dimanche, 20 avril 2014
Val-Désert, 1
Tout le couloir embaumait la glycine.
Le soir, on a fait le tour du propriétaire avant de se rassembler dans le salon de la chambre bleue puis de dîner autour du poêle, à la cuisine — il ne fait pas chaud — poêle que je n'arrive pas à faire redémarrer ce matin.
Le ciel rose de l'aube au-dessus des monts du Cantal, entre l'ardoise de la grange et la silhouette affaissée de la resserre — passage abrupt chevêche aux mésanges.
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jeudi, 14 mars 2013
Du banyan
Il ne m'en faut pas beaucoup. Je sais. Mais bon, il a suffi de lire, inopinément, le texte du haka, pour que me saisisse l'envie de relire Leaves of the Banyan Tree, un magnifique roman de formation. Et d'avoir (de prendre) enfin le temps de lire les autres textes d'Albert Wendt. Par ailleurs, je découvre qu'il a fini par être publié, traduit par mon ancien directeur de thèse d'ailleurs... publié en français en 2009... et déjà épuisé...
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lundi, 11 mars 2013
L’Excavation du totem (version 377/454)
Ouvrant les rideaux métalliques, il n’y avait personne, veut prendre en photo le trou laissé, dans la terre du quad, par l’excavation du triple totem de Nico Nu, toutes les fenêtres sont bloquées, et à travers la vitre, avec le reflet, la photo, bien sûr, ne donne rien. Repensant à l’excavation du triple totem la semaine précédente, revient à son bureau, pas de courrier dans son casier. Voyant l’Olympia, la reprend en photo, va composer un quatrain.
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mardi, 27 novembre 2012
Hiver revenu
Juste avant une journée de marathonien (je dois corriger une multitude de copies, le couteau sous la gorge), je me réveille très tôt, ayant peu dormi, et décide qu'au moins j'écrirai quelques lignes pour ces carnets délaissés. Journée annoncée de café et de thé. Je ne traduis plus Cummings – je n'ai pas eu le temps, ou j'ai cessé de le prendre ; tout le monde s'en foutait. Et quatre forts coussins rouges m'observent dans le bocal de fer.
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mardi, 27 mars 2012
Naissance de Frederick Abel
Il faut de longues années d'expérience pour improviser ses cours de traduction.
Il faut de longues années d'expérience pour savoir où, quand et comment étendre les draps un mardi, certes de grand soleil, mais aussi de kérosène.
Il faut de longues années d'expérience avant de savoir que, à la bourre, on peut prendre le volant, les lacets défaits, et attendre le premier feu rouge pour nouer ses souliers.
Il faut de longues années pour ne rien savoir.
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vendredi, 23 mars 2012
1825 - Self my help
La chaise – unique survivante des années beauvaisiennes – donne des signes de faiblesse, car c’est la seule à avoir traversé dehors, sur la terrasse, la mauvaise saison. Comme en montant les marches, dans un vieux château délabré, je m’assois précautionneusement sur elle, et m’y tiens assis, ensuite, plus prudemment encore, tout en veillant à ne pas m’enfoncer d’échardes, et en surveillant les jeux sportifs de mon cadet. L’avant-printemps est vif et coloré comme une bluette de Gaétan Roussel.
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jeudi, 24 novembre 2011
Chronique féline absolument passionnante, épisode 72.1. (version 400/479)
Au retour d'en ville (L’Arôme), Mademoiselle miaulait, et j'ai transvasé les croquettes intouchées depuis trois jours de l'assiette en terre cuite dans l'assiette de la pâtée : mine dégoûtée – alors que, ce matin, elle a dévoré de ces mêmes croquettes placées dans une autre assiette. Dont acte. Sinon, il y a un petit campagnol roussâtre mort, par elle certainement ramené, devant la chatière. Quand elle ne dort pas sur sa chaise blanche, elle va chasser dans le terrain vague.
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vendredi, 30 septembre 2011
Vendredi, sans hâte (Unhurried Friday, Act 2)
Pause déjeuner, de retour à la maison. Bruit machinal de la grue qui vire, vociférations du grutier. La chatte mange une sardine, lape le lait, se lèche. Un papillon jaune citron (très pâle) volète dans mon champ de vision. Seule l'allure du prunier, presque nu de feuilles (rabougries), permet de distinguer entre l'augure de jours brûlants et une fin de partie aux accents magnifiques. Peu s'en faudrait que je ne pleure. De joie précaire, espérons.
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mardi, 20 septembre 2011
In memoriam Opalka
Tout de même, frétillements. Nelly, hier – « quand est-ce que tu vas écrire un roman au lieu d’écrire des conneries dans Touraine sereine ? »
(Mais voyons, il y a une vraie dignité à ne pas être Dalibor Frioux, Mazarine Pingeot, Alexis Jenni.
Petits piètres minables.)
――― Comment faire comprendre ça, à Nelly à d’autres ?
Ambitieux, pour qualifier une personne ou un projet ― péjoratif, mélioratif !...
Il est bien plus honorable de ne pas bouger de son sofa, à compter les frétillements.
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vendredi, 09 septembre 2011
Souffle de septembre
Eric nous a apporté une très jolie plante verte à baies roses dont il ne se rappelle pas le nom et dont les feuilles vertes évoquent un buis ou un thuya que l’on aurait, je ne sais comment, radouci. Je dors bien. Après Agualusa, c’est au tour de Bortnikov. Je lis en plein cagnard, au soleil, sur la terrasse, en essayant de me convaincre qu’il fait très beau. Pourtant, ce n’est pas le sommeil qui découpe l’horizon.
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vendredi, 10 juin 2011
Mes derniers doutes
Elle fit l’effet d’une bombe à retardement, avec son parapluie mauve, ses bottines jaunes et ce sac indescriptible d’où dépassaient, tels des fétus, quelques filaments de chaume. Où avait-elle traîné ses guêtres, pour avoir une allure aussi juvénile et aussi dignement ancienne ? Je ne l’ai jamais su, quoique je l’aie demandé au grain de beauté superbe qui me dévisageait. Après que la lavande eut donné le ton de la journée, une averse a noyé mes derniers doutes.
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dimanche, 22 mai 2011
Sujet envers (version 324/402)
(Il a écrit ça en trois minutes, sur un coin de table.) On se plaint de quelque chose, puis rien ne va le feu s’éteint, les auxèses succèdent aux paralipses faut pas vous étonner mon vieux si personne vous lit alors – alors ? alors on se lamente. Toujours plus. Il prend des bûches, le venteux sûr de lui qui finit par ne plus être sûr de rien. Les secrets se dissipent en deux coups de cuiller à pot.
14:41 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 27 février 2008
Gare de Facture (version 419/497)
Ornette brandit les oriflammes, et l’orage tombe en miettes.
Le jour se lève sur Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire ; seuls quelques quartiers – quelques rues – ont gardé une part de leurs belles tonalités harmolodiques.
Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole dorment d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune fulgurante aux paupières. Le seigle s’envole en miettes de papier d’écume.
19:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arcachon, écriture, ornette
Fonte
[ 14.02.2008. ]
Dans l’âtre sifflent les bûches ; bien sûr, il en est toujours ainsi. Le sifflement même désigne la chaleur de l’hiver, évoque les gros romans riches en rebondissements lus lors des veillées, le cliquetis des pincettes et l’odeur de cendre chaude des tisonniers. Même les vieilles paysannes qui ramassent les fagots et les lient n’ont rien de pareil, pour les images d’Epinal. Alors, les bûches sifflent désespérément dans l’âtre, sur la plaque de fonte, face aux jours lunaires.
11:10 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fiction, écriture
lundi, 11 février 2008
... à pic (version 355/430)
Il semble que je deviens fou du quatorzième Quatuor à cordes de Beethoven. On fait pire comme folie, et d'autres m'ont précédé, je pense. D'autres (folies) m'ont passé. Je les regrette, pierre à pierre.
Se dire à chaque instant que le sentier se crevasse, c'était sa démence à lui, et il avançait, non à tâtons, mais à franches enjambées, certain à chaque pas de sentir le sol se dérober, d'aller droit à la catastrophe (et à pic).
12:01 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Fiction, écriture
samedi, 09 février 2008
(Tout attendra, alors.)
Des centaines d'autres projets aventureux me taraudaient l'esprit, mais, comme le corps ne tenait pas le rythme, je me suis simplement retrouvé face au petit tabouret de bois clair, juste avant minuit, à griffonner quelques menues griffures, histoire d'écorcher les peaux mortes du calendrier - de corner, avec l'énergie de l'épuisement désespéré, la page du jour qui s'en va et ne reviendra plus, sauf, qui sait, dans les souvenirs durs, écailleux comme des ongles coupés. (Tout attendra, alors.)
23:23 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Poésie
samedi, 05 janvier 2008
Aner, quoi devenu ?
De temps à autre, si la tradition des relectures s’estompe, le libraire du cours de la Somme sent l’ennui l’envahir, de sorte qu’entre les piles de livres de poche jaunis, pour peu qu’il voie arriver ce jeune couple qui lui achète toujours des recueils de poètes symbolistes ou des essais littéraires, il sourit – l’aubergine violacée de son tarin humant quelques fibrilles gazeuses de vieux tabac, parmi les almanachs dans la jonchée, comme autant de cercueils – aux anges.
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Tandis que je recopie ces lignes écrites avant-hier, lambeaux de souvenir que la phrase méandreuse tente de rendre moins efflanqués, la pluie tombe drue sur Tours, cinq heures du matin, sans moyen de survie autre que les yeux brûlés et le café.
10:45 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture
mercredi, 19 décembre 2007
Sind Blitze, sind Donner...
Il suppute que le monde ne s’effondrera pas de sitôt, alors il se résigne, mais sans être certain de la nuance entre s’effondrer et exploser. Gravir la falaise d’un air austère, se retrouver seul au sommet à attendre la décrue, ce n’était pas la peine vraiment. On ne va pas lire la double page sur les races de loups. Il suggère que continue le bal, mais quelle est cette appréhension qui noue le moindre de ses rêves ?
10:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, écriture
vendredi, 30 novembre 2007
Grain décrépit
Place du Marché aux enclumes, le cerveau lourd de mille brumes (la brume humide baigne... (comment, déjà, se terminait ce vers ?)), j'ai trimbalé ma carcasse. Pris entre I Fall in Love Too Easily (je suis un vrai coeur d'artichaut) et My Man's Gone Now (mon mec a pris la tangente), puis entre A Sleepin' Bee (Une abeille assoupie) et Blue in Green (Vert-de-bleu), ronronnant je m'endors, comme le félin que je fus (avant). Finies les vieilles embrouilles...
10:45 Publié dans Brille de mille yeux, Fall in Love, J'Aurai Zig-Zagué, Rues, plaques, places, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Musique, écriture, Photographie
mercredi, 21 novembre 2007
Lettres intimes (version 393/469)
Des toux en fond d’orchestre prennent le large, dans la même échappée qu’antan, par boiseries déridées tardives tardivement ménopausées par les sentiers, au détour de ce boqueteau, et la biche aux abois qu’en ferons-nous camarades, nos poches lourdes déjà du trophée, la pente souveraine de la harde, les frustes brames du dix-cors au lieu même de l’embuscade, tant et si bien que le souffle manqua, et que l’on entendit encore et toujours des toux en fond d’orchestre.
17:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Musique, écriture
samedi, 17 novembre 2007
Kupelwieser Walz
De douze jours n'a pas mis à la lorgnette son petit bout de nez énorme froid ce godelureau infortuné, à constater qu'est revenue la grande Livy, tandis que Paul ironise sur la grève (pitié !), pour ne plus délaisser les plages bretonnes ni les soupirs de la sainte, enfin qu'on repose tranquillement dans ce giron d'automne si beau, dans ce jargon sans fourches, dans cette redoutable verdure nourrie de mille et mille squelettes. Tout cela donnait soif d'écrire.
14:26 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 08 octobre 2007
CV de (l’)amant russe (diversion 369/446)
Dire que tout est parti de mille mauvais caractères… Complote dans les coulisses. J’ai oublié ce que j’ai aboli. Elle s’étouffa dans ce jeu de dupes. Si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère grasse. À qui ? Je regarde ces deux enfants qui font l’amour. À l’arrière, je reprends où je m’étais arrêté : on complote dans les coulisses expertement.
05:40 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture
vendredi, 05 octobre 2007
Entre brume et bruine
Entre brume et bruine, que sépare seulement cette mince boucle de cheveux ourlés délicatement autour du visage pâle et frais, le souvenir commence à gravir les escarpements, et, sous le ciel gris, plafond de bitume, des fleurs d'encre s'immiscent entre l'image pure de l'amante et les mots galvaudés qui partout ont traîné leurs basques. Entre brume et bruine, que sépare seulement le point d'espoir à l'horizon, la cathédrale oppose la salinité de ses tours. Il faut vivre.
08:50 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, écriture
mardi, 02 octobre 2007
... et ce chien ...
Ressorti de la librairie, près de la statue du Monstre gris, j'avais commencé de lire le livre acheté, et ce chien au pelage mâtiné de blanc et d'anthracite eut un mouvement d'humeur, cherchant à me toucher pour, pensai-je, me mordre. Peut-être était-ce un chien dressé à pister les littéraires ou les bibliophiles, les amoureux des Lettres, comme il en est qui s'attaqueront à toute personne qui malmène un enfant. Drôle de monde, où tout cesse d'être définitif.
13:45 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture, Ligérienne
vendredi, 17 août 2007
... des noyés faisant scandale ...
Fou à lier, sans doute, il tient un blog, qui compte, après quatre ans d'activité frénétique, des centaines de textes. Pourtant, la page d'accueil reste, à tous (dont lui-même) désespérément vide, car il prend un malin plaisir à publier ses textes aux seules dates du 31 avril, du 31 juin, du 31 septembre et du 31 novembre, mais aussi (bien entendu) des 29, 30 et 31 février.
Seul apparaît, en haut de page, le titre : La Satanée semaine.
15:29 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture, Blogosphère, Jorge Luis Borges
lundi, 02 juillet 2007
Méchante affaire / Jammertal
Les ongles blancs comme le lait, épais comme la cendre soyeuse des volcans – sur fond de ciel de nacre – il avançait, le bâton noueux fermement en main. L’ongle du pouce gauche est nettement plus translucide, face au soleil, que celui du pouce droit. À ces signes-là je sais que Dieu ne m’a pas abandonné. Ça, et les poils sur les mains, qui poussent lisses vers l’extérieur, comme une harde de cerfs qui fuit l’incendie et la foudre.
19:10 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Fiction, écriture
jeudi, 31 mai 2007
57/77
Lire les quelque 1400 vers brefs de Philip Sparrow, écouter les Douze variations sur un thème de Johann Caspar Fischer (KV 179). Menus plaisirs futiles que l’on ne peut conter. Soudain tombe une averse, une vraie giboulée de pas même une minute, mais violente en diable. Ce que vous chantez, là-haut dans les nuages joufflus, je ne l’entends pas, mais les giboulées de juin me tiennent compagnie. Soixante-dix sept fois sur le métier le batelier de l’aube…
14:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, écriture
lundi, 02 avril 2007
L'un p(e)int
Sur le trottoir opposé au sien, il y avait, vêtu d’un trench coat, le sosie conforme (ou la copie crachée (ou le parfait portrait)) de Keith Jarrett, enlacé à une dame élégante de soixante balais. Un groupe de six contrôleurs discutait avec un saxophoniste, musicien des rues.
Serait-il descendu à l’arrêt Rue du B. ? S’il avait pu rejoindre les deux très jolies jeunes femmes aperçues du sens inverse, oui sûrement. Une voiturette soufflait une sorte d’Autumn Leaves.
20:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Jazz, Photographie, écriture
jeudi, 15 mars 2007
Faux enfin
Porté le deuil (comme un fardeau) il faut reprendre. Pas de virgules seulement des points. Peu écrit ces derniers temps ce dont je me suis aperçu en faisant enfin une sauvegarde de ces carnets (par catégories) mais l'essentiel est d'avoir continué par devers tout à écrire un peu ne pas laisser s'atténuer l'empreinte et se déshabituer. Le deuil ne passe pas on le porte avec soi. Il est bon de rester intoxiqué à écrire même sans écrire.
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dimanche, 04 mars 2007
Black Butterfly
Passe un papillon citron, miroir du soleil. Tout à l’heure, la lampe qui chauffait, par en dessous, le bois du meuble était le signe de vinyls écoutés à la file. J’ai lu, sous les chênes – pendant que mon fils jouait à dresser les fauves et nettoyer les cages des chimpanzés –, le Magazine littéraire, dont le dossier plutôt pitoyable sur l’Inde est toutefois illustré de photos remarquables du début du siècle, dues à un certain Stéphane Passet.
14:50 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Jazz
lundi, 12 février 2007
Sapin fausse neige
Hier, à Amboise, face aux murailles, caché derrière un tonneau, une poubelle et une de ces jardinières laides façon caisse où sont plantés des arbres rachitiques...
... un sapin recouvert de fausse neige s'apprêtait à finir ses jours à la benne.
(François Bon, dont j'ai déjà parlé ici, là ou encore ailleurs, a photographié il y a un mois environ une vraie théorie de sapins livrés aux éboueurs. Rues de Paris et de Navarre, société de consommation...)
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jeudi, 18 janvier 2007
Eau douce glacée
C'était le dernier décembre, face à l'enfilade et aux dômes. Je t'offre un verre d'eau glacée Même d'autres rumeurs montent, des champs de maïs coupés à ras. Ne le bois pas distraitement Quelle âme ne vibrerait pas, à ces tristesses sourdes. Il est le fruit d'une pensée Terreurs sourdes, aussi, comme une eau lourde qui s'échappe vers l'océan, renversent les désespoirs. Sans ornement il ne faut pas résister c'est inutile. C'était décembre, face au clocher, à l'enfilade.
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vendredi, 29 décembre 2006
Voisinons
Encore lu, ce matin, quelques textes superbes de Michaux (dans Passages, notamment), puis, en feuilletant par curiosité le tome 10 des Œuvres de Cendrars que c’était a eu pour Noël, je suis tombé sur quelques textes. Même nervosité, même envie mi-furieuse mi-joueuse de saisir. Pourtant, avant de rapprocher par hasard Cendrars et Michaux, rien, dans mon esprit, ne les faisait voisiner (et sans doute sont-ils très différents, when all is said and done). Paquetages de nerfs désolés.
20:35 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature
Calendrier / qui tombe en poussière
Une fois écrit « Images plus en dentelle », la seule vérification a consisté à consulter le Robert culturel, pour voir si desquamer était intransitif ou pronominal. Les deux, mon commandant. Seul le décompte des mots a permis de trancher en faveur de la tournure intransitive. Entre-temps, un desman avait grimpé sur mon épaule. (Le tome 2 préconise le tiret à entre-temps, mais donne toutefois une citation de Racine, dans laquelle ce terme est un substantif d’un seul tenant.)
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vendredi, 01 décembre 2006
Au creux du vent
Cette tête de cheval, gravée – au couteau ou à la barre de fer – dans la pierre d’un cachot, a traversé les âges, en sens inverse, pour danser une nuit avec des comparses rouge manganèse, avant aussi de trouver, au bout du tunnel, d’autres équipées, d’éternelles sorcelleries. On s’envole, envoûté, pris aux ramures du soleil, et le bloc de pierre froid, venu soudainement vous heurter aux tempes, vous ramène à la dure réalité : tout cela n’était qu’un rêve.
08:15 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature
vendredi, 17 novembre 2006
L'Auribar
Le Cap-Ouest était fermé (volets métalliques marron baissés). D'où ailleurs, autrement, sous les chaussettes dépareillées qui ne sèchent même plus. Nous avons parlé du chien noir, qui avait les pattes posées sur le comptoir. Sage, doux, le regard perçant, cinq mois seulement. (Un croisement de bas-rouge et de labrador, m'a-t-elle dit.) Entre la rue de Maillé et la rue des Carmes, le peintre, à la fenêtre ouverte d'un premier étage, avait l'air d'un trompe-l'oeil. Discute fervente canine.
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lundi, 13 novembre 2006
Chiens de Langeais (version 385/461 et dernière)
Ce chien-ci pose sur fond de damier. L’air rêveur, repu par le banquet, il laisse s’enfuir un daguet, dont l’échappée reviendra le hanter dans ses rêves, et les coups de pied de l’échanson.
Le damier se transforme en plateau de scrabble, et le chien écoute, intrigué, interdit, Taylor Ho Bynum et son vieux maître dialoguer à grands coups de cornet et à jets de lèvre surpuissants. Ai-je déjà écrit mon admiration pour les tapisseries sonores d’Anthony Braxton ?
20:00 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne, Jazz
lundi, 06 novembre 2006
Groupe & ombres, version 361/437
Votre regard se charge d'ombre, la mêlée du temps sur l'épaule, et la griffe de l'histoire sur le fond drapé du ciel. L'universelle araigne n'est peut-être pas passée par ici, mais son souvenir s'y perpétue, de ce balcon, belvédère où les derniers instants du jour virent au bleu.
Arbre, ce n'est pas la peine d'ouvrir ainsi la gueule. Lion, ce n'est pas la peine d'effacer la trace de tes pas. N'oubliez pas le fard des phrases creuses.
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mardi, 24 octobre 2006
Terribles images que voilà
Au haut d'une tourelle du treizième siècle, dans une salle où somnolent trente volumes empoussiérés de l'Encyclopaedia Britannica et un vieux Macintosh que plus personne, jamais, ne prend la peine d'allumer, la fumée d'une cigarette Benson & Hedges fait de curieuses volutes, et la cendre projetée sur la table finit par se poser sur la moquette, de l'autre côté des sièges où sont installés les deux acteurs amateurs, après un rebond sur une chaise noire en plastique.
12:29 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
dimanche, 01 octobre 2006
Pin ès cieux
Ci-gît sous le si, avec les souffles des ifs et la parure des cyprès, une note longtemps tenue, que l'on entend encore et qui ne cesse de se dérober, de dévorer les vêtements des déesses, et l'idylle toujours se poursuit, d'une lyre habile, car vous verrez monter, aux cieux, la verdure qui prend son temps, de toute éternité. Ci-gît, sous un fa mirobolant, le faquin qui absorbe la durée, dont le dur désir emmure aussi le ciel
Quartier des poètes, 1er octobre 2006.
20:20 Publié dans Brille de mille yeux, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Poésie
jeudi, 28 septembre 2006
Comment le faire comprendre ?
Les touches D, H et Y de ce clavier blanc sont plutôt sales.
Bouffées de chaleur et angoisses à quatre heures du matin, et, levé, allongé sur un autre lit, je ne me rendormis pas, parcouru alors de suées froides, retournant divers sujets d'inquiétude. J'ai encore écrit une série de tridents, lundi matin dans le bus, mais je crois vraiment que ça n'intéresse que moi. C'est pourtant très apaisant. Trop personnel ?
En écrivant des carnets de ce genre, on est surtout tourné vers soi, dans la solitude.
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dimanche, 24 septembre 2006
Difficile, II
Passée la pluie, plus rien de très probant, rien à se mettre sous la dent, et seul le soleil orangé qui berce les feuilles lourdes d'une lumière terrifiante donne un peu de relief à ce jardin désolé, sous la peau, sous ma peau ce jardin désolé qui s'en va en lambeaux. Enfin, les charognards auront belle gueule. Je n'aime rien tant que guetter les vautours, et plonger mes yeux dans le regard tendre et farouche du gypaète.
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mercredi, 13 septembre 2006
Rêve toujours
Je m’étais allongé dans un pré vert. Sa verdure m’entourait de mille soins. Il fut question des terribles renards espèces de loups. Vitaliano Trevisan m’interdit d’employer l’article défini devant les noms d’arbustes. Confusion, autant dire.
Alors j’inventai les Xénides, après avoir hésité.
D’un pas pressé, il quitta son pré pour aller poster trois lettres : une à ses parents, une à un libraire, une autre enfin au Petit Faucheux. Il hésitait entre “xénies” et “xénides”. Toujours et encore.
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dimanche, 10 septembre 2006
Màs mah pratjh !
Soixante-dix sept secondes sont largement suffisantes pour faire naître une obsession. J’écoute depuis presque dix ans Adrienne Csengery dans la 12ème des Scènes d’un roman de György Kurtág, composées sur des textes de Rimma Dalos.
Pourtant, oublieux, ou désireux de ne pas rompre le charme, je n’ai cherché aucune autre version de ces Scènes, ni approfondi mon exploration de la discographie d’Adrienne Csengery. Ici, l’éblouissement esthétique ne s’accommode peut-être pas de la connaissance. Peur d’amoureux transi idiot.
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samedi, 09 septembre 2006
Épeautre, épisode III
Ce matin, au marché de la place René-Coty, j’ai acheté un pain d’épeautre, qui a disparu.
De retour chez moi, je m’aperçois que le pain n’est pas dans le panier. Je ne l’ai pas pris. Je l’ai oublié à l’étal de la boulangère. Je l’ai pris, on me l’a volé. Je l’avais, on me l’a pris. Hypothèses multiples et toutes valables.
Ce matin, au marché de la place René-Coty, j’ai acheté un pain d’épeautre, qui a disparu.
18:05 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 06 septembre 2006
7.
Le soleil suffit à déclouer mon cercueil. Morbid kid.
Laurent m’a tenu la jambe pour me parler des Bienveillantes en me soufflant la fumée de sa clope au bec. À l’aller, dans le bus 11, il y avait une jeune fille blonde vêtue d’une robe rose très courte, sac à main et tongs assortis ; je l’ai revue une heure plus tard place de Châteauneuf ; elle était accompagnée.
Au retour, dans le bus 8, je lisais Ars grammatica.
18:39 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 septembre 2006
Déroulé le tapis
Le sixième (ou septième) des Huit menuets, KV 315 a des accents de Marche turque. Quelle horreur de n’y rien connaître en musique ! (Il y a aussi, vers le début de la Marche KV 408/1, aussi notée 383e, une indéniable parenté. Hasard ou remploi ?)
Tempétueux, le Capriccio KV 395 aussi semble annoncer les fureurs d’une expression lyrique débridée, qui n’avait jamais disparu***.
La Fugue KV 401, pour orgue, quoique superbe, me laisse de glace, ou de marbre.
18:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
Grand enfant
Enfant, j’aimais beaucoup les grilles de « mots mêlés ». Ma sœur aimait, dans le programme télévisé, repérer les variantes entre un tableau célèbre et la copie du faussaire (version adulte du jeu des différences).
La technique de composition de notes par métamorphose des unités textuelles avec respect de contraintes arithmétiques propres – inaugurée avec la série Jardins de Valmer, 1 – est un hybride de ces jeux : je mêle les mots, et vous cherchez les différences (si vous le désirez).
14:13 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
24.
En d'autres temps je me mourais d'amour pour une étoile. Elle sombra corps et biens dans l'eau de vaisselle sale, infecte, ou dans la Voie Lactée, ce qui revient au même. Les soupirs d'amour, comme un duettino, émurent la duègne, qui me rossa de belle façon. Qu'elle aille se faire voir, pensai-je
Devant son miroir, digne, la duègne rend son tablier, mais César n'en veut pas. Las, langoureux, il préfère voir enrager deux lions armés de glaives.
13:12 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 03 septembre 2006
Désarroi, 808ème note
Toujours pas la moindre envie de me replonger dans mes Croquis de Corrèze. Et pas une once de désir pour ces démons photographiés. Un œil grand ouvert me fixe, d’un visage posé sur l’oreiller. Le temps passe, avec la monotonie tiède de la bruine d’été. Restent les cals à la main gauche, d’avoir smashé les moustiques. Une lune se lève, dont l’avènement ne peut rien changer. Dans l’atelier vitré, non plus, rien n’advient. Le froid persiste. Pernicieux.
14:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
Notule
La rubrique qui a été créée aujourd’hui pour la note Jardins de Valmer, 2 s’intitule “Diableries manuelles” et sera constituée de billets écrits ou ébauchés à la main dans un petit carnet, en voyage, et achevés sous forme tapuscrite avant d’être publiés ici. Le petit carnet est déjà bien écorné, abîmé, dog-eared, d’avoir été trimbalé dans les poches des chemises ou des pantalons, car il a été employé en juillet, lors d’une semaine passée dans le Limousin.
10:10 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 02 septembre 2006
Jardins de Valmer, 1 (version 400/492)
À Valmer j’imagine que je mettrai en scène – un jour prochain – une version des Liaisons dangereuses – avec Jean-François Balmer dans le rôle de Valmont – et Rufus interprétant la marquise de Merteuil – à condition de représenter les scènes dans les salles du joli moulin près de la Charente – surtout qu’il y a – non loin des jardins splendides dont il est – devrait être – question – et de leur « pergola des cucurbitacées » – le château de Jallanges – où les cigognes pleurent Pascal.
22:50 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
A Turn in the South, 1
Je n’en ai lu encore qu’une dizaine de pages. N’ai-je pas justement choisi, de tous les essais ou récits de voyage de V.S. Naipaul, celui dont le sujet est le moins à même de m’intéresser, car je veux surtout retrouver le style du grand maître ? Among the Believers m’avait fasciné, mais l’Islam me fascine de toute façon. Avec ces chroniques du Sud américain – sujet qui d’ordinaire me fait bâiller – je veux être transporté, emporté par le style.
13:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 30 août 2006
Hallebarde(s)
Rue de la Hallebarde, il en tombait de nombreuses. Des chiens et des chats passaient, parfois amorphes et parfois pleins de vie. Cessez donc vos enfantillages, leur dis-je sans conviction. Un forçat (innocent : ils le sont toujours) passa et m'exhorta à me mâler de mes affaires. Il tournait son orgue de Barbarie, comme une vielle mécanique devenue folle. Me trouvait-il efféminé ? Jamais je ne le sus. Onze parapluies, à leur tour, passèrent, je suivis la plus jolie.
08:00 Publié dans Rues, plaques, places, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 30 juin 2006
Aura
Non, pas un ange : un hélicoptère passe au-dessus du jardin. Heureusement, le merle lance de belles notes, qui embellissent le monde.
Avant-hier (mais pourquoi diable l'hélicoptère me fait-il penser à cela?), une collègue, qui ne semblait pas décidée à prendre son sac à main une bonne fois pour toutes, nous a dérangés trois fois, une collègue et moi, dans le bureau où nous faisions passer des oraux de troisième année. Conditions optimales, tu repasseras. (Non, pas un ange.)
09:39 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 juin 2006
Là est l’âtre
Vous ne savez pas trop ce qu’est une cheminée, comment ça marche ni quel genre de bois, de rondins, il faut choisir, mais vous fixez du regard cet espace béant, cette espèce de noirceur atone qui à tout jamais échappera à la chaleur, tant que vous vivrez seul, le sang glacé, à vous ronger les os au lieu de fendre le bois.
Vos folies vous reviennent, mais êtes-vous certain que le désespoir morne d’autrefois était plus confortable ?
04:00 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 06 juin 2006
Le Paysan du Danube
La septième fable du Livre XI signe un pacte polygame avec son lecteur, qui doit épouser plusieurs discours, les admirer, les entreprendre, et jusqu’à ce distique qui exige de relire l’ensemble, plus minutieusement encore. (Les neuf mots du vers 72, alexandrin, sont modèles.) Ce paysan si fin orateur, à qui ne revient pas même le mot de la fin, nous emporte en promenade, et, découvrant calamités et dignités, il en impose, d’un seul souple battement de cils.
12:00 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
vendredi, 26 mai 2006
J'allais le dire
Les vendredis interstitiels, placés au milieu d'un pont, sont aussi providentiels, la scène de bien des miracles. Ainsi, ce matin, à l'université, dans la salle des casiers, j'ai vu, pour la première fois en quatre ans, une collègue, notoirement folle et absolument spectrale. C'était la seule personne du département d'anglais que je n'avais jamais rencontrée, alors que je passe trois jours par semaine, au moins, on the premises...
On ne décrit pas le Graal.
J'allais le dire.
09:49 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 22 mai 2006
Amis
Mon fils a composé un joli dessin pour son meilleur ami, qui va partir à l'hôpital à la fin de la semaine afin d'y subir deux opérations très lourdes. Il a choisi une photographie d'eux deux qu'il aime beaucoup, l'a collée au milieu d'une pelouse et d'arbres dessinés, puis ajouté des gommettes.
Je ne sais pas si je serais encore capable des amitiés violentes de l'enfance. Je sais que je suis devenu incapable de haïr comme jadis.
17:33 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (7)
mercredi, 10 mai 2006
Jardin botanique, mercredi matin
Automne, feuilles de paulownia. Au printemps, fruits du magnolia.
L'ourse Sophie est plus désemparée que jamais, solitaire à tourner en rond dans sa triste fosse de pierre. Willy (nous informe une affichette signée par un responsable de la municipalité) a dû être euthanasié le 30 mars.
Une tortue d'eau, d'une espèce que je ne connais pas et n'avais jamais vue là, a gobé sous nos yeux un poisson mort.
Parfois, le soleil apparaissait, pareil au paon roué.
14:12 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne
lundi, 08 mai 2006
Fresque murale de Saint-Savin
18:30 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
vendredi, 05 mai 2006
Tu retrouves, avec la plume...
[Jets du jeudi]
Tu retrouves, avec la plume, tes petits vices stylistiques, des tics que tu t'étonnes de retrouver si impeccablement intacts, après tant d'années, comme une vieille et propre chemise oubliée sous des sachets de lavande. Parmi tes nombreux dédoublements, il y a la main à plume et les doigts à clavier. Ce tic de tout à l'heure te rappelle l'époque lointaine où tu écrivais, influencé par les carnets de M. Songe, Sempiternel, quand je fus mort. On a vu pire.
[[[Ce texte a été écrit en note de bas de page à un texte qui sera publié demain.]]]
18:25 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)
Vignettes du vendredi, 5
La fuite en avant.
J'ai ramené de mon périple, hier, outre de nombreux projets de travail, plusieurs billets manuscrits qu'il faudrait recopier dans ces carnets, et voilà que je baguenaude à écrire de nouvelles notes. Il y a aussi une serviette pleine de textes très anciens que je me suis décidé à rapatrier ici la semaine dernière (ils gisaient dans un carton, dans la maison de mes parents).
Pour les notes d'hier, seront-ce les Jets du jeudi ?
15:29 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)
samedi, 29 avril 2006
Oisives
Gare à elle ! La case 59 du jeu de l’oie représente une chaumine au soleil, sa cheminée qui fume, et un épouvantail, qu premier plan. Cette scène idyllique, champêtre, bucolique, où respire le butin des prés, ne se laisse pas menacer par la proximité de la Camarde, ni des montagnes noires dignes d’un tarot tragique. On ne souffre aucun retard, dans ces parages. L’épouvantail se réveille doucement, s’anime, comme au commencement de la treizième des Enigma Variations.
23:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE
jeudi, 27 avril 2006
Zinzin
D’après le Supplément ou septième tome du Robert (édition de 1983), on pourrait dire que la fauvette ou la mésange zinzinule. Je n’ai jamais rencontré ce verbe. Quelques lignes plus bas, l’entrée ZOMBI donne une citation de Yambo Ouologuem. Le yohimbehe est un « arbre du Cameroun, de couleur violacée, dont le bois est employé dans les mines, en constructions navales ». L’auteur ajoute en italiques que « la décoction d’écorce de yohimbehe est utilisée comme tonique et aphrodisiaque ». Forza !
19:40 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 avril 2006
XIV
Entre Samadet et Bégaar, puis, entre Baudignan et Sanguinet, le long des routes vallonnées ou sablonneuses, je tentais d’inventer les vagabondages théâtraux auxquels se prêtaient mal les sièges de la Renault 25 de mes parents.
« Cette courte phrase m’occasionna, je le jure, plus d’effroi, plus de douleur, que si j’avais reçu, inopinément, à bout portant, une giclée de plomb en plein dans la raie. »
Enfant, adolescent, je rêvais d’écrire des milliers de pages landaises, topographies ou saynètes.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Droit de cité, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 19 avril 2006
VII
Lire sous les chênes me faisait penser au Quercy, dont nous avons visité plusieurs sites et villes il y a sept ans. Samuel Beckett a séjourné longtemps à Cahors, où il s’était lié d’amitié avec un pâtissier très astucieux, et plein de verve. On peine à imaginer ce que pouvaient être leurs dialogues. Bien entendu, la biographe, pétrie de son importance, n’en dit pas un mot. Une cinquième phrase transporterait volontiers le spectre de Samuel à Onzain.
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B., Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 08 avril 2006
Dans la barque de Dante
J’arrive près des rives bleues. Votre âme danse dans la brise. Comme je vous tiens au bras, c’est votre nez que j’oublie.
Vous montez enfin dans la barque – et grince encore le bois, souffle aux oreilles la vieille bise. Pas souvenir de votre beauté.
Une larme de lait dans la mug, un nuage passe. Dire que vous n’aimez guère le rembeng, et je vous suis au trot. Nous attendrons l’automne, Rembrandt, les feuilles de ton chevalet auroral.
15:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures, Sonnets de février et d'après | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 05 avril 2006
Marine moderne
Le lave-linge vidange à l’étage, et, passant par la tuyauterie, une puanteur infernale envahit la cuisine, durant quelques minutes. Le temps d’ouvrir les volets, une autre puanteur prend aux narines : c’est le kérosène que larguent sans vergogne les avions de la base militaire, qui ne se contentent pas de courses vespérales ou matinales durant parfois d’interminables heures, mais polluent aussi toute la zone au nord de la Loire. Que de fric envolé dans les bombes & consorts !
13:20 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 03 avril 2006
Mon voyage en Ecosse
Il faut, tout comme un armorial, écrire ce texte, qui ne célèbrera pas seulement les barreaux rugueux de l'infini, mais aussi (mais surtout) les ciels aqueux de nos démences.
Une semaine sur l'île de Mull, une impression de bout du monde - encore, vingt-quatre ans après, le goût âcre du lait de chèvre en mémoire, et les folies dans les criques.
Nous sommes de ce même bois.
Le jade et le jaspe, dans vos contrées, on les admire.
19:50 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 avril 2006
Visions d’avril, 1
Murs gris, échelle, impression de pellicule d’avant-guerre (au sens large).
Colonnades, inondations, silhouette assise sur un escalier au bord de l’eau. Lent déplacement le long des arcades (je sourcille). Une voix dans l’obscurité, spectrale, fait figure de proue, appelle, invoque, donne un sens profond aux mystères de l’ombre. Tout s’échappe comme en un cauchemar les réverbérations du son contre l’ardoise.
Les voix ne sont pas les potences, avec lesquelles jouent les ombres.
Un masque s'éloigne de rien.
21:14 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 26 mars 2006
20 + 19 + 20
Il est commode de noter ici que déjà vingt textes ont été écrits et publiés dans la catégorie 59 et qu'il en reste donc trente-neuf à composer pour donner un semblant de rondeur à cette rubrique. Pourtant, si ces carnets ne devaient devenir que le simple reposoir (voire le déversoir) de mes maniaqueries arithmétiques, on n'irait pas bien loin. Je dois reprendre le fil distendu de mes réflexions, pour ne pas désarçonner davantage les pauvres lecteurs égarés.
17:27 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 23 mars 2006
Fatrasie du mercredi, 4
Ma compagne me fait remarquer que le peu de commentaires s’explique quand même par le caractère profondément abstrait de ce que j’offre en pâture. (Elle dit ça plus crûment.) Dans le précédent carnet, fermé pour cause de désir d’anonymat, je me livrais plus. L’homme faisait le style. Ici, le style fait l’homme, et tant pis si vous n’aimez pas les spectres !
(Je pense à cela, car cette série de paragraphes composant la fatrasie me paraît bien rébarbative.)
15:40 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (8)
mercredi, 22 mars 2006
Vers le proverbe
Je n'ai pas écrit une ligne de la journée, et c'est maintenant, à presque dix heures du soir, que je trouve seulement à tracer ces mots, qui ne disent pas grand chose, sinon que les notes assez longues publiées plus tôt ce mercredi avaient été écrites hier, et sont donc bien vaines - mais la vanité n'est-elle pas le propre de tout carnet un tant soit peu égotiste ou tourné vers soi ? Sous la pluie, pense au vent.
21:36 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 mars 2006
Salon du Livre, 1
Dans un carton de taille pourtant modeste se trouvent pas moins de 3500 exemplaires de la Déclaration des Droits de l’Union européenne, qui sont distribués à la sortie du métro, à la station Porte de Versailles. On ne pourrait faire tenir, dans un de ces cartons, les quatre volumes du Robert culturel.
Les passants saisissent machinalement les opuscules que leur tendent les jeunes hommes et jeunes femmes préposés à cette tâche.
C’est un ridicule gâchis de papier.
En bonus-miroir : Hommage bifide à Paris.
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samedi, 18 mars 2006
Dapper, 1
Lire un roman des éditions Dapper, c’est s’assurer du plaisir d’un livre imprimé sur beau papier, dans une belle encre, avec une typographie élégante, sans la moindre coquille. La typographie, surtout, offre cette découverte exquise : les points sont en fait des losanges. Depuis six ans qu’existe la collection, je prends à ces livres le même plaisir que me procurait, naguère, le Musée Dapper – avant que, déménageant, il ne cède aux sirènes d’une obscure « muséographie » à la mode.
[Avec le désormais traditionnel bonus.]
20:45 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 16 mars 2006
Bestiaire brethon
La semaine se décompose comme suit : jour du loustic, jour du moustique, jour du Laüstic, jour caustique, jour du rustique, jour de l'élastique et jour des boutiques.
" - C'est quoi d'ailleurs, le Laüstic ?
- C'est un rossignol.
- T'en sais rien, oui.
- Mais si, c'est un rossignol ! "
Marie me pardonnera ce mince sacrilège. Le lai montre la voie, guide les ânes, passe par les fourches caudines et les ponts suspendus. La rigolade prend d'assaut les hippocampes au fond de l'eau.
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jeudi, 09 mars 2006
Jeudi d'achats
Acheté le disque d’hommage à Annegarn (Le grand dîner), dont je reparlerai, aussi un récital de Felicity Lott autour de poèmes de Baudelaire ; le dernier Waberi (Aux Etats-Unis d’Afrique), Et le ciel a oublié de pleuvoir de Mbarek Ould Beyrouk, et Nubian Indigo de Jamal Mahjoub, qui paraît en traduction française chez Actes Sud avant même sa sortie dans l’original anglais, outre un Brétecher parvenu postalement, et Zoo, le tout récent Darrieussecq choisi par ma compagne.
17:08 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 04 mars 2006
Tours de ma neige
Le titre de cette note est particulièrement navrant, et rappelle (sans les honorer aucunement) les infinies variations auxquelles se livrent les rédacteurs décérébrés des bulletins municipaux ou les concepteurs des projets pilotes (comme je crois qu'on dit) autour de la polysémie du nom propre de la cité des Turons.
Toujours est-il que le centre ville de Tours était peut-être le seul lieu où la neige ne tînt pas aujourd'hui, elle qui continue de tomber, indiscontinûment, depuis l'aube.
17:55 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 28 février 2006
Latte de banc graffitée
Sur le fond de verdure de la butte, je lisais tranquillement à la source des racines, songeant au long fouaillement des taupes, à l'alanguissement merveilleux des lombrics qui sont autant de tortillards échappés d'une rue en pente, et où se voient les costumes annelés de passagers en partance pour un morne bureau, lorsque je vis, presque stupéfait, l'éclat céruléen d'un bandeau net, qui abrite trois hiéroglyphes mystérieux, lesquels sont eux-mêmes accompagnés de fioritures et de brimborions déposés,
comme un pigeon travaille pour la postérité.
(Cette parenthèse finale compte comme une soustraction.)
19:19 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1)