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mardi, 31 mars 2020
272–Kosygin–Piano
Au moment où ça passe en boucle ça passe en boucle et ça passe en boucle et la loupe n’en loupe pas une et la loupe n’en rate pas une et ça passe en boucle à n’en pas rater une à ne rien louper de ce qui passe en boucle et s’écoute en boucle et pour la deuxième fois passe sur le métier mais la deuxième fois est prise dans une boucle aussi bien est-ce la onzième qui passe en boucle et n’en rate pas une en boucle et la loupe n’en rate pas une et l’oreille fait une coche et la boucle passe en boucle et la loupe n’en loupe pas une et le coche ne se rate pas comme le manque est à la manque et mettre la gomme une expression à la gomme et manque et coche et ça passe en boucle et passant en boucle ça ne peut pas manquer ne peut pas rater ne peut louper on ne peut pas gommer le moment où ça passe en boucle au moment où ça passe en boucle.
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271–Ross–Clavecin
Les clés du récit sont dans cette tanière. Où s’abîme la renarde qu’on ne reverra plus, qui était peut-être un renard.
Ressasser cela ne sert à rien, la bouteille à l’encre.
Enchaînements vifs.
Au fond de la tanière vous retrouveriez la clé USB et sur la clé USB des milliers de photographies de l’année 2007, le texte de la traduction de Wizard of the Crow et surtout quatorze livres de 800 pages chacun.
La renarde couvait tout ça. Sous des branchages collants une clé USB poissée de sang.
Un renard n’est pas une poule, ça, jamais.
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270–Campanella–Piano
Des fioritures, farfouillis. Furetages et curetages. Facilités de forgeron pour galvauder la grande musique.
Des fioritures et des bruits de papiers qu’on trifouille.
Des triturations de quoi d’ailleurs, pages d’un programme tournées ou triturées d’une main distraite.
Et pas discrète.
Frimas, frasques de la renarde jamais farfouillant, falbalas et faux-semblants.
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269–Duanduan–Piano
La renarde est rentrée dans sa tanière, s’est rencognée dans ce parage de la Cousinerie où elle se laisse aisément oublier, où par sa discrétion on ne la repère jamais. Pas de renardeaux, pas encore, et peut-être jamais. Mais elle est bien là, au calme, quand elle dort ou quand elle rêve.
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268–Ovodova–Piano
ondines, dans l’eau dansaient
volutes de leurs bras souples
ornementations + piano sonore
dites-le quel désert j’habite
ondines dites-le moi aimables
vertueuses silhouettes d’eau,
amènes créatures nées en rêve
ondines dans l’eau repliaient
vers moi leurs corps souples,
onyx incarnat de cette vision
dites donc quelle fulguration
oh me crève l’œil & la raison
verdure pour envahir l’espace
ardente flamme de ton enfance
(en son centre oui l’enfance)
ondines au jeu dangereux dans
votre danse je dansais, aussi
obstiné qu’en rêvant m’entête
dans la danse ou pour courir,
obstiné, âpre à durer la nuit
vagabond de mon violent désir
à n’amener qu’amènes spectres
ondines dont la danse dans le
volcan tourbillonnant m’avait
oblitéré toute sensation quel
désert j’habitai dites-le moi
oublier le piano & les désirs
violents de ce danger calciné
assourdir les mots en dansant
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267–Van Reenen–Clavecin
les manigances des rois
ne seront rien cher ami
et ton labeur de fourmi
tes débords de hongrois
ta persévérance sauvage
ta mine de pur Caravage
qui suscite les effrois
et hauts cris d’orfraie
et crissements de craie
ami, on rase les parois
en apercevant ta figure
Christ ta bouche pagure
et par ces mages (trois
types un peu niais) que
tu adviennes lentisque,
hippalectryon, lindvorm
Jésus, quelle shitstorm
t’attend & tant effrois
saintetés ici désarrois
autant se crever l’oeil
dieu pas c’que tu crois
l’ami ça lui fait deuil
régler d’autres octrois
14:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
266–Frith–Piano
voilà de la quinine
pour vos fièvres ri
en ne les fait pass
er jappement du chi
en ô chanson canine
pêcher le blackbass
ou insérer un cauri
dans la fente du ma
sque, et de curcuma
assaisonner le yass
a c’est un crime ça
ne rigole pas & qui
sait, la strychnine
donne un goût exqui
s, ton ongle dépeça
la chair du poulet,
et ton poème boulet
imbitable tu l’écri
s, sur la mezzanine
14:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
265–Colombo–Clavecin
le vent agite les
branches du néfli
er, je vois ça de
ma fenêtre fermée
ce vent qui ne s’
arrête jamais net
adieu les stèles,
l’amour du confli
t comme en façade
ou graines germée
s ou bourgeons au
vent devenus vert
s bouquets de feu
illes, écran bleu
du ciel, nuit feu
qu’un vent malheu
reux agite ouvert
14:09 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 mars 2020
264–Leonhardt–Clavecin
Faire des embardées. Traduire ça. Le texte fait des embardées. Non.
La renarde fait des embardées. Non.
Plus banal. La guimbarde fait des embardées.
Plus banal oui il y a cent ans. Cinquante, allez. Le temps fait des embardées.
La renarde déguerpissant fit des embardées dans le livre.
Vent qui souffle froid et fort depuis 36 heures.
La bagnole faisait des embardées sous les coups de butoir du vent qui soufflait fort depuis la veille.
Ah traduire ça.
Le dictionnaire immense recueil d’embardées.
Des embardées d’injures.
Ne me regarde pas comme un empoté.
L’anthurium se déploie, jamais à s’embarder, s’empoigner, s’encagnarder.
Le traducteur : oh, vous voulez ma mort ou quoi ?
Traduire ça, des clous.
Pneus crevés la guimbarde fit une dernière embardée avant de se manger le fossé à pleine vitesse.
A toute allure.
Traducteur, je vous tire mon galure.
16:22 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
263–Baranowska–Piano
Accoutré, fringué comme l’as de pique, sur son treize ou son tiers, le voilà réduit à rien, c’est le temps de la décrépitude, dans sa maison rhabillée de neuf le type décrépit se rappelle un mur décrépi propice à l’imaginaire. Où l’on vient de lire la phrase la plus compliquée du livre. Ah ça dépend pour qui. On est un con. One is a cone. Et de la décrépitude à déguerpir il n’y a qu’un — bond, un saut de renarde affairée à retrouver le terrain vague dans lequel elle pourra sauter à pattes jointes sur le campagnol imprudent.
16:12 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
262–Torretta–Piano
Angers est Genève, à quatorze ans d’écart. Deux septennats plus tard, devenu vieux et décrépit, l’écrivain a arpenté Genève comme autrefois il avait gambadé guilleret dans les rues d’Angers. Il fallait rendre grâce à la gaminerie. Tout jasait aussi sur le Lac Léman, et, depuis le bateau crachant son diesel par gros temps on aperçoit l’estuaire de Bouchemaine.
16:05 Publié dans lactations : déSastre, Unissons, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)
261–Jando–Piano
Genève, ah, Genève ! Ses couleurs, sa tiédeur, la petite butte où finit par se découvrir, dans un pli, la cathédrale ! La virée en vaporetto jaune puant le gazole jusqu’aux immeubles cossus du quartier européen ! Toute la grisaille s’est évanouie en novembre à Genève ! En vingt saccades !
16:01 Publié dans lactations : déSastre, MUS, Novembre d'Angers | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 29 mars 2020
260–Horowitz–Piano
Il sera bientôt sept heures, sept heures d’hier, donc huit heures d’aujourd’hui, et si le volet était ouvert je verrais le jour presque levé, et s’il fallait se lever en semaine pour aller au collège, au lycée et à l’université comme d’ordinaire les gens levés avant 7 h verraient comme chaque année l’idiotie de ce changement d’heure à H+2 et c’est désormais définitif, l’heure à H+2. En une heure j’ai composé mes 8 pièces, avec un doublon même. Il faudra décrire l’habit à boutons dorés du compositeur, ce portrait qui revient si souvent comme par défaut sur YouTube : le manque d’imagination – ou la flemme – des gens, c’est quelque chose tout de même. Et ma flemme, n’en parlons pas, avec cette absence de boutons dorés sur ma vieille robe de chambre dont je n’ai même pas fêté le trentenaire en novembre, accaparé que j’étais à Genève.
07:58 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (2)
259–Borisy–Piano
Raconter la portée de hérissons sous la terrasse, l’an dernier, dans le trou protégé par le yucca. Ce sera plus tard, comme le renard c’était plus tôt, avant. Pour toujours auparavant, à moins que le confinement ne s’éternise et que les animaux sauvages ne recolonisent les villes.
Les salauds ne les laisseront pas.
Dans les Landes, m’a raconté ma mère au téléphone, les salauds profitent de la situation pour faire dix fois plus de saloperies, infractions à toutes les réglementations environnementales imaginables.
Quatorze tirs.
07:49 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
258–Ross–Clavecin
Il y en a eu, des prodromes et des prolégomènes, avant la décision. Il y en a eu, des galops d’essai, avant le livre. Tout le livre, cependant, était déjà dans les galops d’essai.
Il y en a eu, des préambules et des brouillons, pour finir par ne pas savoir si on dirait galop d’essai ou ballon d’essai.
Mon fauteuil qui n’en est pas un est une chaise confortable.
07:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
257–Struhal–Piano
Vous ne pensez pas que j’en ai marre moi de traquer les adjectifs les virgules et qu’il faudra encore reficeler le bazar. Vous ne pensez pas qu’il me tarde la quille et oui d’en finir que je voudrais simplement me caler dans mon fauteuil qui n’en est pas un et écouter jouer Gerda Struhal.
07:35 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
256–Sempé–Clavecin
Quand je demandais à la Présidence de l’Université, 8 jours avant que Macron n’annonce la fermeture de tous les établissements d’enseignement, le 4 mars donc, si l’interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes s’appliquait au site Tanneurs où travaillent en moyenne de 4.000 à 7.000 personnes aux heures les plus chargées (disons, entre 9 h et 17 h), imaginais-je qu’il me faudrait entendre le Premier Ministre affirmer le 28 mars qu’il ne laisserait personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ? Et quand, le 14 mars, j’écrivais que la décision de continuer à convoquer tous les employés de l’Université à venir assurer leur travail la semaine du 16 était irresponsable, et non conforme aux annonces du chef de l’État, étais-je l’irresponsable ? Du retard, et beaucoup, il y en a eu.
07:23 Publié dans 410/500, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
255–Della Torre–Orgue
Zut, je crois avoir écrit plus haut (plus bas) qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement. Or Édouard Philippe a déclaré qu’il ne laisserait personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement. Je suis en train de frapper de nullité la promesse d’Édouard Philippe, vu que j’écris ici encore qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.
Je ne le dis pas ; je l’écris ; est-ce que ça change quelque chose ?
Faut-il que je m’enregistre ?
07:13 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
254–Aussel–Guitare
C’était la veille du dernier changement d’heure ; si j’ai bien compris, après le 29 mars 2020 plus de changement d’heure, et qui pis est ces enfoirés ont choisi H+2 comme heure définitive et permanente. Même si personne ne doit dire que ce sont des enfoirés qui ont choisi H+2 comme heure définitive, j’écris que pour avoir choisi H+2 il faut être des enfoirés.
07:03 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
254–Bardon–Piano
Le Premier Ministre l’a dit hier : il ne laissera personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.
Pourtant, il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.
Si j’arrive à m’approprier pareil charabia, je peux écrire sans mal qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.
06:58 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
253–Tokarski–Clavecin
Dans une immense chambre boisée et capitonnée, les micros rassurants et solides placés au-dessus des marteaux et penchés délicatement captent le son, le capturent pour nos oreilles futures, et ce sont mes oreilles de maintenant, durant le confinement qui, je l’écris, fut décidé trop tard.
06:54 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 mars 2020
252–Leonhardt–Clavecin
C’est une idée, de ne pas ordonner les chapitres dans le livre par ordre chronologique d’écriture mais de rebrasser, à condition – il me semble – de laisser les numéros de chapitres tels quels. On peut faire flèche de tout bois, y compris des animaux sauvages qui vivent près de nous à ras de béton.
Synonymes de poseur, je pose ça là : affecté, esbroufeur, frimeur, pédant, snob, m’as-tu-vu, avantageux, plastronneur, fanfaron, bêcheur, pontife, minaudier, prétentieux, compassé.
Des titres de gloire. Embrayeurs. Les doigts sur le clavier ont besoin de déclics.
Ça pourrait avoir de la gueule, ce livre composé de façon rigoureuse à partir de chapitres (quadrilatères) coupés de leur chronologie, mais en gardant les n° d’opus. La question non résolue consiste à déterminer que faire des doublons (donc des quadrilatères à cinq ou six côtés).
19:02 Publié dans Fall in Love, Fièvre de nombres, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
251–Assad&Assad–Guitares
Qu’il faille écrire tidbit plutôt que titbit, affaire de choix, pas même de géographie. Sortir de ces impératifs souvent discutables liés à des simplifications géographiques. Si j’étais écrivain de langue anglaise, je prendrais la liste de tous les termes écossais de l’OED, par exemple, et j’essaierais d’écrire un texte unique en les utilisant tous. Ce genre de connerie quoi. Et qu’en anglais nichon et mésange se disent pareil, ça vous évoque quoi. Toujours ces questions qui n’en sont pas. Tidbit et titbit sont au diapason.
18:54 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
250–Soyeon–Piano
Un mec avec un maillot rayé de rugby passe en courant, à deux à l’heure. Le hérisson de l’an dernier le dépasserait sans mal.
Non, je trouve ça poseur, creux, ce truc de se la jouer, j’écoute Scarlatti et j’écris à partir de Scarlatti.
Ce n’est pas cela.
Juchée sur le lampadaire, une tourterelle se nettoie vigoureusement les ailes.
C’est curieux, chez les marins.
18:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
249–Hantaï–Clavecin
Le portefeuille rose contient des millions en petites coupures, en signes cabalistiques gris foncé. Foncez. La guimbarde emporte le portefeuille rose avec son propriétaire un couteau dans la nuque (aïe). Pour cailler, ça caille. Franchement, Fanchon, tu crois que ça amuse qui ? Quiproquo.
18:42 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
248–Brodin–Clavecin
Toutes les métaphores ont été usées, jusqu’à la corde, et ravalées, jusqu’à la gueule. Au point de les rembarrer, tout confondre. L’apocope a de quoi séduire. L’apo a de quoi séd. Les métaphores n’en peuvent mais : orée du texte, lisière d’un bois (j’en ramasse).
Les feuilles de néflier, par cinq, ont poussé de plusieurs centimètres, en à peine deux semaines. Je ne vois qu’un des deux néfliers, de la fenêtre où je travaille. Est-ce que ça change quelque chose, volets fermés ou fenêtre donnant sur le bleu du ciel, le lampadaire, le crépi du 9, la barrière en plastique vert renforcé, et surtout donc le néflier. À la façon d’écrire ou à l’écriture, veux-je dire : est-ce que ça change quelque chose ? Hier en fin d’après-midi une pie s’approchait en sautillant du cageot à godasses. Cinq.
Les services de réa sont d’ores et déjà saturés.
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247–Gilels–Piano
Le type qui n’a pas revu le renard la renarde, et qui n’a pas encore parlé de la portée de hérissons sous la dalle la terrasse, porte un gilet rayé et vous convie : à la revoyure ! Il n’a pas encore décidé s’il garderait l’ordre des chapitres ou s’il donnerait un coup de pied dans la fourmilière. Et puis quand ça serait un livre, vous n’en réchapperiez pas.
Il parle de son porte-clés en moins de 280 signes (ça laisse à désirer).
Le type qui n’a pas encore évoqué la portée de hérissons rêve en clé de sol (ça ne s’invente pas).
07:56 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
247–Gilels–Piano
Le type qui n’a pas revu le renard la renarde, et qui n’a pas encore parlé de la portée de hérissons sous la dalle la terrasse, porte un gilet rayé et vous convie : à la revoyure ! Il n’a pas encore décidé s’il garderait l’ordre des chapitres ou s’il donnerait un coup de pied dans la fourmilière. Et puis quand ça serait un livre, vous n’en réchapperiez pas.
Il parle de son porte-clés en moins de 280 signes (ça laisse à désirer).
Le type qui n’a pas encore évoqué la portée de hérissons rêve en clé de sol (ça ne s’invente pas).
07:17 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
246–Andjaparidze–Piano
Sur le carreau. Je voulais commencer par là, mes pieds glacés malgré les chaussettes et à cause de l’oubli, à la chambre, des pantoufles, une scène d’écriture vraiment minable. Mais il ne faut pas lésiner. Doigts froids aussi, et volets fermés, bref à peine brossé ce tableau tout de suite à jeter à la benne. La veine annonce le venin ; saturation des réseaux.
07:08 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
245–Rotarie–Accordéon
Les postiers désormais passent trois fois par semaine, au plus. Les hôpitaux connaissent l’urgence inverse, services de réa saturés en Europe – partout bientôt ? Une moustique accélère (encore) la course du temps. Ne pas connaître le terme, cela demande un peu de patience face au clavier.
07:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
245–Malcolm–Clavecin
La course contre le temps, les hôpitaux connaissent cela, services de réanimation saturés en Europe – partout bientôt ? Sous la moustiquaire on aurait pu composer des chants (d’éloge). Ne pas savoir où ça mène, ne pas connaître le terme. Les éboueurs passent moins souvent que la factrice.
07:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 26 mars 2020
244–Filipec–Piano
Elle a rêvé du fennec, alors elle m’en a parlé, au téléphone évidemment.
Distanciation sociale.
Avoir traduit un poème sous ce titre aujourd’hui, et être toujours aussi bête.
Une amie qui rêve d’un fennec, du fennec, je ne sais plus.
Et moi je me rappelle soudain que le tournant du livre, désormais, le quinzième tournant du livre ou peu s’en faut, ce devait être le hérisson.
La portée de hérissons sous la terrasse.
L’an dernier, il paraît, j’aurais dit il y a deux ans.
La portée de hérissons, et qu’importe le flacon.
Qu’emporte la sonate ces pages arrachées à la nuit.
On est face à son clavier ainsi, et l’amie raconte ses escapades provençales, le rêve du fennec, tandis que les photos du tinamou huppé, du vanneau tréro et du tatou pichi.
Vagues rouges, ça ne s’invente pas.
Verre cassé.
Socialisation distante, comme l’étoile de mon luminaire.
22:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
243–Belder–Clavecin
Moi aussi j’ai mes deadlines hein, je sais quel butoir toucher au 31 mars, ce n’est pas dans longtemps je vous ferai remarquer. Un verre casse, je ne vais pas rompre le couvre-feu pour si peu.
Imaginer le sous-sol d’un pavillon dans un coin de La Membrolle envahi par les caisses et les cageots de verre à recycler.
Le poivrot, quand passe-t-il nous siroter l’apéro. Clope au bec on se salue, bien franchouillards les mecs, surtout ne changez rien à vos menées, et pas marcher sur vos brisées.
Ça y est, ça me revient : le hérisson.
22:25 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
242–Debargue–Piano
Du haut de l’hélicoptère on t’envoie par vingt brasses de fond, cabine téléphonique, on te largue, aspirateur lourd buté sur la madrague. Je revois bien les trois machines à écrire sur lesquelles j’ai écrit des paquets de textes, très enfant sur la petite Olivetti, adolescent à Talence sur une plus reluisante aux touches douces. Les éboueurs passeront, quand.
22:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
241–Afanasova–Piano
Quel est ton thème quel est ton texte à quelle espèce appartiens-tu ? Toi aussi essaie d’écrire en pantoufles clope au bec et sans jamais te recoiffer, fastoche même en temps de confinement avec toutes échoppes de coiffure closes. Ça y va ça y va ça y va ça y va. Le ruban casse pas grave.
22:17 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
Cynthia Atkins — Social Distancing ::: Distanciation sociale
Cynthia Atkins — Social Distancing
(anthologie publiée par Vox Populi, éd. Michael Simms)
Distanciation sociale
My ex-brother-in-law died this week
Mon ex-beau-frère est mort cette semaine
in the middle of a Tsunami pandemic, this illness
en plein cœur d’une pandémie tsunami, ce virus
of global might. And at this moment, when
de force planétaire. Pile au moment où
the world is shutting down of each last concert
le monde clôt la porte aux concerts
and diner— I’m remembering that it was he
et aux restaus, je me rappelle que c’est lui
that taught me about Jazz. At 15, my friends
qui m’a initiée au jazz. J’avais quinze ans, mes potes
listening to Peter Frampton, as I inhaled
écoutaient Peter Frampton, et moi, dans mes poumons
Miles Davis, Stanley Turrentine, Coltrane’s
soufflaient les longues voyelles sonores de Coltrane,
long vowels of sound. Today, the news is bleak,
Miles Davis et Stanley Turrentine. Triste nouvelle,
and it’s not too far-fetched to imagine
et il n’est pas exclu que nous respirerons
all of us breathing with masks on. We will not be
bientôt un masque sur la figure. Nous ne porterons
getting dressed for weddings or funerals
plus de longtemps nos plus beaux habits pour
any time soon—all markers of life—be damned.
enterrements ou noces, ces jalons de nos vies—au diable !
Nocturnes in the moon light, where people
Des nocturnes au clair de lune : les gens
are singing Acappella out their windows.
chantent a cappella à leurs fenêtres.
Stitch by stitch, we pick up where
Petit à petit, nous reprenons le fil
we left off. Now file this under
où nous l’avions laissé. Qu’importe si la veine
biblical or epic---Our daily rituals
est épique ou biblique : nos rituels quotidiens
parted like an ocean. Invisible venom
se sont ouverts en deux comme la mer. Venin invisible
in the snake’s jaw--now, human laws keep us
sous les crochets du serpent : force de loi nous empêche
six inches apart, keep us from touch.
de nous toucher et nous tient à six pouces.
Awash in all our natures, this will be
À nous baigner en nous-mêmes nous saurons
the portent of who we really are. A new normal—
enfin qui nous sommes. Voici la norme à présent :
comedians without laughter, jazz without
des comédiens mais aucun rire, du jazz sans
smoky rooms, burying my ex-brother-in law
salles enfumées—les obsèques de mon ex-beau-frère :
with a prayer and lethal hands.
une prière, et des mains qui portent la mort.
(traduction Guillaume Cingal)
17:32 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)
240–Puyana–Clavecin
Délaissés-pour-compte.
En solde les pas-bien-nés. Soldés, aux fraises ! Le corps virulent jeté au fond de la crevasse. Qu’on s’en fout de vos garriguettes, on préfère les maras des bois.
Aux pommes dans la baignoire, un couteau ousque je pense !...
Les pas-bien-nés, les crève-la-faim, ouste, au chantier sans masque et sans prime.
Ça n’en parle pas, coco, dans ta rhétorique de service après-vente.
Traits d’union partout, syndicats nulle part.
Traits d’union partout, individualisme & applaudissements aux fenêtres surtout.
Le justaucorps jusqu’au haut du corps. Quelle morgue ! Aux pivoines, je vous dis ! Aux petits oignons… la morgue que c’est… Mulhouse I lost lost.
Dès demain à l’heure où croupit la bronchiolite je ne comprendrai pas moi-même ce que j’ai écrit.
Normal, j’expectore.
Le duc d’Orléans richement vêtu, et moi en pyjous. Honoré !
09:30 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
239–Wellborn–Piano
L’échange sans les corps – ou seulement avec leur fantôme, leur fantasme, leur projection caverneuse – est donc possible… ou illusoire ?
Possible, allons, pas de scepticisme.
La nation apprenante (autre formule débile que l’on pourra porter au débit de Blanquer et de son équipe de branquignols) le sait, en toute positivité du fantasme.
Ça galope sur le clavier.
L’échange sans la présence réelle des corps est donc possible. Et donc, vlan, continuité pédagogique. Ce n’est pas la bite de Benjamin Griveaux qui me dira le contraire.
09:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
238–Larson–Piano
Échanger, qu’est-ce, au fond ? Comment échanger sans jamais que les corps ne s’approchent ? Les moyens techniques aident à ça, bien sûr, de sorte que la fameuse « continuité pédagogique » est grandement facilitée par le Web et ses divers biais.
Oubliés de la parade, les enfants, adolescents et adultes avec peu de matériel informatique sont laissés pour compte.
09:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
237–Grante–Piano
Le moi est haïssable certes, mais si tel est notre seul accès au monde, ou presque (c’est-à-dire qu’on n’accède au monde qu’en échangeant soi-même avec autrui), en découle-t-il que c’est le monde qui est haïssable, ou l’accès au monde ?
Les éboueurs passeront selon un calendrier aléatoire.
09:07 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 22 mars 2020
236–Colombo–Piano
L’océan qui outrepasse la Loire sans emprunter les ponts pointe en haut de la butte, s’immisce coule tranquillement, arrive au muret où il s’arrête, interrompant mes réflexions sur je ne sais quoi, peut-être sur le marc de café jonchant l’herbe, avec les plumes du ramier qui a heurté hier la vitre du bureau mais dont on n’a pas retrouvé le cadavre même en regardant aussitôt, il était reparti, n’y laissant que quelques plumes, et donc l’océan s’arrête là au muret, sans insister, sans refluer non plus, la voisine d’en face me salue en me répétant plusieurs fois « je suis vaccinée de toute façon » et « ils nous embêtent avec leurs histoires ».
Une palombe de sinople sur la toge, j’observe la marée.
Quand l’océan a englouti mon texte sans m’engloutir moi-même j’ai été drôlement content, j’ai sniffé le marc pour la peine, on se gondole.
18:07 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
235–Ares–Clavecin
Tous ces béliers qui se sont enfuis, qui courent de par les rues de toutes les villes, ne rendront pas la renarde. Je tournais depuis plus d’une heure autour de ma maison, trop cassé, trop lassé pour remplir une énième attestation ou pour retrouver la gomme me permettant de réemployer la même pour la troisième fois en six jours et je marchais donc dans mon jardin, avec les murets, les escaliers, les petites pentes, en observant chaque plante et chaque objet, chaque débris minuscule, chaque recoin du ciel. De rudes béliers !
17:59 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
234–Fedeli–Piano
Tandis que l’océan et les mers partout descendaient, que l’estran et le rivage devenaient invisibles, cinquante-et-une stations balnéaires, de par le monde, ont été englouties. Aucun expert ne comprend. Les papillons qui butinaient les mûriers errent, en peine. Mme Pénicaud s’affole : le cours de l’action de Pierre & Vacances a chuté de 31% en 1 seule séance.
17:51 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)
233–Demeyere–Clavecin
Cette nuit, les mers ont commencé de descendre. Brusquement. Puis se sont arrêtées.
Contre toute attente, à l’opposé des scénarios scientifiques récents.
Bien des gens, et même des experts, se demandent si ce phénomène est lié à la pandémie.
M. Emmanuel Macron s’inquiète : la Bourse dévisse.
17:45 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 21 mars 2020
232 –Mancilla–Guitare
Cent signes pile. Quelle coïncidence est-ce là. Et surtout être arrivé à écrire presque mille signes en quatre minutes pour se retrouver à devoir retrancher. En quarante secondes. Il y parvint, mais non sans rendre étrange son texte, ce qui n’a rien pour le rebuter, d’ordinaire.
[S’ensuit phrase avec jeux de mots idiots sur le mot rebut. Caviardons-la !]
Sur le point de battre le record du quadrilatère le plus rapide, le fumet de la soupe de poireaux lui baignant les naseaux, le bourrin l’écrivain découvre que cette sonate existe aussi dans d’autres transcriptions et la tentation est trop grande.
L’araignée à six pattes ou la renarde près des parpaings deviennent ses figures tutélaires.
[Pourquoi tutélaires plutôt que titulaires ? Les dieux lares sont hilares.]
Il s’en passe, des belles, mais aucune « réinvention de la littérature ».
11:01 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
232 –De Preissac–Harpe
Au moment de clore son texte l’écrivain petit-bourgeois voyant qu’il restait quarante secondes avant la fin de la sonate découvrit que le texte était trop long de cent signes, de cent signes précisément. Et doit donc retrancher. En quarante secondes. Il y parvient mais non sans rendre étrange son texte, ce qui ne le rebute pas.
Phrases rebutées, virgules retranchées, et l’écrivain petit-bourgeois lui-même mis au rebut. Sur le point de battre le record du quadrilatère le plus rapide sa soupe faite le type découvre que cette sonate existe aussi dans des transcriptions pour guitare ou pour harpe et la tentation est trop grande. Le mouton à cinq pattes ou la renarde sous le merisier sont des figures.
L’écrivain petit-bourgeois réinvente petitement la géométrie. Et la biologie aussi.
On attendait de toi que tu réinventes la littérature.
10:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
232 –Carrieri–Clavecin
En train de battre le record du quadrilatère le plus rapide l’écrivain petit-bourgeois sa soupe faite & son texte écrit à propos de la soupe qu’il fit (et qui cuit en faisant elle aussi déborder le couvercle) découvre que la sonate existe aussi dans des transcriptions pour guitare ou pour harpe et la tentation est trop grande pour qu’il y résiste : on va encore se retrouver avec sur les bras ou devant nos yeux qui n’en peuvent mais un quadrilatère à six côtés.
L’écrivain petit-bourgeois réinvente petitement la géométrie. Comme il est nul en mathématiques il ignore si la question des nombres premiers relève aussi de la géométrie ou s’y applique. Même le vocabulaire pour se faire comprendre manque. Y a-t-il une application géométrique du fait que le nombre 2020 soit un des rares à être la somme de quatre carrés premiers consécutifs.
10:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
231–Dupouy–Clavecin
On veut un texte qui déborde de partout, pas un texte économe.
Cette phrase m’a été dictée par une première phrase, qui n’est donc pas la première (phrase zéro ?), et pas même une phrase, plutôt une bribe : la soupe se prépare avec un économe.
Un épluche-légumes, si vous voulez.
Qu’en anglais souvent avec hyponyme on nomme potato-peeler.
Toujours la métaphore vaseuse se faufile : économe > économe.
Toujours.
Toujours est-il que ce qui importe c’est l’idée du texte qui déborde, de partout ; plus de couvercle à confiner.
Onze clore.
10:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
230–Jordan–Piano
L’écrivain petit-bourgeois fait sa soupe de petit-bourgeois tandis que remontent les saveurs de l’enfance et les souvenirs encore frais, voir mon père jardiner. L’asyndète n’est pas gênante ; l’écrivain petit-bourgeois se goberge de ce genre de vétille sans péril. Surtout éplucher et couper l’oignon sans pleurer. La soupe cuit dans le faitout fenêtre ouverte.
10:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
229–Mažuran–Clavecin
J’ai coupé et épluché des carottes, nettoyé et émincé des poireaux, pelé et coupé un navet, déposé un bouquet garni, épluché et coupé des pommes de terre (me suis trompé dans l’ordre des verbes pour les carottes), épluché et coupé un oignon (sans pleurer). Voilà ma soupe aux cinq légumes.
10:30 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 20 mars 2020
228–Speranto–Clavecin
J’écrirai bientôt un dernier texte au sujet des écrivains qui publient leur journal du confinement et j’en serai débarrassé, de cette gangrène, de ce cancer, de cette peste. Le truc qui est venu briser mon bouquin, faire bifurquer ma trajectoire, je devrais le saluer, l’admettre, l’accueillir. Non. Je ne le fais pas.
Non. Je ne le fais. Au lieu de cela je râle et vitupère. Pourtant un truc qui bifurque depuis le début je ne cherche que ça, et puis le grave virus était déjà là fin 2019, j’eusse dû être plus clairvoyant. Mais un renard qui fait dérailler mon train, ça je le veux.
Choisir enfermé en soi-même ce qui sied comme dérangement, ce n’est guère stoïcien. Quelle surprise.
Au moins je garde la voie tracée par le clavier.
Tant que le clavier (désinfecté ou pas, qu’importe à ce stade) me guide, je ne suis pas égaré, éperdu à crier.
17:48 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
227–Beloica–Accordéon
Les tombeaux sont placés aux frontières des deux mondes, dans la Bartonie, à la limite de la Sudavie, près d'un lac d'où sort la rivière d'Angerap. Dans un suprême effort les régiments éloignés pourraient donc mettre sur pied une armée de 100000 hommes, à la lisière de la Picardie et de l'Île-de-France, contrée bâtarde où le langage est sans accentuation. Aux bords de l'humaine nature demeurant j'étais mûr pour le trépas, et, par une route de dangers, ma faiblesse me menait aux frontières du monde et de la Cimmérie. Accord.
17:42 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre, Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)
227–Papadakis–Piano
Les tombeaux sont placés aux confins des deux mondes. Elle est dans la Bartonie, aux confins de la Sudavie, près d'un lac d'où sort la rivière d'Angerap. Dans un suprême effort les confins pourraient donc mettre sur pied une armée de 100,000 hommes. On est ici sur les confins de la Picardie et de l'Île-de-France, contréebâtardeoùlelangageestsansaccentuation. Sur les confins de l'humaine nature demeurant. J'étais mûr pour le trépas, et, par une route de dangers, ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie.
17:37 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
226–Martinoli–Clavecin
La clé des confins. Du Sénégal au Cameroun par les confins libyens. Aux confins de la science. La Trilogie des confins. Le fer aux confins de la vie. Aux confins des ténèbres : les fous littéraires. Les confins albanais administrés par la France. Les confins du jour. Le Forez pittoresque et monumental: description du département de la Loire et de ses confins.
17:29 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
225–Rubinsky–Piano
Je veux mettre confin au singulier. Ce sont les confins, c’est le confinement. Ce mot partout qui a déjà envahi comme un cancer mon livre. Il faudrait savoir déraison gagner et s’y soustraire ; je vais donc épuiser ce mot, le démultiplier, et puis j’en serai débarrassé de cette gangrène !
17:19 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 19 mars 2020
224–Haas–Clavecin
ainsi irait la quête du graal
avec des sourcils, des gaffes
pour pousser cette pirogue et
avancer sur le canal jouer du
chaabi ou quelque raag, usant
de sourcils là sur les signes
Charon mène pépouze sa barque
le vieux pépère maastrichtien
titube et s’étale de son long
ce n’est rien dit-il je me re
lève, il reste affalé & caron
sourcil inversé oublié dessus
la pétoire du poulet baasiste
(var. : le flingue du flic ir
akien) mène idem le canot qui
s’avère être une gondole (ai-
je une tête à mener l’enquête
) les boys bandent dit Solaar
& ça remonte à loin ça va che
rcher dans les quoi la vache,
alors que lisant Aïgui, l’œil
aiguisé à l’affût tchouvache,
comme l’oreille à l’afrikaans
en lisant Breyten jadis oh ça
ne rime à rien joseph d’arima
thie je t’implore, c’est bête
ne pas savoir quel terme rima
pour qu’un vers intraatomique
s’immisce au poème quantique.
11:35 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
223–Colombo–Piano
à Françoise Guichard
choisir le premier vers
est parfois rude tâche,
et avoir plusieurs fers
au feu quel cache-cache
qu’Athéna aux yeux pers
ne juge pas qu’on gâche
l’eau glauque des mers,
oh d’algues façon bâche
plastique trouée dévers
ées sur nos étés, lâche
ment tel le vil pervers
bouclé à ce qu’on sache
avance, & de jeux amers
qu’on reprenne ou lâche
tu fabules tes univers,
ne fais pas le bravache
à croire que tu te sers
1 bonne part du potache
(l’alsacienne se fâche,
son accent pas du Gers)
marchant dans les abers
trouver ça un peu vache
choisir le dernier vers
10:57 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
222–Ross–Clavecin
ent bon les jonquil
les sentent bon les
néfliers verdissent
de frais de tendre,
dans le parfum doux
des jonquilles, qui
embaument, fleurent
bon le petit mousin
a dit de fleurir et
nous avons dansé la
danse du limousin l
es coronilles de le
ur jaune de leur ve
rt sentent bon & le
s jonquilles senten
t bon & zéro kérosè
ne largué par avion
ainsi ça fleure bon
10:25 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
221–Grante–Piano
commencer par les
bourgeons des néf
liers dont le ver
t apparaît, cette
semaine d’avant-p
rintemps, vert oh
si tendre, ne par
ler que de cela &
oublier le reste,
allons, tu parles
de rien autre déf
initivement hiver
nant, une recette
facile, l’avant-p
ropos (d’Atropos)
vert doux à l’est
uaire si funeste.
09:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 18 mars 2020
220–Aldini–Épinette
Je griffonne des idées de textes au dos de feuilles récupérées à la fac, et sur lesquelles se trouve un exercice de compréhension anglaise de première année que je parviens à faire, mais sans comprendre deux des quatre dessins de Gary Larson qui le constituent.
4 dessins pour un quadrilatère.
Il manque les légendes (c’est le sens de l’exercice).
À la fourche d’un arbre, un nid sur lequel est posé une jeannette avec un fer à repasser fumant.
Dans une cour de prison un sergent qui allume la cigarette d’un condamné à mort lorgne d’un air affolé vers ses trois acolytes, fusil en joue, tandis qu’à l’arrière-plan, à la fenêtre d’une maison en flammes une femme crie au feu.
Un vieillard (Dieu ?) sort du four un plat contenant une planète fumante ; un paquet de EarthQuik est posé sur la table de la cuisine.
Trois dinosaures fument en cachette.
07:34 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre, MAS | Lien permanent | Commentaires (1)
219–Haas–Clavecin
Se passer les mains sur le visage, la main droite plus froide, afin de soulager sa migraine. Hier, le thé détox. C’est plus pour boire quelque chose de chaud et vider les placards. Bizarre cette manière de considérer que tout doit disparaître, inquiétant présage aussi tandis que monte le rhume.
Deux grandes mugs de thé détox auront éloigné le rhume qui montait. Dans le roman la narratrice trouve des aliments périmés depuis des années, qu’elle consomme, et ici, le poivre périmé en 2007 arrache encore la gueule, dans la soupe.
07:16 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
218–Kuzmina–Piano
La poubelle jaune sur le trottoir que je prends presque à chaque fois – depuis la cuisine – pour la silhouette de la voisine en robe de chambre a été laissée là depuis lundi par la voisine d’en face, et il va bien falloir lui dire que les éboueurs ne passeront plus que pour les ordures ménagères (donc pas la poubelle jaune), et encore pas aux jours habituels.
07:09 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
217–Daito–Clavecin
Il paraît que dès cette après-midi on entend beaucoup moins de voitures. Premières heures du confinement (mardi 17).
Mais les hélicoptères.
Mais le kärcher.
Peu de chiens en laisse ou autrement depuis dimanche.
Raser : apprendre à composer des phrases d’un seul tenant, dans la coulée de lave.
07:04 Publié dans Aujourd'hier, Diableries manuelles, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
216–Bae–Clavecin
Devant lui, sur le plateau du bureau, les griffonnages de la veille, qui serviront aux compositions futures. Ne pas oublier, bientôt, de rester sur son pré carré.
Ces types jouaient comme des peintres, on leur a mis une de ces pâtées…
L’autre qui se pointe en chien parce qu’il a vu ma pote pleurer, je te dis pas.
Revenir aux poteaux carrés de 1976, la kyrielle a fait long feu.
Ou pas, à pas feutrés.
Le défenseur s’emmêla les crayons : but contre son camp.
J’ai un œil à Paris et l’autre à Pontoise.
Le vieillard attablé voulait qu’on le serve gratis.
Quelques lecteurs m’écrivent pour me dire que je suis un raseur, mais déjà je m’étonne d’avoir des lecteurs.
Impression de parler à un mur.
Cette fois-ci plus d’idée de rebond et tant mieux car sinon c’est lui qui finirait toutes proportions gardées par marquer contre son camp.
Contre son quand ?
06:54 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
215–McCabe–Piano
Où. Quoi. Comment.
Édouard Philippe dit que les ouvriers peuvent travailler sur les chantiers, mais qu’on ne peut pas se rendre à l’enterrement de son meilleur ami.
Dans quel. Monde. Pourquoi.
Ce gouvernement peut tenter de se peinturlurer, de se repeindre en rouge, de maquiller ses forfaitures de ces trois dernières années sous un rimmel puant de fausseté, la vérité en demeure de tels discours démontrant l’absence d’humanité.
D’où.
Oui, interdire d’assister aux obsèques, mais aussi tout travail non essentiel.
Par quelle vilenie.
06:43 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
214–Andreeva–Piano
Mélismes, douceurs, rubatos. Je parle ici de l’interprétation d’Eduard Kunz dans la 213, propos déplacé. L’irruption du renard sera nettement plus convaincante. Difficile toujours de faire concorder, et puis si on cherche le point de rupture autant avec Isidore Isou se déterminer à la discrépance. Battre la campagne, en demeurant en ville (tours de “jardin”).
06:33 Publié dans lactations : déSastre, MUS, Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (0)
213–Kunz–Piano
Reverrons-nous le renard, maintenant que nous sommes confinés ? Lui (ou elle) ne l’est pas. Cette image — ce moment — qui demeure malgré tout, et pourquoi. Est-ce son pouvoir d’irruption. La bête brisant la mise en scène, l’ordonnancement. D’ailleurs ce texte toujours cherche à se rompre.
06:25 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 17 mars 2020
212–Aubin–Clavecin
Clavier où je cherche un horizon, où je me triture. On n’a pas vu la fin de ce long chemin, à moins que je ne clabote à m’en époumoner en ce printemps singulier. Naïf. Faudrait que je finisse ces 555 textes sans trop tarder, pour en faire mon opus posthume. Il paraît que parler des malheurs ne les fait pas advenir. N’empêche que la superstition a de beaux jours devant elle, d’autant que les mêmes abrutis qui gueulent après toute la misère du monde et n’auraient pas un regard pour les réfugiés ni une pensée pour ces gens qui fuient guerres et atrocités se ruent pour dévaliser les rayonnages et provoquer une pénurie de papier toilette. Sans commentaire.
Connards. Ordures. N’y a-t-il pas d’autre mot, moins ordurier justement ? Faquins, vous plaisantez : fumiers. Intempérance du verbe quand le réel n’est pas tiède. Nuisibles. Salauds.
17:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
211–Zahharenkova–Piano
Les mesures de confinement varient en fonction des gens : la taille de ton salon, la taille de ton jardin. Non, pas ce à quoi vous pensiez. Et le taille-haie : comme aux beaux jours le bordel des chignoles remplace le tohu-bohu des autos. Odeur des crèmes au chocolat, dans la cuisine en ébullition. Soleil tiède sur les neurones froids. Et comme ça bataille. L’appétit aiguisé appliquer le taille-crayon au logiciel de traitement de texte. Enlève-moi cette phrase. Tohu-bohu panpan cucul. Tailler un costard à la manie de citer.
17:12 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
210–Ross–Clavecin
Ça ne confine pas, ne se confine pas, on ne se confine pas, donc ça confine à l’absurde.
Confiner à l’absurde n’est pas se confire dans l’absurdité.
Ou l’aberration.
Vous aberrez, ignorez-vous les mesures de confinement ?
Les mesures de confinement varient en fonction des gens : la taille de ton salon, la taille de ton jardin.
Ne pas se confier à son meilleur ami.
17:07 Publié dans lactations : déSastre, MOTS, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)
209–Vlahek–Piano
Quelques heures après l’entrée en vigueur des mesures de confinement, je suis allé me promener et n’ayant pas de raison valable, j’ai ramassé plusieurs crottes de chien que j’ai ensuite trimbalées dans un seau, prenant au mot le ministre : « accompagnement des besoins naturels du chien ».
16:54 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
208–Mesirca–Guitare
Pendant que mon chien tenu en laisse accomplit ses besoins naturels j’exhibe l’attestation me donnant le droit à cette sortie quotidienne, quoique personne ne l’ait demandée et même s’il n’y a pas un chat aux alentours.
Ma gabardine est rembourrée.
J’ai bien des attestations dans les poches de ma gabardine.
J’ai une attestation qui m’autorise à aller à la jardinerie, qui est fermée.
J’ai une attestation qui m’autorise à aller pousser de la fonte sur les bords de Loire.
J’ai une attestation pour aller porter un petit pot de tapenade à ma vieille bisaïeule de l’autre côté du périphérique.
J’ai une attestation qui m’autorise à faire les courses ainsi qu’à faire faire son tour quotidien au chien.
Il y a même une circulaire qui m’autorise à aérer le bocal du poisson rouge.
J’ai une attestation qui m’autorise à arroser mon anthurium.
J’atteste.
07:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
208–Rondeau–Clavecin
Pendant que mon chien accomplit ses besoins naturels je déplie mon attestation pour la montrer au policier qui la réclame et qui, satisfait de voir que je n’enfreins pas le décret sur l’accompagnement des besoins naturels de l’animal domestique de genre canidé (c’est le nom officiel du décret), commence à vitupérer les gilets jaunes, et comme je lui demande si là est vraiment encore le problème, lui, non sans me menacer de me coller 1 insulte à agent (qu’eût-ce été si j’avais dit qu’il avait mieux à faire que débiter des opinions rudimentaires à un pékin tenant une laisse), il m’explique doctement que le Covid19 est un gilet jaune, et même une manipulation des gilets jaunes, que les courbes de cas et de décès sont toujours en jaune, et que les représentations du virus sont toujours de forme de rond-point, n’est-ce pas une preuve.
07:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
208–Schiff–Piano
Pendant que mon chien chie je déplie mon attestation pour le policier qui me la réclame.
Pendant que mon chien s’ébroue je demande au policier de m’expliquer ce que signifie « accompagnement des besoins naturels du chien ».
Pendant que mon chien piaffe, j’explique au policier que son ministre n’a pas bien agencé les mots.
Pendant que mon chien s’excite sur la botte du policier en la prenant pour quelque femelle – dieu seul sait où se cachent les phéromones et où se tapit l’infernal virus – le policier me lance : Le moindre solécisme en parlant vous irrite / Mais vous en faites, vous, d’étranges en conduite.
Pendant que mon chien s’éclate je déclame du Rimbaud avec le flic.
Pendant que mon chien s’essuie la rondelle avec un des 712 rouleaux de P.Q. que le policier prévoyant garde dans sa voiture, je m’enfuis en lui laissant la laisse.
07:14 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
207–Belder–Clavecin
L’homme esseulé désormais confiné se rédige une attestation pour aller chez le psychiatre.
L’homme esseulé confiné se rédige une attestation pour aller acheter le pain.
L’homme désormais confiné se rédige une attestation pour travailler.
L’homme esseulé désormais se rédige une attestation, pour se promener (son activité physique).
L’homme seul désormais confiné se rédige une attestation pour faire chier son chien (une fois par jour seulement).
L’homme esseulé aussi confiné se rédige une attestation pour ne pas prendre une prune.
07:06 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
206–Perahia–Piano
Nous qui portions chemises à jabot…
De liserons, de lierre.
Sisyphe pousse un lourd rocher, pas une pierre.
Ici se situe un tournant. Mais tout le texte n’est fait que de tournants. Volte-face. À ne pas savoir quel est le pluriel de volte-face : des volte-faces ? des voltes-faces ? des volte-face ? Je penchais pour la dernière (invariable).
Le renard de s’enfuir.
06:57 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
205–Puyana–Clavecin
Volets fermés, insomniaque, fatigué déjà du travail accompli, j’arrête pendant une minute pour ne rien faire d’autre ça : écouter Rafael Puyana.
Au casque.
Ni gel ni masque.
Ça y est, ça recommence.
Une minute sans penser au tumulte du monde ? Et même cinq ?
Est-ce trop demander, foutu crâne ?
06:51 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 mars 2020
204–Passos–Clavecin
Pourquoi donc serais-je coupable ?
C’est simple.
J’ai décidé de commencer le 1er janvier 2020 ce texte, composé de quadrilatères de 2.020 signes, et donc de 555 textes composés en écoutant de manière linéaire les sonates de Scarlatti selon l’ordre du catalogue Kirkpatrick.
En choisissant le titre à l’aide d’anagrammes j’ai jeté mon dévolu sur le titre provisoire qui reste celui de la rubrique rassemblant tous les textes (y compris les doublons ou côtés doubles formant des quadrilatères à cinq côtés (je me comprends)). Or ce titre contient le mot désastre, avec un S majuscule rappelant la majuscule du nom de Scarlatti, donc : déSastre.
On peut aussi imaginer, me direz-vous (mais tu sais que tu parles tout seul), que ce soit l’année 2020 qui était vouée au cataclysme avec la structure arithmétique singulière qui caractérise son nombre.
15:39 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
203–Furlan–Piano
Il va y avoir matière à reparler de ce confinement mais au moment de reprendre le clavier (pour ce texte, car les ordinateurs n’ont cessé de chauffer pour le travail (le texte est un travail, mais enfin là n’est pas le sujet, je me comprends (me comprend-on ? je ne sais))), il m’apparaît (est-ce une anacoluthe ?) que je suis peut-être le seul coupable de tout ce qui se produit.
Le seul coupable, diantre ! Et pourquoi diable ?
Eh bien, c’est ce qui sera expliqué dans le §204 de ce texte, dans quelques instants… soyez patients…
15:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
202–Kozlova–Piano
En quatre jours passer du déni à la plus grande détermination.
Je résume : jeudi dernier les écoles étaient encore ouvertes, et les gens qui comme moi réclamaient des mesures fortes (fermetures et confinement) passaient pour des agités, des agitateurs. Quatre jours plus tard on se prépare à un confinement long de toute la population.
Mieux vaut tard que jamais.
15:10 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
201–Jando–Piano
Gardons, savourons ce moment de gaieté.
J’aime entendre ce doux roulis, le clapotis de cette mélodie aux confins du rêve.
Oh, il a écrit le mot confins !
L’harmonie, rompue ?
Newton cassa la mise en scène.
Non, pas Newton : Covid19.
Revoici le ruisseau roulant fraîchement : savourons le moment.
15:07 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 11 mars 2020
200–Ceysson–Harpe
Deux claviers, et deux villes homonymes. Dans le ciel comme six pieds sous terre trouver une parenthèse. Ouvrir des parenthèses qu’on ne referme pas, des parenthèses sensibles.
Lire onces au lieu d’ongles.
Au lieu des onces éviter d’aller s’abreuver.
Les narcisses jaunes étaient gorgés d’eau ; je vous en ai apporté un bouquet. C’est le bouquet ! Sur le perron !
Et ce mot, perron, c’est quoi ?
Peut-on s’écailler l’ongle pour expliquer le mot perron ? Peut-on ouvrir une once, c’est périlleux.
Au péril de sa vie dans les ronces aller s’abreuver au lieu des onces.
Ça ne tient pas debout. Tant mieux car sur ces degrés où trônent, décaties, de vieilles pantoufles, mieux vaut ne pas tenir à grand-chose, et pas tenir debout.
Oui on fera taxi pour vous emmener voter, même si après le bouquet on ne tient pas trop à Bouchet et sa bouque de poisson.
19:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
200–Duanduan–Piano
Deux claviers, et puis tous les autres. Dans le ciel comme sous le terreau trouver une parenthèse. Ouvrir des parenthèses qui ne se referment pas, qu’on ne referme pas, des parenthèses sourcilleuses.
Lire panthères au lieu de parenthèses.
Au lieu des panthères éviter d’aller s’abreuver.
Les jonquilles étaient gorgées d’eau ; je vous en ai apporté un bouquet. Mais le bouquet laissé des heures sur le perron s’est abîmé, tiges repliées.
Et ce mot, perron, c’est quoi ?
Peut-on ouvrir une parenthèse pour explorer le mot perron ? Peut-on ouvrir une panthère, c’est périlleux.
Au péril de sa vie aller s’abreuver au lieu des panthères.
Ça ne tient pas debout. Tant mieux, sur ce perron où trônent, défraîchis défoncés détrempés de vieux chaussons, mieux vaut ne pas tenir à grand-chose, et pas tenir debout.
Oui, on fera taxi pour vous emmener voter.
19:41 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
199–Rondeau–Clavecin
Comme la poule qui grappille dans la boue à la recherche de petits vers & trouve un forficule, titubant des doigts gourds sur le clavier amovible l’auteur de ces lignes ajoute ou retranche des virgules, pour finir par donner raison à Gertrude Stein, & comme drogué, sur un nuage, mais attention à la redescente, l’auteur de ces lignes se dit qu’un texte imbitable c’est encore une concession répétée réitérée à l’hétéropatriarcat, de sorte qu’il vaut mieux pour soi-même se le désigner autrement, autrement aussi pour les autres.
19:29 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
198–Szalucka–Piano
Retrancher une virgule. Ajouter une virgule. Retrancher deux, même trois virgules. Ajouter là et là encore une virgule. Enlever un mot. Une phrase. Pondre quelques mots pour que ça coule mieux, du coulis, le petit jésus en culotte de velours (comme les kakis trop mûrs, paix à votre âme). C’est ça écrire, ben non bah oui. Et conclure d’une phrase aussi pondue.
19:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
197–Vidovic–Piano
Et après ça quoi ? Si on finit par crever toutes et tous du Covid19 ou par crever toutes et tous des canicules et du réchauffement climatique devenu inéluctable, grand emballement de la machine, pourquoi écrire, et pourquoi avoir écrit ?
Comme la poule qui grappille dans la boue, pourquoi.
19:16 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
196–Van Reenen–Orgue
C’était pas encore assez le bazar, il a fallu que tu ailles pêcher un forficule…
Oh, j’aimerais t’y voir… pêcher un forficule… faut être sacrément outillé.
Ça va !
De la chirurgie de précision, presque.
Ça suffit, je l’ai dit, tes rodomontades.
Euh, pardon, mais tu vas me reprocher le forficule, juste suggéré par les perles rouges hein, en un sens je n’y suis pour rien, et toi tu me sors des mots comme rodomontade…
Ah mais ça, normal pour moi.
Pourquoi ?
Je suis de Romorantin.
Condoléances.
Rigole, tiens.
J’y compte bien. Et ruisseau aussi, et gouttière.
On ne peut pas parler sérieusement avec toi.
J’y compte bien.
Et ça, si c’est agaçant, bordel…
…
Comme cette manie d’écrire avec tout un protocole, sinon j’y arrive pas gna gna, et on se doute que ça va s’arranger en vieillissant, clac la sonate, clac le word count… Quelle barbe.
J’y compte bien.
19:12 Publié dans Fièvre de nombres, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
195–Belder–Clavecin
J’écoute, et j’entends toutes ces perles rouges. Ces perles rouges me percent presque les oreilles. Je suis un forficule, je navigue à vue, je m’échappe sous une pierre. Ouf planqué.
Quoi, ignorez-vous ce qu’est un forficule ?
Les perles rouges me montent aux joues, comme la moutarde au nez, et alors baste. Toutes ces perles rouges qui s’inscrivent devant moi sur la portée du ciel. Sur la portée du mur gris fissuré. Sur la portée de l’écran d’ordinateur.
Et baste.
En tout cas toi je t’ai à l’œil, je te vêtirai de perles rouges.
19:02 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
194–Grante–Piano[1]
Temps dont nos souvenirs vont savourant les vêpres,
De feuillages mourants et d’étoiles perdues
Offrant le pallium d’une jaune lambrusque,
Il semble un clair-de-lune errant sur des ruines
Sous l’ombre le zébrant d’un dessin de Kaschmir,
Sous les jours dévorants comme un alligator.
Et le soleil mourant, qui fuse sur les stucs,
Envoie en expirant un baiser de lumière.
[1] Centon à partir de 8 vers de Robert de Montesquiou (Les perles rouges) contenant chacun une fois la syllabe « rant ».
18:30 Publié dans Centons du jeu de dés, Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
193–Haskil–Piano
J’écoute.
Écoute et j’écris, j’écris en essayant surtout d’écouter.
Ce n’est pas souvent.
Ce soir le prétexte doit envahir l’espace du texte. Marre de me battre, de m’échiner, la lutte avec une structure cohérente. Ça part à vau-l’eau, eh bien tant mieux.
structure cohérente ruptures errantes
18:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 mars 2020
192–Debargue–Piano
La renarde n’avait pas craint de froisser la coronille, qui n’avait pas encore fleuri. Près du parpaing elle est demeurée immobile, un moment. Puis elle a bondi.
Le texte aussi peut rebondir.
Une tourterelle ou une palombe pigeon ramier ne font pas le printemps. On en voit tout le temps, quoique la voisine, agacée du ramdam sur son antenne de télévision, ait fini par arrêter de les nourrir.
Pas dommage, coucouroucoucou.
Il va de soi qu’on n’a pas revu la renarde. Depuis lors la coronille a fleuri. « On nomme ainsi l’arbuste parce que ses fleurs ont la forme d’une petite couronne. » (À ne pas confondre avec certains types de virus qui doivent leur nom au fait qu’ils « se présentent sous forme de couronnes quand on les observe au microscope ».)
Une fois encore l’ennemi c’est le signe métonymique du mal qui se trouve rappeler la royauté.
10:30 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)
191–Ross–Clavecin
Voici donc venue la scène du scorpion. Déjà que tu as découvert hier qu’il y avait des oiseaux qui vrombissent colibris dans tout le sud des États-Unis, et même en Caroline du nord, je t’ai bien attrapée avec ça hein. On n’est pas du genre toi et moi à se passer rhubarbe et séné. Donc le séné (pas le séneçon) du scorpion, ou scorpioïde, c’est pour aujourd’hui ou c’est pour demain ? Déjà qu’un texte pris entre chat·te et renard·e s’écrit généralement au matin, donc pas entre chien et loup, ça fait un paquet de (dé)négations.
10:13 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
190–Granados–Piano
‘Oh, that?’ said the gardener. ‘That'll be scorpion's senna. That's what that be. Something to do with the shape of the stars in the sky. Old women sells it for a charm for shy sweethearts.’
Ainsi la forme des étoiles se retrouve tout le jour aux trois points cardinaux du jardin. On pourrait cueillir et vendre la fleur aux amoureux, mais pas de Saint-Valentin.
10:07 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
189–Ross–Clavecin
Dans la campagne, loin des routes, qui sont empestées par les ruisseaux noirs et gras des moulins à huile d’olive, les collines étaient embaumées par les siméthides délicates, par les buissons de cythise épineux et de coronille-jonc, et par les tapis de coris rose…
(G. Sand, Tamaris, III.)
09:59 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
188–D’Oria Nicolas–Piano
Dances with the daffodils…
La veille de la Journée internationale des Droits des femmes, le 7 mars 2020, à Paris notamment, les milices du gouvernement français ont poursuivi sans relâche, harcelé, violenté, tabassé, traîné par terre, gazé, donné des coups de pieds, et tiré au LBD sur des manifestantes qui protestaient contre la trop grande lenteur mise par les pouvoirs publics à mettre fin à l’inégalité salariale, et plus généralement contre le système patriarcal dominant. Des flics et des CRS, presque tous hommes, aux ordres d’un préfet de police sinistre, d’un ministre épouvantable et d’un « duo » exécutif (quel adjectif idoine) bien testostéroné (Macron le pseudo-lisse et Philippe le barbu) tabassent des citoyennes ordinaires.
Il paraît que la France est encore une démocratie au plein sens du terme.
the aim of waking is to dream
09:49 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
187–Wilson–Clavecin
Il n’y aura pas, dans ce livre, de longue digression sur l’éclosion printanière, le renouveau politique etc. Les révolutions ont lieu de tout temps, dans le gel comme sous le soleil. Les fleurs des jonquilles s’ouvrent tandis que les frontières se ferment ; ici et là, c’est l’état d’urgence, des mesures de plus en plus strictes en raison de ce qui ne s’écrit plus que Covid-19 mais qui se dit Coronavirus. On blogue, on blague, on mèmise à tour de clavier. Dans les décombres encore nous éclatons de rire. Le propre de l’homme.
09:44 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
186–Quenel–Piano
La suite des saisons, jusqu’à quand poursuivie.
La file des saisons, quand donc interrompue.
L’œuvre d’art en façon d’almanach, sur le tour du potier, ou dans les boutures du jardinier.
D’elles-mêmes chaque année refleurissent les jonquilles.
Chaque année pendant de longs mois les trois coronilles affichent leurs jaunes.
Points cardinaux en façon d’almanach.
Cauda.
09:28 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
185–Leonhardt–Clavecin
Le jaune des jonquilles, depuis une semaine, répond au jaune des coronilles. C’est l’avant-printemps. Sous la boîte à lettres le chat des voisins occupe son poste de guet. À l’automne notre chatte, de dix ans sa cadette, est morte subitement. Ma mélancolie, poignante, est d’après-automne.
09:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 05 mars 2020
184–Andjaparidze–Piano
Ce soir, jeudi 5 mars 2020, un grand vent balaie les rues de Tours. De grandes bourrasques renversent les poubelles. Ce jeudi vers 5 heures j’ai vu et regardé ce grand vent à décorner les bœufs.
Et les godillots ? Pensais-je naïvement qu’une grande bourrasque suffirait à les renverser, à les emporter dans une sacrée tornade façon Wizard of Oz ? Non, car les godillots ne sont pas seulement lourds et cloutés : ils sont cloués au sol, plancher des vaches d’où l’on n’emporte pas les bœufs, et surtout, les godillots sont ficelés, liés les uns aux autres. Si Aurore Bergé parle vous entendez aussi Gilles Le Gendre, et si MC Verdier-Jouclas ouvre sa boîte à camembert dans un même mouvement quelque autre godillot l’ouvre pour le dessert.
C’est infernal, autant dire. Aucun vent, si violent soit-il, ne peut nous débarrasser de ces godillots.
17:44 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)
183–Van den Bercken–Piano
Quand j’ai lu Chaussure de Quintane, presque à sa sortie, ce fut un choc : on peut composer ainsi un texte, faire un livre de cette manière. Le godillot est une chaussure, ou plutôt : un brodequin. Depuis 2017, le pays voit les godillots faire de la politique, tout à rebours de Quintane : aucune liberté, aucun jeu — mensonges permanents et coups de force au lieu de la manière et de l’élaboration. On ne cloue pas le bec comme on cloute une semelle.
Chaussure : grand texte démocratique.
Les godillots : je vous laisse compléter.
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