vendredi, 15 avril 2016
Ajardinir poisons
Réveillé par une atroce envie de pisser.
(Je peux l’écrire c’est la vérité.)
Réveillé par une atroce envie de pisser, tout de même passé d’abord par la cuisine pour y mettre le café à chauffer. La gelée de framboises, le pot qui m’est réservé… on ne sait jamais, s’il était empoisonné… Le quignon en dame de Brassempouy, sacré, intouchable.
Démarré aussi l’ordinateur, la mise en charge du téléphone et de la batterie du Lumix (pour cette journée, à Chambord ?). Après avoir déchargé ma vessie, retour au bureau. Volets ouverts, les feuilles du néflier – elles doivent faire trois ou quatre centimètres maintenant, poussent sur chaque effloraison par paquets de quatre, cinq ou sept – innombrables me rappellent ce texte de 2014 laissé en plan, ou plutôt au repos, jamais repris, comme tant d’autres.
Le café n’est pas bon mais la gelée de framboise ne m’aura pas encore tué ce matin.
Hier, O*** m’a demandé, en lisant ou devant la télé, la signification des mots âcre et ajardinir. Pas d’autre souvenir, mais il y a eu d’autres demandes. Rhinocéros, ainsi que je m’en souvenais (étudié en seconde, pas vu depuis je pense (mais j’ai subi Délire à deux, par exemple, côté coulisses), est, comme tout Ionesco, trop long, dilué, surtout l’insupportablement interminable acte III.
Vendredi peut commencer.
07:09 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 23 mai 2015
La stupeur perdue (Pong-ping, 9)
On a poursuivi la stupeur dans les rues d’Arras. Sans jamais la rattraper.
Sans jamais la rattraper, on a poursuivi la stupeur. On courait presque, le temps quoique censément printanier était frais ; malgré le soleil, le vent rabattait nos prétentions sur les façades refaites, repeintes, rebriquées. La stupeur nous devançait largement, sur les pavés.
Pas de géants, ni de foire. Pas de vieille histoire, pas d’encan. Le souffle du vent agitait les querelles vaines d’automobilistes énervés, tout retombait en girandoles après le passage d’Éole. Arras gardait son secret.
On n’a pas idée non plus !
On n’a pas idée, non plus !
Des voix d’hommes s’élevèrent, tandis que nous renoncions piteusement à poursuivre la stupeur. Un chœur sublime, un peu ridicule. Pourquoi Vølvens spådom dans les rues d’Arras ?
Quelque grande soit la foule, dans ces lieux désertés, on a le sentiment que jamais ces places ne pourront paraître autrement qu’immenses, traversées par le vent. Et la cité Vauban, on n’a pas idée, sans trompette ni cancans. Elle n’est pas fabriquée, pas rebriquée. Du gravier en pluie. Une jeune femme passe, collants noirs serrés et jupe à ras.
Reluquer n’aide pas à rattraper la stupeur, ni à donner un sens à sa vie.
On a poursuivi la stupeur dans les rues d’Arras. Sans jamais la rattraper.
14:53 Publié dans 1295, Artois, à moi, Les Murmures de Morminal, Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 11 mars 2013
L’Excavation du totem (version 1085/1295)
Ouvre les rideaux métalliques de cet assez vaste espace où trônait naguère, et même jadis, une photocopieuse, et que choisissent de hanter désormais des grappes (/des groupes) d’étudiants, assis par terre le netbook sur les genoux, profitant de la proximité des prises électriques, tant il est vrai qu’un ordinateur portable ne peut fonctionner sans une batterie un tant soit peu rechargée. Là, à cette heure très matinale, il n’y avait personne. Ouvre les rideaux métalliques, veut prendre en photo le trou laissé, dans la terre du quad, par l’excavation du triple totem de Nico Nu (c’était mardi, Céline l’avait signalé, un épisode héroï-comique if ever there was one), avant de s’apercevoir que toutes les fenêtres sont bloquées, sans doute pour empêcher les suicides : on est au rez-de-chaussée, le dénivelé est de quatre-vingts centimètres. À travers la vitre, avec le reflet du smartphone, la photo, bien sûr, ne donne rien. Passe aux toilettes, repense à l’excavation du triple totem la semaine précédente, revient à son bureau, non sans vérifier tout d’abord qu’il n’y a pas (il n’y en a pas) de courrier dans son casier (de poste escargot dans son trou de pigeon). Voyant l’Olympia, la reprend en photo, va composer un quatrain. (L’a composé déjà naguère.) Met anglicismes en italiques.
09:15 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 janvier 2013
Broderie pour Nerval
Faut-il déplorer qu'il n'y ait plus, à Meaux, de femme mérinos ?
₩ | « Moi, je m'étais brodé sur toutes les coutures. »
Le dos moulu, toutes les 22 minutes, il laissait un nouveau lambeau sur le mur bleu. À l'époque des jeux au fronton, tout était vert et blanc, même le ciel. Se pencher jusqu'à s'allonger sur le tapis défraîchi, avec ses arabesques, pour observer l'embrasement modeste du tas de feuilles. Chant du coq à la nuit. Il laisse en suspens l'espoir de replacer, dans un repli, le nom "orvignerie".
Facebook est le bloc-notes ; les blogs sont le pavé. Face à cela, mon visage tente de faire bloc, mais perd à chaque coup de dé. Coutures = fissures. Quand je serai fou, je veux apprendre à dessiner des vanneaux -- pas à tisser des paniers. Mon visage se creuse, et je creuse un livre.
Tous les minuits dont le souvenir peut revenir doivent venir clore le Livre des Mines. Samedi d'un retour. Incompréhensible, s'il est un lien entre l'Émile Blanche de Nerval et le portraitiste de Proust, autrement que dans ce genre de filiation sémiotique dont on ne veut plus entendre parler. La Blanche : drogue et collection crème. Il se doit d'intituler ses oeuvres complètes La Polygraphie du narval.
Sur le canapé en tissu rayé, tu anticipais les insomnies du canapé en tissu rouge.
05:29 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 décembre 2012
Elfe noir
Une fois encore – décidément, est-ce la bénédiction des fins de dimanche nocturnes ? – j’ai un peu bougé, navigué, non jusqu’à la cuisine, mais, les pieds glacés d’être restés près du carrelage froid, jusqu’au sous-sol, accompagner la chatte, et ce avant de poursuivre ma curieuse tâche, transformer un des matériaux du cours d’agrégation, complexe objet, en un exemple documentaire à l’appui du cours magistral de documentation de première année, complexe manœuvre. Toujours je me rassure dans de tels moments, quoique les pieds soient froids, d’ébullition intellectuelle, me disant que la machine est toujours prête à repartir, l’objet parcheminé et insaisissable (dont on a pu craindre qu’il se soit étréci comme nèfle pourrie, ait noirci à l’instar d’une noix caduque) donne de fiers coups de pied. Déjà, la reprise en main de ces carnets, chantiers parallèles, pouvait rassurer, c’était – malgré l’abandon du projet Cummings dont tout le monde se contrefout, mais dans l’anticipation de la traduction des essais d’Amit Chaudhuri – une longue voie meublée de fermes pierres. Moments d’ébullition, d’incarnation farouche, constater que la force reste toujours cette rapidité saisissante de l’esprit, si on ne m’enlève pas ça je ne suis pas encore mort, laissé pour compte, pas sur le carreau.
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dimanche, 02 décembre 2012
Banale façon
dimanche soir je vais jusqu’à la cuisine me préparer une tasse de déca pour essayer de tenir les quelques heures qu’il me reste à trimer après un week-end amical aimable agréable mais du coup le travail a traîné désormais à chaque fois que j’allume la lumière tard le soir dans l’une des pièces donnant sur la rue je repense à la phrase de Depardon sur les Français qui exagèrent de s’enterrer chez eux volets fermés dès avant la tombée de la nuit je pense à cette phrase je diffère exprès le moment de fermer les volets dans certaines pièces de la maison d’autant que cela me rappelle un peu confusément la phrase fétiche d’un livre emprunté quand je ne savais pas encore lire et que mon père me répéta souvent ensuite la cheminée qui fume, c’est la maison de Quentin idée d’être un fanal dans un quartier d’enterrés dans le noir un faible phare je vous écris par intermittence comme une radio lointaine pourrais-je aussi citer & ce texte qui devait être bref déjà s’espalase comme un drap de bain une conversation entre amis je dois travailler idée d’être un fanal mais pas un fanal trop fatigué le lundi pour le marathon se passer de ponctuation accélère l’écriture mais c’est déjà un artifice ancien à la fin je suis las point de points je suis las fanal de pas grand-chose âme de peu de foi
(banale façon : fanal beacon)
23:02 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 mars 2012
Schade(n)freude
Winter song d’Alban Darche, avec le RTQ String Quartet. ╬ C’est compliqué puisque je lis l’églogue hivernale le 1er jour du printemps avec, en tête, « Même en hiver » d’Annegarn. Hier, j’ai simplifié en traduisant spring chicken par poulet. Et aujourd’hui aussi, plein de chansons de Bo Diddley me reviennent. ↔ Hasard ou pas, je retombe, en remontant un fil imprévu, ce texte, dans lequel le nom de Bo Diddley m’avait servi de sortie de secours. Tout de même, ces sites sont une durable dinguerie. Et je me doute que, dans ¾ des navigateurs, les signes (flèches et autres ╕) dont je ponctue les nouveaux textes passent par pertes et profits, se muent en autre chose, sibyllines mochetés. ←Tant pis→. La Suite hongroise m’entraîne, alors, cette fois-ci, tant pis pour la dinguerie, et la guitare bricolée, et nos gueulades d’ivrognes sous le soleil printanier qui a des teintes d’automne. Ce n’est jamais, tant pis, ce n’est jamais simple, tant pis, ce n’est, tant pis, rien, l’hésitation, printemps et automne tant pis. └ Le terme teintes est factice, idiot, pure affèterie : le soleil printanier sent l’automne, fait penser aux arrière-saisons ┘ et tant pis si le prunier cherche à me contredire avec ses bourgeons, il y a bien des nèfles pourries plein le jardin, encore, tant pis ∙ tant pis.
13:56 Publié dans 1295, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 25 janvier 2012
Dimitri Bortnikov : Repas de morts
J’ai dans l’idée que Bortnikov, après avoir hésité (peut-être) entre Céline et Bukowski, a décidé de ne pas trancher. Peut-être se réclame-t-il d’autres influences, je n’en sais rien. Son écriture penche franchement du côté de l’accumulation, de la reprise incessante de fragments éclatés, de sorte qu’elle cherche à s’imposer comme écriture, justement, pas comme style. La « parole en archipel » est la marque d’un épaississement, pas d’une recherche de l’épure. Les phrases, très souvent très brèves, ne découpent pas ; au contraire, elles cherchent par tâtonnements et reprises, à faire sens, tableau, à décrire. À tâtons, mais du fait d’une sorte d’ivresse… Elaboré, pas donné.
Elle apportait des nénuphars. De loin. Les tiges longues. Longues… Dans sa bouche. Elle nageait en grand reptile rassasié. Je faisais des couronnes de nénuphars. Des guirlandes… Elle s’enveloppait dans la couverture. Absente et seule, oui – en momie qui attend son jour. (Repas de morts, Allia, p. 80)
Par une telle écriture, Bortnikov parvient à halluciner presque en permanence la mort, les figures des morts, et à faire naître une hantise mieux que figurale, une hantise de lecture, une hantise-du-lecteur.
Longue chute de neige. Visage d’un homme éclairé par la neige fraîche est le visage d’un cadavre. (p. 166)
16:00 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 24 novembre 2011
Chronique féline absolument passionnante, épisode 72.1. (version 1295/1553)
Tandis que le serveur précisait derechef qu’ « on était sur » des tanins fruités (c’était au restaurant L’Arôme) – bloody twats, has no one ever told them that they’re spoken by their atrocious idiom ? – il va sans dire que pas une seule fois la pensée ne m’a traversé des croquettes, de l’assiette en terre cuite, et même au moment, plus tard, c’était le dessert, où (alors, on était sur un riz au lait, « revisité » je suppose) les trois convives ont évoqué Schnittke et Stravinsky, même le titre Apollon Musagète n’a pas affleuré, de sorte que, rentrant chez moi après cet agréable déjeuner, voyant la chatte s’étirer près du couffin qui lui sert de panier, et l’entendant miauler, comprenant, à ses arabesques le long de mes mollets, qu’elle désirait se sustenter, je retentai l’expérience, mais différemment, transvasant les croquettes intouchées depuis trois jours de l'assiette en terre cuite dans l'assiette de la pâtée : refus absolu, dégoût. On peut dire qu’on était sur le goût de terre cuite, et que, contrairement à l’estourbissement d’un campagnol de terrain vague que le félin miniature ramène ensuite dans sa gueule pour le déposer devant la chatière, cela n’est guère plaisant – débectant est un adjectif qui paraît s’imposer (et que l’on peut écrire débecquetant — Rats would pick their bones) (mine dégoûtée de la chatte qui, ensuite, à l’étage, sa toilette amplement faite, s’endort sur « sa » chaise, la blanche). Il faut encore un petit effort pour qu’affleurent d’autres phrases, aux embranchements pas fourchettes, bloody twats !
16:12 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 octobre 2011
Le voici grisonnant. (version 1062/1295)
Octobre grisonnant a fini par noircir, c’est la nuit depuis plus d’une heure. Jusqu’à dimanche nous avions recommencé à déjeuner et dîner dehors, sur la terrasse. Là, la chatte – que j’avais fait rentrer à onze heures parce qu’elle faisait la sieste dehors (et, plus particulièrement, sur mes sandales), et qui a passé une bonne partie de la journée à pioncer sur une chaise de la salle à manger – a pris ses quartiers vespéraux : sur le dessus du sofa. Aujourd’hui, j’ai écouté Bach (la Messe en si) et Berg (le concerto pour violon), tout en passant trois bonnes heures à mettre en forme, en vue du cours de demain, les notes prises, le matin même, dans American Pastoral (dans le bureau, où je me terre pour ne pas faire pouchiou, j’écoutais Berlioz – la Symphonie fantastique). Le linge a séché, il est plié et rangé, la chatte dort sur le dessus du sofa. Les gouttes de pluie que j’avais cru sentir au moment même où je mettais les chemises sur les cintres n’ont pas été de la partie. On ne sait comment se vêtir : pendant la partie de pétanque, autour de six heures du soir, au square, nous avions, les garçons et moi, frais en manches courtes, et chaud en ajoutant un petit gilet. Ainsi s’affirme la disparition d’octobre ardent, que voici, pour le ciel, grisonnant. Ce n’est plus à dire.
22:05 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 11 septembre 2011
3 euros de Barfleur à la benne
Vient de s’esquinter yeux et phalanges à éplucher des traductions – corriger un potimarron. Le néflier a commencé, sous la longueur vivace des giboulées de fin d’été, à laisser choir ses fruits encore durs, tandis que le cognassier plus que jamais ploie. La longue file des jours. Longue file des jours. Pianotages pour reprendre pied. (De mémoire.) Une phrase plus longue apporte un angle nouveau pour cette histoire de file des jours, car il n’est pas assuré que demain lundi sera revanchard. La chaise désormais totalement défoncée pleure des averses, ses clous hors circuit et son novopan éclaté, de sorte que pour lui rendre hommage on s’assoit prudemment, en précaire équilibre, sur son armature, un seul pan de fesse reposant de façon instable – ce qui invite à faire plus attention au monde extérieur (comme c’est étonnant). Alors siffle un souffle, à la cuisine. Vos minutes sont comptées, les deux cognassiers, à coup sûr, numérotent leurs abattis. Du très bon et du moins très bon. Du moins dimanche, mémorable ou non, a-t-il été de bon ton, l’humeur parfaite au rendez-vous, depuis l’insomnie même. Toujours ça de pris. File des jours. Pourrait-on regarder passer les promeneurs et retenir chacune de leurs mimiques, de ce ponton fragile que constitue la vieille chaise sans assise ?
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lundi, 13 juin 2011
Bojan Z. (is for Zola), version 1062/1295
Cela dit, tout cela étant posé, je dois faire quoi. Que dois-je faire. Enlever les points d’interrogation qui bousillent toute ma mise en page. Tirer cinq colonnes à la cinq, à hue et à dia. Imaginer de petites oreilles en lieu et place des pattes-de-mouche que sont les points, crottes, chiures, que sais-je. Imaginez des hachures de pas grand-chose en guise de mots vides, creux, dont le sens échappe. Pas de pot, imaginez encore un grand soleil, la sècheresse, tout cela à quoi bon, qui viendrait se substituer à la pluie frileuse de ce lundi de Pentecôte. Mais tout cela bien beau étant posé, je dois faire quoi quand même. Tirer à la ligne à hue et à dia. Me passer de virgules autant que de points d’interrogation pour ne surtout pas tirer de son néant le point d’ironie qui défait tout délie les ambiguïtés. Et le tréma comme un remords, avec sa double chiure, je dois en faire quoi. On voit bien que nos jambes ne leur coûtent pas cher. J’en fais quoi. Virgules de rien chiures pour pas grand-chose une nappe s’étale nous échappe et son effet désagréable de ciré sous les doigts m’indispose. Alors dans l’incendie la débâcle on voit bien que nos jambes ne leur coûtent pas cher. Tout ça pour aboutir à : La mienne après bien des cahots avait marché droit à son but sur des rails solides.
12:39 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (6)
dimanche, 29 mai 2011
Six Keys for Each City (version 1084/1295)
Pas tanné le cuir de la bourgeoise. (Je n’ai.) En musique, l’auparavant ne ressemble en rien à ces volutes au-dessus des réacteurs japonais en fusion. Il m’aura fallu dix semaines pour en parler. Picking. (Un café. Désert. Seule une jeune femme fume, à une table proche de la vitrine, en lisant un livre dont on ne voit pas très bien la couverture, et dont le titre se trouve, par conséquent, être illisible. Il semblerait que ce soit un essai philosophique ou esthétique de la collection « Champs », mais même ce détail reste incertain. Vous veillerez à finir toutes vos phrases par un adjectif préfixé en in-. Picking : La basse grave gratte l’asphalte (des cymbales). Qu’une parenthèse s’ouvre, on voudrait déjà la clore. Ces drapeaux sont identiques, sauf qu’il y a du bleu dans le carré inférieur gauche de celui de droite. Picking. Maintenant tu exposes le drapeau finlandais. Picking, picking. Rayures vertes et jaunes, comme dans une chambre d’enfance imaginaire. (Qu’une parenthèse s’ouvre, on voudrait déjà la clore. Les lèvres de la violoniste, les entends-tu flétrir les cordes ? Cela se nomme fretting, et cela s’énonce, se déclare, s’impose avec plus de violence qu’un frottis. Il y aura toujours ce vertige.
(Tout a fonctionné ici par augmentation, sans substitution ni évidement.)
21:01 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 07 avril 2011
Elliott, version 1088/1295
Dans le labyrinthe, Mathieu perd les pédales (ce qui ne fait pas de lui un enfant de conte (faut pas pousser)). Matthieu mord les médailles (ce qui ne fait pas de lui un croque-mort (non mais !). Quand je vous disais, qu’à un signe près (la lettre t, qu’elle soit redoublée ou pas), le château de cartes (ou de Kapla) s’effondrait, pour ne rien dire de cette propension à terminer les phrases par des (longues) parenthèses. Et ce n’est pas d’énumérer les enregistrements d’œuvres d’Elliott Carter encore à acquérir (means fair or foul) qui l’aide à retrouver son chemin. Figurez-vous que je crois qu’il a la fièvre, car, ne reculant décidément devant aucun sacrifice (huit jours après son grand comeback (totalement inaperçu) dans la blogosphère), il annonce à la cantonade (et dix-huit jours désormais après le premier tour des élections cantonales) qu’il compte posséder tous les enregistrements possibles et imaginables des œuvres d’Elliott Carter avant la fin de l’année 2014. Mais enfin, me direz-vous : qu’est-ce qu’un enregistrement possible et imaginable ? Le pluriel détourne, la pénultième est vivante. (Alors, seulement alors, il put commencer à ébaucher le roman pharamineux dans lequel tous les Carter célèbres se retrouvaient, pour une cérémonie de chimères, à la Casa del Cordon.)
15:55 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 19 mars 2008
Station balnéaire transformée en citrouille (version 1080/1295)
Un midi ensoleillé d’hiver, la voiture vert pâle s’est arrêtée près de l’épicerie. Un homme en est descendu, qui acheta du magret fumé, du camembert et des pommes avant de demander le chemin de la boulangerie la plus proche. Tandis qu’une femme et son fils jouaient sur le terrain du fronton – l’enfant faisait du vélo et la femme lui courait après pour l’encourager – il s’est dirigé vers le cinéma, a longé l’office de tourisme, tous deux fermés bien sûr. À la boulangerie, où – curieusement tant la petite ville semblait déserte – attendaient déjà trois personnes, il a acheté deux baguettes en profitant d’une promotion, puis, après s’être attardé quelques minutes à interroger du regard les affiches décolorées, les lambeaux de nuages gris, la peinture écarlate du fronton, il est reparti vers sa voiture, l’air songeur, inquiet peut-être. Il n’a pas redémarré tout de suite.
Quelques heures plus tard, on l’a retrouvé pendu à un pin robuste quoique calciné, au bord de l’étang de Sanguinet, dont les flots désespérément bleus baignaient les plages désertes. Il avait mangé, sous forme de sandwiches et en un temps que les légistes ont estimé proche du record, la totalité des aliments qu’il avait achetés ce midi-là à l’épicerie.
On n’a jamais rien su de ces détails, dans son village natal.
[Série de textes écrite le 21 février dernier.]
15:22 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : fiction, écriture
jeudi, 28 février 2008
Gare de Facture (version 1089/1295)
Les gravelots et les goélands dansaient dans les nuages, à moins qu’on ne crût les voir nager à la surface des vaguelettes, dans la rade. De toute manière, peu importait, c’était un orage d’opérette.
Ornette brandit les bannières, l’orage de tomber en miettes. Le jour soupèse ses chances, dans le faux petit jour gris, au-dessus du port d’Arcachon. Les plaisanciers ont délaissé leurs bateaux, qui tanguent comme des fourmis désœuvrées, malades peut-être. Les jetées à hauteur d’épaule se mouillent de cette écume inusuelle, tombée du ciel, et sans la saveur des envolées harmolodiques.
L’espace constitué de milliers de minces points blancs colporte des cris, des rumeurs lancées contre les coques de bois. Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole – à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourdes, le seigle s’envole en feuilles de brume, puisque le jour enfin se lève, à force de se triturer les cornes, de tituber sous les coups de faux de la grisaille.
Un envol lave l’air. Le soleil peine à poindre. Nous aurons d’autres insomnies, d’autres nuits à pleurer les embrassades, le traversin chiffonné de désespoir. Nous verrons d’autres gravelots griser les nuages, d’autres goélands croiser au large. Le cor d’Ornette fait taire même les mouettes.
12:10 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fiction, littérature, jazz, écriture
mardi, 04 décembre 2007
Nothing doing
12:15 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, écriture
dimanche, 07 octobre 2007
Vacarmes tendus (verso 1070/1295)
Je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses. J’ai oublié mon trombone dans ma loge, dixit J.J.J. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé d’avoine et les mèches pleines de lait rance. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire oublier les coups de crosse et les démangeaisons du pollen. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre, comme si d’avoir mouillé le maillot, comme on dit vulgairement, lui avait donné le sentiment qu’il se passait quelque chose d’étrange et la conviction qu’il allait perdre son poste, se faire virer. À qui est ce sac ? la question allait de soi, mais pas la réponse. Je m’effile en me rasant le fémur, je guette, et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent, très professionnellement, un joint, avant de sortir d’un gros paquet de farine Francine de quoi s’envoyer en l’air cent fois sur les lignes long courrier. À l’arrière, arborant le 15 en lettres blanches dans le dos, je reprends pile où je m’étais arrêté (je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés), me roulant une pelle.
21:40 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, écriture
samedi, 01 septembre 2007
Là bas syzygie
L’envie d’écrire n’a toujours pas repris le dessus, mais je n’ai pas non plus le moindre désir de publier l’un des (assez) nombreux textes écrits au cours des mois de juillet et d’août, notamment – frénétiquement – en deux ou trois jours dans le Finistère. Il n’a pas suffi de lire un mot inconnu jusqu’alors – syzygie – sous la plume labile, et agaçante d’allitérations et d’assonances en verbigérations, de Patrick Quillier. Ni de constater que, si les 19 tomes de la partie macropædia de la Britannica de 1975 récupérée au printemps tenaient pile sur une des étagères de la chambre d’amis, les 10 volumes de la micropædia et les 3 volumes d’annexes avaient dû, quant à eux, se dégotter quelque emplacement au-dessus de leurs nobles confrères, et même près de vieux numéros de Jazzman. Tout ça, parler pour ne rien dire, écrire pour ne rien écrire, écrire pour démentir l’absence d’envie d’écrire posée en postulat.
Si, tout de même : la grande, l’immense découverte du jour : des carnets entièrement dédiés au génial Saint-Pol Roux, Les Féeries intérieures. Je suis loin d’en avoir encore fait le tour, mais je vous en conseille vivement la fréquentation assidue. Ce peut être une porte d’entrée toute trouvée pour frétiller enfin dans cette onde vive et lisse, l’écriture avide du Magnifique.
19:25 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Littérature, écriture, Langue française
dimanche, 29 avril 2007
Magnificat (Hommage au kazoo)
Le mois bientôt sera clos, qu’on s’y fasse. Mais enfin les deux coexistent ! Le soir même du jour où j’ai lu la page de L’Amour l’Automne où il est question de l’affirmation de Pesson selon laquelle « septuor est l’anagramme de Proust au subjonctif » (p. 408), je regardai Le Temps retrouvé de Raul Ruiz, que je n’avais pas vu, en son temps. Ici Marcel enfant filme Marcel adulte (tout est inversé). Dans J.R.G. il y a l’initiale de Gabriel, prénom caché de Renaud Camus , signe de l’archange, arc bandé, statuaire sans fin, mais aussi le clin d’œil à Le Clézio et à Godard. Marcel est Marcel Proust (tout est aplati) ; du grand n’importe quoi. Dans cet Antoine-là, il y a le jardin aux carpes mais surtout l’amour avec Auguste (au printemps estival de la vie). Je ne mange pas de ce pain-là. Puisqu’on vous dit que Fall in Love c’est l’automne en amour et non pas tomber amoureux ! Pesson, vous le savez, est sans espoir (anglais latin de la Princesse Palatine). Quel dommage qu’il n’y ait pas de page 804 pour greffer encore l’un de ces 173 textes de 937 signes (émois : noirs morts à Rüggen). Gros pré danse, grand-père S.O.S. ! grand os perse, gardon pressé, perd sans ogre, grès rond sapé, gré nord passé, Sponde regras. Mais cela ferait un 174ème texte qui ficherait tout par terre, enfin !
10:20 Publié dans 1295, Fall in Love, Unissons | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, écriture, Musique, Polices
dimanche, 14 janvier 2007
Dans son bec un fromage
Jardin du Ranelagh, deux heures moins le quart.
Flot ininterrompu de voitures, et pourtant enfants qui jouent au ballon, jusque sur la rue. Sur une rue où ne passe aucun véhicule, un bambin tape dans un ballon orange fluorescent que lui renvoie son père (grand-père), qui doit, sous son imperméable beige, avoir le bras en écharpe (forme protubérante et manche droite vide).
J’écris ceci sur l’une des places de l’hémicycle de pierre qui borde la statue de La Fontaine par Correia (1983). Il faudrait avoir un appareil photo avec soi, et puis non puisque je trouverai des reproductions de cette statue – pas très réussie d’ailleurs mais émouvante – sur la Toile. De la place où je suis installé, je vois le profil du renard qui se pourlèche et, si le corbeau penché vers lui m’est nettement visible, seul le quart supérieur du camembert (car c’est un camembert !) n’est pas caché par le socle. La statue a été fondue en Italie (références au dos du socle en italien, pour ceux que cela intéresse).
Une vieille gitane trimbale ses trois poneys délabrés dans la partie nord du parc, sans qu’aucun enfant ne se préoccupe d’eux ni d’elle. De l’autre côté, une cabane fermée, rayée de blanc et de vert, aux couleurs des marionnettes du Ranelagh, annonce qu’il s’agit de la fermeture saisonnière d’hiver.
19:20 Publié dans 1295, Aujourd'hier, MAS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, écriture
lundi, 25 décembre 2006
Virer au violoncelle, version 1089/1295
[En reproduisant le texte manuscrit, je n’ai changé que trois mots : figure, immense, basse. J’ajoutai inaccessible, ôtai un et qui prêtait à contresens.]
Le cerisier nu figure une colonie incessamment remuante de passereaux. Un chat de gouttière, fort repu et pas sauvage, a guetté près des thuyas. Allongé, écoutant Alter ego d’Artem Vassiliev, je me vois gravir une montagne immense. M’imagine sur les pentes, les yeux rivés sur les détails des herbages, que le vent m’apporte. Dans cette rêverie douloureuse, j’essaie de me concentrer sur certains noms communs tels que marc, martingale, girolle et solstice.
[J’hésite à ajouter des points de suspension entre ces deux paragraphes. Combien ?]
Comme, pour me tirer de ma torpeur, je mangeais une clémentine, debout dans la cuisine, j’aperçus le chat qui, tout en me fixant de ses yeux jaunes, était occupé à manger sous la table basse orange. Pas de plume, ni de trace d’un quelconque combat. Après s’être purgé avec une longue tige gelée et avoir observé un merle inaccessible, il s’en alla nonchalamment vers le fond du jardin.
[Alter ego est une pièce très contemporaine pour violoncelle soliste. Elle n’a rien d’apaisant, ni qui incite à la paresse. Le chat, d’un magnifique gris uniforme, ne s’était jamais montré auparavant dans ce jardin.]
21:55 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture
dimanche, 24 décembre 2006
Rub(r)ik's Kubb
Ce matin, je reçus un coup de téléphone d’un éditeur, à qui j’avais envoyé un tapuscrit en septembre, et qui m’avait écrit, sans tarder, une lettre de refus pleine d’humour bienveillant et de remarques globalement justes. À l’époque, j’avais songé à reproduire dans ces carnets-ci plusieurs passages de cette lettre et à les commenter. Puis j’étais passé à d’autres fritures.
Or, ce matin, l’éditeur ne se rappelait plus s’il m’avait écrit ou non. Il venait de relire le manuscrit, fort bref, et trouvait surprenant de ne pas avoir coché mon nom, car, d’ordinaire, il indique toujours l’envoi d’une lettre de refus, à titre de pense-bête. Ce petit quiproquo fut l’occasion d’une brève conversation, très chaleureuse. Il m’a redit qu’il trouvait certains textes « vraiment très bien » et qu’il ne fallait pas que j’hésite à lui envoyer de nouveaux essais de ma main.
Les lecteurs les plus fidèles de ces carnets connaissent déjà les textes en question, puisque ce sont ceux qui composent la rubrique 59. J’avais donné, pour titre de mon tapuscrit, J’allaite le nouveau Kant.
Peu après cette conversation, relisant – afin de le publier dans la nouvelle rubrique Aujourd’hier – un petit texte écrit hier, je vérifiai, machinalement, le nombre de mots grâce à l’outil de statistiques de Word : cinquante-neuf mots. Il fallait célébrer cette coïncidence bouffonne en créant aussitôt une nouvelle catégorie, sœur de la précédente, et, de ce fait, baptisée J’allaite le nouveau Kant, II.
(Et, en trichant à peine, je pourrai publier celui-ci dans 1295 !)
15:45 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture
lundi, 20 novembre 2006
Parenthèses (Vitraux, version 1089/1295)
(À vrai dire, je ne comprends pas comment un texte long de 105 mots peut ne compter que cent espaces. Ce sont peut-être les parenthèses qui jouent des tours, mais dans tous les cas, le projet consiste à faire confiance au dénombreur de Word, ce qui est certainement une erreur d’un point de vue statistique, mais permet une grande souplesse d’écriture tout en maintenant la rigueur des contraintes arithmétiques. Si faussée fût-elle, une norme savait toujours servir d’étalon. (Un ami s’étonne ici du recours à l’imparfait. On n’est pas mort que je sache. (D’autres s’impatientent, justement et à juste titre, de ces parenthèses. Le texte – comme on le dit d’un spectacle – va-t-il enfin commencer ?)))
J’y repense, on entrevoyait sur la première photo, à travers les vitraux teintés, les ombres fastueuses de la collégiale Saint-Ours.
Le roi s’en bat l’œil, pensez.
(Qu’on tire au corbeau du rêve des chants qui eussent pu illuminer la nuit, c’est très surprenant.)
Questionnez donc les freux, qu’ils avouent ce qu’ils faisaient dans ce champ de ruines (de mines). Ils s’envolent en lourds nuages célestes, plumes qui donnent l’image, finement ciselée, de l’artiste croquant ses crayons avant de les tailler, encore et encore.
L’un d’entre eux freux m’assène qu’il fut un temps où j’étais souverain.
14:00 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ecriture
lundi, 13 novembre 2006
Chiens de Langeais (version 1084/1295)
Ai-je déjà dit que le trombone était, en jazz, l’un de mes instruments préférés ? C’est sans doute pour cette seule raison que je me plais à imaginer tous ces chiens bruns ou blancs, langue pendante, et dont parfois certains même dissimulent savamment leur visage derrière de modestes feuillages, et qu’extirpant de mon manteau anthracite un trombone usagé, je commence à en jouer, ce qui ne manque pas d’alerter des surveillants scandalisés. Comme j’obtempère à leurs objurgations, et vu que j’ai une bonne tronche, ils n’engagent pas de poursuite. Pas de course folle à travers les salles, car je n’ai pas le temps de me payer la fiole d’honorables fonctionnaires. Les chiens aboient, la caravane se déchaîne.
Alors, j’imagine encore d’autres chiens, au collier bleu impeccablement ponctué d’ocre, la langue rose pâle, l’oreille aplatie et la queue basse. C’est à peine si, d’un écart intérieur sans tourniquet préalable, je parviens à éviter la roulotte qui me fonçait droit dessus, avec la mère d’Aurélie Lenfant, sa seule dent pointue affolée comme un gouvernail.
Le collier se détache du cou des deux chiens, tel le ruban d’Olympia. Un molosse me court après, se rue sur moi. Je rêve encore et encore de la roulotte rose pâle. Soixante-cinq cygnes sonores s’envolent à la fin, sans un bruit.
11:50 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Poésie
lundi, 18 septembre 2006
Pereira du PRG
M. Hervé Mesnager, responsable du PRG dans le Loir-et-Cher, tient un blog vraiment personnel et courageux. Au moins, ce n'est pas la sauce fade et consensuelle servie dans la quasi-totalité des blogs d'élus...!
Il semblerait qu'il ait eu autrefois un autre blog sous le pseudonyme de Pereira, à cause de Pereira prétend, le très beau récit de Tabucchi (film (je ne sais plus de qui) à voir aussi).
Eh bien, figurez-vous que le Pereira du PRG prétend que pour entrer dans l'oeuvre de Lobo Antunes, il est tout à fait possible de commencer par le dernier... Euh... si l'on sait que j'admire beaucoup et ai lu avec délices la plupart des romans de Lobo Antunes mais que j'ai fini par renoncer à finir Bonsoir les choses d'ici-bas (après 500 pages quand même), on comprendra peut-être que je m'inscrive en faux contre ce conseil. Mais lire Lobo Antunes, oui, c'est incontournable ! Alors, par lequel commencer ? Un des deux EX peut-être : Explication des oiseaux ; Exhortation aux crocodiles (le plus beau mais sur le versant difficile, lire ramant...)
(Je ne parle presque jamais, ici, des autres blogs que je lis. Il faudra que je me décide à faire une liste de liens, un jour ou l'autre. Celui de M. Mesnager, hormis un titre peu imaginatif et l'absence totale d'italiques, mérite d'être découvert.)
09:55 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Ligérienne
dimanche, 10 septembre 2006
Jardins de Valmer, 3 : Le scorpion de Jean-Luc Goupil
Créée à partir d’une table d’école, cette sculpture est une réflexion sur l’ambiguïté qu’entretient le système éducatif avec le développement individuel de l’être et la place que ce dernier aura à adopter face à l’ensemble du genre humain.
J’aime bien les insectes de Jean-Luc Goupil, étonnamment polis et reluisants. Mais qu’il est dommage que l’artiste se sente obligé de pontifier en expliquant, par de petits écriteaux, le sens de chaque sculpture, en bon petit militant altermondialiste et bien-pensant. Pourquoi la phrase citée ci-dessus en italiques me semble-t-elle le summum de la bien-pensance ? Parce qu’il est désormais convenu de dire que l’école brime le développement individuel des enfants, alors que cela n’a jamais été aussi faux : on ne s’est jamais autant soucié de pédagogie différenciée (afin de baisser le niveau), de rythmes scolaires (afin de permettre aux parents de coucher leurs gosses à onze heures du soir et de partir en week-end jusqu’au dimanche soir sans se soucier des éventuels devoirs scolaires de leurs enfants), de l’épanouissement en son sens non intellectuel (au point d’avoir soumis le système éducatif aux professeurs de sport, les nouveaux rois incultes des lycées, devant lesquels tremblent proviseurs et recteurs).
Ô laissez-nous imaginer vos œuvres !
09:15 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 09 septembre 2006
Jacques : Rebotier :: Quelques ::: animaux de transport :::: & ::::: de compagnie
Tout de même, ce n’est pas un hasard. Lui aussi fait partie des foules d’obsédés numérolâtres. Son opuscule de 2004 est composé de 36 fragments, répartis comme suit : 27 dans la partie principale, 8 dans l’“additif 1” et 1 dans l’“additif 2”.
Soit 33 + 23 + 13 = 62
(Si j’en crois David Wells, qui a raison, c’est parce que 36 est triangulaire tout en ayant pour racine carrée le troisième nombre triangulaire, 6, qu’il est la somme des cubes des trois premiers chiffres.)
Les rayures du poisson-clone sont certainement un clin d’œil à la collection des éditions Harpo & Co dans laquelle l’ouvrage est publié (‘comme dix raies blanches’*). Dix raies blanches et onze raies oranges : celui-ci. Dix raies blanches et onze raies roses : celui-là (47 autobiographies, 2003).
Le dernier texte s’intitule “Le lecteur à rayures”, aussi, mais Rebotier a évité d’évoquer le zèbre parmi ses animaux de locomotion.
Dans “Le Pipallon”, je me suis demandé s’il n’y avait pas une allusion à une phrase de Saint-Pol Roux que j’aime beaucoup : Les coups de ciseaux gravissent l’air.
Rage, frimas, il y a des girafes, comme jadis dans Frasques.
J’ai bu ces quelques pages en lisant un verre de Chinon. Elles ne me trouvent pas très buvard bavard.
* Comme dirait Blanche… Mais qui est Blanche ? Est-ce Aragon ou Francis ?
10:34 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 07 septembre 2006
Presque fini
À l'instant même, je viens de finir de traduire l'Épilogue, ce qui ne signifie pas que j'ai entièrement bouclé ma traduction, car il me reste quelques vétilles... mais tout de même, cela sent l'écurie.
Cet Épilogue est très beau, d'une grande justesse de ton. J'ai attendu de la traduire pour me rendre compte que c'est le seul chapitre de tout le roman dans lequel il n'y a pas le moindre dialogue, tout juste quelques propos rapportés. J'aurais aimé, symboliquement, finir cette traduction hier (06.09.06), mais les conditions de travail n'étaient pas réunies, et il est hors de question de bâcler. D'ailleurs, deux phrases de l'Épilogue me donnent encore du fil à retordre, et je dois les reprendre. À défaut, donc, d'une fin symbolique le 6 septembre 2006, je vais passer les deux jours prochains à ajouter les épigraphes, relire une énième fois tel ou tel chapitre, afin d'envoyer le tout à l'éditeur, par courrier électronique, ce samedi (09.09.06).
Le détail du jour : il y a, au bas de la page 334 de mon exemplaire de travail (mais, comme il s'agit des épreuves finales avant publication, il s'agit, dans l'édition hardback, du milieu de la page 330), un proverbe ("quand on lâche ses chiens, il faut s’attendre à devoir les nourrir quand ils reviennent morts de faim") aussitôt suivi de l'expression cynical remark. Enchaînement époustouflant, d'autant que le motif du chien (les chiens que l'on secourt, mais aussi les chiens menaçants ou meurtriers) traverse le roman.
Pour la vraie fin, je vous tiendrai informés, que l'on sable le Vouvray !
11:25 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 05 septembre 2006
Chapitre 30
[Lundi, vers quatre heures.]
Un peu rouillé d’avoir passé tout ce temps à relire, à repasser les pages au gueuloir, à repousser les (d)échéances, j’ai tout de même repris le rythme. Quasi aphasie de Raasta, quasi amnésie de Bile, et surtout l’un des très rares passages qui n’épousent pas le point de vue du personnage principal. Passage exquis sur la maîtrise perdue des mots, qui me rappelle les deux derniers livres de Nathalie Sarraute, Ici et Ouvrez ! lus, si je ne m’abuse, à Beauvais, résidence Bellovaque [je revois le canapé vert forêt, et moi vautré dedans].
Depuis longtemps – plusieurs semaines – j’ai d’infinis regrets de ne pas avoir tenu, dans ces carnets voire dans un blog spécifique, une sorte de chronique systématique de mes errances de tâcheron, ce qui serait peut-être, pour moi la meilleure trace, le plus beau souvenir de la traduction. Qu’importe, ce n’est pas ma dernière traduction, et celle-ci a été très hachée pour des raisons indépendantes de ma volonté, aussi le projet eût-il pâti, quoi qu’il en soit, d’un manque de continuité, puisque, lors de la première phase de travail, en 2003, j’étais bien loin de connaître les blogs, et encore moins de m’être remis aussi virulemment à l’écriture. Donc restons-en à ce constat optimiste : ce n’est pas ma dernière traduction (l’espoir fait vivre).
13:50 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 03 septembre 2006
Jardins de Valmer, 2
Aristo et Alambic sont deux chiens (chiots ?) à pedigree, de race indéterminée pour moi qui n’y connais rien. Ils folâtrent dans les jambes d’une très jeune jument qui s’affole. Plus loin, David Vanorbeek, “sculpteur flamand autodidacte”, a ciselé une grande mante religieuse en barbelés, et divers autres insectes dans le labyrinthe sis sur la haute terrasse.
Arnaud Villé, photographe à Vouvray, expose vingt-neuf de ses images d’insectes, très belles macros, aux deux niveaux d’un ancien pigeonnier (?) – quinze à l’étage et quatorze au rez-de-jardin.
Un autre Arnaud Boisramé, lui aussi sculpteur sur ferraille, a le goût des calembours et a nommé une de ses miniatures “Sourire dent fer”.
Jean-Luc Goupil, lassé peut-être de jouer des tours à Ysengrin, combine ses insectes géants de manière astucieuse mais a la mauvaise idée, comme trop d’artistes contemporains, de donner, pour chacune de ses sculptures, une explication restreinte sur le cartouche, qui montre à quel point le “sens” si étroitement défini est conventionnel, bien-pensant, a partout traîné. Toutefois, son scolopendre, composé ou constitué de 35 couscoussières, avec 17 paires de pattes, est très réussi.
Nous avons bien sûr humé la lavande, et les fragrances inconnues des Ageratum. Nous n’avons pas revu Alcoolo et Artémis.
07:55 Publié dans 1295, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
jeudi, 29 juin 2006
Sous le cerisier
Sous le cerisier. Après une journée épuisante, une longue nuit car je ne tenais plus debout dès neuf heures du soir, une matinée de travail, je n’arrive pas à traduire. Ni le rythme ni l’inspiration ne sont convenables. Sous le cerisier. J’entends le chant des merles, les allées et venues de quelques bruyantes guimbardes, et le soleil lourd me ravit.
Je vois l’épuisette rouge contre le mur, les branches basses du cerisier qui de tous côtés m’environnent, la brouette sur le flanc, et l’écran fade de mon ordinateur. Sous le cerisier.
Les rues se disséminent, les livres se dispersent, les pages s’envolent, les chambellans attendent l’arrivée du printemps. Les nuages se vident de leur eau salutaire, et le monde ne cesse de changer de forme. Sous le cerisier. Ton âme, à pierre fendre, se calcine contre la mienne, et j’égrène les mots qu’il ne faut pas écrire, je délaisse la page blanche où doivent, plus que jamais, s’amonceler les chapitres, sous le cerisier.
Sous. Souriant, je vois l’épuisette rouge qui fronce les sourcils et attend d’autres prouesses ; j’entends – dans le silence parfois retrouvé mais si fragile – les orbes que trace, dans le ciel, un milan. Le. L’oiseau de proie guide mon navire, pâle figure, point à l’horizon qui rougeoie. Cerisier. Cerisier, prête-moi ta plume.
14:44 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 19 juin 2006
Scène champêtre
La fugue suit la passacaille, puis le silence s’en mêle.
Il n’y a plus moyen de découper les meules de foin au couteau des regards. La meule existe déjà, dans le souvenir, le passé, les toiles, la peinture, la photographie, tant et si bien qu’elle n’a plus d’existence présente face à moi, hic et nunc. Il lui faut se déplacer, bringuebaler au gré des tenailles rouillées d’un tracteur bleu vif, sur une route semée de bouses séchées et aplaties, pour qu’elle commence d’exister, qu’elle devienne une meule – chacun de ses brins singulier – et non la meule de foin.
Le chien ouvre les crocs, et je sens une faim atroce me tordre l’estomac, me cisailler le corps, ce qui n’est pas grand-chose encore. En ouvrant sa gueule, le chien en a laissé tomber une petite chose inerte, indéfinissable ou méconnaissable, et c’était une taupe morte.
De lointains échos du monde ont résonné à mes oreilles. Je n’étais pas là, dans le fossé, pour admirer de beaux draps voler au gré du vent, sur la corde à linge en fil plastifié vert, avec leur liséré fleuri rouge et bleu, leur trame profonde, leurs manigances et les secrets qu’ils recèlent à chaque accouplement, puis qu’ils laissent échapper à chaque lavage – secrets qui vont se perdre dans les sources du vent, dans l’odeur tendre des liserons énergumènes.
(Hagetmau, 8 juin.)
22:20 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 28 avril 2006
XVI
Ce 21 avril, sept jours avant la date de publication de ce seizième chapitre de mon œuvrette, je croise le fer avec Samuel, qui fut lecteur à l’Ecole Normale Supérieure de 1928 à 1930, tous ses biographes s’accordant à voir dans cette année 1928 un tournant, une charnière, choissiez la métaphore qui vous sied le mieux, je ne suis pas regardant mais je croise le fer avec Samuel, entendez cela littéralement, nous sommes, lui et moi, dans une mine, nous échangeons des regards trempés comme dans de l’acier, puis nous pétrissons la pâte informe qui va devenir, sous nos doigts, fer, nous irons ensemble pleuvoir notre minerai sur les têtes couronnées, et je ris avec toi, hein, Sammy, Sam, Samuel, mon Well, nous avons le fer, nous irons le donner aux mortels, on leur a donné l’or mais pas le fer, et tu joues de la flûte, Samuel, toute la nuit tu joues de la flûte, ça les rend fous, forcément, au beau milieu du matin tu me hèles, Will Will, moi je n’en ferai rien, quiconque me dira d’agir, déclarera à ma place ce que je vais faire, je lui répondrai, me réfugiant derrière Samuel, centaure ou Zeus lançant la foudre, nous deux enfants d’Ixion, je leur dirai, je n’en ferai rien, si je mens je vais en enfer.
Va te faire cuire un œuf donc. Sinon Ixion, gare à ton ascèse. (En enfer je vais.)
13:05 Publié dans 1295, Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 avril 2006
Pas vu filer
Profitant d'encore quelques heures de haut débit avant de retomber dans le silence d'une pause bienvenue, même si elle risque de s'avérer laborieuse, je suis tenté d'écrire que je n'ai pas vu filer ces sept semaines, curieuse et banale impression dont seule une expression idiomatique un peu conventionnelle peut rendre le goût, avant d'ajouter que, pour ce qui est de ces carnets, toutefois, j'ai pris le soin de programmer quelques notules (surtout photographiques) afin d'habiter doucement ces espaces grisonnants, de sorte que vous ne vous trouverez pas fort dépourvus, fidèles lecteurs, et pourrez continuer à vous esbaubir de ces pages qui ne disent rien, et toujours ponctuer de vos commentaires si fins mes billets si froids, sans que, toutefois, je n'y réponde, ou alors peut-être à la manière d'un tir groupé (et c'est à présent une métaphore militaire qui me vient au clavier), comme l'occasion déjà s'en présenta.
De nombreux chantiers sont en cours, dont certains piétinent depuis peu (Arbre à came ou les tankas), d'autres se languissent sans avoir pourtant dit leur dernier mot (c'est le cas de Pauvres Pyrénées, roman bref cher à mon cœur), d'autres lentement progressent (ainsi des sonnets), d'autres enfin, encore au berceau, promettent beaucoup (mais tiendront-ils ?)
14:08 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 26 mars 2006
Jour de croûtes
Ecrire les notes, puis les publier illico, c'est-à-dire, quand une fournée de textes naît sous les doigts, au frénétique tapotement du clavier, les publier les unes après les autres au lieu d'en échelonner la publication en ligne, serait une expérience à tenter. Some other time.
Entre-temps, ce dimanche aura été la journée des croûtes.
Tout d'abord, il est parfaitement scandaleux d'avoir confié la "décoration" (c'est-à-dire l'enlaidissement) du Muséum d'Histoire Naturelle de Tours à un "artiste" aussi nullissime que le ou la dénommé(e) D. Valique. À ce niveau-là, ce n'est même plus possible de parler de copinage (ce que ce doit être) : c'est du détournement d'argent public !
(Nous n'avions jamais visité le Muséum. L'exposition consacrée aux "insectes artificiels" mérite une visite ; c'est amusant.)
Ensuite, pour poursuivre dans les croûtes, la galerie Mathurin expose des toiles hideuses et néo-pompières sous le titre pompeux Surréalistes roumains. Ce genre d'imposture est vraiment à hurler.
Les photographies qui accompagnent les déjections en question sont d'un niveau moyen, et on leur en est, par contraste, éternellement reconnaissant !
Heureusement, il faisait un temps magnifique aujourd'hui, et pour la première terrasse familiale de l'année, au Lys d'Or, l'humeur au beau fixe.
16:36 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 21 mars 2006
Salon du livre, sept
Christian Bourgois, éditeur pour qui j’éprouve de l’admiration – du seul fait que maints auteurs qu’il publie ou publia comptent parmi mes préférés –, a conçu ces jours-ci un petit catalogue rétrospectif de 32 pages, composé intégralement en minuscules. C’est extrêmement irritant. Ainsi, tous les noms et prénoms d’auteur commencent par des minuscules : ridicule effet de mode.
Le pire, évidemment, est que le catalogue commence par un panégyrique à la gloire de christian bourgois, suivi d’un choix personnel du même, qui a sélectionné huit titres qui l’ont particulièrement marqué et dont il dit, pour chacun, quelques mots. Ce que dit christian bourgois (je ne l’écrirai plus qu’ainsi) est, au demeurant, fort intéressant. Mais comment adhérer sans une moue ironique, voire un flanc éclat de rire, à l’autoportrait (car n’est-ce pas lui qui a écrit le « chapeau » de préface ?) qui décrit cet « immense éditeur connu pour son élégance et son intransigeance » ?
J’en reviens à cette histoire des trente-deux pages composées intégralement en minuscules : voilà le contraire même de l’élégance (à moins de considérer comme élégantes les cravates orange sur chemise vert pomme) et de l’intransigeance (car si ce n’est pas sacrifier à la mode des pochettes d’album pop, je n’y comprends plus rien).
09:30 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 mars 2006
Dom Gigadas
Jeudi dernier. 17 h *
Il y a certainement un ouvrage de Balzac qui – sans doute en raison de son inappartenance à La Comédie humaine – n’envahit pas, c’est le moins qu’on puisse dire, la grande Toile, et ce roman se nomme Dom Gigadas, que je viens d’acheter au bouquiniste de la Rue Nationale, pour six euros, dans une édition que même les sites de bibliophilie semblent ignorer (Aubanel, 1958), ne retenant que l’édition des Œuvres de jeunesse où ce titre se trouve accompagné d’autres textes écrits par le cher Honoré entre 1825 et 1829 (et qui sont, paraît-il, bien falots (mais nous verrons)).
* J’avais interrompu ce petit billet pour recevoir une étudiante, et l’avais oublié dans l’ordinateur du bureau, où je viens de le retrouver, la « page » ouverte à l’écran, après une semaine de veille, ce qui montre que l’ordinateur est resté intouché, symptôme des troubles que connaît l’université en ce moment.
J’ajoute que je n’ai toujours pas ouvert le livre en question, ouvrage aux pages non coupées, que je nommerais flambant neuf si, sans qu’il n’ait jamais été lu ni feuilleté, les pages n’en avaient pas irrémédiablement jauni. Entre-temps, j’ai presque fini la lecture de Béatrix, qui est un texte remarquable, une étude d’une grande beauté, aux involutions, aux efflorescences splendides.
09:15 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 février 2006
À la manière de l’Etoilé
Lors de la quinzaine où vous fûtes absent, la demeure tomba dans le silence froid (9°). Vous revenez, plus pétri de doutes quant au sens de votre existence qu’au moment de partir, et pourtant, quoique accablé sous les tâches et travaux divers que vous devez accomplir, quoique vous ayez aussi décidé de ne pas laisser s’enfler ni s’enflammer ce carnet, afin de vous laisser la vie sauve et de rester cantonné, confiné dans ce confort monotone loin de l’écriture mensongère et songeuse, vous rêvez d’écrire, comme naguère, douze notes par jour, dont celle-ci, qui serait publiée dans la foulée, au beau milieu de la fournée. Ce beau mot de fournée d’ailleurs sied à votre emportement, à cet embrasement dès l’aube, car vous vous êtes levé, ce dimanche, comme les boulangers, pour mettre en route le four, pétrir la pâte, que sais-je encore de ce métier qui a quasiment disparu sous sa forme ancienne ?
Vous rêvez donc de coups d’éclat, de notules jetées tels des éclats de silex, et pourtant votre vie n’a pas retrouvé plus calme cours, n’était-ce qu’un très bref séjour dans une ville de moyenne montagne a pu vous permettre d’engranger quelques images qui pourraient, sinon racheter, du moins combler votre silence. Mais vos lecteurs, déçus, resteront prudemment muets, lassés de ce vouvoiement.
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mardi, 14 février 2006
Alfred : Kubin :: Aus : meinem : Leben
La brève autobiographie du génial dessinateur et graveur Alfred Kubin, lue l’autre jour – avant d’être malade – d’un trait, en moins de deux heures, dans mon lit, se signale surtout par son absence totale, malgré les scrutations, de coquetteries et de fioritures. Les chapitres se sont ajoutés au fil du temps, par la sédimentation des envies d’écrire ou de s’expliquer sur son œuvre, qui saisissaient l’artiste. Lecture recommandée à tous les amoureux d’art, d’autobiographie, et de Kubin bien entendu (encore que, par ce désir complet et fondamentalement réussi de rabaissement, le mythe n’en sort en rien grandi) – le sixième et dernier chapitre, par exemple, offre, en creux, l’un des plus beaux textes sur ce que put être l’expérience intime du quotidien dans l’Autriche pendant la seconde guerre mondiale.
Comment, pourtant, ne ferais-je pas remarquer que presque tous les dessins et crayonnés reproduits dans l’édition française sont décevants, presque ternes, en regard des extraordinaires hallucinations des années 1901-1905, qu’il ne va pas jusqu’à renier dans le second chapitre… mais enfin, presque ? Il reste à trouver plus de sources sur l’artiste afin d’affiner mon idée : Kubin, qui n’est connu, de nos jours, que pour ses œuvres de jeunesse, est-il incompris (de moi y compris) ?
Edition française : Ma vie. Allia, 2000.
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