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mardi, 16 janvier 2024

VMR, 16

    Ce qui se répète finit par se mélanger – ainsi de ce carré bleu, de trois différents bleus, avec des lignes et bandes grises. J’ai l’impression d’avoir une bonne demi-douzaine de mouchoirs comme celui-ci, et la flemme d’aller relire les autres chapitres.

Aber was hat das mit Angela Davis zu tun?
Weiterhören, sag ich, weitersehn!

 

On ne se mouche pas du pied, dites-moi, ni dans son harmonica.

 

10:57 Publié dans Droit de cité, Les Murmures de Morminal, MUS, Vous-même rocheux | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 13 janvier 2024

VMR, 13

    Cette mauvaise nuit brève (rhume derechef et adrénaline pongiste) m’a vu la finir le poing droit refermé sur un mouchoir – lequel ? on n’en a plus guère cure – recroquevillé ou étiré ou vautré sur le sofa du petit salon, à l’étage.

Le veuf tenait son mouchoir dans son poing, mais vu que les esprits s’échauffaient en parlant de la manière dont la Royal Navy allait à vau-l’eau – ou surnageait à peine – depuis que l'Amirauté avait ouvert une formation d’artillerie sur un navire de Portsmouth, il ne s’en servait que pour s'éponger le front.

(Une phrase d’Israel Zangwill.)

 

17:05 Publié dans Droit de cité, Vous-même rocheux | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 29 janvier 2023

De la garde à vue au corps de garde

Untung-untung

 

    29 janvier 2020

Philippe Vendrix 29 janvier 2020.jpg

 

29 janvier 2018

Romain Rolland, citant favorablement Maurras (je fais de la provoc', mais le texte est très beau, par ailleurs).

« Voici le fait qui domine : l’Europe n’est pas libre. La voix des peuples est étouffée. Dans l’histoire du monde, ces années resteront celles de la grande Servitude. Une moitié de l’Europe combat l’autre, au nom de la liberté. Et pour ce combat, les deux moitiés de l’Europe ont renoncé à la liberté. C’est en vain qu’on invoque la volonté des nations. Les nations n’existent plus, comme personnalités. Un quarteron de politiciens, quelques boisseaux de journalistes parlent insolemment, au nom de l’une ou de l’autre. Ils n’en ont aucun droit. Ils ne représentent rien qu’eux-mêmes. Ils ne représentent même pas eux-mêmes. « Ancilla ploutocratiæ… » disait dès 1905 Maurras, dénonçant l’Intelligence domestiquée et qui prétend à son tour diriger l’opinion, représenter la nation… La nation ! Mais qui donc peut se dire le représentant d’une nation ? Qui connait, qui a seulement osé jamais regarder en face l’âme d’une nation en guerre ? Ce monstre fait de myriades de vies amalgamées, diverses, contradictoires, grouillant dans tous les sens, et pourtant soudées ensemble, comme une pieuvre… Mélange de tous les instincts, et de toutes les raisons, et de toutes les déraisons… Coups de vent venus de l’abîme ; forces aveugles et furieuses sorties du fond fumant de l’animalité ; vertige de détruire et de se détruire soi-même ; voracité de l’espèce ; religion déformée ; érections mystiques de l’âme ivre de l’infini et cherchant l’assouvissement maladif de la joie par la souffrance, par la souffrance de soi, par la souffrance des autres ; despotisme vaniteux de la raison, qui prétend imposer aux autres l’unité qu’elle n’a pas, mais qu’elle voudrait avoir ; romantiques flambées de l’imagination qu’allume le souvenir des siècles ; savantes fantasmagories de l’histoire brevetée, de l’histoire patriotique, toujours prête à brandir, selon les besoins de la cause, le Væ victis du brenn, ou le Gloria victis… Et pêle-mêle, avec la marée des passions, tous les démons secrets que la société refoule, dans l’ordre et dans la paix… Chacun se trouve enlacé dans les bras de la pieuvre. Et chacun trouve en soi la même confusion de forces bonnes et mauvaises, liées, embrouillées ensemble. Inextricable écheveau. Qui le dévidera ?… D’où vient le sentiment de la fatalité qui accable les hommes, en présence de telles crises. Et cependant elle n’est que leur découragement devant l’effort multiple, prolongé, non impossible, qu’il faut pour se délivrer. Si chacun faisait ce qu’il peut (rien de plus !) la fatalité ne serait point. Elle est faite de l’abdication de chacun. En s’y abandonnant, chacun accepte donc son lot de responsabilité. »

Les Précurseurs, 1920, ch. III

 

29 janvier 2023

Je voulais rédiger un petit billet transannuel simple (comme il y a six ans ?) et voici ce qui m'arrive.

Puis-je me contenter d'ajouter une note d'élucidation lexicale : le brenn, c'est sans doute le nom donné au chef de guerre gaulois.

(J'ai dû chercher.)

 

08:53 Publié dans Droit de cité, Ma langue au chat, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 08 janvier 2023

Des menstrues aux traques

Untung-untung

    8 janvier 2018

catimini.jpg

 

 

Je suis tombé par hasard, il y a trois heures, en cherchant autre chose, sur l'étymologie problématique de "catimini".

Et là. Bam.

 

8 janvier 2023

Bien entendu, il m'est impossible d'être certain de la source de cette photo sans faire de recherches. Ma manie de poster régulièrement des extraits en faisant exprès de ne mentionner ni l'auteurice ni le livre est aussi souvent un piège (un défi) tendu à moi-même, à ma mémoire. Je compte sur Google, mais avant même d'avoir cherché, je pense (au vu de l'éditeur et de la date) que cette page est tirée d'un livre de Jean Rolin, Le traquet kurde. Le sujet aurait pu suggérer Dominique Meens, que je relis beaucoup ces jours-ci (ou plutôt : que je lis -- je n'avais jamais lu la série des Aujourd'hui et je m'en vois les sept croix), mais pas le style.

Sous mon post Facebook, Michel Renaud , l'éminent spécialiste des 16e et 17e siècles et auteur notamment d'une monographie exceptionnelle sur le Moyen de parvenir de Béroalde de Verville, avait cité une page du Dictionnaire étymologique de Gilles Ménage (1694) :

On dit, faire quelque chose en catimini, pour dire, en cachette, en particulier. Mr Nublé dérivoit ce mot de katamênia, qui sont les purgations auxquelles les femmes sont sujettes tous les mois : dont elles se cachent fort scrupuleusement : Et, ce qui pourroit favoriser l'opinion de Mr Nublé ; catimini dans les Curiosités Françoises d'Oudin, est interprété par fleurs de la femme. Néanmoins, je ne doute point que mini dans catimini, ne soit une production, comme en grippemini, & en brouillamini. Mais je ne say pas d'où peut venir ce mot. N'auroit-il point été dit par contraction au lieu de cachettimini ? Cette conjecture ne me déplaist pas.

 

10:29 Publié dans Droit de cité, MOTS, Répétitions, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 04 janvier 2023

Du monastère à la maison caverneuse

Untung-untung

    4 janvier 2020

Magnifique lettre de Keats à Shelley, que je découvre grâce à une copie d'étudiant qui en a extrait la phrase suivante : My imagination is a monastery, and I am its monk. La citation ne prend son sens qu'avec la lettre dans son intégralité.

 

4 janvier 2023

But I want to talk of yourself, dearest Isa. Come away from Madrid. I long to see you & to know that you are out of the cavernous house, the plan of which (as Annette showed it) iced my blood. Everything you say too sounds wretched, for body & soul.

(lettre de Robert Browning à Isa Blagden, circa 1857)

 

19:25 Publié dans Droit de cité, Pong-ping, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 20 mars 2020

227–Beloica–Accordéon

 

Les tombeaux sont placés aux frontières des deux mondes, dans la Bartonie, à la limite de la Sudavie, près d'un lac d'où sort la rivière d'Angerap. Dans un suprême effort les régiments éloignés pourraient donc mettre sur pied une armée de 100000 hommes, à la lisière de la Picardie et de l'Île-de-France, contrée bâtarde où le langage est sans accentuation. Aux bords de l'humaine nature demeurant j'étais mûr pour le trépas, et, par une route de dangers, ma faiblesse me menait aux frontières du monde et de la Cimmérie. Accord.

 

17:42 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre, Xénides | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 17 mars 2020

211–Zahharenkova–Piano

 

    Les mesures de confinement varient en fonction des gens : la taille de ton salon, la taille de ton jardin. Non, pas ce à quoi vous pensiez. Et le taille-haie : comme aux beaux jours le bordel des chignoles remplace le tohu-bohu des autos. Odeur des crèmes au chocolat, dans la cuisine en ébullition. Soleil tiède sur les neurones froids. Et comme ça bataille. L’appétit aiguisé appliquer le taille-crayon au logiciel de traitement de texte. Enlève-moi cette phrase. Tohu-bohu panpan cucul. Tailler un costard à la manie de citer.

 

17:12 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 11 mars 2020

194–Grante–Piano[1]

 

    Temps dont nos souvenirs vont savourant les vêpres,

De feuillages mourants et d’étoiles perdues

Offrant le pallium d’une jaune lambrusque,

Il semble un clair-de-lune errant sur des ruines

Sous l’ombre le zébrant d’un dessin de Kaschmir,

Sous les jours dévorants comme un alligator.

Et le soleil mourant, qui fuse sur les stucs,

Envoie en expirant un baiser de lumière.

 

 

[1] Centon à partir de 8 vers de Robert de Montesquiou (Les perles rouges) contenant chacun une fois la syllabe « rant ».

18:30 Publié dans Centons du jeu de dés, Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 08 mars 2020

190–Granados–Piano

 

‘Oh, that?’ said the gardener. ‘That'll be scorpion's senna. That's what that be. Something to do with the shape of the stars in the sky. Old women sells it for a charm for shy sweethearts.’

Ainsi la forme des étoiles se retrouve tout le jour aux trois points cardinaux du jardin. On pourrait cueillir et vendre la fleur aux amoureux, mais pas de Saint-Valentin.

 

10:07 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

189–Ross–Clavecin

 

     Dans la campagne, loin des routes, qui sont empestées par les ruisseaux noirs et gras des moulins à huile d’olive, les collines étaient embaumées par les siméthides délicates, par les buissons de cythise épineux et de coronille-jonc, et par les tapis de coris rose

(G. Sand, Tamaris, III.)

 

09:59 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

188–D’Oria Nicolas–Piano

 

Dances with the daffodils…

La veille de la Journée internationale des Droits des femmes, le 7 mars 2020, à Paris notamment, les milices du gouvernement français ont poursuivi sans relâche, harcelé, violenté, tabassé, traîné par terre, gazé, donné des coups de pieds, et tiré au LBD sur des manifestantes qui protestaient contre la trop grande lenteur mise par les pouvoirs publics à mettre fin à l’inégalité salariale, et plus généralement contre le système patriarcal dominant. Des flics et des CRS, presque tous hommes, aux ordres d’un préfet de police sinistre, d’un ministre épouvantable et d’un « duo » exécutif (quel adjectif idoine) bien testostéroné (Macron le pseudo-lisse et Philippe le barbu) tabassent des citoyennes ordinaires.

Il paraît que la France est encore une démocratie au plein sens du terme.

the aim of waking is to dream

 

09:49 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 04 mars 2020

173–Belder–Clavecin

 

    Ça fait une heure que je fais mes gammes.

(Sur le clavier, avec les doigts qui fourchent, alinéa devient presque à chaque coup aliéna.)

Si j’achète le nouveau gamos ils vont me le rayer.

Si j’achète l’ nouveau gamos ils vont m’le rayer.

 

Déclencher, dégainer, dégoupiller : tirer sur le peuple.

 

15:39 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 25 février 2020

156–Speranto–Clavecin

 

Chefaillon :

Comme tous les autres partis, le socialisme est aujourd’hui dominé, gangrené par ses politiciens : ses états-majors de gens plus ou moins arrivés au maréchalat, ne voulant lâcher leur bâton à aucun prix, dût le parti en périr ; sa hiérarchie de chefs et de chefaillons aux dents d’autant plus aiguisées qu’ils ont déjà mordu peu ou prou à la galette du pouvoir ; son armée de tous les affamés d’autorité […] qui seraient, comme le héron de la fable, tout heureux et tout aise de rencontrer, grâce au socialisme, un limaçon en attendant une plus abondante chère. Tout ce monde se gave, ou aspire à se gaver, de la détresse de l’immense foule des véritables affamés, à exploiter la colère des véritables prolétaires pour qui le « grand soleil rouge », toujours annoncé, ne brille jamais.

Encyclopédie anarchiste, fasc. « Politique »

 

10:49 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

150–Gomez Rueda–Clavecin

 

    Mon pauvre cœur bave à la poupe. Sur le navire débridé, toutes voiles dehors, fendant les récifs, j’écris vraiment n’importe quoi.

Mais comment ? de mon propre chef, pardi.

Un chef d’accusation, mon cœur mis à nu et ma tête mise à prix. Je me photographie sur fond de boiseries peintes au pastel, château des Lumières.

J’écris vraiment n’importe quoi.

En 13 lignes.

 

09:54 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 février 2020

123–Zarafiants–Piano

 

    La gaieté brusque, à la façon d’une bourrasque, du geai quand il s’enfuit. Adolescent, j’avais fini par m’habituer au geai, même à le trouver un peu pénible. Et puis quelqu’un, en passant la journée ici, s’est émerveillé d’en voir un, et je me suis rendu compte que le geai n’était pas le moineau omniprésent, tout de même. Il y a ce poème absurdiste (d’Obaldia, je crois) sur le plus beau vers de la langue française : le geai gélatineux geignait dans le jasmin. Obaldia règle son compte à la prétendue beauté de l’allitération.

 

08:13 Publié dans Droit de cité, lactations : déSastre, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 02 février 2020

76–Cera–Clavecin

 

    On n’en finit pas d’épuiser les dictionnaires, mais là n’est pas ce que fait l’anthropocène.

L’humain épuise tout ce qui n’est pas humain, puis il réussit la prouesse de s’épuiser lui-même. La poésie a si longtemps été perçue comme puisement, action de puiser, de s’abreuver etc. Donc il fallait bien que les nappes phréatiques et les énergies fossiles s’épuisent. Le poète desséché, déshydraté. Mais ça encore, à la rigueur bien fait pour sa gueule !

Comme dans les tableaux champêtres, un mot fait naître un continent, de sorte que même les rochers, que l’on avait cru fabuleux, se déguisent, peut-être en raison des pluies qui alimentent les sources, auxquelles s’abreuvent les agneaux de la fable.

Biffer cela, si l’on n’y comprend goutte. Biffer. Les textes comme des billets qui épuisent nos ressources ne nous épargnent pas. Biffer cela.

 

15:12 Publié dans Droit de cité, Fièvre de nombres, La rature a horreur du vide, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 16 janvier 2020

23–Casadesus—Piano  

 

    Je faux, écrivait Ronsard, et moi aussi je me défausse quand je tricote de mes jambes, je compte à côté, je dénombre et distingue si mal, au débord, au risque du faux, donc au risque du bobard (est-il donc question de vérité dans ces pages ?) et du débordement (comment s’en tenir aux quadrilatères de 2020 ?), quand je tricote de mes doigts sur le clavier j’entends encore ce qui s’écoute, oreilles rivées à ce qui sort des enceintes, n’est-ce en s’affaissant qu’on comprend mieux son corps, naissance affaissée ? (Trop rococo.)

 

10:55 Publié dans Droit de cité, Fièvre de nombres, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 mars 2017

Sens plante parasite

Untung-untung

    21 mars 2015

« — Oh! répondit, d'un ton froid, M. Jean Richepin, le sens n'est qu'une plante parasite qui pousse, quand même, sur le trombone de la sonorité. »

 

21 mars 2017

C'est à cela qu'il faut se ratteler : faire pousser le sens parasite.

07:01 Publié dans Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 10 février 2017

ÉgalitéE

Untung-untung

(billet dédié à M. Patrick Chartrain, spécialiste de Claude Mauriac

& auteur, aussi, il y a quelques jours, d'un billet réjouissant

sur le sujet des E parasites)

    10 février 2014

Et les conneries continuent. D'un côté, tous les abrutis phallocrates (dont pas mal de femmes d'ailleurs) qui manifestent pour revenir cinquante ans en arrière, et de l'autre les féministes (ou faut-il écrire “les féministEs”) qui ajoutent un E à la fin du mot égalité pour faire plus-mieux-trop-gender... entre autres inepties (j'ai lu récemment “les enfantEs”).

 

10 février 2017

À l'époque, j'avais mis en lien, sur Facebook (je rappelle que, dans cette rubrique, le point de départ est toujours une notule tirée des limbes de Facebook, à la même date), la page Web correspondant à un concours proposé par le site ÉgalitéE sans y prêter plus d'attention. Constatant aujourd'hui que le lien est toujours actif, je suis allé y voir et ai constaté, outre que l'auteurE de ce blog était fâchée avec la grammaire française, qu'elle n'était pas très au clair dans sa petite tête. En effet, elle réussit à écrire, dans la présentation de son blog, l'énormité suivante :

Mis à part mon petit côté féministe (et encore) je vous propose des astuces beauté et bien être au quotidien. Je vous ferais partager mes conseils pour prendre soin de votre corps de femme. Apprenez à vous sentir bien, à avoir de beaux cheveux, une belle peau et finalement à être séduisante.

Il est certain que pour prétendre être féministe et penser qu'une femme doit penser en priorité à avoir une belle peau et être séduisante, il faut beaucoup avoir pratiqué Beauvoir et consœurs. Moi qui n'écris pas les mots qui ne prennent pas de E final avec un E, il m'arrive de me définir comme féministe, ce qui signifie, entre autres, que je lutte quand il le faut contre la structuration parfois phallocratique de ma profession, que je suis favorable à ce que les femmes disposent librement de leur corps, que je dénonce (y compris au travers de textes à traduire dans mes cours) les inégalités salariales, ou que, si cela devait arriver en ma présence, je ne laisserais pas un “dragueur de rue” emmerder une fille.

05:21 Publié dans Droit de cité, Narines enfarinées, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 31 janvier 2017

2803, dans la guildiverie

« L'histoire du chauffeur de notre guildiverie, Joseph, un noir d'Anjouan, et des couches de sa femme, n'est pas racontable. »

(Paul-Jean Toulet. Journal & Voyages, 15 septembre 1886. In Œuvres complètes, Bouquins, p. 1025)

 

Bon, je m'attaque à Toulet, oui, et alors ? Je m'attaque, je m'attaque, c'est bien militaire tout ça. Vous le savez, je suis pacifique. D'ailleurs, une preuve : mon œuvre est un océan. Je joue, je m'attaque, je mets en joue, ha ha.

Reste que ça ne dit pas ce qu'est une guildiverie.

Donc on se trouve contraint d'aller chercher la guildive dans le TLFI : ”Eau-de-vie préparée à partir de mélasses ou de jus de canne à sucre” (Clém. Alim. 1978). Synon. tafia. Ils mirent leurs trophées dans un baquet de guildive (Borel, Champavert,1833, p. 103). Et la guildiverie dans le Littré : « Nom, à l'île de la Réunion, de l'industrie qui fabrique les araks et les rhums. »

Ça alors ! Moi qui ai fait rimer, il n'y a pas trois jours, Michalak et arak !

3549881222509_1.jpgBah, peu importe la coïncidence. Ce que je voulais dire, où je voulais en venir, c'est à l'inénarrable. On dit inénarrable pour quelque chose qu'on va justement vous narrer, quelque chose de pittoresque, qui appelle le récit comme on dit (et déjà cet usage d'appeler laisse à désirer). Or, là, dans son Journal, Toulet lance quelques mots, et surtout « couches de sa femme » (expression qu'il faudrait sans doute traduire en français contemporain par accouchement (je frémis d'imaginer ce que donnerait cette phrase sous la plume d'un candidat à l'agrégation*)). Tout ça pour dire, un peu comme Wilde l'aurait fait (le ferait ?), quelque chose de profondément indécent tout en se donnant les gants d'un victorianisme fin de siècle. Ce n'est pas du tout comme dans les journaux de Samuel Pepys, où n'importe quel lecteur baragouinant le français et le latin comprend ses coucheries avec des prostituées — codage vraiment peu dissimulateur.

D'ailleurs, la phrase commence par L'histoire... et en fait, il y a deux histoires, non ? l'histoire du chauffeur et celle de l'accouchement ? ou alors, c'est le chauffeur qui a raconté une histoire salée au sujet de l'accouchement de sa femme. Et l'arak dans tout ça, hein ? Le compte n'est pas juste, l'addition tombe en faux, et si ça n'est pas racontable alors le conte n'est pas juste non plus.

On aurait dû s'en tenir aux Contrerimes.

 

* Mais enfin, il ne faut pas tout confondre. La phrase suivante est tout aussi difficile à traduire : « Championne de car wash, la candidate de "Secret Story 10" est habituée à s'afficher en petite tenue et à trémousser son corps. »

11:17 Publié dans Droit de cité, Les Murmures de Morminal, Tous—les attraits | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 19 janvier 2017

Bonne épouse de poète

« Une bonne épouse de poète est la femme qui connaît déjà par cœur le poème que son mari n'a pas encore fini d'écrire. En l'occurrence, deux raisons se superposaient pour qu'elle le sache par cœur, elle était femme et elle était poète. Sa diligence était tellement utile qu'elle pouvait corriger sur-le-champ certaines imprécisions du poème inédit. »

(Lidia Jorge. Les Mémorables. Traduction G. Leibrich. Métailié, p. 289)

 

Que dit ici la narratrice ? Texte, comme à chaque page, ironique et équivoque.

Si je cite cela ici — moi, un sale mec —, on va peut-être m'accuser de machisme, quels autres salamalecs. Pourtant, il est évident que la première phrase ne peut en aucun cas être comprise au premier degré, et d'ailleurs elle ne peut être comprise comme ayant un sens. Incohérente, délibérément, elle vient battre en brèche l'idée même d'“épouse de poète” (et alors, bonne épouse de poète, n'en parlons pas).

 

10:22 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 01 novembre 2016

Peuplier, néflier

Untung-untung

    1er novembre 2013

« Le temps est -il ce peuplier

Que j'interroge à ma fenêtre ? »

 

1er novembre 2016

Ici, ici dans la maison de Tours où j'habite depuis presque huit ans, c'est plutôt le néflier et le cognassier que j'interroge.

(Comme c'est décidément le jour des comptes ronds, ce billet est le 2.700e ici, tandis que là on a pondu le 4.000e.)

23:30 Publié dans Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 octobre 2016

Du gourbet

Untung-untung

    19 octobre 2015

Allongé dans les oyats, rêvant tête contre le milgru, mes courbatures à la brassée du gourbet.

 

19 octobre 2016

Pas près des dunes landaises, où fleurit l'oyat, ni à l'époque où il fleurit, je traîne sur le sable du Web :

Diverses espèces de convolvulacées rampent sur le sol et, fixant de distance en distance leurs vigoureux cordages, enveloppent parfois une dune entière dans leur réseau de feuilles et de fleurs. (Élisée Reclus)

18:01 Publié dans Droit de cité, MOTS, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 07 octobre 2016

Enfance de l'art

Untung-untung

    7 octobre 2014

The air was so pleasant, our nest so cozy, and our parents provided us such a plentiful diet of nice worms and bugs, that like other thoughtless babies who have nothing to do but eat, sleep, and grow, we had no interest in things outside and did not dream there was such a thing as vexation or sorrow or crime in this beautiful world.

 

7 octobre 2016

Et si je traduisais aussi ce curieux livre de 1899, découvert il y a deux ans, Dickey Downy. The Autobiography of a Bird de Virginia Sharpe Patterson ? Dans le domaine public, il ne pose déjà pas de problèmes de droits...

L'air était doux, notre nid douillet, et nos parents nous régalaient d'une telle quantité de vers et d'insectes délicieux que, semblables aux autres bébés insouciants qui n'ont rien d'autre à faire que de manger, dormir et grandir, ce qui se passait dehors ne nous intéressait pas, et nous n'avions pas même idée qu'il pût y avoir, en ce monde si beau, des choses comme la douleur, le crime ou la méchanceté.

09:17 Publié dans Darts on a slate, Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 02 octobre 2016

Le monde des hommes, selon Aslı Erdoğan

 

J'avais déjà compris ceci à Istanbul, à l'heure où le muezzin appelle à la prière du soir : c'est leur monde, le monde des hommes, qui est réel, mon univers à moi est incertain. Eux, ils respirent, ils changent, ils œuvrent, construisent, cherchent, s'accouplent, protestent, pleurent, rient aux éclats, survivent. Moi, je regarde.

Je n'étais, au cœur de la vie, rien d'autre qu'un vide, un commentaire, un point d'interrogation, un regard, rien.

Depuis cette nuit-là, toutes les nuits, sans faute, je parcours les rues de Genève, comme le spectre d'une femme morte au siècle dernier.

 

    Voici comment parle la narratrice — borgne, dont l'œil blessé suppure et lui fait mal — du bref roman d'Aslı Erdoğan Le mandarin miraculeux (traduction de Jean Descat, Actes Sud, 2006, pp. 52-3).

Tragique, de penser que, sans son arrestation par le pouvoir dictatorial turc, je n'aurais jamais lu, sans doute, de livres de cette écrivaine. — Tragique, de devoir sa renommée à cela, et triste de se savoir, soi, assez bête pour être dans cette charrette-là.

Ironique, au regard de cette actualité de 2016, toute lecture que l'on se retrouve à faire de ce récit âpre mélancolique.

Pour soutenir Aslı Erdoğan — et Necmiye Alpay, traductrice également emprisonnée —, on peut signer des pétitions, partager sur les réseaux sociaux, et aussi envoyer des cartes postales comme l'a fait Canan Marasligil. On peut tenter de dénicher leurs livres, et, si on le peut, modestement, peut-être sans espoir, les lire.

08:39 Publié dans Droit de cité, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 27 septembre 2016

Poème tamarin

    Je me rendais un dimanche matin à l'église, en suivant le bord d'une large chaussée plantée de tamarins et de bois noirs à touffes blanches. Dieu aura pitié de nous, reprit Virginie ; il exauce la voix des petits oiseaux qui lui demandent de la nourriture

L’aigu bruissement des ruches naturelles,

Parmi les tamarins et les manguiers épais,

Se mêlait, tournoyant dans l’air subtil et frais,

À la vibration lente des bambous grêles

Où le matin joyeux dardait l’or de ses rais.

De beaux arbres, parmi lesquels se remarque le tamarin, succèdent aux fourrés d’épines. J’avais divisé le feu en cinq classes, l’eau en sept genres, les animaux en quatre-vingt-deux espèces ; j’avais inventé les talismans, j’avais compté le nombre des morceaux de tamarin et la forme des soucoupes d’or.

▓░▒  Ce que ces sylvestres absorbaient, c'étaient des boissons fermentées et pimentées tirées des gousses du tamarin.

16:37 Publié dans Centons du jeu de dés, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 25 septembre 2016

Le Retour du jeu du livre en aveugle

Untung-untung

    25 septembre 2012

“He could hear it suck on air as it lay naked on its threadbare cloth.”

Aujourd'hui 25 septembre :

- choisissez le livre le plus proche de vous, ouvrez-le à la page 175, et recopiez une phrase entière qui doit se trouver à (c'est-à-dire à cheval ou en partie sur) la ligne 9 (si poésie ce peut être le 9ème vers)

- ne donnez pas la source de la citation

- mettez en lien vos contacts FB dont vous désirez qu'ils fassent ce jeu

 

25 septembre 2016

“Can I go back and keep my faith among people, my own family members, who reduce God to a little bookkeeping clerk, who commit the blasphemy – for what greater blasphemy can there be if you believe in God? – of claiming to know the mind of God, of speaking in His voice, of insisting on their fallible human interpretations of His Word?”

 

06:25 Publié dans Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 18 septembre 2016

Un soupir de femme

Untung-untung

    18 septembre 2014

“Stannum saw what man had never seen before–the tone-color of each instrument. Some malign enchanter had seduced and diverted from its natural uses the noble instrumental army. He saw strings of rainbow hues, red trumpets, blue flutes, green oboes, garnet clarinets, golden yellow horns, dark-brown bassoons, scarlet trombones, carmilion ophecleides while the drums punctured space with ebon holes. That the triangle had always been silver he never questioned; but this new chromatic blaze, this new tinting of tones–what did it portend? Was it a symbol of the further degradation and effeminization of music? Was art a woman's sigh? A new, selfish goddess was about to be placed upon high and worshipped–soon the rustling of silk would betray her sex.” (James Huneker. Melomaniacs, 1902)

 

18 septembre 2016

Un texte qu'il faudrait traduire.

De verts hautbois, c'est sans doute possible, dans un univers — qui m'est fermé — de correspondances rimbaldiennes.

L'art n'est pas le soupir de la fée (pas seulement (Nerval a contrario)).

Vagabonder dans le calendrier : untung-untung.

08:18 Publié dans Droit de cité, Untung-untung, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 30 août 2016

Fête du cochon

Untung-untung

    30 août 2014

Cette après-midi, grand retour de (et à) la Fête du cochon, à Truyes.

 

30 août 2016

On m'avait réservé, pour la fin, le spectacle du cochon du fort, un cochon nommé Auguste, qui était l'objet de l'idolâtrie de toute la compagnie. Pourquoi n'est-ce pas le cochon qui est moi ? Le petit cochon était charmant, tout rose, le groin lavé par les eaux grasses, avec le cercle de crasse que son continuel barbotement dans l’auge lui laissait près des yeux.

Pourquoi n'est-ce pas le cochon qui est moi ? Le cochon est assez distingué par ses poils... Bruno et Buffamalcco volent un cochon à Calandrino. Il faudra envoyer le cochon à Pommerit-la-Roche. Pourquoi n'est-ce pas le cochon qui est moi ?

Je trouvai le Cochon bleu au courant de la nouvelle, et je trouvai même qu'il en résultait un grand changement dans sa conduite à mon égard.

Pourquoi n'est-ce pas le cochon qui est moi ?

 

21:37 Publié dans Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 24 mai 2016

24052016 / 759

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    Pas atteint sur le chemin du bus, avec mon fils cadet. Il venait de me faire remarquer qu'un des étrons canins jonchant le trottoir était très blanc.

Lernen Sie sehen, und Sie werden wachsen.

09:05 Publié dans 1177 pas, Brille de mille yeux, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 27 avril 2016

Salon, 2

    Je n'y suis pas là.

Là, je n'y suis pas.

 

Pourtant, c'est le sujet du jour : les trois canapés qui ont occupé, successivement, la fonction de meuble principal du salon (ou séjour).

Le séjour, c'est donc le sujet du jour.

Mon ruisseau tarit l'océan.

 

Le premier canapé, acheté en 2003 et apporté ici lors du déménagement en décembre 2008 — j'avais 34 ans, j'étais un gamin ! est-ce possible ? —, était bleu marine avec quelques motifs pseudo-erratiques jaunes et rosâtres (de mémoire).

Le second, plutôt un sofa, d'un beau rouge, nous fut vendu par nos voisins, qui s'en défaisaient. Il était très bien, à ceci près que ses accoudoirs, arrondis et fort hauts, n'étaient pas amovibles, me rendant impossible d'y finir mes nuits, par exemple.

Nous l'avons changé, tout récemment, pour un beau canapé en cuir de buffle, noir, aux accoudoirs rabattables, et dans lequel nous tenons à quatre.

 

J'imite le cri du vent.

Jacques Blanchard se rendit à Venise. — Certes, mais si Gérard Blanchard ironisait génialement sur la mort de Claude François, j'avais le droit de me gondoler, non ?

(C'est sans rapport, là ?)

C'est sans rapport.

13:49 Publié dans 16 en 16, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

jeudi, 14 avril 2016

Loups

Untung-untung

    14 avril 2014

Les habitants de Cirey-sur-Vezouze s'appellent les Loups.

 

14 avril 2016

« Le général Moustache fait le beau dans quelque petite ville d’Allemagne ; il se pavane avec des femmes ; il prononce des discours. »

Le colonel Moutarde est passé par la véranda.

 

10:31 Publié dans Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 03 mars 2016

Bestioles

Untung-untung

 

    3 mars 2015

même quand il dort, le potamogale

est plus velu qu'une mygale

 

3 mars 2016

Ce matin, pour écrire un autre billet, je suis tombé sur ce texte de Rebotier :

La girafe est un animal métaphysique, en ce sens qu'il se tient haut au-dessus de la physique. Comme l'araignée. Toutes deux ont un très long cou, mais la girafe a son cou loin sorti du corps. L'araignée, absolument pas.

11:35 Publié dans Droit de cité, Pong-ping, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 27 février 2016

Turquois

Untung-untung

    27 février 2014.

« Dans sa main un arc turquois,

Sous son aisselle un carquois. »

 

27 février 2016.

Pourquoi citer Ronsard ? Pourquoi ne pas citer Ronsard ? Pourquoi exciser ce distique de la gangue de son poème ? En avais-je après l'adjectif turquois ?

(En novembre 1998, si je ne m'abuse, je rapportais de Paris à notre appartement beauvaisien le disque de Manset sur lequel figure L'Amour aveugle. En septembre 1997, peu après notre emménagement dans ce même appartement, je lus Le Tramway de Claude Simon.)

Aujourd'hui, nous avons reçu, dans un grand carton, protégée contre les chocs par des milliers de bandelettes et lanières de papier magazine, une superbe lampe dont l'auteur est Gilles E., notre ancien voisin des années 1999-2003, à Beauvais toujours.

17:42 Publié dans Dimanche pleurera, Droit de cité, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 10 février 2016

Palier, 1

Absolument pas liée

À vos voisins de palier

Mais m’entendant piailler

(B.L.)

 

    Tout l’étage s’organise, en quelque sorte, autour du palier.

On y reviendra — c’est toujours ce qu’on dit, ce même on qui photographia avant-hier l’onagre du Muséum —, mais qu’il soit déjà fait état que ce palier entoure, comme c’est l’usage, la cage de ce qui rime avec son nom, l’escalier.

Cette affaire de rimes n’est pas une mince affaire, qui convoque « l’arbre sans son espalier » de Manset et, sur un mode plus léger, l’ultime chanson du coffret Boby Lapointe de mon enfance (“Je suis né au Chili”).

 

Dans mon bureau, il doit faire 17°, peut-être moins — Les travaux du CRL remontent à mon passage furtif par le bureau 44, mais que j’eusse déjà cette chemisette orange brûlée, voilà qui me surprend.

 

je contemplais le masque béti aux yeux fermés aux longs yeux allongés, au front bombé yeux effilés — Le hasard fait que je tombe sur un billet écrit il y a huit ans, dans l’autre maison, après une craqûre, un abolissement. Le palier n'y est pour rien.

05:41 Publié dans 16 en 16, Droit de cité, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 04 février 2016

Fait divers

    Entre deux moments d'affaissement, ou la rédaction sommaire du log book, ou peut-être une improvisation de saxophone, un exercice de hautbois, on pouvait regarder frontalement, puis sous toutes les coutures, cette statuette lobi (ou béti, peut-être), avant d'éplucher le journal local acheté le matin même à Hornu, et où s'étalait, quelque part dans les pages consacrées aux faits divers, ce titre improbable :

Un octogénaire s'étouffe avec un bout de viande

 

L'article était illustré d'une photo de steak frites, avec une légende plus cocasse encore que l'article lui-même :

Un bout de viande fatal

 

(Que n'a-t-on pas lu, de bribes, dans les gîtes ?)

—▓—▓—▓—▓—▓—▓—

2 et 3 mai 2015 089.JPG« Ce n’est pas avec des emprunts, c’est avec des épargnes que la compagnie a pu se créer un port en 1828, un chemin de fer en 1835 ; c’est encore au moyen de ses épargnes qu’elle va compléter ses lignes rapides par un embranchement qui rejoindra le réseau belge à Peruwelz, sur la frontière, en continuant le tronçon de 19 kilomètres qui lui donne par Somain une issue sur le réseau français. »

14:57 Publié dans Artois, à moi, Brille de mille yeux, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 17 janvier 2016

╝3 ╝

    Dès l'intro, tu kiffes.

(J'me comprends. (Ou : je m'comprends. (Tu mets l'accent sur quoi : sur toi-sujet ou sur toi-réfléchi ? Réfléchis à ça.)))

Puisque, depuis une semaine, c'est vraiment, enfin, l'hiver, puisque, ce dimanche, il y a eu une belle – quoique trop brève – promenade sur les bords de Loire, avec seulement des goélands argentés et des mouettes rieuses (dont une avait entièrement retrouvé son masque brun foncé, mue finie dès la mi-janvier*), il faut s'intéresser de nouveau à cette histoire d'automne qui serait là, sous-jacent, courant souterrain, silure du fond de vase, dans tant d'instants des autres saisons.

D'ailleurs, je n'ai pas la moindre idée de mon intention de départ.

Je m'arrange avec l'idée que je me fais de la mémoire.

Ce n'est pas mal, ça, déjà.

Pourtant, on avait dit qu'on reprendrait les formes poétiques tarabiscotées, pas ça.

 

* Cette fin de mue est une coïncidence bien commode.

21:58 Publié dans Aujourd'automne, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 16 novembre 2015

I:e —— {Paraphrasen}

 

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Dort entstanden seine letzten Bilder, jene freien Paraphrasen zu den Formen der Erscheinungswelt, jene seltsamen, leuchtenden und doch stillen, traumstillen Bilder mit den gebogenen Bäumen und pflanzenhaften Häusern, welche von den Kennern denen seiner „klassischen“ Zeit vorgezogen werden. 

(Hermann Hesse. Klingsors letzter Sommer, 1920)

 

18:26 Publié dans Droit de cité, La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 14 novembre 2015

I:d —— {Cythère}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    « J'eusse achevé ma neuvaine à Cythère. »

Il ne faut pas se méprendre toutefois, et la ruse autant que l'adresse, la joie autant que la tendresse, l'habileté autant que la tranquillité, toutes font des prodiges, ou, en tout cas, le corps y retrouve ses marques. La faconde paraissait, il y a six ans (boissons chambrées), inépuisable, et assurément la voix tranchée donne encore, après virage dans l'escalier de bois, de belles clameurs, je me perds et je donne tout en pâture. Pour ça, contrairement à l'alcool, toute résistance se raffermit, et je ne comprends pas encore les vieux vers. Tout homme sur ce point, dit le bon La Fontaine, / Est d'ordinaire un peu gascon...

 

16:00 Publié dans Droit de cité, La 42e Clandestine, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 05 mars 2015

... de quoi panser la douleur...

Face à face : des festons de mensonges, la souffrance d'être, d'être l'autre, de ne pas être. Dans la rupture confectionner de quoi panser la douleur d'être qui devant qui et oublier qu'il est une barrière au corps.

(Marie Cosnay. Adèle ou la scène perdue, p. 76)

08:54 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 22 janvier 2015

“Retourner à Florence”

Je retourne à La Phénoménologie de l'Esprit, perplexe. Après Thanatos au dictaphone, Eros en bottes de cuir... me fais l'effet d'un pantin que ce couple logique s'envoie tour à tour dans sa danse.

Vincent Eggericx. Mémoires d'un atome (2015), p. 25.

 

    Souvenirs de juin 2005, énorme bouchon parisien à chercher l'os, et création du blog ça juste avant. Cela fera bientôt dix ans que je tiens le coup, m'astreins à pondre — peut-être que c'est mon côté butineur, bordélique, le refus des systèmes, qui m'a permis de tenir aussi longtemps.

 

 

En raison du gel,

des déchets sont restés collés

à votre bac,

qui n'a pu être correctement vidé.

Merci de le présenter

à la prochaine collecte.

Tour(s) plus

09:03 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 08 janvier 2015

Mémoire de siamois

    Une histoire me revient, se dit le revenant, une histoire me revient depuis les lointaines lettres de Mozaya, l’histoire de deux frères siamois dont l’un perdit, un jour, la mémoire.

Kossi Efoui. Solo d’un revenant, 2008, p. 197.

 

 

Son vrombissement de 405 gasoil pourrave me tape sur les nerfs, c’est idiot, idiot à, écrire, idiot de le ressentir. Si je compose un abécédaire à la manière de François Bon, ce sera uniquement avec des mots français s’achevant par la lettre g, et il y aura dedans le siamang. Autre chose encore de resserrer les fils de mon essai sur la mêmoire (en allant chez le coiffeur ce matin je songeai à l’intituler Les Accents).

17:06 Publié dans Droit de cité, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 07 janvier 2015

Dose d’effroi

    C’est avec ces lettres qu’il m’arrive encore de remonter le temps, recherchant les indices qui m’auraient permis de mesurer, à leur juste dose d’effroi, ce qui allait advenir.  Comme une ruine soudaine, la saison des fuites allait advenir, la ligne de démarcation, la partition de Gloria Grande, cette guerre, le pays tout entier se recrachant par petits paquets de lambeaux…

Kossi Efoui. Solo d’un revenant, 2008, p. 79.

 

[Manuscrit, septembre 2013. Bordeaux, trams bondés. Les seuls qui se marrent ce sont les mascarons.]

 

 

Janvier 2015. Souvenir de février 2008, virée avortée à Arcachon et Bordeaux, tout affaire d’advenir et de revenant, il a fallu revenir, mon père est resté surtout enfin c’est le plus heureux. Souvenir d’Arcachon donc noyé dans le bleu, l’arc tendu, souvenir de Bordeaux aborigène en février 2014, souvenir de Bordeaux graffité de barbapapas grunge en 2005, souvenir de Bordeaux mascarons seuls à rigoler septembre 2013 et pour cause./

17:03 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 06 janvier 2015

Sur le point d'arracher le clou

    Elle brûla le mobilier, elle brûla des milliers de livres, elle brûla toutes les toiles. Ce fut seulement quand elle fut désespérée qu’elle retira les Mucubais du mur. Elle était sur le point d’arracher le clou, simplement pour une question d’esthétique, car il lui semblait déplacé là, sans utilité, quand l’idée lui vint que peut-être ce bout de métal retenait le mur. Il sustentait peut-être tout l’édifice. Qui sait, si elle arrachait le clou du mur, toute la ville s’écroulerait.

Elle n’arracha pas le clou.

 

José Eduardo Agualusa. Théorie générale de l’oubli,

traduction de Geneviève Leibrich. Métailié, 2014, p. 93

14:30 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 05 janvier 2015

Fermata 2015

    « L’arrêt de bus ne ressemble à rien. Une banquette en béton, deux lampadaires rouillés, une poubelle et une pancarte marquée FERMATA qui oscille dans le vent des montagnes. […] J’ai craché trois fois. Le chartreux n’a rien vu. » (Yves Bichet. L’homme qui marche, chapitre 14, pp. 114-5)

 

Un chat s’est glissé derrière la fenêtre de mon bureau, rue des Tanneurs.

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Son vieux cuir épais n’a dupé personne. Il a cliqué sur le déclencheur, et voilà une autre vue, un jour de Saint Valentin. Du grand n’importe quoi.

14:26 Publié dans Brille de mille yeux, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 09 décembre 2014

Rejoindre par effraction

Et si l'inclination du public pour la poésie s'essouffle, s'il se fatigue d'avoir à la rejoindre chaque fois par effraction, c'est qu'il est fatigant en effet d'avoir à forcer chaque fois une frontière qui se hérisse à votre approche — c'est que le culte effréné de la différence et un certain « en est-ce assez de moi » ? qu'on pressent comme une hantise derrière la plupart des poèmes de ce temps, sont en train de faire une Babel dérisoire d'une poésie que 1924 rêvait de faire ininterrompue — non seulement dans le temps, mais dans l'espace spirituel — non seulement d'un jour à l'autre, mais dans le rapport immédiat de conscience du poète à autrui.

Julien Gracq. “Spectre du Poisson soluble”. PréférencesŒuvres complètes, I, Gallimard, 1989, p. 906.

 

Ai-je besoin de dire que je contresigne, s'agissant de bien des tentations poétiques d'aujourd'hui, cette lumineuse phrase nichée au sein d'une non moins imparable et stimulante relecture, laquelle a soixante-cinq ans de cuvée ?

21:51 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 novembre 2014

Dans les limbes, avec Landru

05.07.2014.

 

    Et je retrouvai mon souffle

Et je retrouvai mon foie

Et je retrouvai mon harmonie

 

Je trouvai mon équilibre

Et je retrouvai mon silence

Et je retrouvai mon chant

Et je retrouvai mon néant

 

« Pauvre petit salon ! Que de tristes et anxieuses journées passées entre ses murs, d'où l'ébranlement du canon faisait tomber les cadres, au milieu des livres ficelés en paquets, et près de ce feu de bois vert, le feu parisien des mois de décembre et de janvier 1870-1871 !

Ce salon était à la fois ma chambre à coucher, ma cuisine et tout, et j'y vivais en compagnie d'une poule, la dernière survivante de six volailles : toutes les provisions que j'avais faites, hélas ! — moi qui mange avec les yeux, et ne pouvais m'habituer au rose noirâtre de la viande des tire-fiacres. »

 

faudrait tout dire tout filmer

faudrait tout voir tout décrire

faudrait faudrait

faudrait tout sécher tout mouiller

faudrait tout aplatir faudrait tout punaiser

faudrait tout filmer tout capturer

faudrait captiver tout écrire

faudrait faudrait

faut dru faux drame

faudrait tout cramer tout stigmatiser

j'épingle un monde à mon veston

faudrait faudrait

faudrait un chant à fleur de peau

 

09:27 Publié dans Droit de cité, Formes singulières, Les Murmures de Morminal, Ma langue au chat, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 06 novembre 2014

Ânes débâtés

    « Il m'aurait aidé à mettre le tout par terre. On se serait retrouvés comme deux ânes débâtés qui considèrent leurs charges respectives, dans l'herbe, d'un air rancuneux, en  chauvissant des oreilles. Je pense que c'est ainsi qu'il aurait procédé, s'il avait disposé de quelques mois supplémentaires ou que je me fusse, moi, dépêché un peu plus que je ne l'ai fait. »

P. Bergounioux. La Toussaint, 1994, p. 52.

 

Mon grand-père maternel, je l'ai laissé filer — il s'est éloigné ou renfermé de sorte qu'on ne communiquait plus autant qu'au cours de mon enfance. Les grands livres nous aident à repenser notre existence. La Toussaint est un grand livre, pas seulement pour les ombres et pas seulement pour Hegel. ▬—▬ Mon grand-père maternel s'est éteint (c'est avec lui que j'ai vu ce verbe prendre sens) le 4 novembre 2012 ; j'ai appris sa mort dans les arènes d'Arzacq, par un appel de ma mère. Je crois que lui, à l'inverse du côté maternel de Pierre Bergounioux, m'a donné le pan le plus mélancolique de ma nature, mais qu'il m'a fait travailler avec enthousiasme à lui donner forme, quand j'étais encore jeune, de sorte que mon quart ariégeois n'est ni la moitié “noiraude” et corrézienne de Bergounioux, ni sa moitié lumineuse et quercynoise. 

Quand je suis allé au chevet de mon grand-père, à l'hôpital de Mont-de-Marsan, la dernière fois que j'ai passé plusieurs heures près de lui, le mercredi avant sa mort, le 31 octobre, j'ai passé plusieurs heures, sans le savoir, à renouer le fil. Il avait perdu sa voix, ou presque, et me l'a dit, d'un air surpris que je ne lui avais plus vu depuis plusieurs années. Lui retrouver cette expression d'étonnement, là, m'a fait beaucoup de bien ; en quelques regards, nous avons plus communiqué qu'en bien des phrases échangées lors des réunions de famille des derniers temps. Ou alors je romance. Mais on romance sans cesse tout cela, c'est la rançon de la vérité humaine.

09:32 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 octobre 2014

... beaucoup de pommes d'or....

• • On dorera la chapelle du portique à l'autel, avec beaucoup de pommes d'or, de grenades d'or, de raisins d'or, pour les guirlandes des entrecolonnemens. • • •

 

    Ornette.

Sornettes inévitables sur les envols fous d'Ornette.

YES ORNETTE !

Et si on commençait à redécouper le langage ? OR...

OR NETT E (le métal poli) (gentil abus de langage▬▬▬)

ORNE t TE → tu vis dans ta bagnole, cloche de bois, oie grise dans l'église

MAIS QUAND ÇA FUT ÉCRIT ON S'EN COGNE

cognée → hache

Le mort-né, morne plaine. Un plein bol d'athanor, repassez demain.

 

11:39 Publié dans Droit de cité, J'Aurai Zig-Zagué, Knobs & thorns, MOTS, Un sang d'encre | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 02 octobre 2014

... la chiffonnette sur l'écran....

„Es ist ein Leben, das nichts verloren und vergessen hat, ein Leben, das sich versammelte, da es verging.“

 

    la chiffonnette sur l'écran de l'ordinateur Acer, le verrou Bricard tourné, les deux volumes blancs en marge, la porte-fenêtre qui grince, le type qui bronze en écrivant, la malédiction des mélancolies, tout ce temps à rattraper, ces pages noircies qui ne font que retarder la jouissance,

un monde à redire,

le verrou, le volume, la lingette, le bronzage imparfait, un mélancolique qui s'accouple, tout ce temps à rattraper, pages enfumées fumeuses ne dissimulant pas

la mémoire de la mort,

ces pages noircies grises tristes qui ne font que retarder

la mort de la mémoire,

j'osai l'antimétabole

une vie perdue, une vie sans oubli, sans pages à noircir pour ne pas retarder ce qui n'adviendra pas.

 

 

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lundi, 09 juin 2014

Pong-ping, 2

    J’ai passé à Toulouse un très bref séjour, mais exquis.

À mon retour, j’ai appris, par hasard, qu’Élie, Elisée et Onésime avaient deux frères, moins connus je pense, mais surtout que Pauline Kergomard était leur cousine — quelle génération !

Relisons une phrase, prise presque au hasard, dans un des articles encore si vibrants de l’aîné, Élie :

Avec la fumée de tabac qui s’échappait de leurs lèvres, les matelots passèrent, dans l’archipel Tokelau, pour des mangeurs de feu.  (Élie Reclus. “Comment la civilisation civilise”, 1893)

À Muret, non plus, pas d’enfermement, le grand ciel ouvert – des rencontres – des retrouvailles – des mots.

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dimanche, 01 juin 2014

“Trouver le discours adéquat” (Albert Memmi)

À chaque crépuscule, alignées sur le fil du téléphone, les hirondelles de mon jardin papotent bruyamment. Je ne connais pas leur langue mais je suppose que, outre le plaisir d’être ensemble, elles se rassurent l’une l’autre devant le silence de la nuit qui vient.

L’un de ces merveilleux contes hassidiques rapporte cette histoire : pour conjurer une sécheresse persistante, toute la communauté priait inlassablement, en vain. Un pauvre berger, muet de surcroît, ne savait comment se joindre à l’effort commun ; lorsque, mobilisant tous les muscles de sa gorge, il lança un énorme cri : aussitôt s’ouvrirent les cataractes du ciel.

Je ne connais pas le sens de ce conte ; qu’on me permette de l’interpréter ainsi : ce n’est ni parler ni se taire qui importe, c’est de trouver le discours adéquat.

 

(Albert Memmi. Bonheurs. Arléa, 1992, pp. 146-7)

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samedi, 10 mai 2014

... le tout du crapau ....

« Semblablement nos Toüoupinambaoults ont certains gros crapaux, lesquels Boucanez avec la peau, les tripes et les boyaux leur servent de nourriture. Partant attendu que nos medecins enseignent, et que chacun tient aussi par deçà, que la chair, sang et generalement le tout du crapau est mortel, sans que je dise autre chose de ceux de ceste terre du Bresil, que ce que j’en vien de toucher, le lecteur pourra de là aisément recueillir, qu’à cause de la temperature du pays (ou peut-estre pour autre raison que j’ignore) ils ne sont vilains, venimeux ni dangereux comme les nostres. »

(Jean de Lery)

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lundi, 09 décembre 2013

Combiné nordique

1111-1333 

« Resté seul sur son plateau de calcaire, Sven se consacra alors à l’unique activité qui lui devenait chaque jour de plus en plus vitale, la seule qui, à ses yeux, importait : écouter. » (Bertrand de la Peine. Bande-son. Minuit, 2011, p. 21)

 

« Au centre du séchoir, Sven Langhens a scellé le miroir d’obsidienne à la verticale sur une colonne de marbre cipolin. » (ibid., p. 122)

 

    L’aventure du texte bref, du récit même pas à sec.

J’ai lu ce roman dans le train, à la mi-septembre. Il faisait un temps maussade, presquededébutd’automne, rafales de bruine glaciale au retour le soir sombre. Je note ces deux phrases antipodales à la quasi-mi-décembre, avant/afin de pouvoir ranger le livre sur les rayonnages de plus en plus encombrés, en regardant les nèfles qui ne sont pas encore tombées (l’arbre est dénudé de ses feuilles), après être rentré dans le froid et le grand soleil éclatant (ainsi, je crois que l’hiver est la saison qui me donne la plus grande joie).

[Afin/avant.]

Tandis que j’écoute le premier mouvement de la Symphonie n° 1 de Rued Langgard, j’entends, même en forçant le son, Soazig s’affairer dans la cabinededouche, briquer. C’est lundi. Il fait beau. Hier aussi, grand soleil chaud et coupant tandis qu’avec mon fils on faisait la tournée des poinçons.

Si le téléphone sonne, je raccrocherai seulement l’espérance.

14:33 Publié dans Droit de cité, Self-Be/Portrayal, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 10 juillet 2013

Dedans du dedans

    « Après quasiment une décennie dans le fauteuil d'un psy, cinq bouquins où je me raconte en long et en large et en hauteur et en bassesse, je me reste totalement étranger. Pourquoi j'ai toujours été fendu par le milieu, coupé en deux, zigzaguant d'un pôle à l'autre éperdument, à perdre la tête. Sans jamais perdre le nord. Arrivé en fin de parcours, je ne me comprends pas. Depuis plus de soixante ans. Alors elle, au bout de quelques mois, comment veut-elle que je la comprenne. Les yeux dans les yeux, ventre contre ventre, bouche à oreille, un quart de siècle : on ne sait pas ce qu'il y a chez l'autre. Dedans. Et l'autre ne sait pas non plus vraiment ce qu'il y a dans ce dedans. Le dedans du dedans nous échappe. Psy ou pas, besoin pratique d'autopsy. Contraignant. Avec les moyens du bord, pêcher çà et là quelques certitudes, émettre quelques hypothèses. Sur soi, sur autrui. Faire travailler, vaille que vaille, la mémoire. Et puis, on raconte. Sa vie, celles qui la croisent. On raconte des histoires. »

 

(Serge Doubrovksy. L’Après-vivre, p. 320)

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mercredi, 12 juin 2013

Trois § de La République des savants

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Tout me manque

 

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, surtout

 

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le temps

.

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samedi, 20 avril 2013

Copernic et les poubelles

« La formalisation mathématique s'est développée pour elle- même à des hauteurs jamais, au XXIe siècle, égalées. Cependant que la formalisation mathématique atteignait, aux XXe et XXIe siècles en particulier, des hauteurs que Copernic lui-même n'aurait jamais songé à entrapercevoir, nous continuions imperturbables : Eh bougnoul va niquer ta race et vider les poubelles, ou, plus châtié, qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. »

(Nathalie Quintane. Crâne chaud, 2012, p. 109)

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dimanche, 23 décembre 2012

Pierrot en râgâ

    J'aurais dû profiter d'une soirée plutôt calme pour composer quelques textes, les publier en avance. J'ai préféré écouter des malkauns et Pierrot lunaire (dans la version de Marianne Pousseur, qui ne me ravit pas, a priori), en achevant de lire Netherland et en commençant d'un pur silence inextinguible (enfin !).

« The double-deckers lose their elephants' charm. »


Comme c'est à la page 172, je pourrais faire un effort supplémentaire. Mais, officiellement, ce n'est pas ici que je recycle. La fin du monde : en couverture.

Trop d'italiques. Raharimanana marchait jeudi midi le long de la rue des Tanneurs.

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jeudi, 29 mars 2012

Travail(ler) des images

« La marge d’image questionnée par Clément Chéroux n’est-elle pas emblématique de cette marge d’indétermination à laquelle toute recherche se confronte nécessairement dans son étude des vestiges de l’histoire ? On ne saurait clore la question en projetant toute l’histoire dans un absolu inimaginable. On ne saurait la clore en rejetant l’archive du côté de la « moindre image », ou de l’« image sans imagination ». Une image sans imagination, c’est tout simplement une image sur laquelle on ne s’est pas donné le temps de travailler. Car l’imagination est travail, ce temps de travail des images sans cesse agissant les unes sur les autres par collisions ou par fusions, par ruptures ou par métamorphoses… Tout cela agissant sur notre propre activité de savoir et de pensée. Pour savoir, il faut donc bien s’imaginer : la table de travail spéculative ne va pas sans une table de montage imaginative. »

 

Georges Didi-Huberman. Images malgré tout.

Minuit, 2003, p. 149

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jeudi, 22 mars 2012

Un western en Alaska

 

“Like some wet, furred beast, Hoke shuddered, burrowing more deeply into Belle’s blankets.” (The Ballad of Dingus Magee, p. 122)

 

Même se débarrasser des choses à la va-vite prend trop de temps.

Cette phrase peut, hélas, s’entendre dans des contextes divers, et donc – aussi – affreux, tragiques.

 

Subienkow repartit à Michaelovski et passa une année à organiser une expédition pour remonter le Kwikpak.

╬╬╬ Tout ça pendant la Symphonie n° 0 de Schnittke, je vous le signale.

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mercredi, 21 mars 2012

Hoke (-ydokey)

 

“Flowing open, her robe enveloped him. The astonishing bosom unfurled like gonfalons loosed, like melons in dehiscence. But Hoke saw not, partook not. He had already fainted.”

David Markson. The Ballad of Dingus Magee (1965). Counterpoint, 2008, p. 74.

 

Sur les rayonnages, la poussière que l’on soulève ne s’envole jamais longtemps. Et les livres reposent.

Dans l’une des huiles, l’artiste a représenté son vélo, mais tronqué, dans un lavis écarlate. Dans une autre, les traits sont grossiers, repris des dizaines de fois, comme crayonnés, et le titre : How Perfect My Bicycle.

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vendredi, 27 janvier 2012

Flâneries du réel autour d’une chambre (ocre honneur)

    « Le réalisme peut être perçu aussi comme une discipline qui frôlerait très souvent la vraie  vie, ce serait le cas, par exemple, de Flaubert, Kafka, Hamsun, Joyce ou Beckett, qui furent aussi de grands réalistes, mais sachant fuir la machinerie de la convention et évitant de faire de leurs romans des livres de genre déjà vus mille fois. Ils furent finalement des réalistes qui surent insuffler de la vraie vie et de la nouveauté au réalisme et non de l’ennui et de la répétition, en fait ils radicalisèrent tout. » (Enrique Vila-Matas. Chet Baker pense à son art. Traduction d’André Gabastou. Mercure de France, 2011, p. 84)

Vendredi ne comprenait guère qu’on puisse parler des choses lues en termes de choses vues. Trop d’écrivains avaient su opérer une complexe, profonde ou subtile distinction entre l’œil et la taie de l’écriture pour qu’il tombât dans ce leurre. Il ne pouvait pas toujours s’attarder, mais, pour lui, tout était affaire de flânerie, comme dans ce livre d’Apollinaire qui lui était toujours tombé des mains, et donc de butinage.

En anglais, en particulier, le piéton ramène la prose à terre, au terre-à-terre (cf Loiterature, p. 270). Vendredi n’eut pas le temps de s’embarrasser d’ossements. Il prit, lui aussi, le large.

 

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jeudi, 26 janvier 2012

. . Antonio :: Tabucchi : La :: tête ::: perdue :::: de ::: Damascio :: Moreno . .

    Dans ce roman, écrit en 1997 et traduit la même année par Bernard Comment, Tabucchi semble étonnamment joueur, même un brin lourdaud. Cela m’a rendu plus chère son œuvre, et ce texte-là avec les autres dans la valise. Faux polar, faux récit politique, nouvel hommage à la fascination des villes portugaises sur son auteur, La tête perdue de Damascio Moreno est un roman déroutant. Il est difficile de déterminer de quel côté penche la balance – comme il y a plus de deux pôles, sans doute vaudrait-il mieux parler de kaléidoscope (l’image est frelatée, je le sais).

L’un des angles d’attaque les plus redoutables, c’est le personnage de l’avocat, et surtout, dans sa figure, l’admiration équivoque pour Hans Kelsen et « ses théories sur la Grundnorm » (Bourgois, p. 118). Depuis que je sais que l’éditeur Einaudi avait sollicité Primo Levi, peu avant son suicide, pour une traduction du Procès, les rapports entre l’univers du jugement littéraire et le domaine juridique me fascinent.

C’est une hypothèse métaphysique, dit l’avocat, parfaitement métaphysique. Et ça, voyez-vous, c’est vraiment une chose kafkaïenne, c’est la Norme qui englue tout un chacun et dont pourrait descendre l’abus de pouvoir d’un petit seigneur qui se croit autorisé à fouetter une putain. Les voies de la Grundnorm sont infinies. (p. 119)

 

Sinon, le passage – assez explicite – au cours duquel on voit, par le biais d’une émission de télévision, une Norvégienne parler d’un caméléon nommé Fernando Pessoa dans une baraque de bord de mer (p. 189) m’a donné envie de déterminer si le rapprochement entre Pessoa et les caméléons était lui-même une citation, ou une allusion quelconque, mais les pages Web, surtout italiennes, auxquelles j’ai abouti se sont avérées, certes passionnantes, mais non déterminantes.

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mardi, 03 mai 2011

Ceux de 14 STOP Tastet introuvable STOP

    J'ai beau lire en accéléré tout le fort volume Ceux de 14, je ne retrouve pas ce lieutenant ou ce capitaine Tastet dont on nous a parlé. Au demeurant, je découvre plusieurs très belles pages, une langue classique pour l'époque, sans doute, mais très attentive aux inflexions. La dédicace de Nuits de guerre me rappelle le monument aux morts de la rue d'Ulm.

Si je voulais écrire un texte autour de l'abus des circonflexes, je tiens une phrase remarquable, c'est au chapitre 8 de Nuits de guerre :

Une aube livide glisse entre les fûts des hêtres dont l'écorce grise se marbre de suintements verdâtres.

Plus énigmatique, hors contexte (c'est au chapitre 7 de La Boue) :

Jacazzi, seigneur nocturne des Eparges, a promené sa lampe électrique des charpentes calcinées aux pierres moisies des caves.

 

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mardi, 26 février 2008

Un peu de lecture

Guerre de Troie

We left the Misses Buzza engaged in rowing their papa homewards. The Three Queens as they steered King Arthur to Avilion can have been no sadder pageant. It is true the Misses Buzza grieved for no Excalibur, but the Admiral had lost his cocked-hat.

Picture to yourself that procession: the journey past the jetties; the faces that grinned down from overhanging hulls, or looked out hurriedly at casements and grew pale; the blue-jerseyed Trojan lounging on the quay, and pausing in his whistle to stare; the Trojan maidens gazing, with arrested needle; the shipwrights dropping mallet and tar-pot; the ferrymen resting on their oars; the makers of ship's biscuit rushing out, with aprons flying, to see the sight; the butcher, the baker, the candle-stick maker—each and all agog. Then imagine the Olympian mirth that ran along the waterside when Troy saw the joke, and, hand on hip, laughed with all its lungs.

But even this was not the worst: no, nor the crowd of urchins that followed from the landing-stage and cheered at intervals. It was when Admiral Buzza looked up and spied the face of Mrs. Goodwyn-Sandys at an upper window of "The Bower," that the cup of his humiliation indeed brimmed over.

Mrs. Buzza, "tittivating" at the mirror, heard the stir, and, presentient of evil, rushed down-stairs. She saw her lord restored to her, dear but damp. Yet she "nor swooned, nor uttered cry:" she simply sat violently and suddenly down upon the hall-chair, and piteously stared.

"Emily, get up!"

She did so.

"You are wet, my love," she ventured timorously.

"Wet! Woman, is this the time for airy persiflage?"

"My love," replied Mrs. Buzza, meekly, "nothing was further from my thoughts."

The Admiral glared upon her for a moment, but the retort died upon his lips. He flung his hands out with an appealing gesture and something like a sob.

"Emily," he cried, hoarsely, "Troy has laughed at me again. Put me to bed."

(A.T. Quiller-Couch. The Astonishing History of Troy Town. Chapter IX) 

 

 

Bonzaïs 

The little trees were in evidence everywhere, decorating the living rooms, posted like sentinels on the terrace, and staged with the honour due to statuary at points of vantage in the garden. But their chief home was in a sunny corner at the back of a shrubbery, where they were aligned on shelves in the sunlight. Three special gardeners who attended to their wants were grooming and massaging them, soothing and titivating them, for their temporary appearances in public. Here they had a green-house of their own, kept slightly warmed for a few delicate specimens, and also for the convalescence of the hardier trees; for these precious dwarfs are quite human in their ailments, their pleasures and their idiosyncracies.

(John Paris. Kimono. Chapter XIV : The Dwarf-Trees)

 

 

Freux

You can hear them in the evening, discussing the matter of this surplus stock.

"Don't you work any more," he says, as he comes up with the last load, "you'll tire yourself."

"Well, I am feeling a bit done up," she answers, as she hops out of the nest and straightens her back.

"You're a bit peckish, too, I expect," he adds sympathetically.  "I know I am.  We will have a scratch down, and be off."

"What about all this stuff?" she asks, while titivating herself;

"we'd better not leave it about, it looks so untidy."

"Oh, we'll soon get rid of that," he answers.  "I'll have that down in a jiffy."

To help him, she seizes a stick and is about to drop it.  He darts forward and snatches it from her.

"Don't you waste that one," he cries, "that's a rare one, that is. You see me hit the old man with it."

And he does.  What the gardener says, I will leave you to imagine.

Judged from its structure, the rook family is supposed to come next in intelligence to man himself.  Judging from the intelligence displayed by members of certain human families with whom I have come in contact, I can quite believe it.  That rooks talk I am positive. No one can spend half-an-hour watching a rookery without being convinced of this.  Whether the talk be always wise and witty, I am not prepared to maintain; but that there is a good deal of it is certain.

(Jerome K. Jerome. Second Thoughts of an Idle Fellow. "Of the Motherliness of Man".)

 

 

Dictionnaires 

"I have come out with you, commodore," said Captain Truck, when they had got to their station, and laying a peculiar emphasis on the appellation he used, "in order to enjoy myself, and you will confer an especial favour on me by not using such phrases as 'cable-rope,' 'casting anchor,' and 'titivating.' As for the two first, no seaman ever uses them; and I never heard suchna word on board a ship, as the last, D----e, sir, if I believe it is to be found in the dictionary, even."

"You amaze me, sir! 'Casting anchor,' and 'cable-rope' are both Bible phrases, and they must be right."

(James Fenimore Cooper. Home as Found. Chapter XIX)

 

 

Bague au doigt

All women are alike. All housekeeping is amateurish. She (Mrs. Omicron, the criminal) has nothing in this world to do but run the house--and see how she runs it! No order! No method! Has she ever studied housekeeping scientifically? Not she! Does she care? Not she! If she had any real sense of responsibility, if she had the slightest glimmering of her own short-comings, she wouldn't have started on the ring question. But there you are! She only thinks of spending, and titivating herself. I wish she had to do a little earning. She'd find out a thing or two then. She'd find out that life isn't all moonstones and motor-cars. Ring, indeed! It's the lack of tact that annoys me. I am an ill-used man. All husbands are ill-used men. The whole system wants altering. However, I must keep my end up. And I will keep my end up. Ring, indeed! No tact!

(Arnold Bennett. The Plain Man & His Wife.)

 

 

 Envers du décor

Then, in view of cravings inner,

We go down and order dinner;

Or we polish the Regalia and the Coronation Plate -

Spend an hour in titivating

All our Gentlemen-in-Waiting;

Or we run on little errands for the Ministers of State.

Oh, philosophers may sing

Of the troubles of a King,

Yet the duties are delightful, and the privileges great;

But the privilege and pleasure

That we treasure beyond measure

Is to run on little errands for the Ministers of State!

 

 (W.S. Gilbert. "The Working Monarch". In Songs of a Savoyard.)

 

 

 

In spiritu

Now, the dinner is always a good one, the appetites of the diners being delicate, and requiring a little of what Mrs. Merrywinkle calls ‘tittivation;’ the secret of which is understood to lie in good cookery and tasteful spices, and which process is so successfully performed in the present instance, that both Mr. and Mrs. Merrywinkle eat a remarkably good dinner, and even the afflicted Mrs. Chopper wields her knife and fork with much of the spirit and elasticity of youth.  But Mr. Merrywinkle, in his desire to gratify his appetite, is not unmindful of his health, for he has a bottle of carbonate of soda with which to qualify his porter, and a little pair of scales in which to weigh it out.  Neither in his anxiety to take care of his body is he unmindful of the welfare of his immortal part, as he always prays that for what he is going to receive he may be made truly thankful; and in order that he may be as thankful as possible, eats and drinks to the utmost.

(Charles Dickens. "The Couple Who Coddle Themselves". In Sketches of Young Couples.)

 

 

Babyshambles

It was on the Friday before Martinmas, at dusk. In the centre of the town, on the waste ground to the north of the "Shambles" (as the stone-built meat market was called), and in the space between the Shambles and the as yet unfinished new Town Hall, the showmen and the showgirls and the showboys were titivating their booths, and cooking their teas, and watering their horses, and polishing the brass rails of their vans, and brushing their fancy costumes, and hammering fresh tent-pegs into the hard ground, and lighting the first flares of the evening, and yarning, and quarrelling, and washing—all under the sombre purple sky, for the diversion of a small crowd of loafers, big and little, who stood obstinately with their hands in their pockets or in their sleeves, missing naught of the promising spectacle.

(Arnold Bennett. "Jock-At-A-Venture". In The Matador of the Five Towns and Other Stories.)

 

 

Veuvage

"'Tis good to wear a bit of colour again," said Mrs Bosenna on Regatta morning, as she stood before her glass pinning to her bodice a huge bow of red, white, and blue ribbons.  "Black never did become me."

"It becomes ye well enough, mistress, and ye know it," contradicted Dinah.

"'Tis monotonous, anyway.  I can't see why we poor widow-women should be condemned to wear it for life."

"You bain't," Dinah contradicted again, and added slily, "d'ye wish me to fetch witnesses?"

Her mistress, tittivating the ribbons, ignored the question.

"I do think we might be allowed to wear colours now and again--say on Sundays.  As it is, I dare say many will be pickin' holes in my character, even for this little outbreak."

"There's a notion, now!  Why, 'tis Queen Victory's Year--and a pretty business if one widow mayn't pay her respects to another!"

"It do always seem strange to me," Mrs Bosenna mused.

"What?"

"Why, that the Queen should be a widow, same as any one else."

"Low fever," said Dinah.  "And I've always heard as the Prince Consort had a delicate constitution."

 (A.T. Quiller-Couch. Hocken and Hunken. Chapter XXIII.)

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dimanche, 10 février 2008

Edgardo 1992

    À Talence, un soir, m'étant assoupi alors que je m'étais allongé sur le dessus de lit, vers six ou sept heures, afin de réviser un énième chapitre d'histoire, je me réveillai, vers dix heures du soir, au printemps flamboyant, surpris de m'être ainsi laissé aller. Alors, je me levai, engourdi, dans un état de somnolence semi-brumeuse, me préparai une omelette au roquefort avant de m'asseoir au bout du petit bureau d'appoint, les vastes baies où s'alanguissait la nuit derrière moi, afin d'y taper à la machine.

Et sur-le-champ, éprouvant en même temps un soudain serrement d'angoisse, il comprit qu'il n'avait dormi qu'une heure. Le lendemain était loin, très loin. Entre celui-ci et lui, s'ouvrait, terriblement difficile à traverser, l'immense abîme d'une nuit tout entière, de l'une des plus longues nuits de l'année.

(Giorgio Bassani. Le Héron. III, 5. Traduction de Michel Arnaud. Gallimard, 1967, p. 163.)

 

Tout cela, c'était avant la décision du suicide...

17:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture, Ligérienne

1616 - Edgardo Limentani, en suspens

    À peu de choses près, je sais que je tiens surtout ces carnets pour moi. Tant pis pour la vie, écrit Monsieur Songe. Puis il biffe pis. Reste tant pour la vie.

Ayant ôté son bonnet, il avait froid à la tête. De plus, la proximité du crucifix, de ce noir cadavre enfumé et encloué, l'intimidait.

(Giorgio Bassani. Le Héron. IV, 2. Traduction de Michel Arnaud. Gallimard, 1967, p. 195.)

 

Le coffret funéraire de Ramsès XI, déplacé sous la tente, livre ses secrets. On ne saura pas, finalement, si Edgardo, s'identifiant pleinement au héron, troublé aussi par le tableau savamment composé des animaux empaillés derrière la vitre, se suicide.

11:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture, Ligérienne

jeudi, 29 novembre 2007

Lettre CXXXI à M. Dumaurier

    MONSIEUR,

je suis fort aise d'entendre le bon progres de vostre affaire. Il ne peult estre aultre, puisqu'il  vient du propre mouvement de celui qui y peult tout; et de là je pense, en bonne consequence, faire jugement  contre les bruicts que la science et la conscience l'emporteront en lui sur la prudence humaine : j'en prye Dieu de bon cœur; car il peult estre puissant instrument de sa gloire; et d'ailleurs il n'y a plus certain moyen de maintenir la sienne propre, car il honore ceulx qui l'honorent. Je lui fais response sur une fort honneste lettre que je receus ces jours de lui; je desire qu'il croye que je me sens, avec tout les gens de bien, interessé en sa manutention et prosperité; et de plus qu'il le voye, quand il se presentera occasion digne de mon affection et de son merite, en laquelle je lui en puisse rendre tesmoignage. Nul ne peult estre plus propre lien que vous entre ma condition et la sienne, pour fomenter ceste bonne volonté qu'il me tesmoigne, par l'asseurance que vous lui ferés prendre du sincere service que je lui proteste; mais vous sçavés que cela se doibt faire à tratto, et mesnageant plus- tost les rencontres qu'en recherchant les subjects; ce que je laisse à vostre prudence. Desormais, certes, doibsje, et à lui et à tous estre hors de calomnie; infra injuriam, si on regarde ma condition; supra, si mes longs services. Ne vous peinés de m'escrire qu'au besoing; vous avés bon truchement pour vous faire entendre ; et sur ce, etc.

Du 29 novembre 1607,

De M. Duplessis-Mornay.

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dimanche, 04 novembre 2007

L’élégie et la cavatine

« Even Elegiac poetry at its best is not mere senile blubber or the pleasure of crabbing something, it is an “And yet…” » (Ezra Pound. Guide to Kulchur. 1938, reed. 1970, ‘Human wishes’, p. 179)

 

Des ajouts toujours repris : pourquoi, dans la traduction de Michel de Tours, un quatrain des Bucoliques de Virgile devient-il douze ou quinze vers ? L’étirement de l’églogue a-t-elle quelque parenté avec l’emballement mélancolique de la cavatine ? (Reste qu’au fond je ne comprends pas, ici, le sens du verbe crab.)

23:29 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Littérature

lundi, 01 octobre 2007

Récurrence

Et puis, il y a cette autre ritournelle. La tienne, la mienne, qui ne sera jamais la nôtre. Celle qui est éternelle, qui nous accompagne toute notre vie, que nous aimerions entendre à nos obsèques. Le Muzak de notre ADN, la chanson qui nous choisit en nous faisant croire que c'est le contraire. Cette chanson est si littéralement collante que nous la portons comme un tatouage dans l'oreille interne de notre mémoire. Elle y est arrivée, elle y reste et y demeurera toujours.

 

(Rodrigo Fresan. Mantra. Traduction d'Isabelle Gugnon.

Albi : Passage du Nord-Ouest, 2006, p. 401.)

 

The hitch is that some ten or possibly twenty songs foot the bill, through different eras of my life. (Ritournelles était le titre d'un des douze romans de la série projetée en 1995.) Kumpanen, dann, dann fällt Euch ein...

14:05 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Chanson, écriture

dimanche, 16 septembre 2007

Tentative d’y remédier

    Le frigo a des feulements.

Papier peint jaune et poutres, au salon murs blancs ; au plafond lambris et poutrelles formant dix longs rectangles de largeur variable.

(je ne m’explique pas comment, soudain, les larmes se sont transformées en ce travail d’écriture)

Le frigidaire frissonne, frétille, murmure. Plusieurs bouquets tous de fleurs fausses, abat-jour haut plutôt cosy ; les deux chaises d’enfant plaquées contre le mur de l’autre côté.

Tout chez lui avait fini par émaner des livres, et surtout par y ramener. Il avait installé son ordinateur – pour écrire et nous empêcher de tuer les mouches – à la table de la cuisine américaine.

Pleurer est si lent que même le mot, à son amorce, en est mouillé : el llanto. Crachats d’alpaga dans l’azur. Tout un bric-à-brac même pas solennel, bohême et foutraque, orne divers points de la vaste pièce de vie, comme autant de mouchetures.

(Douze années de félicité sans faille.)

 

Le réfrigérateur gémit, tremble, digère.

[19.08.2007]

17:05 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Bretagne, Littérature, écriture

dimanche, 09 septembre 2007

« la splendide dame blonde »

    « J’allais omettre de dire néanmoins que là, à la différence d’à peu près toutes les autres pièces de la maison, dont les murs étaient couverts de tableaux, on n’en voyait qu’un seul : un énorme portrait grandeur nature, de Lenbach, qui pendait, tel un retable d’autel, du mur derrière la table. 888fc85e1cea8a83b8a7ba97d8ef15d2.jpgLa splendide dame blonde qui y était représentée, debout, les épaules nues, un éventail dans sa main gantée, et, avec la traîne de le sa robe de soie blanche ramenée en avant pour faire ressortir la longueur de ses jambes et la plénitude de ses formes, n’était évidemment autre que la baronne Josette Artom de Susegana. On eût vraiment dit une reine. »

 

(Le Jardin des Finzi-Contini,

traduction de Michel Arnaud. Gallimard, pp. 181-2)

14:45 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Peinture, Photographie, Italie, Littérature

samedi, 25 août 2007

Ligne de flottaison

    J’ai écrit, en tête de page : « Ligne de flottaison ». Je sais que le texte suivant doit s’intituler Ligne de flottaison, et par cet incipit même, le titre est déjà, amplement, justifié. Avoir une liaison : balancer son couple à la flotte. (My marriage is going to the dogs.) Un jour, passant la Loire (pris dans un bouchon (les « fanatiques / de la cause halieutique » me comprendront)), je fredonnai, inventai le refrain suivant :

And then

He went                       to the dogs

And then

He went                      to the dogs

And then

He went                      to the dogs

She sent him packing

He had no backing

There was no asking              him.

She sent him packing

He had no backing

There was no asking              her about it.

 

Je dirais que c’était en 2004. Qu’est-ce qu’il dégringole, Anatole. (Non, je rigole : il fait soleil.)

 

[14 juillet. Jouissif.]

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mercredi, 04 juillet 2007

La lumière émeraude…

3 juillet.

    La pluie battait contre les volets. Métalliques, les volets. Puis le vent sécha les flaques d’eau en agitant les fils télégraphiques. Le vent est une femme, puisqu’il n’est pas mono-tâche. Vieille blague du régiment des peaussiers.

La pluie apaisée, le vent redoublant de vigueur, regarder par la fenêtre les dernières flaques. Et se dire, sans connaître ni le texte original ni vraiment la langue d’origine, que Geneviève Leibrich doit être une excellente traductrice.

………………… « La lumière émeraude qui émane des murs et qui flotte autour du corps de la femme. » (José Eduardo Agualusa. La guerre des anges. Traduction de G. Leibrich. Métaillié, 2007, p. 204)

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lundi, 21 mai 2007

De facto, perforce

    Cela peut se généraliser, assurément, autant dire que la poésie, l'acte d'écriture, s'entend ici/aussi au sens large. 

Poetic Influence - when it involves two strong, authentic poets, - always proceeds by a misreading  of the prior poet, an act of creative correction that is actually and necessarily a misinterpretation. The history of fruitful poetic influence, which is to say the main tradition of Western poetry since the Renaissance, is a history of anxiety and self-saving caricature, of distortion, of perverse, wilful revisionism without which modern poetry as such could not exist. (Harold Bloom. The Anxiety of Influence. O.U.P., 1973, p. 30, emphasis added)

 

C'est le cas (le hasard fait bien les choses) de Samuel Beckett relisant frénétiquement Johnson, et peut-être bien de Samuel Butler se passionnant pour le poème satirique de son homonyme déjà lointain dans le temps.

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vendredi, 27 avril 2007

Le Printemps l'Automne

    Une petite pluie fine réveille les arômes de terreau enfouis sous la pelouse pelée.

Soudain le jour était devenu automnal (onze degrés au soleil, dix à l'ombre) ; les feuilles tombaient des arbres, flottaient, tournoyaient, effleuraient le sol, atterrissaient doucement tel un léger soupir... (D. Tabarovsky. L'expectative. Traduction de Nelly Lhermillier. Bourgois, pp. 55-6)

 

L'ombre des pétarades de mobylettes s'attarde dans la rue, aussi le soir.

12:40 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (36) | Tags : Littérature, Ligérienne

jeudi, 05 avril 2007

... qui saura entendre ...

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    Gaston-Paul Effa ne devait pas imaginer que Didier Daeninckx refourguerait à des vendeurs de livres d'occasion l'exemplaire gentiment dédicacé de .

"Souvenir de Lille" qui atterrit sur mes rayonnages...

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13:00 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Livres, Photographie

samedi, 24 mars 2007

Tap tap

    Blasé, je chevauchais dans Bordeaux, mais mon visage, pâle à ronger son frein, à galoper le fer aux mâchoires, se dissolvait. Un cauchemar... 

Je me mets à tirer ma valise par sa poignée latérale et le vacarme des roulettes sur le trottoir inégal me paraît propre à réveiller la rue entière mais les façades fuligineuses restent mortes. J’ai chaussé mes bottines à talons hauts pour le voyage. Elles émettent sur le béton ce type de claquements qui annonce le crime. Ce tap-tap si féminin, si tentant. J’avance aussi vite que je le peux, la poitrine oppressée. Mais, alors, le martèlement précipité de mes talons dénonce ma peur et, du coup, l’accentue. (Marie Ndiaye. Mon cœur à l’étroit. Paris : Gallimard, 2007, p. 191)

 

... de mort n'arrive jamais seul.

23:00 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, écriture

lundi, 29 janvier 2007

Autres profils

    Poulet lisant Proust lisant Joubert lisant la vertu ou l'aveuglement rend justice à cette idée même de justice littéraire qui n'est autre que vieille

Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil. Je ne veux ni d'un esprit sans lumière, ni d'un esprit sans bandeau. Il faut savoir bravement s'aveugler pour le bonheur de la vie. (Joseph Joubert, Pensées etc., p. 85)

 

et terriblement dédorée reprend ses droits encore et toujours, sourd de la pile de livres ouverts, entassés, s'effondrant.

 

04:20 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

dimanche, 28 janvier 2007

O. Redon : Phaéton : G. Moreau

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    " Ce Phaéton est une conception pleine de hardiesse, qui a pour objet la représentation du chaos. L'a-t-on jamais imaginé de la sorte ? Je ne sais ; nulle part la représentation plastique de la fable n'a été formulée avec un tel accent de vérité. Il y a dans l'éclat de ces nuées, dans l'audacieuse divergence des lignes, dans l'âpreté et le mordant de ces couleurs vives, une grandeur, un émoi, et, en quelque sorte, un étonnement nouveau."

 

(Odilon Redon, 14 mai 1878. In À soi-même.

Paris : Corti, 2000, p. 65)

 

 

 

 

... à chaque page des écrits d'Odilon Redon, comme en ses noirs ou ses bouquets, des pépites, de quoi stimuler de longues heures durant la fabrique des rêveries...

16:38 Publié dans Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, Littérature