Les recouvrir un peu plus chaque année. Mon père n’a jamais labouré ces champs, ni ma mère Attendu, et jamais consciemment je ne suis Resté à entendre la coulée lente à croître – Pas senti le goût du sel envahir le sol. On dirait vraiment que ces champs me tiennent À cœur, moi qui longuement les contemple Cherche aux lueurs emmêlées leurs formes ou leurs ombres, Ne vois ni présent ni passé – seulement se lever cette lumière étale. |
12:28 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, Anglais, Traduction, Littérature
mardi, 12 décembre 2006
"Your eyes" / "Tes yeux" (Lenrie Peters)
Lenrie Peters est un poète gambien d'expression anglaise, sans doute le plus célèbre des écrivains gambiens... Je ne possède, de lui, qu'un seul recueil, Katchikali, publié dans la collection des African Writers Series par Heinemann en 1971, et dont j'aime beaucoup le ton et la teneur. Il se compose de 69 poèmes qui n'ont, en général, pas de titre. (Note pour moi-même : à la relecture, je suis particulièrement féru des poèmes [36], [43], [44] et [66]. Le [32], qui repose sur un acrostiche strophique, est une forme de gageure.)
Je me suis essayé hier, dans la matinée, à essayer de traduire les vers très brefs du cinquième poème, "Your eyes / are two faces". À deux ou trois exceptions près, je suis resté très proche du texte original. L'une de mes frustrations vient de l'impossibilité de traduire l'enjambement "Impaled / Sensuality" de manière satisfaisante. En effet, l'ordre épithète-substantif est ordinaire en anglais, mais, si je respecte la grammaire ("La sensualité / Empalée"), le dernier mot de la deuxième strophe n'est plus impaled/empalée. Tout menu problème, mais qui se pose là toutes les cinq minutes.
Dans le "Journal de bord" qu'elle a consacré à sa traduction du tome III du Journal de Paul Nizon, Diane Meur écrit, à la date du 10 juin 2005 : "Sans cesse composer avec l'insatisfaisant, quel métier...!" (TransLittérature, n° 31, été 2006, p.20).
Heureusement, ce n'est pas mon métier, mais un violon d'Ingres (ma vocation?).
Lenrie Peters. Katchikali, [5]: “Your eyes” | « Tes yeux » |
Your eyes are two faces the closer I get: mingled with utterances tenuous as chewing gum oblique. Impaled
hangs a curtain to the open sea. Driftwood,
grind soft teeth in its flesh. Time Is not ripe for singing ; crisp twilight fades. I speak to you as a child to my brother my sister. Demoness with lifted skirt won’t save the world Apples fester in autumn. Stabs of sunlight, Pomegranate ravaged by night wind explores vicissitudes of earth. I have expected much from you my black brother ; bloodlessly Slide in your two faces speak without snakes. Change with swift spears in the air Must find you ready. | Tes yeux sont deux visages plus je m’approche : entremêlés
minces comme du chewing-gum de biais. Empalée la sensualité tend un rideau au large de la mer. Du bois de flottaison Des mollusques, des anémones enfoncent leurs dents délicates dans sa chair. Le temps
de chanter : le crépuscule sec s’efface.
comme un enfant à mon frère ma sœur. La démone à la jupe relevée ne sauvera pas le monde. Les pommes suppurent en automne. Coups de poignard du soleil, Une grenade ravagée par le vent de la nuit explore les vicissitudes de la terre. J’en ai beaucoup attendu de toi mon frère noir : escamote sans faire couler le sang tes deux visages et parle sans serpents. Pour le changement et ses lances agiles dans l’air tu dois te tenir prêt. |
14:04 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Traduction, Anglais, Poésie, Littérature
lundi, 11 décembre 2006
Chartres (Edith Wharton)
Sans savoir s'il existe déjà, de ce double sonnet, des traductions, j'ai fini, ce soir, par m'atteler à la traduction de Chartres. J'avais envoyé ce poème, il y a déjà une petite quinzaine, à Philippe[s], qui m'en avait demandé la version française. J'ai traduit le premier panneau du diptyque, et, assez curieusement, j'en ai trouvé la traduction plutôt aisée. Sur l'heure environ que j'ai consacrée à ce premier jet, plus de la moitié a été consumée sur ce maudit vers 11, évidemment celui dont je suis le moins satisfait : comment rendre le jeu de mots sur les deux sens (architectural et économique) de bosses ? comment m'en tenir à mon choix de respecter, peu ou prou, le schéma des rimes ? Au cours de mes menues recherches sur la Toile, je suis tombé sur un beau poème de Péguy, que, dans mon ignorance profonde, je ne connaissais pas, et sur l'entrée ARTS LIBERAUX du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle.
Entre autres sujets de mécontentement : les synérèses trop précieuses à majestueux (v.1) et à nuée (v.14) ; la traduction alambiquée du vers 9 ; la liaison disgracieuse et même cacophonique attestent-en (v.14) ; trop de "césures muettes" (comme au vers 11 (encore lui) : je ne connais plus le terme exact et je ne vais pas aller farfouiller dans Mazaleyrat maintenant)...
Once again it's work in progress... (Je songe maintenant que j'eusse pu nommer ce billet "Larve de diptyque", histoire de vaincre Dame Fuligineuse sur le terrain des calembours...)
Chartres (Edith Wharton) | Chartres (traduction MuMM, DR) |
I. IMMENSE, august, like some Titanic bloom, | I. Immense, majestueux, titanesque bourgeon, Le chœur puissant dévoile à tous son cœur pierreux, De vitraux corollé – d’azur, d’or et de gueule – Au cœur du noir gothique un splendide rayon Étaminé de vives flammèches qui vont Éclairant l’autel pâle. Et, au sol priéreux Usé par la cohue des fidèles d’antan, Sont, amies du tombeau, quelques bistres croûtons, Le flottis qu’a laissé là, au ressac, la Foi : Pour elles seules les fleurons fendent les cieux, Les flambeaux libèrent les bulbes de leur loi ; Tandis que des triples portails, les graves yeux – Paisibles et rivés, sur l’éternité, droit – De la nuée de témoins attestent en ces lieux.
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Bon, je ne sais pas pourquoi l'interligne est supérieur dans la traduction ; on dira que c'est mieux que de ne pas avoir du tout la V.O. et la V.F. en regard, hein ? (Là, quand même, je vais me coucher.)
00:33 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Poésie, Traduction, Anglais, Littérature
samedi, 09 décembre 2006
The Critic / Le critique (Frank O' Hara)
Je n'aime pas beaucoup la poésie de Frank O' Hara, et pourtant, la lisant assidûment, ces derniers temps, je me suis surpris à griffonner quelques traductions de ci de là, sur des feuilles volantes qui sont venues boursoufler l'exemplaire de ses poèmes choisis (Selected Poems. Vintage, 1974). O' Hara avait beau écrire en vers libres, dans une langue d'apparence souvent simple, c'est bougrement dur de rendre la mélodie et le rythme de ses poèmes. Dans le petit essai ci-dessous, je suis surtout mécontent de n'avoir su garder l'enjambement final.
The Critic | Le critique |
I cannot possibly think of you other than you are: the assassin of my orchards. You lurk there in the shadows, meting out conversation like Eve’s first confusion between penises and snakes. Oh be droll, be jolly, and be temperate! Do not frighten me more than you have to! I must live forever. | Il m’est impossible de voir en toi un autre que toi : celui qui saccage mes vergers. Tu guettes là, tapi dans l’ombre, à faire la conversation, pareil à Ève quand elle prit les verges pour des serpents. Allons, sois gai, sois joyeux et surtout sois mesuré ! Ne m’effraie pas plus que nécessaire. Il faut qu’à tout jamais je vive. Traduction Droits réservés. |
11:21 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Traduction, Littérature, Poésie, Anglais
mercredi, 06 décembre 2006
De porche en porche
Mercredi dernier, avant mon départ pour Paris, je lisais – sur le canapé de la chambre beige, où je surveillais d’un œil les tribulations du train électrique –
“The Visits”, la neuvième nouvelle du huitième volume de l’édition Edel des Complete Tales of Henry James. Or, cet après-midi, dans le jardin, je lisais “Collaboration”, la onzième de ce même tome, dans laquelle il est question – entre autres – d’un projet de collaboration, au lendemain de la guerre de 1870, entre un musicien allemand et un poète français. Il s’agit d’un livret d’opéra, comme hier déjà, il avait été question de la librettiste de Britten et d’Owen Wingrave, nouvelle de Henry James. Tout se tient.
20:20 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
Le Démantèlement de la bibliothèque / Stephen Romer
Comme il était prévisible, je ne m'en tiendrai pas au rythme envisagé d'un poème traduit chaque jour (ou, du moins, pas tant que j'aurai des tonnes de choses à faire par ailleurs), mais j'aimerais essayer de proposer trois poèmes par semaine, en moyenne. Aujourd'hui, allongé dans le canapé de la chambre beige, j'ai fini par poser, sur le papier, l'esquisse d'une traduction du poème de Stephen Romer, "Dismantling the Library", avant de la reprendre à l'ordinateur. Je suis plutôt content de la dernière strophe, avec le rythme 11-8-11-11, mais il y a, bien sûr, de nombreux points de friction.
(Accessoirement, et bien que cela me flatte, évidemment, j'aimerais vous demander de ne pas formuler d'éloges, mais de soulever des critiques et, à la rigueur, de proposer des solutions alternatives. Ce serait, en quelque sorte, une version interactive de Traduire, journal, le beau livre de Roubaud (mais où ne figurent pas les versions originales, ce qui est bien dommage).)
Le démantèlement de la bibliothèque
Enlever les alvéoles
ou le nid de frelons
par petites touches
ce n’est pas ce que je m’imaginais, je n’ai pas dit
voici mes provisions, mes douceurs,
ma liqueur, je n’ai pas pensé
être ici, en tout cas,
le maître de ce qui s’offre à mon regard
en revanche j’ai remarqué, avec consternationque beaucoup n’avaient pas été lus,
comme cette Anthologie de la poésie turque contemporaine
ou cette Vie de Tolstoï, absolument passionnante
et que même les vieux complices cornésse terraient sous leur couverture
comme s’il me fallait reprendre à zéro
et m’approcher d’eux en parfait inconnu.
16:21 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie, Traduction, Littérature, Anglais
mardi, 05 décembre 2006
De fiel en anguille
De rapides recherches au sujet du prénom gallois Myfanwy me poussent à m'intéresser à Myfanwy Piper (de son nom de jeune fille Mary Myfanwy Evans), qui fut la librettiste de trois des opéras de Britten, dont Owen Wingrave, l'un des rares que je ne connaisse pas et qui fera d'ailleurs l'objet d'une nouvelle mise en scène au printemps prochain au Linbury Theatre Studio. Du coup, je me surprends aussi à lire la nouvelle de Henry James.
And all that for Daffyd ! Eh, eh, eeeeh !
12:55 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature
samedi, 02 décembre 2006
Forza !
Sur les murs blanchis, reblanchis, à la chaux, le prince emprisonné (en des temps reculés où les Playmobil n’existaient pas) avait ponctué de signes répétitifs, décorés sa cellule, où ne manquait pourtant pas de trôner un âtre, histoire de se réchauffer le cœur. Certains de ces dessins demeurent farouchement énigmatiques, comme l’espèce de tube rouge à capuchon rond, où l'on perçoit un préservatif démesuré, ou, peut-être, un sexe de cheval dont la longe aurait été, trop lourdement, tirée. Neuf mots encore peuplent le silence de la cellule.
08:20 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature, Art