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mardi, 31 octobre 2006
Délicatesses du dialogisme
C'est toujours la même histoire. (C'est une phrase banale : c'est toujours la même histoire qui commence toujours par la même phrase banale : c'était toujours la même histoire.) On grimpe les escaliers, on dévale la pente.
Que des terreurs inopportunes, finalement. Le vieux bal infini des stations balnéaires. Il prit son flingue, Julien , ras-le-bol de ces courges, ces vieilles bourges. Ouais, je vais me la faire, sur son vélo. Tout de même, calme-toi, on n’a pas vu le bout du tunnel (ni la fin de tes conneries). Onaniste, va.
16:55 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Photographie
« Eheu fugaces »
De jamais à jamais, que le temps passe vite.
11:45 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 octobre 2006
Rue des Ecoudières
Il avait été très déçu par l'album Ballads du Vienna Art Orchestra, violoneux et glamour, tout ce qu'il n'aimait pas. Cela ne l'empêchait pas, bien sûr, de regarder les pierres comme des ruines, les gouttières comme des cils félins lui faisant de l'oeil, et les fils électriques, quels qu'ils fussent, comme des vénus sulfureuses. Il fallait sans doute jouer des coudes pour chanter sans fioritures, pensa Julien.
16:45 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 29 octobre 2006
Rue du Pis
On considérait un peu le facteur comme la vache à lait de la commune. (Il s'appelait Léonard.)
J'ai oublié de t'écrire ça la dernière fois, non ? (Sa femme s'appelait Ninon, mais elle est morte.)
Non, Ninon n'était pas laitière.
12:30 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie
samedi, 28 octobre 2006
Rue Fontpinou
La précédente éclipse a duré plus d'un mois. Du côté de Saint-Léonard, pourtant, on se couchait en chien de fusil, on s'observait en chien de faïence, on se gardait quelque rancune.
12:20 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (3)
vendredi, 27 octobre 2006
Les maîtresses de T.S. Eliot
Taste : au premier étage de cette cantine branchée et citadine, j'évoquai, la semaine dernière, les nombreuses fautes de grammaire de V.W., dans sa correspondance. Elle n'en est, évidemment, pas moins attachante, ni moins grande styliste.
Talking of death and bullets, have you heard that Mrs Eliot is on the war path, said to have a carving knife with which first to skin Tom; then Ottoline; finally me? For she says Ott and I are Tom's mistresses; now as I never had a favour from that man its rather hard to give my life on the pavement. (Lettre à Quentin Bell du 26 juillet 1933. In The Sickle Side of the Moon, p. 207)
Le canard au caramel, réchauffé dans sa gamelle en plastique amélioré, n'était rien de fameux, pas goûtu ni goûteux. Non toujours non. Pas besoin d'un quelconque couteau pour le découper, et pas une once de sang sur le tarmac du trottoir, devant Taste.
16:25 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
jeudi, 26 octobre 2006
Faculté de Frédéric Fauthous, 2
Stupéfaction ! Deux nouveaux paniers à trois points ! (Le kleenex et le gobelet.)
13:31 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (4)
Faculté de Frédéric Fauthous
Je crains fort que ça n'intéresse pas grand monde, mais je viens de réussir (ici, dans mon bureau, à l'université) deux fois de suite un "panier" : en lançant directement dans la poubelle 1) le papier d'emballage du sandwich 2) la canette vide de Coca.
Pour la serviette en papier et le gobelet en plastique, je vous tiendrai au courant.
(Oh, lâche-nous les baskets...)
13:23 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne
V/B
À l'aller, dans l'Aqualys, près la brume :
" Je fermai précipitamment mes cahiers et détournai la conversation sur autre chose. C'est-à-dire que je lui demandai s'il jouait au diabolo. Nous étions en pleine mode de ce jeu-là en 1908. J'y étais assez adroit, et quand le "nouveau" m'eut avoué qu'il n'arrivait pas à être bien brillant à cet exercice, et tu parles ! il était d'une maladresse... je sortis mes baguettes et ma bobine et lui fis une telle démonstration qu'il me demanda de lui donner des leçons de ce nouveau sport. Du coup, les rapports entre nous changèrent de nature, je devenais le professeur de ce Monsieur, en cachette bien entendu, je l'éblouissais à rattraper la bobine cent, cent cinquante fois à la volée, c'est-à-dire sur le fil tendu, d'un coup de bras, sans retricoter... mais plus personne ne sait de quoi je parle. Et ce n'est qu'au bout de deux ou trois jours que je découvris à qui j'avais affaire : mon élève s'appelait Miguel Zamacoïs."
(Louis Aragon. Je n'ai jamais appris à écrire ou Les Incipit (1969). Repris en "Champs-Flammarion", 1981, p. 29)
Au retour, dans le TGV, à la brune :
" En cet Eden laborieux serpentent les routes étroites, montant sans cesse et descendant, et jouant avec l'horizon comme si c'était un diavolo, que l'on sait bien qu'on rattrapera toujours." (Renaud Camus. Le Département du Gers. § 186. P.O.L., 1997, pp. 93-4)
09:05 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature
mercredi, 25 octobre 2006
Place Denis Dussoubs
21:05 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (1)
Engelures
La Place au Vin d'Orgelet fut le théâtre de plusieurs anecdotes. Le 25 octobre 1754, une troupe de 70 à 80 cavaliers investit la place. Le célèbre contrebandier Mandrin fait halte à Orgelet. Aussitôt, les prisons sont ouvertes, le bâtiment de la ferme est bien sûr mis à sac et les habitants d’Orgelet sont invités à se fournir en marchandises de toute sorte, volées lors des expéditions de Mandrin et sa bande.
(Source : site officiel de la ville d'Orgelet)
19:10 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)
Vertes voltes
Entre le premier et le deuxième but de l'A.S. Saint-Etienne, dans le huitième de finale qui oppose cette équipe à l'Olympique de Marseille, j'ai trouvé pas moins de douze très beaux portraits de dames en vert, dont aucun ne correspond à ce que V.W. écrivait, il y a 88 ans, à Vanessa :
I feel more and more convinced that advanced views are purely a matter of physiognomy. For instance the lady in green, with check trimmings in her hat and a face like a ruddy but diseased apple - one cleft asunder by a brown growth - had nother [sic] excuse for existence.
The Question of Things Happening. The Letters of Virginia Woolf 1912-1922. Londres : Hogarth Press, 1976, p. 286
17:54 Publié dans Vertes voltes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Littérature, Art
Starps, du sport
Souhaitant évoquer de nouveau Sprats, le petit texte (entre science-fiction et parabole kafkaïenne) de David Bessis, je dois toutefois ronger mon frein, car j'ai prêté mon exemplaire à un ami très cher, mais pourrais bien signaler que j'ai échangé quelques courriels courtois et instructifs avec l'auteur lui-même, qui ne manquera pas de tomber encore sur cette page-ci, vu qu'il se tient au courant de ce qui se publie sur la Toile par le truchement des alertes de Dame Google. (Il n'a pourtant pas dû lire l'acrostiche que je lui ai dédié, vu que son nom n'y apparaît pas de manière suivie !)
Or, je suis tombé, dernièrement, dans le petit livre de R.L. Brett, Fancy and Imagination (Methuen, The Critical Idiom), sur le nom d'un théologien anglais du dix-septième siècle, Thomas Sprat, qui préconisait, dans son History of the Royal Society, un style éloigné des embellissements et des fioritures de l'époque élisabéthaine. Cela est patent dans la citation suivante, qui donne la mesure de ce qu'était, pour lui, la réussite des académiciens de la Société Royale :
They have therefore been most rigorous in putting in execution, the only Remedy, that can be found for this extravagance: and that has been, a constant Resolution, to reject all the amplifications, digressions, and swellings of style: to return back to the primitive purity, and shortness, when men deliver'd so many things, almost in an equal number of words. They have exacted from all their members, a close, naked, natural way of speaking; positive expressions; clear senses; a native easiness: bringing all things as near the Mathematical plainness, as they can: and preferring the language of Artizans, Countrymen, and Merchants, before that, of Wits, or Scholars. (Thomas Sprat. History of the Royal Society. Section XX: "Their manner of Discourse".)
Enflures, digressions, amplifications : voici une esthétique résolument tournée contre les poètes précieux et les écrivains baroques. Que sont donc, à cette aune, les tentacules du narrateur de Sprats ? Sprats est-il un livre qui s'interroge sur l'amputation des tentacules, comme Paulhan jadis sur l'arrachage des fleurs de Tarbes ? Que dire de la symétrie entre les onze lettres qui forment le nom de David Bessis (5+6) et les onze qui forment celui de Thomas Sprat (6+5) ? Irai-je un jour manger des toasts aux sprats à Onzain ? Et surtout, par quel miracle ai-je réussi à composer cette note dans le délai imparti (la durée de Paranoid android, par Brad Mehldau) ?
***********
Further reading :
- Le Transhumain et les sprats
- Ceci est un test
- David Madore (onze lettres aussi)
16:24 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature
Dans la cité enfouie
Il était question de ce livre hier... Mais j'illustre toujours à côté...
" Sa grande fierté : la Chupicuaro. Comme si l'exact pendant du travail fragile de Ghertman sur le papier Canson était cette statuette venue du fond des âges, maintenant l'emblème célèbre des arts dits primitifs à Paris."
(François Bon. Peint sur le cul du diable, § 52. Textes en regard de portraits de Guy Joussemet par Alain Ghertman. Cercle d'art, 2004, p. 33.)
Je ne fais pas figurer la photographie de la Chupicuaro vue de dos, le pendant aussi, pourtant, et inévitable, essentiel, de cette vue de face.
14:55 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, Littérature, Poésie
Kehr um, kehr um !
Est-ce un hasard ? L'un des motifs de la Courante (troisième partie) de la Sonate pour luth n° 36 de Sylvius Leopold Weiss est très proche d'un passage de la Belle Meunière, de Schubert. Il s'agit du "refrain" (avec maints guillemets) de Eifersucht und Stolz :
Kehr um, kehr um, und schilt erst deine Müllerin
für ihren leichten, losen, kleinen Flattersinn,
kehr um, kehr um, kehr um !
Est-ce vraiment un hasard ? Cet air, le quinzième de la Belle Meunière, suit de très près un autre, qui s'intitule Mit dem grünen Lautenbande (littéralement : "avec le ruban vert du luth"). De surcroît, l'amoureux, dans Eifersucht und Stolz, demande au ruisseau d'inverser son cours (kehr um), et l'air de la sonate pour luth n'est autre que la... courante.
11:05 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1)
Sept réponses à Patricia
Mon laptop est mon seul clavicorde.
"Un vrai blog sympa", cela ne doit pas exister, je pense : seule une personne peut être considérée comme sympathique, ou non. Un site n'est jamais identique à son auteur, donc un site, même très personnel, ne peut pas être "sympa". (Une jupe ou un chandail non plus, incidemment.)
La nuit, très originalement, je dors. Comme je ne vis pas en appartement, et comme je ne suis ni le seul amateur d'opéra ni le seul professeur de France, je vous suggère de laisser tomber (comme on dit vulgairement) cette piste.
# 713 : cela signifie-t-il que j'ai déjà écrit 712 poèmes intitulés Solitude ? Je vous laisse juge.
Imat ol sherderbok : oui, je ne peux que chaudement recommander de découvrir ce merveilleux chanteur qu'est Julien Jacob.
Oui, j'aime Shakespeare, un sommet incontournable, un himalaya du Verbe, mais je ne pensais pas ici (consciemment) à sa célèbre formule : "The world's a stage".
Enfin, merci beaucoup de vos lectures, et notamment de ce gentil commentaire inspiré de mon récent poème.
09:59 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature
Samedires
Dans la foulée d'un répertoire précédemment livré, ici même, et qui concernait mes achats parisiens de disques, j'inscris ci-dessous, sans autre forme de procès, la liste des livres que j'ai achetés samedi, toujours à Paris (et toujours chez Gibert Joseph (toujours en inversant l'ordre habituel du prénom et du nom)) :
- Coplas. Poèmes de l'amour andalou. Traduction de Guy Lévis Mano. (Allia)
- Claude Ollier. Eté indien. (Hachette/Flammarion)
- Hermann Melville. Moby Dick. (Wordsworth Classics) *
- Leonardo Sinisgalli. Poèmes d'hier. Traduction d'Odette Kaan. (Orphée/La Différence)
- Danielle Mémoire. Prunus spinosa. (P.O.L.)
- Piero Bigongiari. Ni terre ni mer. Traduction d'Antoine Fongaro. (Orphée/La Différence)
- Maurice Rheims. Abracadabrantesque ! Dictionnaire des mots inventés par les écrivains. (Larousse)
- Anghélos Sikélianos. Une voix orphique. Traduction de Renée Jacquin. (Orphée/La Différence)
- Renaud Camus. Le Département du Gers. (P.O.L.) **
* Me croirez-vous si je vous dis que je ne possédais pas d'exemplaire de ce roman, et même que je ne l'ai encore jamais lu ? Shame on me... Reste à le lire ! (Il me tarde.)
** C'est tout de même autre chose de mettre la main sur le livre que de lire cet ouvrage en ligne.
09:21 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature
Trois frousses de Sanfourche
Avant de faire de menues recherches pour écrire la note publiée hier au sujet d'Alain Ghertman et de François Bon, je ne connaissais pas Jean-Joseph Sanfourche, qui m'a tout l'air d'être une sorte de Gaston Chaissac bis.
Non ?
En moins bien...
Le mage se maquille, la rue se déshabille.
08:15 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 24 octobre 2006
666/799
Il n’a jamais fait si doux si tard dans l’année, et curieusement personne ne le dit, n’en parle, alors que d’ordinaire les banalités météorologiques sont le lot de toute saison, surtout quand il se dessine quelque trait hors du commun. Personne ne le dit et personne n’en parle, et n’est-il pas bizarre aussi que le portail se soit dévergondé jusqu’à dépasser la butée de fer et se retrouver du côté du trottoir, sans qu’il y eût d’autre solution que de le dévisser ; tout de même, il n’y était pas arrivé tout seul. Ni le portail ni le soleil n’ont grand-chose à voir, non plus, avec ces doubles rues, panneaux indiquant deux dénominations différentes (l’une traditionnelle et l’autre jacobine, je présume) et caractéristiques de Saint-Léonard de Noblat, ici comme ailleurs, dans le Limousin rieur.
20:50 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)
Ensemble, op. 317
le ciel comme une braise verte #
un croupier ramasse l'offrande #
pour la forme #
rue du change
faire l'appoint c'est pour ma pomme
(parfum de paradis perdu) #
vous jouez l'onde à la roulette
à vau-l'eau #
volète le temps peu ou prou #
19:05 Publié dans Fil bleu : Tridents & autres textes brefs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Ligérienne
Alain : Ghertman ::: Portrait de G.J. ::: François : Bon
Avant de lire l’ouvrage que cet artiste a cosigné avec François Bon, je ne connaissais pas l’œuvre d’Alain Ghertman. Ensemble, les deux lurons larrons ont livré 73 variations autour d’un personnage, Guy Joussemet. Ce noble collectionneur, commanditaire d’un portrait, s’est retrouvé avec pas moins de 73 versions de sa gueule arrangée par Ghertman. Bon, lui, a surtout écrit ce qu’il avait à dire du travail de l’artiste. Portrait du portraitiste, autant dire (et tout cela rien moins que vertigineux). Les 73 portraits sont rassemblés sous le titre Portrait de G.J., et le texte de Bon (en 73 fragments) se nomme Peint sur le cul du diable (voir d’ailleurs fragment 70).
Ghertman a sans doute été très fortement marqué/inspiré par Bacon, mais pas seulement. Bon, à n’en pas douter, a été marqué par Ghertman ! Il y a des passerelles entre les images et les paragraphes. Un jeu de passe-passe, bonneteau du diable. Prenons par exemple le 28ème portrait, profil de suie qui fait une forme de globe. Dans le §28, Bon évoque « une minuscule tête de mort olmèque en obsidienne » que Ghertman a dans la poche, et que l’écrivain compare au « mediator de guitare » que lui triture sans cesse (« c’est la même chose »). Dans le §52, pas trace de la longue coulée de larme en tracé vigoureux de gomme (voir 52ème portrait). Et ainsi pas de suite. De la suie quand même, oui.
Dans le §61, Bon rapporte les visites de Joussemet à Jean-Joseph Sanfourche, peintre qui vit à Saint-Léonard de Noblat. J’y étais le 8 juillet. (No big deal, I know.) Comme j’écoute les sonates pour luth de Sylvius Leopold Weiss en écrivant ces quelques mots, et comme l’illustration du disque est un tableau de François Puget, voilà mes deux fétiches, hic et nunc : une vue de Saint-Léonard et un joueur de luth.
18:41 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
24 octobre 1553
Entre la mort de Lucas Cranach et celle de Michel Servet, quelques jours brumeux trouvent leur souffle, aux ondées tristes et même pas factices.
17:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (0)
D'un ton patelin
Sonna l’heure du cinquième café, aussi d’arrêter de se crêper le Chinon. Endormie, appuyée nonchalamment sur la paume de sa main droite, elle eut un léger geste d’humeur – ou d’ennui – qu’aucun des convives ne put interpréter comme tel, si elle semblait dormir. Il régnait, sur la ville et ses pierres grises, un soleil brûlant d’octobre. Avant de se quitter, ils échangèrent encore quelques propos conventionnels – sur la tournure des événements ou le tanin de ce pichet – et, tandis que lui allait essayer de démêler quelques épais mystères prosodiques, à la demande (inopinée, inattendue) de trois jeunes filles studieuses, ses convives partaient bambocher de plus belle, au ciel navré des tapis rouges.
15:53 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0)
Terribles images que voilà
Au haut d'une tourelle du treizième siècle, dans une salle où somnolent trente volumes empoussiérés de l'Encyclopaedia Britannica et un vieux Macintosh que plus personne, jamais, ne prend la peine d'allumer, la fumée d'une cigarette Benson & Hedges fait de curieuses volutes, et la cendre projetée sur la table finit par se poser sur la moquette, de l'autre côté des sièges où sont installés les deux acteurs amateurs, après un rebond sur une chaise noire en plastique.
12:29 Publié dans Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Solitude, op. 713
La conspiration des squelettes #
- feuilles tombées au sol - trouble notre destin #
La bourrasque comme un festin #
dans le ciel affamé éclate en vaguelettes
Je vois un recoin de cuisine
au haut d'une maison au toit pointu
À ce dernier étage étroit vois-tu
vivoter la nuit qui décline ?
Aigrettes cormorans rides d'eau sur la Loire
goélands assoupis colverts
là-bas, près du tronc abattu, sur l'écran vert #
Reflets du fleuve comme moire #
Nous vivons seuls sous les pierres d'azur #
Le soleil voile un pan du mur #
Quelques mots d'explication (que l'on peut se passer de lire) : les dièses indiquent les arrêts de bus qui ponctuent l'écriture de tout poème-transport (voir la rubrique Fil bleu : Tridents...) ; la majeure partie du sonnet (vers 4 à 11) a été écrite entre l'arrêt Passerelle et l'arrêt Mirabeau (sur le pont, traditionnellement embouteillé) ; enfin, ce texte mérite son inscription dans les Diableries manuelles, puisque, comme tout poème-transport, il a été composé sur une feuille de format A6, à la plume noire ; évidemment, les liens ont été ajoutés lors de la retranscription du poème, ici, dans mon bureau, à l'université.
09:27 Publié dans Diableries manuelles, Fil bleu : Tridents & autres textes brefs, Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
lundi, 23 octobre 2006
Addendum à « Samedisques »
Trois albums achetés ce samedi ont été oubliés dans ma précédente note : le premier disque d'une jeune chanteuse, Bless (que, finalement, je n'aime pas tellement) ; les Concertos (ou Concerti) pour clarinettes de Franz Krommer (compositeur injustement méconnu du début du dix-neuvième siècle) ; enfin, un disque de chants grégoriens intitulé Vir Dei Benedictus (Choralschola der Benedektinerabtei, direction Godehard Joppich), et curieusement publié par la branche allemande du label Harmonia Mundi dans la collection Baroque Esprit (comme quoi même les baroqueux ne savent pas ce qu'est le baroque, ce terme étant désormais employé pour toute forme de musique jouée selon des critères d'interprétation "authentiques", c'est-à-dire dans un souci de fidélité à l'original (mais quand même, les chants grégoriens baroques, je n'aurais pas osé!!!).
À suivre : livres du samedi.
17:35 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1)
Fou dormais-tu dans *
ce matin
drapeaux voletant
dans le ciel
anatole france
sur le pont
le fou qui dormait
seul sursaute
choiseul
remontée
la pente en fuite
aigre-douce
tranchée
dans le vif
tu voyais le fou
qui fuyait
maginot
et le vent
la terreur affleure
vent farouche
la source
inouï
enfin j'ai vu le
parc Colbert
croix pasquier
ces deux dames
la langue qui fourche
enventée
clinique velpeau
si l'enfant
dort dans les brisants
se pavane
trianon
le long vent
s'essouffle au sommet
cimetière
pierre couverte
pourtant au
bout du tunnel sens
la lumière
devildé
qui jaillit
au faîte de ton
existence
général estienne
et d'ailleurs
fou dormais-tu dans
ce dédale
champ chardon
où dévale
la pluie à fleur de
ruine triste
tremblay
et jamais
tu ne vivras dans
cette ville
oratoire
que la brise
et la pluie ont faite
labyrinthe
saint barthélémy
15:59 Publié dans Fil bleu : Tridents & autres textes brefs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
Samedisques
En écoutant la IVème des Sonates à Pisendel de Vivaldi ( dans l'interprétation du Boston Museum Trio, HMA 1901088), après avoir expédié quelques courriers électroniques de nature professionnelle, je prends quelques minutes pour grattouiller ici quelques touches de mon précieux clavicorde, et, à défaut de vous entretenir, ces temps-ci, de mes lectures ou de mes enthousiasmes musicaux ou esthétiques divers, dresser la liste des disques que j'ai achetés lors de mon bref passage dans la capitale samedi, au cours de fourragements frénétiques dans les caisses d'occasion de ce temple de la perdition qu'est le grand magasin Gibert Joseph (avec interversion du nom et du prénom, s'il vous plaît) :
- Olivier Messiaen. Turangalila Symphony. (Toronto Symphony, Seiji Ozawa, J. et Y. Loriod)
- Albert Roussel. Symphonies n°s 3 et 4. Bacchus et Ariane. (Orchestre Philharmonique de Radio-France, Marek Janowski)
- Johannes* Brahms. Oeuvres complètes pour piano solo et Concertos pour piano. (Idil Biret)
- Henri Dutilleux. Symphonie n°2, Métaboles, "Ainsi la Nuit". (interprètes variés, Erato Classics)
- Wilhelm Kempff**. Trio et Quatuor op. 15. (interprètes variés, Arte Nova 1995)
- Sylvus Leopold Weiss. Sonates pour luth. (Robert Barto, Naxos 1997)
Il y a aussi du jazz :
- Coulon Cerisier invite Padovani. Bleu comme le ciel. (Zimpro, 2004)
- Brad Mehldau. Live in Tokyo. (Nonesuch, 2004)
- Vienna Art Orchestra***. 20th Anniversary. (Coffret de 3 CD, Amadeo 1997)
* Du côté des livres, autre lieu de perdition où une nouvelle fois je me suis perdu****, j'ai feuilletté le dernier ouvrage de Jean-Loup Chiflet, qui a cherché à faire ses Miscellanées de Mr Schott à lui. Tout cela est totalement vain, superficiel, sans âme même. Je me rappelle avoir parcouru du regard une page où Chiflet a dressé la liste des prénoms d'artistes célèbres dont on ne connaît généralement que le patronyme. Brahms doit en faire partie, je pense.
** J'ignorais qu'il fût aussi compositeur. J'ai acheté le disque, d'abord parce qu'il coûtait trois fois rien, et ensuite parce que Wilhelm Kempff est mon interprète favori des Variations Godlberg (oui, même devant Glenn Gould).
*** J'étais très heureux de trouver ce coffret, car les disques du VAO sont introuvables en France, en général. F.B.-S., ami de Beauvais perdu de vue, hélas, et grand amateur de jazz, m'avait fait découvrir leur disque d'hommage à Dolphy*****, qui figure dans ce coffret !
**** Je me suis perdu pour de bon, car je cherchais les livres en anglais au 4ème étage, où ils étaient encore la dernière fois que où je suis allé chez Gibert Joseph (l'interversion, j'y tiens!), mais qui****** ont maintenant (et depuis très longtemps, sans doute) déménagé dans un recoin du premier étage.
***** L'autre soir (jeudi), au concert de jazz, à la pause, j'ai discuté avec une jeune femme, qui m'a confié aimer beaucoup ce concert du sestet Mingus Dynasty mais n'avoir jamais entendu parler de Charles Mingus auparavant. Cela m'emplit de joie de penser qu'il n'y a pas, dans les salles de concert, que des professionnels ou de froids habitués. Cela dit, écoutez Mingus et Dolphy ! (Ils ont même joué ensemble...)
****** Syntaxe audacieuse / hasardeuse / désastreuse ?
09:59 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 22 octobre 2006
Rue du Cygne
19:29 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne
Exposition archéologique au Château de Tours
08:40 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne
mercredi, 18 octobre 2006
Certitudes de l'avenir
Le 17 octobre 2313, nous échangeâmes un regard brûlant, et quelques heures plus tard, nous faisions l'amour.
00:05 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (12)
mardi, 17 octobre 2006
Raymond van der Uys
Comme Une famille parfaite est un film réalisé par les auteurs de Dancing, dont j'avais d'ailleurs (brièvement) dit du bien dans ces carnets, je m'apprête à le regarder en direct sur Arte. Or, je m'aperçois qu'une nouvelle fois, mais tout à fait inexplicablement, Arte est en allemand. Je ne veux pas dire que je suis tombé sur un programme en allemand et que les sous-titres n'apparaissent pas : il s'agit de la version doublée ou surdoublée en allemand. Ainsi, à l'instant, l'annonceuse française parlait distinctement en français, mais une voix allemande la recouvrait !
Cela ne me gêne pas, en soi, de regarder un téléfilm français en allemand, quoique je préfère la V.O., y compris quand il s'agit de ma langue maternelle (!), mais ce qui me turlupine, c'est que ce problème, qui s'était déjà posé (et avait duré une bonne quinzaine de jours) est resté inexpliqué par les techniciens de SFR et de Ma Ligne TV. Nous n'avons la télévision que depuis un an (onze mois, en fait), et nous ne la regardons presque jamais, ce qui explique notre manque de pugnacité auprès du service clients... mais tout de même...!
Une petite fille noire se lève la nuit, et voit un énorme ours blanc monter l'escalier. Un ours brun la saisit dans ses griffes. Elle rit aux éclats. Les volets ne sont toujours pas fermés. Par le hublot de sa chambre, elle voit s'éloigner les deux ours, sous la neige. Amour d'une musique pleine de menaces et de promesses. (Déjà dans Dancing.) Un avion s'éloigne, lui aussi, dans un ciel nuageux.
(Quel est le titre de ce roman de Richard Powers, déjà ? Ce film m'y fait penser.) ....................... Le thème du double père vous obsède, Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic ! ......................... Plowing the Dark : voilà ! (Mon préféré avec Prisoner's Dilemma.)
23:13 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Film, Littérature
99, in temperature
Virginia Woolf to T.S. Eliot. April 14, 1922.
So far I remain 99; in temperature, not age, but I feel astonishingly well.
Jusqu'ici, je m'en tiens à 37 : c'est ma température, pas mon âge. Mais je me sens dans une forme étonnante.
Faut-il traduire par 99, pour conserver la plaisanterie ? " Jusqu'ici, j'en ai 99 : des degrés Fahrenheit, pas des années. Mais je me sens dans une forme étonnante."
22:40 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature
Âme au noir
Cette musique si poignante, si terriblement belle que, rentré, après le travail, dans la maison vide, je voudrais avoir ceux que j'aime près de moi, et que chaque objet porte les stigmates encore brûlants de l'absence, pour rien au monde pourtant je n'aimerais qu'elle s'arrête.
15:15 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 16 octobre 2006
Terroirs #1010
Terroirs les mères mettent
À cajoler toujours
Jamais le coeur ne vaut
Pour t'essuyer, allez.
[Carnac, 172]
10:20 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
La vie comme aux lendits
En recopiant cette phrase de François Bon, comme aux lendits, je suis passé de Dialecte (Marc Ducret Trio)
Des lois sans mots qui se tissaient entre eux pour établir et faire respecter comme aux lendits les distances imposées, comme une place à soi-même nécessaire, croire à un territoire comme à une chasse gardée inviolable sur le lieu de chacun son corps. (Sortie d'usine, p. 57)
à Are You Going With Me? (Pat Metheny Group), dansant un peu comme aux lendits, vagabond ou saltimbanque.
Frén&sie et m&lancolie, jamais je n'y échappe. (Je me braque un peu aussi, autant dire : je me dévalise ; je me lorgne ; je me scrute ; je suis jumeau.)
09:19 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Jazz
Rue des Grippeaux
07:55 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie, Ligérienne, Poésie
dimanche, 15 octobre 2006
Ce parler de travesti
François Bon parle de travestissement, et la voix elle-même se travestit. (La phrase, elle, se vêt. L'écriture en lambeaux ou pourpoint doré, qu'importe.)
Au même titre donc le jeu circulant, de machine à machine, de l'établi au vestiaire, de ces dialogues à voix de châtrés grande folle, ce parler de travesti les masques à tout moment pris, un ridicule cri de coq oh ne me touche pas ici devant tout le monde pour un geste le moindre, une main posée sur l'épaule, aurait pu s'interpréter comme affirmation quand même du corps, l'impossibilité qu'ils en taisent complètement la voix dans cet enfermement ici de l'homme avec d'autres hommes sous le ressassé du pointage à vie. Ce parler travesti avait son poids, n'était pas le futile d'une parole évaporée ici où l'on venait pour se louer, emmurés de l'interdit posé sur le toucher sauf la main (François Bon, Sortie d'usine. Minuit, 1982, p. 52)
Ce roman, qui fut écrit (ou, tout au moins, publié) quand j'avais huit ans me remet en mémoire ces camarades qui, entre le CM1 et la classe de cinquième, jouaient exactement à cela. Je me souviens d'un, particulièrement, Laurent G* (que j'avais été très surpris de retrouver un mercredi pour un match de tennis, car nos clubs respectifs jouaient l'un contre l'autre, mais nous ne savions pas, ni lui ni moi, que nous faisions du tennis), dont la réplique quasi systématique était, voix zaza-serrauldienne à l'appui : "Arrête, espèce de pétale, tu vas me refiler le soda."
Il faut dire que son patronyme, qui signifie abominable en allemand (or, nous étions germanistes), reflétait assez mon sentiment à son égard, mais, si j'essaie d'adopter un point de vue moins radical qu'à l'époque, je me dis que ce genre de jeu était gentiment puéril, voilà tout. Il n'empêche que je persiste à penser (et même à écrire, très bientôt sous vos yeux écarquillés) que ce genre d'attitude et de réplique témoignait d'un milieu familial où l'homophobie-par-ignorance devait régner en maître (voire, pour accorder l'expression à son sujet, en maîtresse).
Que mon expérience de ce genre de jeu stupide (dont un autre camarade, d'école primaire, le très célèbre Stéphane B*, qui est le seul être au monde sur qui j'ai porté la main (avec comme conséquence un nez stéphanien rudement amoché), était aussi très friand) ait pu coïncider avec l'observation d'un semblable phénomène dans le monde des adultes, à la faveur d'un roman sur le milieu ouvrier, voilà qui me plonge dans le désarroi : était-ce une mode passagère dont certains enfants se firent le porte-voix ?
23:55 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Homophobie
Dans toutes les fins
Dans toutes les fins
Gronde la rumeur
Mot qui perroquet
Que tenir endort
Tous les trains me minent
Mystère de la moire
Trente de ces hosties
[Sphère, 56]
21:41 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
Sortie du fanzine
Redonnée sa chance à Richard Millet, et découverte une prose curieuse de Gérard Gavarry, seront les deux passions languides (passives, surtout) de fin septembre, début octobre.
Un jour donc qui n'en était qu'au matin de sa durée et dont il fallait bien s'accommoder, travaillant pour oublier l'écoulement du temps, puisque le travail même peut constituer la fuite immédiate de l'ennui, ce qui s'achève et disparaît de l'établi laisse un vide qu'une pièce brute est déjà là pour emplir, et dont le brut même laisse voir, irréalisé mais présent, son fini, et sans commandement ni hâte oblige à la tâche. La pensée se laisse enraciner comme à y glisser lentement, qui dit comme une voix et parfois jusqu'aux lèvres le filetage à chercher du taraud, ou bien quel tourne-à-gauche dans le tiroir ou la boîte. (François Bon. Sortie d'usine. Minuit, 1982, p. 37)
Le long des murs rouges, sur le long linoléum rouge flambant neuf qui fera tout à fait dégueulasse dans même pas dix ans, et où l'on n'osera plus faire passer ministres ni maires ni autres huiles, je place ma perceuse et, le regard vif sous la visière, guette les promeneurs.
17:55 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ligérienne
Chant de bambous
Clair et net, l'enchevêtrement laisse filer ses musiques amères, comme du verre tinte dans la nuit, le fête bientôt finie, et des feutres posés sur les cymbales, des coups de marteau cotonneux lancés à l'assaut de l'espace, on joue des épaules à n'en plus finir, comme une pointe fine marque de sa lame un pleur tombé sur les pages d'encre verte, et, les épaules vibrant encore de ce chant sonore, on s'en retourne à l'abri des buissons, dans les haies dénuées de cette forêt verticale, vertige consommé.
Jardins de Chaumont, 7 octobre 2006.
13:45 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Ligérienne, Littérature
M.S. MuMM
Dans Moon Palace, le narrateur, Marco Stanley Fogg (aussi appelé M.S.), se débarrasse progressivement, afin de subsister, de l'héritage de son oncle, soit 1492 livres répartis dans 76 caisses. (Je n'ai aucun mérite à me rappeler ces nombres, vu que, comme sur le versant onomastique, Paul Auster n'est pas très subtil dans la symbolique : 1776 est l'année de l'indépendance des Etats-Unis et 1492 marque la "découverte" du continent par les Européens).
Passant près d'un carton de vieux livres de poche que je compte vendre, et qui se trouve à la salle de jeux (ou deuxième chambre d'amis), au rez-de-chaussée, je m'imaginais qu'il serait possible de se défaire de tout livre après en avoir cité une phrase, ou exploré un mot, dans un billet publié dans ces carnets.
12:30 Publié dans 721, Fièvre de nombres, MAS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature
Du cancer de l'amie
Livré ici, un extrait de la lettre n° 2978 de Virginia Woolf (The Sickle Side of the Moon, tome 5 de la Correspondance, p. 366). Il s'agit d'une lettre du 23 janvier 1935, adressée à Ethel Smyth, compositeur (-trice?) et amie de V.W. :
I agree with you entirely about death from Cancer: I forget how you said it: something about having a chance to die standing up. That is a very true remark, and sometimes you say a thing that I had it in mind to say. But why ain't I to come, when you, if you, die? Why? Aren't I capable of comfort? No – a mere reed, floating along a sugary stream, in your view. And so you dont want to see me.
Je suis entièrement d'accord avec toi, pour ce qui est de mourir d'un cancer : je ne sais plus comment tu as formulé cela, mais il était question de la possibilité de mourir debout. C'est une remarque d'une grande justesse, et il t'arrive de de m'enlever les mots de la bouche. Mais pourquoi ne dois-je pas venir te voir, quand tu seras près de mourir, et si cela arrive ? Pourquoi donc ? Suis-je incapable d'apporter le moindre réconfort ? Non, à tes yeux, je ne suis qu'une tige de roseau qui se laisse emporter au gré des flots suaves. Et du coup tu ne veux pas me voir.
11:25 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
¤ Feu meurtri #1001
Tu t'en iras : la braise, urne, cendres dans l'âtre,
Images déferlant dans ton esprit meurtri,
Sont le feu mort ; le ciel, à la flûte du pâtre,
Se dissipe, dissous. Le monde est un théâtre.
10:55 Publié dans Rimes quartes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
Les chrotomis sont très gentils...
... mais ils font de grosses fautes de français !
(Va falloir songer à payer l'ardoise !)
Jardins de Chaumont, 7 octobre 2006.
09:15 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
samedi, 14 octobre 2006
La sodomie, sujet sensible #999
Livré ici, un extrait de la lettre n° 2850 de Virginia Woolf (The Sickle Side of the Moon, tome 5 de la Correspondance, p. 272). Les ajouts entre crochets sont des précisions de l'éditeur, Nigel Nicolson. Il s'agit d'une lettre du 24 janvier 1934, adressée à Quentin Bell :
Helen [Anrep] has the flu, and that oaf her son has the congenital idiotcy. I wish Roger could scrape his neck of all Russian barnacles. I am writing about sodomy at the moment [The Pargiters] and wish I could discuss the matter with you; how far can one say openly what is the relation of a woman and a sod? In French, yes; but in Mr Galsworthys English, no.
Helen a la grippe; son benêt de fils est idiot, mais c'est congénital. Si Roger pouvait lui ôter ses maudites bernaches russes * de la tête. En ce moment, ce que j'écris a trait à la sodomie et j'aimerais pouvoir en parler avec toi : jusqu'où peut-on aller quand on évoque les rapports entre une femme et un sodomite? En français, c'est possible, mais, dans la langue anglaise de ce bon monsieur Galsworthy, non, vraiment pas.
* Je penche pour les oies, et non pour les coquillages... mais du diable si j'y comprends goutte. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai conservé ces deux premières phrases dans cet extrait, car je me demande dans quelle mesure il n'y a pas là, avec, notamment, ces mystérieux Russian barnacles, une allusion à la sodomie. (L'expression scrape his neck me paraît particulièrement suspecte...)
Comme je ne crains pas, moi non plus, les liens circulaires, je me permettrai d'appeler Madame de Véhesse à la rescousse. (Depuis qu'elle m'a expliqué ce qu'était un prince Albert, hein...)
19:05 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Anglais
The : Sickle :: Side ::: of :::: the ::::: Moon
Ces derniers jours, j'ai manqué de temps pour écrire, et même pour lire. J'ai surtout, depuis mardi, fait mes délices du tome 5 de la correspondance de Virginia Woolf (dans l'édition dirigée par Nigel Nicolson et publiée à la fin des années 1970 par The Hogarth Press (évidemment)). Le style, c'est l'homme la femme, et mieux encore, on la rencontre à chaque détour, au coin de chaque phrase, avec ses promesses et ses mesquineries, sa franchise et ses obtusions. Le style porté au corps d'une vraie écrivaine (si à la féminisation je cède) donne une couleur incomparable à la moindre minute passée en sa compagnie. Loin d'être inconditionnel de Virginia Woolf (mais admirateur forcené d'Orlando et de To the Lighthouse), je retrouve dans ses lettres ce qui me plaît chez elle: ce mélange d'âpreté et de finesse qui est sa marque. Aurai-je, dans les jours qui viennent, le temps de citer certaines lettres, certains passages, certains forages particulièrement remarquables? Disons que je le prendrai.
17:22 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
jeudi, 12 octobre 2006
Vérité # 997
Miss Berry Touraine est une de mes étudiantes. (Elle va devoir rater trois semaines de cours, la pauvre.)
Du yoyo dans l'Ohio... indeed...
22:25 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (10)
Réinventer la routine
Aujourd'hui, comme hier, journée plus intense que jamais, en un sens. Ce jeudi, une après-midi de réunions, et, comme les deux premières, d'une extrême importance, avaient lieu entre une heure et trois heures et demie de l'après-midi, P*** et T*** m'avaient dit que je pouvais annuler mon cours de l'après-midi. Si je n'en ai rien fait, j'ai quand même écourté le T.D. d'une demi-heure, mais plus à cause de l'effet désastreux que produisait sur moi l'alliance du vacarme sur le chantier immédiatement voisin et des bavardages un brin irresponsables d'étudiants peut-être pas passionnés par la question du genre des noms. (J'ai donc assisté à la fin de la réunion, puis à la suivante, et maintenant j'ai des cours à préparer, des courriels professionnels à envoyer, un dossier pédagogique à "monter", etc. (La routine, quoi.))
21:02 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 10 octobre 2006
Boucherie Tillet
19:05 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Nargue orange
C'est un jour d'images, où la vue se substitue aux choses lues ; le long de la Loire, sur les bancs nous nous affalons, vautrons, épanchons, de but en blanc lisons mais surtout matons. Docile, l'air se laisse humer. Docile aussi, la libellule que l'on voit passer près du cormoran impassible nous parle de mondes rêvés, de vies impossibles, dans des gabares, au bord de la Loire. Si on vivait au jardin, à dormir à la belle étoile, à se démener pour survivre, ce serait une autre affaire.
17:55 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Traduction
64, rue Losserand
Merveilles de la vie boisée, de la voix ligneuse,
comme une sirène n'y voit que du feu,
16:17 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne
Placis de la Lamproie
13:33 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Oranges #991
À peine croisés, les trois étudiants espagnols s'en allaient vers la ville, tandis que je les regardais s'éloigner, attentif à la brise qui me défrisait la veste et repliait l'affichette orange scotchée à même le métal. Les grilles ouvertes, cette invitation au voyage, de part et d'autre de la passerelle le trafic incessant invite au voyeurisme. Le sac à dos a-t-il définitivement supplanté le cartable (ou la serviette) ? La fenêtre répond à la balustrade : Vous me verrez venir de loin.
À peine se sont-elles croisées du regard que le vent emporte leurs paroles, dont le souffle ambré cet hiver nous glacera l'échine.
13:10 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Compote sentencieuse
Les doigts roux d'avoir coupé les pommes que mes parents nous ont amenées vendredi, le regard embrumé d'avoir remué ces mêmes pommes semi-cuites après le premier tiers de cuisson, les mains légèrement gluantes malgré l'eau très chaude et le savon, l'esprit vaguement oxydé, je note ici quelques mots, comme une pierre sur le chemin, sans pour autant, de rien, me sentir coupable.
09:19 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
lundi, 09 octobre 2006
297 ans ce jour...?
Né à Morangles, dans l'Oise, le 9 octobre 1709, Jean-Baptiste de Belloy fut archevêque de Paris et connut plusieurs régimes politiques, puisqu'il devint cardinal à l'âge vénérable de 96 ans, sous l'Empire, avant de s'éteindre à 98 ans et 9 mois (le 10 juin 1808).
18:50 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)
Ombre porteuse
Ton ombre
où ton nom s'efface
aux yeux noirs de la solitude
s'étend recouvrant les lettres
et le nez en l'air
une gamine parle aux nuages
devant le Helder
Au gré s'élève sa prière
De ton ombre peu familière.
17:09 Publié dans Odelettes d'été | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
Rizières de la Loire
Rizières de la Loire
où poussent les silences
et les folles gaietés
des aigrettes muettes
que désempare
l'océan
là-bas au loin tout au loin dans les brumes
11:50 Publié dans Diableries manuelles, Fil bleu : Tridents & autres textes brefs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie
Provincialisme ?
Soyons clairs : je déteste d'ordinaire les parisianismes (car il en est une multitude, une large palette) et pourfends aisément ceux qui, d'aventure, se risquent à généraliser au sujet de "la province" ou des "provinciaux". Toutefois, je trouve qu'il n'y a pas meilleur exemple d'une forme très provinciale d'incompréhension de la littérature que ce petit article sans queue ni tête, ni fait ni à faire, qu'un(e) certain(e) J. Rémy consacrait le 21 septembre dernier, dans Le Bien public, au roman de Chevillard, Démolir Nisard.
Il a été question, dans ces carnets, du roman de Chevillard, mais il me semble que J. Rémy, parfait représentant du nisardisme, n'a aucunement perçu les enjeux proprement littéraires du texte, pour s'en tenir aux oeillères d'un esprit de clocher (ou de paroisse) bien étriqué sur les bordures...
09:45 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature
# D'albâtre la vie
S'évanouir : le monde, un fond de tequila,
Te dévisage du creux de ses yeux d'albâtre.
La vie s'en va — de tes méninges — brusque la.
Tenue la note effondre la nuit entrelacs.
08:45 Publié dans Rimes quartes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Poésie
dimanche, 08 octobre 2006
Yvain joueur
Yvain combat
or du regard chevaleresque
os façon cils
terreur sur le monde effaré
huées dans les forêts sombres
avec sa lourde armure il dort
Jeune Yvain
or terni n'était l'ombre de son oncle
Yvain dormait
combat des heures
ensemble pour l'éternité.
23:55 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
Un peu froid
Naines et veuves, c'est dormir qui nous convoque. (Presque plus de batterie, de jus, de vigueur dans la machine, et dans le corps plus guère.) N'allez pas chanter vainement, sur les toits ni parmi les tombes, lorsque l'aube renaît, que la cheleur se dissipe, et que, dans les brises qui vous bercent, un nom circule. Veuves et naines aussi font leur tête de bourrique, et les caisses de vin sont vides, pour la vie qui reste.
23:00 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Journal
Double menace avant la traction
Il ne dit jamais où il va, le chat noir aux yeux d'or jaune.
Double menace de l'inhalateur et de la betterave racineuse, et, dès Nazelles, à l'orée du pont d'Amboise, un bois d'asphalte au-dessus de la Loire, l'esprit invoque un spectre curieux, et c'est sans doute, par delà la facilité même du geste (déclic inopiné, pas même apprêté, du côté sûr du pare-brise), la 404 qui étonne, davantage que la Traction Avant, et il était curieux de voir aussi les conducteurs laisser passer ce train de véhicules de collection. (Au retour plus encore, et encore plus lentement.)
L'Aquarium du Val de Loire a changé de nom, vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes. (Redémarre, donc ! Avanti ! )
18:55 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Photographie, Poésie
samedi, 07 octobre 2006
Mercredi après-midi sur Mars
Je vivais sur le Mont Olympe, tout au sommet, à plus de vingt-cinq kilomètres de hauteur. À peine si je respirais...
C'était mercredi.
Exposition du Muséum, 4 octobre 2006.
12:21 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
vendredi, 06 octobre 2006
Hier
07:05 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Ligérienne
Morte l'éponge
Territoire tropiques
foule désabusée qui se cherche un royaume
fantômes du néant que ramène un passé déjà déserté
vide de ses blessures
Fêlures de jadis,
le long desquelles s'ébattent les cormorans :
la longue vie comme un ruban
s'effiloche d'être gorgée.
La faim nous gagne marécage
où trempent nos idées reçues
Ce rêve n'aura pas de fin
dans le bourbier du fleuve mort De longue vie
seule une trace
06:19 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
jeudi, 05 octobre 2006
& Entrevoir
Sur l'eau brunie, je poussais, ramier, la gondole.
La voiture nous avait conduits jusque là.
C'était un rêve ! Oh oui, entrevoir une idole !
Hilare, le passant, me voyant, se gondole.
12:05 Publié dans Rimes quartes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie
Où elle se mira
Aller aux mirabelles. Voiture, et tirages, révisions. Heure de réception, puis cours. Déjeuner vite fait, puis cours, et encore heure de réception, puis courses. Courir. Ah, aller aux mirabelles...
10:10 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 04 octobre 2006
Demain
Demain et les jours suivants seront plus encore sans écrire, et vous ne pourrez pas dire que vous n'aviez pas été
prévenus.
Toutefois, les fantômes sans regard, les spectres rouges au lourd visage nuageux seront avec nous, ce qui n'est pas
rien tout de même.
16:00 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Poésie
Grille (le feu)
14:35 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie
Sortie de véhicules
12:10 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Photographie
Aujourd'hui
Aujourd'hui sera sans écrire.
(Non, déjà plus.)
Figure rouge de Ségolène Garnier.
11:11 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
Clown civil
Ce qui n'a pas de sens nous fait vivre.
Even the Captain's misuse of that absurd word fuliginous irritated me. (Graham Greene. The Captain & the Enemy. Penguin, p. 139)
Ce sont, dans les épîtres et les missives, les clowneries et les civilités qui nous marquent le plus durablement.
10:55 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
mardi, 03 octobre 2006
Force d'âme
Goethe à Eckermann, le 3 octobre 1828 :
Der Mensch bedarf der Klarheit und der Aufheiterung, und es tut ihm not, daß er sich zu solchen Kunst- und Literaturepochen wende, in denen vorzügliche Menschen zu vollendeter Bildung gelangten, so daß es ihnen selber wohl war und sie die Seligkeit ihrer Kultur wieder auf andere auszugießen im Stande sind.
Je ne saurais mieux dire.
21:10 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Littérature
Sabbat à Valmer : Stabat mater
18:28 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, Photographie
Platine de poudrière
Sur la vielle chue du mort, il n'y avait pluies que pelées, un rectangle d'escarpins Sallamembla. Du riz sans chant et grumeleux sur le banc, une platine de poudrière...
... Mécanique, p. 9.
17:55 Publié dans Xénides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
Les dessous d'une situation diplomatique fortement incertaine
Marguerite de Vergy, Dame de Vignory, épousa, le 3 octobre 1404, Jean II d'Oiselet, Baron d'Oiselay.
Comment le savait-il ? Comment pouvait-on décider de quitter Vignory pour Oiselay ? Comment s'était-elle décidée ? S'était-elle décidée ? Elle n'avait rien décidé. Elle était jeunette, sans doute ; certainement, elle n'était pas vieille. Elle avait quitté ses vergers, la rude atmosphère de fournaise et de frimas qui régnait dans la maison forte de son père, pour aller convoler en justes noces avec ce petit homme de rien du tout, dépositaire de grands espoirs et d'une large fortune, et croquer la pomme n'était pas grand chose en comparaison.
Vous, quand même, vous me ferez cent lignes, quand même vous me ferez un compte rendu, vous me direz ce que vous avez fait quand même, quand bien même je le saurais déjà vous me ferez cent lignes (sur ce que je connais), vous quand je vous le dirai ferez ça même, cela même que vous ferez je vous le dirai quand le moment sera venu et même si ça ne vient pas, vous, quand même.
15:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (2)
{ Aller la farandole
La pluie couvait. Devant les masques musiciens
Au teint d'albâtre, pâle, allait la farandole.
Or, il pleuvait. La nuit qu'un nuage fit sien
Recouvrit la guimbarde au chant mécanicien.
14:04 Publié dans Rimes quartes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
Rue du Couvent
10:55 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)
... au creux de tes reins ...
texte
comme la pluie comme les pierres s'attardant traînant son absence d'inspiration au cours de deux longues semaines un texte se meut ou se meurt sans le mouvement des lignes ou des doigts sur la page ou des doigts sur le clavier ou du mercure dans la caboche pas moyen d'avancer un texte se meut ou se meurt retenez bien cela rentiers de l'écriture retenez bien cela dieux de platine dieux de marbre dieux d'ivoire dieux d'airain retenez cela un texte se meut ou se meurt une profanation et c'est la vie le silence glissant de l'onde immobile et plus un clapotis vous voyez lentement agoniser le texte dieux d'airain j'en appelle à vos rictus j'en appelle même à vos socles j'en appelle à Eschyle à Euripide j'en appelle aux astronomes avec leurs lunettes j'en appelle aux bourgeois de vaudeville avec leurs monocles oui j'en appelle à Sophocle surtout dieux d'airain j'en appelle aux hémicycles des amphithéâtres tout autant qu'aux hémistiches absolus du vieux père Corneille un texte se meut ou se meurt et sur la scène aucun acteur ne meurt vraiment tant qu'un texte latent ou dit le porte ou que le diable l'emporte un acteur porte son texte plus qu'il ne le dit il le porte en-dedans au-dedans de soi et cela n'a rien à voir avec un chien mort ni un trajet en autobus jusqu'aux confins d'une ville poussiéreuse d'Afrique afin d'enterrer un enfant mort non cela ne porte pas de nom c'est seulement la vie propre la dynamique introuvable de tout texte et si l'on vous dit de tisser fileuses tissez si l'on vous dit de tisser dieux d'airain ne dormez pas dans l'herbe car le chemin est long et il y aura encore des carrefours des douanes des passages étroits des fourches caudines des dictateurs en puissance de vrais dictateurs aussi oui ceux qui veulent dicter le sens la direction à prendre le sens d'un texte se meut ou se meurt et la garde qu'en faites-vous oh je ne m'en préoccupe si l'on vous dit de tisser c'est votre boulot pas le mien n'est-ce pas dieux d'airain dieux de marbre dieux d'albâtre dieux d'ivoire je savais bien que je réussirais à placer le mot albâtre dans un texte un jour en allant de l'avant à force d'aller de l'avant et peut-être mon seul et unique but en écrivant même en tenant ces carnets était de parvenir au texte qui me permettrait d'écrire le mot albâtre de le graver comme qui dirait métaphoriquement dans le marbre et cela évidemment se produit aujourd'hui où il pleut à pierre fendre ou pas vraiment un goutte-à-goutte à peine accéléré mais qui mouille détrempe tout et même la grande poubelle grise ouverte depuis hier afin d'en laver le fond noirâtre mot qui rime avec albâtre dans tous les cas cette pluie est une aubaine et justement ce jour de pluie infinie ténue mais tenace j'écris enfin le mot albâtre et ne sais qu'en faire ne sais que faire après d'autres doués d'un sens de l'honneur plus aiguisé que le mien ici se feraient hara-kiri c'est à n'en pas douter et tandis que la pluie humecte puis humidifie puis mouille puis inonde la grande poubelle grise ouverte dans la cour je ne sais ce qui me pousse à écrire encore et toujours albâtre comme si ce mot soudainement prenait la forme d'une incantation le dernier ressort le dernier battement des veines le dernier sursaut artériel qui permette d'aller de l'avant un texte se meut ou se meurt l'ai-je dit je crois l'avoir écrit mais l'ai-je dit toujours est-il qu'un texte oui tu l'as dit merci l'acteur se porte un texte se meut ou se meurt et sans un mot même désuet ou inutile auquel se raccrocher parfois les textes les plus parfaits s'enlisent se figent dans une immobilité d'onde gélifiée un désert de racines et de vieux bois de flottaison échoué desséché au point de ne plus pouvoir écrire même une phrase qui tienne debout et qui suis-je pour parler de phrase qui tienne debout moi qui assis pianotant tapotant clapotant comme l'eau vive d'une pluie fine mais farouche ténue mais tenace ne sais rien dire d'autre ne sais rien écrire d'autre non ne sait dire non ne sait pas écrire d'autre mot qu'
albâtre
10:00 Publié dans Très long texte | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Littérature
lundi, 02 octobre 2006
October 2nd, 1605
Peu de temps, peu de ressort.
401 years ago : an eclipse of the sun. (Now can you imagine that ?)
Tes notes sont vraiment affreusement brèves : pas de temps, guère de ressort.
18:00 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (1)
Bristol University
S'étant partagé une feuille A4 à quatre,
Ils montèrent, frondeurs, les marches quatre à quatre.
16:05 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne, Poésie
27
Tombe cette averse
la moto qui passe en trombe
noie par la racine
des espérances tiédies
au goût âcre du typhon
14:25 Publié dans Tankas de Touraine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Poésie
} Passer les arlequins
Elle, allongée, toujours voyant par la fenêtre
Ouverte passer les arlequins magiciens,
S'éveillera. Elle ira rêver sous le hêtre
À d'autres comédies, nourries d'autres peut-être.
13:15 Publié dans Rimes quartes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
Rencontres du cinquième type
En robe
(Argus ou basilic ?)
le monstre de métal
de ses yeux me fige.
10:05 Publié dans Brille de mille yeux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Littérature
Déveine
Sur le gravier je fais cuire le lieu. Vraiment j'ai la poisse.
04:55 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature
dimanche, 01 octobre 2006
Pin ès cieux
Ci-gît sous le si, avec les souffles des ifs et la parure des cyprès, une note longtemps tenue, que l'on entend encore et qui ne cesse de se dérober, de dévorer les vêtements des déesses, et l'idylle toujours se poursuit, d'une lyre habile, car vous verrez monter, aux cieux, la verdure qui prend son temps, de toute éternité. Ci-gît, sous un fa mirobolant, le faquin qui absorbe la durée, dont le dur désir emmure aussi le ciel
Quartier des poètes, 1er octobre 2006.
20:20 Publié dans Brille de mille yeux, Soixante dix-sept miniatures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Poésie
Hekleklak scouom nélieup
Si tout de même je finis par m'apercevoir que le premier des poèmes partait d'un nom commun (fort rare et jusqu'alors inconnu de moi) mais que les suivants sont tous, par l'acrostiche, hommages à des artistes, que dirai-je pour ma défense, ferai-je l'autruche, prendrai-je mes jambes à mon cou ? Au cou de qui se pendre, et quelle écharpe interminable attacher, fil à la patte, à la nuque d'Olympia Duncan, si cette adorée déjà s'enfuit au volant de sa Bugatti et si rien de rien n'arrive, aucune tragédie gli et glu, le grand combat toujours, toi cours toujours à faire le sourd !
19:05 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie
Imat ol sherderbok
Jaillit si juste la voix
un instant entendue
l'instant d'après rebondit (
Il a l'art d'étreindre d'
embrasser les
nuages des rêves nouveaux)
Jaillit si joyeuse la voix
apparue disparue virevoltante dans le
ciel ;
offrande au dieu
boréalorygme.
18:41 Publié dans Zézayant au zénith | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Afrique
Jeu de l'oie
La soubrette, cette petite oie, me sert un verre de bernache. Je bois à sa santé.
04:50 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (2)